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Archives de Tag: Ma langue aux chiens

Ma langue aux chiens 8 : Bonnie, Argos, Cartouche et les autres…

14 dimanche Août 2016

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Ma langue aux chiens

Bonnie

– Mais putain, tu peux pas le rentrer ton chien ?

Une voix à bout de nerf dans la nuit insomniaque. Impossible de dormir la fenêtre fermée même si, avec le mistral des derniers jours, ce n’est plus la canicule. La voix est celle de l’un de mes voisins. Le chien qui aboie depuis des heures, en revanche, je sais que ce n’est pas le mien – Ulysse aboie rarement – mais celui de la vieille dame, ma voisine de droite. Ce n’est pas son chien mais celui de ses enfants ou petits-enfants qui viennent de temps le déposer chez elle en garderie. Il y a d’ailleurs en ce moment deux chiens mais l’autre ne dit rien. Ils posent leurs truffes contre le grillage et viennent confier à Ulysse leurs peines ou leurs ennuis à se voir traiter comme de vulgaires objets encombrants laissés à la consigne. Donner un nom à un chien engage et oblige, je crois. Je ne connais pas le nom de ce chien mais s’il aboie la nuit, c’est que quelque chose ne va pas. Comme la vieille dame, il dépend du bon vouloir de ses maîtres. Nous avons tout pouvoir sur nos bêtes et c’est effrayant  quand on sait ce dont  les être humains sont capables !

Certains de mes amis disent que je suis esclave de mon chien. Je lui devrai toujours plus que ce qu’il me doit. Mais ce n’est pas ça dont je veux parler ici. Je voulais parler de Bonnie, je voulais la faire parler comme j’ai fait parler les autres et puis aussi parler des chiens sans nom. Je voulais aussi parler de Cartouche. Il habite en bas de la colline où nous allons nous promener souvent avec Ulysse ; quand Cartouche était très jeune, il fuguait souvent pour accompagner les promeneurs ou les coureurs un bout de chemin voire plus si affinités, au grand dam de son maître. Nous, c’était souvent toute la promenade. Il ne le fait plus depuis longtemps mais quand nous l’apercevons du haut du canal, il aboie deux fois, pour saluer Ulysse (qui n’aboie pas mais s’arrête patte levée pour lui dire que ça va, lui aussi). J’aurais bien voulu parler aussi du plus vieux chien de la littérature,  celui d’Ulysse (pas mon chien mais le héros de l’Odyssée) qui attend 20 ans le retour de son maître pour le reconnaître avant de mourir. Celui-ci m’émeut particulièrement. Je crois aussi me rappeler d’un chien dans la bible, attaché à Tobie, et qui s’appelle peut-être Tobie également. Dans un autre registre, je me souviens de Dagobert qui faisait partie intégrante du Club des Cinq de mon enfance. De tous ceux-là j’aurais voulu parler mais à quoi bon ?

J’aurais voulu faire parler Bonnie plutôt que de parler d’elle à l’imparfait. L’irremplaçable (et irremplacée) Bonnie, la chienne Saint-Bernard de ma soeur, décédée en décembre dernier. Comme Nana, la chienne des enfants Darling dans Peter Pan, elle a été la nounou de l’enfance de ma nièce ; elle l’a accompagnée, protégée, dorlotée jusqu’à son adolescence. L’été dernier je l’ai gardée (chez elle, ma sœur et ma nièce étant parties quelques jours) alors qu’elle était déjà bien malade et je revois ses babines haletantes, ses beaux yeux lucides quand je lui cachais les comprimés dans une « Vache qui rit ». Elle cumulait douceur et grand courage : quand ma sœur tapait sur les casseroles pour faire fuir les sangliers de son potager, Bonnie donnait de sa grosse voix, n’hésitant pas à s’avancer vers eux avec, croyait-elle, un air féroce et des crocs de molosse pour leur faire peur. Elle aurait donné sans hésiter sa vie pour défendre celle de ses maîtresses. Je ne sais pourquoi je ne peux la faire parler. Elle aurait peut-être raconté ma danse de joie et de gratitude (envers le ciel) sous la pluie qui s’est mise à tomber  après des jours et des jours sans, l’été dernier. Elle qui avait désormais du mal à se lever et à marcher a tenu à venir vers moi pour dire sa joie aussi. Inconsolable, ma sœur n’a pas repris de chien mais en a gardé un récemment, pour son amie bergère. Abel, il s’appelle. Il est très doux, très gentil aussi mais refuse de travailler. Le mari de la bergère ne garde habituellement pas les chiens inutiles. Heureusement, la bergère a du caractère. Il y en a tant d’autres, de chiens, qui parlent si bien des hommes. Des chiens sans nom. Des chiens avec un nom.

