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~ refuge pour les dépaysés

Les Cosaques des Frontières

Archives de Catégorie: Anna Jouy

Hypnoses d’horloge (Extraits)

08 lundi Mar 2021

Posted by ykouton in Anna Jouy

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5

Table de travail. Ecrire à l’ombre, dans les tons de l’impromptu, au rebours de lumière. Écrire au poinçon dans les côtes. Parce que tout ce qu’il y a à dire est en-dessous de la Terre, enseveli et qu’il faut inscrire sa voix avec un soc et une fièvre de cheval. Serrer les épaules sur l’effort, ne pas dévier de ses graphies, du désarticulé langage et du recel d’âme ou du peu. Car j’en ai une qui flotte avec des racines et je tire mon boulet vers un sable poète, vers le bord de l’eau qui est la seule chose qui nous touche pareils dans la soif et dans le sel. Suis-je poète ? Mon balcon est un perchoir et me pencher sur le vide n’augmente pas mon vertige d’un second étage. Tant de galeries de fourmis tandis qu’il me faudrait chanter. Je lime dans le texte -mot choisi pour ce duel usure et vulgarité-, je ne saurais mieux faire que de fronder contre toutes mes convenances, atteindre un peu d’authentique, espérer qu’on désaccorde le train et que je saute sur une meilleure mine. Mais parler de soi ne construit pas de monde et me polischer à la mousse, à l’incessant rond sur la glace n’est pas encore utile à donner à l’autre sa force, sa puissance d’être et sa parole propre.

6

Heure du bain. Peut-être faut-il entre chien et loup mettre sa chair à fondre dans ce bleu où tombent finalement toutes choses. La fente crépuscule saignerait de l’encre et moi pareille, effervescence filandreuse emmêlée d’un taquet de guimauve. Peut-être faut-il mettre au trempage le blanc d’une coupe d’été, parmi des jonques de cobalt. Espérer voir se détacher fibre et fibre encore, les ficelles du regard, saucer l’azur et l’avaler tout cru. Esprit cannibale. Sieste. Le monde, je le croise au-dessus de ma tête. Les avions fusillent mon espace au bazooka. Grand filet de voyages explosés, mes cheveux en pétards. Je lis l’ardoise des passeports éphémères. Quand ils écrivent un A je crois qu’ils pensent à moi et je ferme les yeux en murmurant bonjour en toutes les langues que je sais. Moi couchée dans l’herbe, la ronde des trafics en l’air tourne tourne et m’enivre. Je marche encore sur les oiseaux mais il fait chaud, si chaud.je crains que leurs aiguilles ne percent bientôt mes baudruches et qu’il me faille redescendre en piqué, moteur coupé, cylindres serrés.

7

Avant la nuit mammifère. Il manque à ton idée d’évacuer des œufs et de perdre des plumes. Tu niches à poil, ta tête enroulée dans ton sexe, à naître et mourir sans cesse, mouillée, saignante. Sans la moindre coquille ni l’infime chrysalide. Tu vagis, tu épècles, tu désarticules ta nostalgie de ventre, anse faite à des promesses. Vivre semblait tenir debout, deux pattes aux cals durs. Maintenant il te faut changer de territoire, passé en mode volatil, poser ta masse chaude pour un troc de couleuvre. Sang-froid, maîtrise et l’iris fendu. Rêve éveillé. Je te forme sous la langue, te rumine à joues juteuses. Je te cause les crocs aigus. Tu as le cœur assis et mon âme sur les genoux. Je mastique tes gravures, la table en est couverte. Au couteau, au poinçon, à la dent de fourchette. Dans le rouge acryl de vieux augures. Je mâchouille le mystère que mes yeux ne descellent. Tu as dû laisser ton numéro pour me revoir. Mais comment le recomposer dans ces chiffres défaits. Mettre du sublime dans ces ossatures, mots, tous dépiautés là, pour allumer mes paniques de fille. Ne rien savoir me rend rage et chaîne. Je ferai de tout cela le parc d’acajous où s’apprivoisent les lacunes, l’écumoire épuisée de torpilles secrètes. Oui, la mer entre nous est un vaste boudoir, dressant sa tente entre épieux et pilotis. Une chambre anodine en plein corps où rêve le substrat des femmes. En suis-je encore ? Je ferai de tout cela un soubresaut, une volière de rames avec des ongles courts, l’interminable rendez-vous sur le carnet de cavales. Chaque fuite entre mes doigts est un sablier qui se meurt.