Je voulais m’excuser de les faire aboyer dans la nuit insomniaque, moi et mes semblables. Nous, quand nous aboyons, ce sont toujours des injures. Le seul complément au verbe aboyer dont vous ayez besoin, c’est celui qui s’appelle votre maître.

Venelles, 10/08/16

 

Texte et photo : Christine Zottele

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Ma langue aux chiens 7 : Replay

07 dimanche Août 2016

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Ma langue aux chiens

Replay

Je n’ai ni le pedigree ni la notoriété de mon prédécesseur[1] – notoriété qu’il ne doit qu’au hasard d’avoir appartenu à un écrivain célèbre – mais je pense avoir ma place dans cette série qui, soi dit en passant, ressemble de moins en moins à une autobiographie par ses chiens. Si mes liens avec elle sont très ténus – nous ne nous sommes croisés que quelques jours d’affilée – je lui ai fait assez forte impression pour qu’elle souhaite écrire mon histoire et surtout celle de ma pauvre maîtresse.

Tout d’abord, je m’appelle Replay et j’appartiens à l’espèce des clowns canins. Je fais rire avant d’apitoyer. Rire, parce qu’il est difficile en me voyant (court sur pattes, pelage blanc et noir avec des cercles noirs autour des yeux formant lunettes) de trouver une étiquette, une marque – genre Welsh Corgi par exemple – et apitoyer parce qu’en m’observant davantage, mes cabrioles et pitreries semblent masquer une grande tristesse. Un vrai clown vous dis-je ! Il faut dire que ce n’est pas toujours facile de vivre avec une handicapée… Je m’autorise quelques fugues. Ayant remarqué chez mon nouveau voisin une affluence diversifiée et joyeuse, j’ai voulu investiguer sur lui et me suis attaché à ses pas. Ce voisin a repris une ancienne menuiserie qu’il a transformée en salle de répétition (je crois qu’il est comédien et metteur en scène), de concert et parfois de fêtes bruyantes et alcoolisées. Il a appelé ce lieu « La Manivelle ». Lui aussi c’est un clown. J’adore ma maîtresse mais j’aimerais bien qu’il soit aussi mon maître. Comme il a la bougeotte et se trouve rarement chez lui, quand il est là et qu’il fait la fête, je passe la nuit à la Manivelle. Certaines fêtes durent plusieurs jours (c’est au cours de l’une de ces fêtes que j’ai rencontré celle qui écrit sous ma dictée). Un lendemain de fête alors que je somnolais encore, ma maîtresse est venue me chercher en voiture. Très en colère quand elle m’a vu encore fourré chez lui, elle a exigé de notre voisin qu’il me ramène à chaque fois que je venais. Il a promis. Puis il a oublié. Comme moi.

Je dois vous choquer. Traiter ainsi ma maîtresse alors qu’elle ne se déplace qu’en fauteuil roulant. C’est vrai que ce n’est pas très sympa. Surtout quand on sait ce qu’il lui est arrivé. Je vous préviens, on arrive à la chute de cette histoire et ce n’est pas un dénouement de comédie. Rembobinons. Avant même ma naissance, ma maîtresse a été jeune, belle, amoureuse et valide – oui, ça sonne drôle quand on y pense ; comme si on devenait vieux, moche, indifférent et invalide, comme si un handicapé n’avait plus aucune valeur, passons… Donc, elle a eu un amant du même acabit (reprenez au masculin les adjectifs de la précédente description) ; pour éviter le cliché je n’ai pas dit fougueux, or il me faut revivifier ce lieu commun qui a causé la perte de ma maîtresse. Ils s’étaient donné rendez-vous en haut d’une falaise de calcaire d’une calanque du sud ou de Normandie (je n’ai pas retenu tous les détails) et arrivée la première, elle contemplait la mer en souriant sous la lune de minuit. Entendant le roulement des cailloux derrière elle, elle s’est retournée au moment où il s’élançait de toute sa fougue vers elle pour l’embrasser. Elle s’est brisé la colonne vertébrale en tombant sur le dos de toute sa hauteur le corps de son amant sur elle. Voilà, c’est la chute de son histoire, une mauvaise chute qui ne fait pas rire du tout.

Quant à la mienne (de chute), elle sera brève et sans surprise (donc ce n’est pas tout à fait une chute). L’amant n’a pas abandonné la belle, invalide désormais. C’est elle qui l’a quitté, ne supportant pas ses yeux de chien battu. Elle a fait sa vie, comme une valide, a exercé un métier, aimé d’autres hommes, vieilli sans trop d’aigreur et d’acrimonie. Elle m’a adopté, il y a douze ans et nous prenons soin l’un de l’autre. Sauf que, moi, j’ai parfois besoin d’air, de musique et de rires. Alors je vais à la Manivelle. J’essaie de trouver un moyen de les marier ces deux-là, mais pour l’instant je suis plutôt la cause de leur différend. Enfin, je ne renonce pas…

[1] Clément, feu le chien de Houellebecq, voir Ma langue aux chiens/6.

 

Texte : Christine Zottele, Mandelieu, 31/07/16

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Ma langue aux chiens 6 : Clément

31 dimanche Juil 2016

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Ma langue aux chiens

clement-1

Quant à elle, elle ne perd rien pour attendre ; je lui réserve un de ces chiens de ma chienne – comprenne qui pourra les expressions de ces sapiens, ça piaille… Elle se permet d’emprunter ma voix et celle de mes congénères pour masquer des choses pas jolies jolies.

Quant à moi, je tiens d’abord à m’excuser pour cet accent à cutter au cutter (prononcer [keuté o keuteur] mais je suis irlandais pur jus [piour jou] donc blanc et roux comme il se doit. Je souhaite ici rétablir la vérité après la rumeur répandue par une spectatrice de l’exposition conçue par mon maître[1]. Il faut dire à sa décharge que l’absence de références ne facilite pas la transmission de la vérité. Malgré sa très grande intelligence, Michel pense que tout le monde a lu ses fictions et reconnaîtra les sources. Malheureusement c’est loin d’être le cas. Ainsi quand la visiteuse a lu cet extrait, elle a cru que ce Fox était moi et que le narrateur était Michel, et qu’à ma mort il m’avait remplacé par un chien à l’identique – un corgi avec un pedigree (Michel a pris soin de l’exposer dans l’une des salles à moi dévolues) ; qu’avec son cynisme habituel, il avait ainsi toujours le même chien.

Deux semaines  après mon arrivée Fox mourut, peu après le coucher du soleil. J’étais allongé sur le lit lorsqu’il s’approcha, essaya péniblement de monter ; il agitait la queue avec nervosité. Depuis le début, il n’avait pas touché une seule fois à sa gamelle ; il avait beaucoup maigri. Je l’aidai à s’installer sur moi ; pendant quelques secondes il me regarda, avec un curieux mélange d’épuisement et d’excuse ; puis, apaisé, il posa sa tête contre ma poitrine. Sa respiration se ralentit, il ferma les yeux. Deux minutes plus tard, il rendait son dernier souffle. Je l’enterrai à l’intérieur de la résidence, à l’extrémité ouest du terrain ceinturé par la barrière de protection, près de ses prédécesseurs. Dans la nuit, un transport rapide venu de la Cité centrale déposa un chien identique ; ils connaissaient les codes et le fonctionnement de la barrière, je ne me dérangeai pas pour les accueillir. Un petit bâtard blanc et roux vint vers moi en remuant la queue ; je lui fis signe. Il sauta sur le lit, s’allongea à mes côtés.[2]