Texte : Anna Jouy

Gravure : Jean-Pierre Humbert

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Hypnoses d’horloge (extrait)

17 mercredi Fév 2021

Posted by ykouton in Anna Jouy

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1

Nouvelles du front. Une ceinture de cercueils et des enfants serrés, leurs pas laissent des traces sur les pierres, lunules stériles. Comme les femmes tombent, des femmes par milliers, par troupeaux tristes, par avalanche, dans un monde de lames, de férules aiguisées au fusil où tarissent leurs sangs. Le sang neuf de vie sous les voiles, ma main entre leurs poings, leur silence sacrement et la lutte captive. La peur est un faucon cagoulé qui tape dans le sein. L’urgence les pousse au plongeoir de l’envol. Ne sens-tu combien l’air leur est compté et qu’il importe de finir cette chasse, qu’il n’y a rien d’autre à bouffer sur le désert que ce cœur de feu qui fuit par tous les sables ? Ne sens-tu pas que le soleil les enfonce avec lui sous la terre, qu’il leur faudra tenir le ventre vide agripper la liberté à des arbres morts et que ce sera dans longtemps. Le temps de tout reprendre.

2

Aube et l’orage. L’horizon, cette tragédie en stuc collée à mon chapeau ! L’orage étire les sangles du baudrier funambule, compression des grimpées de température. Face à moi les buildings armés de la pluie, des stalagmites tristes en pleine effusion ; ils crêpent la lueur de quelques chevaux. Une angoisse cyanose la hauteur en osmose de ciel. Ma voix comme un caillot avalé tout cru du ventre. Tout voir tomber en gouttes, petit déj’. Matin, je squatte ton auréole jaune. Je vois, avec des éraillures, du grain à moudre en sciure tout le long des yeux. Bien au-delà des yeux, mes bagues rétrécies, le trou cicatriciel de me savoir encore. Matin, j’écale ton œuf avec des ellipses de dents. Te voici décalotté, implant de cuillère dans le vol des oiseaux. Tu coules de la lumière, petit Icare martyr et toute ta cire et toutes plumes, pour déglutir ma convulsion de liberté. Matin, perpétuel mouvement de la langue qui cherche à s’affranchir des lèvres, jusqu’à l’éclaircissement total, la blancheur du temps qui gît dans une coquille. La nuit est dans les joues. Avalée. Occlusion intérieure, les espaces sous sachets vides d’air. J’écrirai, peut-être, bientôt…juste un titre, à titre nocturne. C’est dans la moelle que les mots coincent. Entre les omoplates ce barrage noué. Je goûte en rongeant un os un bout mort. Ce doit être cette étreinte d’âmes qui s’estompent, ce moment où le corps frissonne dans les tonalités basses. Je suis dans le sang qui glisse vers ta chose. Jusque tard dans l’après-midi

3

Heure du thé. Je file à l’anglaise, feuille à feuille, et légère amertume où cuisent mes impatiences et mes vanilles. Le travail se délaie dans l’attente ronde, cousue d’aiguilles. Que de passes, que d’heures pécuniaires, que de trottoirs limés sans bavure jusqu’à cette sirène de fabrique qui fauchera d’un coup le contremaître des pointages. J’usine la sortie avec ma boule de voyante et une encaustique de repos au mérite. Déjà mes portes bâillent, mes courants s’aèrent, déjà j’esquisse une détente en chien de fusil sur la balançoire, je goutte, j’égoutte, je goutte, j’égoutte… Il faut sortir la boule à thé.

4

Visite de cimetière. Tu m’attendras, m’attendras-tu ? – Peut-être- bien entendu. Dans un jardin d’orages et de paille. Je viendrai en voilette parce que ma mère l’a dit et qu’il fait désormais un temps à sortir sa mère. Je marcherai sur l’eau, oh oui ! Elle aimait trop Jésus. Ce sera léger de la bulle d’acier ronde sans jamais éclater. Tu nous aurais pointée avec ta visasse, tout près de moi ou alors tout près de toi. De ce banc sur lequel tu dors tes mains dedans les yeux à y penser bien fort. Tu murmureras, murmureras-tu ? – Peut-être- bien entendu. Une litanie d’identités à ruminer. Qui voudras-tu créer, nous sommes tant à vouloir venir. Cela presse de mettre au monde le jet de ton désir. Ce sera fort, de la sève de racines, de dessous ta vie, de l’arrière-histoire. Tu nous aurais levée à force, à peine, de l’élan, dans lequel je dors paupières closes à te chercher.