Je précise qu’au moment où il met en scène la mort de Fox, enfin de sa énième incarnation, moi, Clément le seul et unique, je vis encore ; je trouve le passage particulièrement réussi, n’est-il pas ? Je ne suis pas le seul à l’apprécier puisque l’homme-lézard[3] m’a mis en musique sur un très beau diaporama. Je suis devenu une œuvre d’art.Cependant, même si ce Fox cloné n’est qu’un de mes avatars, il présente un point commun avec moi : l’amour indéfectible qu’il porte à son maître et qu’il suscite en retour. C’est pour cette raison que je réfute la réputation de cynisme faite à Michel. Ou alors il faut prendre le terme au sens premier des philosophes qui ne se comportaient pas comme des chiens mais simplement se réunissaient sous un portique représentant un chien [4].

 

L’amour est simple à définir, mais il se produit peu – dans la série des êtres. À travers les chiens nous rendons hommage à l’amour, et à sa possibilité. Qu’est-ce qu’un chien, sinon une machine à aimer ? On lui présente un être humain, en lui donnant pour mission de l’aimer – et aussi disgracieux, pervers, déformé ou stupide soit-il, le chien l’aime. Cette caractéristique était si surprenante, si frappante pour les humains de l’ancienne race que la plupart – tous les témoignages concordent – en venaient à aimer leur chien en retour. Le chien était donc une machine à aimer à effet d’entraînement – dont l’efficacité, cependant, restait limitée aux chiens, et ne s’étendait jamais aux autres hommes.[5]

 

Clement-2

Non seulement je suis une œuvre d’art, mais je suis aussi la meilleure part de Michel, celle qui met un peu de baume et de douceur à sa vie. J’aimerais qu’il soit aussi clément envers les femmes… Quant à elle, qui se targue d’avoir des lettres, elle ne sait toujours pas quoi penser de Houllebecq (comme elle dit mi-figue mi-raisin avec son accent picard) ; elle n’a décidément rien compris ; il l’écrit clairement et honnêtement pourtant, il est comme son personnage : semblable à tous : un peu sentimental, un peu cynique comme la plupart des hommes[6] et non pas comme Daniel I se voit : une espèce de Zarathoustra des classes moyennes. Le problème c’est qu’elle a du mal à distinguer la vérité derrière la fiction. Elle me fait un peu pitié. Ainsi, quand Michel met en scène la mort de Fox premier, écrasé volontairement par un engin de chantier, il est clair qu’il est sincère à travers la vision de son personnage :

 

Ma crise de larmes dura sans doute longtemps, quand je me calmai la nuit était presque tombée ; le chantier était désert, mais la pluie tombait toujours. Je sortis dans le jardin, dans ce qui avait été le jardin, qui était maintenant un terrain vague poussiéreux en été, un lac de boue en hiver. Je n’eus aucun mal à creuser une tombe au coin de la maison ; je posai dessus un de ses jouets préférés, un petit canard en plastique. La pluie provoqua une nouvelle coulée de boue, qui engloutit le jouet ; je me remis aussitôt à pleurer.[7]

Moi aussi ; à chaque fois que Michel me fait mourir dans ses romans – et il ne s’en prive pas, et parfois il m’assassine dans d’horribles circonstances – je pleure. Pourtant je sais que ce n’est pas moi. La vie d’une œuvre d’art n’est pas toujours facile. Quant à elle, elle est incapable d’écrire ça. Je la soupçonne de croire que ce que l’on écrit finit par arriver. Après, on va encore dire que je suis cynique, voire misogyne. Je préfère m’arrêter là. On verra quand elle écrira un roman…

 

Texte : Christine Zottele
Aquarelle : Marie-Pierre Gauthier
Photo : Michel Houellebecq
Notes:
[1] « Rester vivant » de Michel Houellebecq au Palais de Tokyo, du 23 juin au 11 septembre 2016, à Paris.
[2] Michel Houellebecq, la possibilité d’une île, Fayard, 2005, p. 190.
[3] Clément veut parler de l’homme-iguane, Iggy Pop, qui a effectivement mis en musique cet extrait.
[4] Cynisme a pour origine le terme grec kunos, « chien »
[5] Michel Houellebecq, la possibilité d’une île, Fayard, 2005, p. 191
[6] p. 400
[7] p. 388

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Ma langue aux chiens 5 : Omer et Ulysse

24 dimanche Juil 2016

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Ma langue aux chiens

Omer-1

(H)omer(e) (1997-2010)

Reprenant voix et narration, je me dois d’emblée préciser que si j’ai laissé parler les autres je à ma place, c’est parce qu’entre temps j’ai eu une épopée à boucler d’urgence. Comme mon homonyme bipède, je suis aède. On a beaucoup écrit sur mon compte avec plus ou moins de bonheur. J’ai laissé faire parce que peu me chaut ce qu’on dit de moi, me chaut davantage la vie des autres. Je parlerai d’Ulysse en temps voulu mais je crois qu’il convient de parler de cette Christine, aux mille ruses, qui prend tant de chemins détournés pour parler d’elle sans savoir où ils mènent. Bien qu’elle soit une bipède, et une bipède assez quelconque, elle fut pour moi ce que fut le vieil Argos à Ulysse (l’autre, celui de l’Odyssée de mon homonyme): fidèle. Oui, elle me fut fidèle jusqu’à ma mort. Elle m’accompagna de tendres caresses alors que mes vieux yeux voilés quittaient cette vie si belle que j’ai tant aimée.

Vous vous demandez comment un chien puisse ainsi maîtriser votre langue ? En vérité, vous ne connaissez pas grand chose, à notre espèce. Nous n’avons pas besoin de mots pour nous exprimer ou nous faire comprendre de vous. Vous lisez des articles scientifiques sur les vertus des regards échangés entre les chiens et leurs « maîtres », développant notamment l’hormone de la confiance et de l’amour, l’ocytonine et vous commencez à peine à toucher du doigt tout ce dont nous sommes capables.

Tenez, dès le départ, vous les bipèdes croyez nous choisir alors que ce sont nous qui vous choisissons comme nos « maîtres » – ce vocable, vous en êtes esclaves en vérité – par quelque chose dans nos yeux, une attitude que nous prenons pour nous faire adopter. Ainsi, elle, avec son petit d’elle, quand ils sont venus nous voir avec mes frères… Je me rappelle avoir lâché la mamelle de ma mère – très belle labrador sable – et… fait ce qu’il fallait (je ne trahirai pas nos secrets) pour que le petit d’elle m’indexe à sa portée. Dès lors, les jeux étaient faits : sevré et vacciné, j’entrai dans la famille que je m’étais choisie. Le petit d’elle me prit pour une peluche vivante. Il venait se pelotonner à même le sol dans ma belle fourrure noire, humant en elle la colline arpentée en tous sens. Je dois en convenir, jamais il ne me tortura. Juste ma queue tirée par le diable quand il passait en lui à de très rares moments. Quant à elle…

Elle m’accompagnait partout, notant mes leçons d’écriture avec une grande humilité. Je lui disais souvent de ne pas chercher à, mais simplement d’écrire là où ses pattes la conduiraient. Elle souriait alors, croyant que je plaisantais. Elle essayait, se relisait, jetait et se jetait à corps perdu dans des lectures qui la laissaient parfois hagarde. Un jour, elle s’est mise en tête de passer l’agrégation, elle n’était déjà plus toute jeune. J’ai essayé de la dissuader mais en vain. Dès lors, elle était perdue pour l’écriture. La sienne. C’est au cours de ces années qu’elle m’a un peu négligé… Oh, je ne me plains pas… J’ai juste comme une petite amertume au fond de la gorge. Je crois aussi … mais brisons là, je dois ici faire intervenir un épisode très douloureux pour tous qui a pour héros Ulysse.