…

Texte : Anna Jouy

Illustration : George Oze – Straircase Perspective

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Trente-six chandelles avant la nuit et une pour l’escompte – Recueil aux Editions QazaQ d’Anna Jouy

04 lundi Jan 2021

Posted by ykouton in Anna Jouy

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Voici « Trente-six chandelles avant la nuit et une pour l’escompte », recueil d’Anna Jouy, une suite de textes porteurs du mystère qui fonde la vraie littéraire. Une écriture abstraite et terriblement incarnée.

Anna Jouy en parle ainsi : « Des textes entre la nuit, le rêve, la mort qui vous enlève vos amours et qui prend lentement possession de vous. l’écriture a sans doute permis de « vivre » dans cet entre-deux, ce mort ou vif. Aube et crépuscule, et parfois avoir eu ce sentiment de soulever des chapes mystérieuses et entrevu des brumes post mortem.« 

En voici un extrait :

« Une écorce craque et l’arbre, écuissé, battu, emporte dans sa mort l’homme qu’il fût. Fût tambour cercueil, arqué de vins, les sèves pour l’unique essor d’un moineau. Et nous arbres sans envergure, ramures à l’essai. Est-ce juste prière ? Notre sagesse n’est pas mûre. Elle attend qu’une liane grimpe les échelons du dieu. Nos mains élèvent des poissons de nuage, offrande qui remonte le vent. Sur chaque feuille j’écris. A ma hanche les nodules du lierre. La tête toujours au Nord pour la mousse et le baiser. Arbre couché sans mobilier creusé. Navire bas. Ci-git ton vœu, la caresse inatteignable des hommes. Branches, nos cheveux. Anges, nos fils. Arbre, rompu. Ton pain grave sèche. Au sol. Alors butter un grain. Demain le premier mot, sur chaque feuille j’écris. »

Trente-six chandelles avant la nuit et une pour l’escompte – ISBN : 978-2-49483-13-4 – Recueil d’Anna Jouy

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Terre Glaise

14 lundi Déc 2020

Posted by ykouton in Anna Jouy

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Grand café, majestic, ancien. Parois de caissons avec en alternance des peintures. Mes feuilles sur la table. J’ai tout recousu. Ai fait des liens, tramé les sons et les teintes, repeint le décor, harmonisé. Le bistrot a déjà changé plusieurs fois de personnages. Les acteurs se lèvent et sortent. Au biais de moi, des miroirs. Ils reflètent toute la salle, amassent des zones d’ombres, des réverbérations. Ils me révèlent les gens par des côtés que je ne peux voir normalement. Grandes glaces se renvoyant les visages dans une vaste partie de balle au camp. Ici je devine ceux du fond, leur profil. Là, c’est un coin retiré. Et plus loin, un panorama des tables sur le côté. Et voilà que dans le flou de ces rebonds, je crois distinguer une femme qui attend comme moi. Je devine un visage presque familier, des cheveux courts et des gants bruns, comme j’aime en porter. Aussitôt je sais que c’est elle. Aucun doute. Elle s’est assise là-bas, là où je ne pouvais pas la repérer au premier coup d’œil. Et maintenant la voilà. « Je surgirai ».

Elle me semble si familière et pourtant je ne la connais pas. Ses traits, son regard, cette façon de se tenir penchée en avant, la tête presque appuyée sur ses mains. Je suis assise à ma table et dans l’enfilade des miroirs, la voilà donc. Différente et si proche en somme de ce que je voulais voir apparaitre. Elle ne me regarde pas, elle rêve, elle fuit encore. Elle attend, comme toute sa vie, elle attend, elle patiente, comme si c’était le plus simple geste du monde. « Je surgirai ». Me lever, aller vers elle. C’est ce que je me dis. C’est mon premier mouvement. Je me dresse, je vais rassembler mes affaires, mon cahier. Je vais me déplacer, faire les pas qui vont nous joindre.