Omer-2

Oui, Ulysse, mon successeur, un Irish soft coated wheaten terrier, dont le type racial montre déjà la prétention sinon le pedigree. Né le 05/07/2008, il est arrivé chez nous le 05/03/2009 alors que nous nous suffisions amplement. La chatte (et néanmoins amie), Fanny, arrivait à la fin de sa vie mais elle a préféré partir le lendemain de l’arrivée d’Ulysse. Quand je dis partir c’est un euphémisme (la bipède Elle n’a pas aidé ma langue à devenir acérée et précise) car à mon grand désespoir, Fanny est morte et non bel et bien. Ulysse était soi-disant à l’essai mais Fanny savait que le provisoire deviendrait définitif. J’aurais dû l’écouter et me méfier davantage. Que je vous explique, le grand bipède a un frère ; ce dernier habitant une maison avec jardin à Saint-Etienne déménageait à Paris, dans un appartement et ne pouvant le garder… Elle, elle ne voyait pas de mal à essayer. Et puis habitée par le chagrin de voir Fanny dépérir, elle avait d’autres chats à ne pas fouetter si j’ose dire (vous avez de ces expressions…). Le petit d’elle non plus, ne voyait pas d’un mauvais œil l’arrivée de ce freluquet, clownesque et cabotin. Le poil blanc crème et bouclé, les yeux cachés par de jolies mèches folles, il semblait au début un peu triste de la rupture avec son maitre. Ça n’a pas duré longtemps.

Omer-3

Je l’ai pris sous mon aile –si j’ose dire – il dormait pelotonné dans ma belle fourrure noire étoilée de quelques touches blanches,  il faut bien le dire, j’étais déjà vieux – et je n’ai pas vu venir la trahison. Car derrière sa mèche folle, il m’observait le pervers ! Il a profité de ma faiblesse et de l’absence des bipèdes pour s’attaquer à moi, visant directement ma gorge. Je me suis défendu, prenant garde à ne pas le tuer, car la première fois, pesant le double de ce petit cabot, j’aurais pu aisément en venir à bout. J’ai pardonné, mettant son impétuosité sur le compte de son jeune âge. Elle, en voyant le sang répandu, a hurlé, jurant se débarrasser sur le champ de cette horrible bête. D’un regard, je l’ai calmée. Et puis il a recommencé. Plusieurs fois. Il grondait dès que j’approchais. C’était clair : il voulait ma place et ma peau. On l’enferma dans une pièce loin de moi. Puis on tenta de nous réunir avec lui en laisse au pied du Grand qui gérait la longueur de la longe en fonction de son comportement. En promenade, ça allait.

J’ai essayé de lui montrer les bons coins et de lui enseigner la natation et surtout la langue des yeux. Mais en vain. S’il avait été de meilleure composition, j’aurais pu écrire son Odyssée, mais il n’avait rien d’un héros épique, plutôt celui du traitre de mélodrame. Car il a recommencé, affaiblissant mes dernières forces. Mes bipèdes ont tenté une consultation avec un vétérinaire comportementaliste. Mais nous avons tous joué au mieux notre rôle pour ne plus revenir dépenser une centaine d’euros dans ce cabinet sans intérêt.

Bref, je ne regrette rien. Ulysse a tenté de maîtriser le grand, tandis qu’Elle ne lui accordait pas même un regard, pas une caresse. Le petit d’eux, était plus partagé. L’atmosphère était tendue à la maison. J’avais de plus en plus de mal à suivre la cadence et la distance lors de nos balades dominicales. Un jour, je me suis même couché sur le chemin, incapable d’avancer. Elle a cru que j’allais mourir là. Ses larmes m’ont ému plus que je ne m’en saurai cru capable. Mon temps était terminé. L’autre, le sentant, s’est calmé. Dès lors, je me suis éteint doucement sous ses caresses à elle. Elle a écrit un texte mais c’est moi qui parlais.

J’ai même fait l’objet d’un billet sur son blog Est-ce-en-ciel. Et si j’ai omis quelques fugues de ma jeunesse, je n’ai dit que la vérité, la mienne. Je lui laisse de nouveau la plume.

Interview d’Ulysse (chien de sa chienne) à son domicile.

Le terrier nous reçoit de manière exubérante dans son salon, bondissant et plaquant ses deux pattes antérieures sur notre abdomen. La situation cocasse n’est pas du goût de tous. Il est prié sur un ton comminatoire de retrouver immédiatement sa place et sa dignité. Ulysse s’installe sur le canapé, nous conviant d’un signe de la tête à nous asseoir sur le vieux fauteuil. Il semble calme et ouvert à toute question.

C.Z. : Ulysse, on ne peut pas dire que le portrait qu’Omer a fait de vous soit à votre avantage, qu’est-ce qu’il vous inspire ?
Ulysse : …….. (soupir).
C.Z. : Vous avez maintenant sept ans et l’âge de la sagesse dit-on chez les bipèdes… C’est vrai que vous vous êtes assagi, avec le temps. Vous avez su trouver votre place au soleil dans ce foyer : boulettes diététiques et ballades quotidiennes sur la colline, quel conseil donneriez-vous aux chiens moins favorisés que vous ?
Ulysse : …………… (soupir) …………………. (reposant la tête sur un coussin puis fermant les yeux)
C.Z. : Il semble que ce ne soit pas le bon moment pour s’entretenir avec vous ; souhaitez-vous reporter l’entretien ?
Ulysse : … (mouvements de pattes spasmodiques signe de poursuite de lapin en garrigue onirique)
C.Z. : Bon, et bien merci quand même.

 

Texte et photos : Christine Zottele

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Ma langue aux chiens 4 : Orion et Kiwi

17 dimanche Juil 2016

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Ma langue aux chiens

Orion

Orion (1982-1983)

Orion

Sentant sa fin venir
Dressa ses habitants contre leurs souvenirs
Contre leurs souvenirs

Extrait de « La mort d’Orion », paroles et musique de Gérard Manset

 

L’histoire de mes chiens. Reprenant langue.J’entre dans l’âge adulte. En 1982, je vis avec A. et un presque berger allemand. Nous écoutons l’album de Gérard Manset « La mort d’Orion » et comme c’est une année en « O », je lui fais don de ce nom aussi noir que son pelage. Choix funeste car Orion aura une vie aussi brève que celui de la chanson. Je ne peux m’empêcher de penser qu’avec un autre nom… il aurait vécu plus d’une année.

Aux dernières vacances de la Toussaint, en visite chez A. dans le Quercy où il habite désormais, je lui ai demandé s’il se souvenait des circonstances de l’acquisition de ce chien. Mais il ne se les rappelle pas. C’est lui qui me l’avait offert. Orion était aussi tumultueux que cette époque de nos vingt ans. Période de fêtes continuelles, de passion exacerbée, de vitesse et de danger. La danse et la lecture constituaient alors deux passions insuffisantes à assouvir toutes mes soifs. J’avais du mal à me satisfaire de cette vie.

Impression qu’Orion n’a vécu qu’un été. Pas de photo de lui. Je le revois au bord de l’étang de Saint-Leu d’Esserent où nous avions coutume de nous baigner. Très mal élevé, laissé libre de circuler, il était revenu un jour avec un sandwich dans la gueule. Orion était un voleur de pique nique fulgurant qui a vécu comme une tornade. Fugueur qui plus est. Un jour il n’est pas revenu. Je l’ai cherché pendant des jours, m’adressant à tous les vétérinaires du coin. A. a su avant moi mais n’a rien dit. Pour m’épargner. Pour que je puisse mener à terme les projets chorégraphiques en cours. Avec ma sœur et trois amies, nous venions de créer une compagnie de danse amateur « Anagramme » (la deuxième après « Vagabondanses ») et quelques spectacles à Cergy et l’Isle-Adam étaient programmés. En ce mois de juin se profilaient aussi les spectacles de fin d’année de mes élèves dans les différentes associations où je donnais des cours. Sur un carnet de 1983, je mentionne deux fois Orion, le 12 mai – en forêt ce matin avec Orion, c’est bien il n’y avait personne à cause de la pluie, ça sentait bon ! – et le 3 juin – seule avec Orion, A. parti à Paris – et puis en haut d’une page : S.P.A de Genevilliers : 798-57-40