Mon cœur, un poing si dur sur le sternum. Je connais cette peur, je connais ce mal que ça fait parfois quand on pressent qu’on va souffrir beaucoup et que ça débute en ce moment même. On en a une telle prescience. J’hésite. Je ne suis pas lâche. La vie, je la veux bien avec ces hauts et ses bas, mais là, quelle étrange apparition. Je le devine. Après ce ne sera plus pareil, ce sera pour toujours vraiment différent, et je ne sais pas pourquoi j’ai à la fois ce désir immense de savoir et de connaitre et tout mon corps en entier qui me retient et me tire en arrière.

Je croise son regard, qui frappe le mien, dans le faisceau invérifiable des lumières et des lueurs. Je le croise il me croise. Deux fers vifs. Stupéfaits, dressés d’angoisse aussitôt. C’est mon propre regard qui me revient. C’est moi, mon autre qui me traverse. Je viens de rencontrer l’être qui emprunte mon corps, vit ma vie. Nos rapports sont régis par des lois que ni elle ni moi ne maitrisons. Encore.

L’histoire n’est qu’une matière glaise. Chacun pourrait en faire autre chose. Malaxer le discours. Comme un monteur de cinéma, le monteur de vie. Couper, coller, faire une nouvelle histoire de mon existence. Avoir un regard neuf. J’endosserai cet ultime personnage. Ce que j’ai à faire tient du collage ou de la mosaïque, une pierre, une couleur, une forme. Que des bris, des éclats et le nez dessus cachant l’ensemble. Je suis plaquée sur l’ouvrage, la vie elle-même. Ça a l’air éternel et c’est pesant l’interminable. Quelque chose se réalise lentement, comme un long travail dans le sol. On enlève des pierres, on arrache des ronciers, et puis on creuse. On laboure, on s’acharne. Et de la terre nue, on attend que se lève le blé. J’attends. Des jours entiers. Je dois être patiente, je surgirai. Je suis une vie qui regarde la vie parvenir.

Texte : Anna Jouy

Illustration : sculpture de  E.Teitgen

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Médocs

08 mardi Déc 2020

Posted by ykouton in Anna Jouy

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Médocs. On a privé mon corps de ses douleurs. On a privé ma tête de sa souffrance. Le malaise n’est plus là. Il s’est replié comme une murène dans sa grotte. Il s’entasse sur lui-même, un œil juste ouvert pour la faim sur des bleus de passage. Le bonheur non plus qui est le balancement bien peigné des algues sous l’eau.


On a privé mon corps des nerfs, de l’angoisse… des veines, de la colère. De ma peau respirante. Arrachés. Je suis débroussaillée. Je suis fanée, les mots, les fleurs, les pailles, ratissée. Un herbier à terre. Le malheur n’est pas à la repousse. Le bonheur non plus, qui est ce pré court et vert sous les pas Il ne grandit pas sous les médicaments. Il n’y a jamais eu de graines pour ça, je n’ai pas senti des chairs neuves me parcourir, des lymphes grandir, la vie se doter. Je suis annexée par l’hygiénique indifférence. Je pleure moins, je souris faux. Je regarde l’autre part, la vie que je ne sens pas. Ni forte en odeurs, ni suave sous la main. J’écoute l’air que je fais. Plat et identique. Un vent sans charge. Un vent qui n’emporte rien et ne ramène pas. Le vent lisse des cages, le vent lisse des images. Ce vent qui soulève simplement mes épaules. Que dire ? Les mots ne servent qu’à décorer l’ordre des jours de guirlandes et de facéties. Je déteins sur les mots, on est blancs eux et moi. Je les contamine d’un état stupéfait. Ce sont mes breloques, le bruit nécessaire à me repérer dans la marche du corps. Ils m’entourent de lignes blanches, tracent mes garde-fous. Ils n’ont rien à dire. Je scrute leurs formes closes, je sais que chacun de ces derniers vocables qui me retiennent hors du silence, contient un monde, un monde entier, complet de malheur et de bonheur. Qu’ils enferment comme des ambres leurs insectes millénaires. Mon corps ne sait plus écouter les pierres. Il marche et le chemin bruisse mais ne parle plus.

Texte : Anna Jouy

Illustration : Gravure de Gérard Collin-Thiébaut

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