Ensuite, quelques poèmes, quelques tirages du Yi King et cette page :

13 mai 1983 : naissance de Kiwi
arrivée de Kiwi le 19 juin 83
après Vagabondanses…

Kiwi (1983-1996)
Kiwi-1

21 juin : fête de la musique à Paris (de République à la Bastille jusqu’à Nation en passant par Voltaire – quelqu’un nous a demandé du feu, et le bus d’Higelin est passé (on nous a dit qu’Higelin avait fini son concert )–  On ne l’a pas vu !

Feuilletant les pages suivantes… je parle beaucoup d’écriture, de mon « envie » d’écrire (comme une envie pas si pressante que ça) un roman en particulier. Mais ce sont surtout des bouts de poèmes que j’écris à l’époque et les cadavres exquis avec les amis que je retranscris. Je parle beaucoup du départ pour le sud et je parais à la fois exaltée et angoissée. Peu de traces de Kiwi. De A. non plus d’ailleurs. L’arrivée à Aix-en-Provence signe le début de la fin de notre couple. Kiwi, c’est aussi lui qui me l’a donné pour redonner le sourire. Et Kiwi va devenir un peu un enfant de divorcés profitant au maximum de sa position d’entre deux maîtres. Maîtres de nos vies, si peu nous le sommes pourtant à ce moment-là. Si peu maîtres de notre chien qui est encore un chiot quand nous déménageons. Je me souviens que je prends mon café le matin au café au coin de la rue d’Italie alors que Kiwi a droit à un yaourt avec des vitamines. Je suis scrupuleusement le régime prescrit par le vétérinaire. Kiwi fait la conquête de tous. Il va grandir librement à Aix, à une époque où il est toléré que les chiens se baladent sans laisse (A. ne travaillant pas il l’emmène partout avec lui pendant que je donne mes cours). Aux terrasses de la place de la Mairie, Kiwi est plus populaire et plus connu que moi, grâce à la faculté de mon compagnon à se lier. Les deux compères reviennent régulièrement à l’appartement. Parfois séparément. Drôle de période. J’ai du mal à me faire aux gens du sud. Ils parlent fort, jouent à la contrée, se moquent de notre accent pointu.

Jeudi 4 août 83

De nouveau le silence…

Des gens sont entrés, ils ont mis de la musique. Ils ont dit des mots, ils ont parlé d’autres gens, puis ils sont repartis voir d’autres gens. Je n’avais rien à leur dire… Ils m’ont laissé les chiens : Tania et Kiwi jouent maintenant. Quand ils font trop de bruit, je les appelle, ils viennent se faire caresser et repartent pour d’autres jeux. Le soleil est de plus en plus bas et la lumière est douce belle. Rayons obliques dans un coin de la pièce. Le vent souffle de temps en temps et les insectes entrent par une fenêtre et ressortent le plus vite possible par une autre. Tout ce qui vit n’a pas un instant à perdre. Je profite des couleurs des pois de senteur cueillis tout à l’heure dans la petite sente. J’ai envoyé un message à Alexa. Lui ai raconté un peu Les Vagues de Virginia Woolf. Maintenant, danser ou lire ?

                                                                                                (Extraits du carnet noir et rouge)

Je cesse de tourner les pages. Cette période me navre. Ce temps perdu à me laisser balloter par le temps. À me morfondre et à pleurer. À me plaindre de n’avoir plus mes vrais amis (ceux qui sont restés en région parisienne) et ne pas faire d’efforts pour me lier à ceux du sud. Parce que ce sont les amis d’A. ? Parmi eux, quelques-uns vont devenir de vrais amis cependant.J’enfouis mon visage dans le poil roux de Kiwi. Il ne m’a jamais refusé sa consolation. Ses beaux yeux bordés de longs cils sont plus parlants que toute parole humaine.

Kiwi-3

 

Quand les humains et les chiens se regardent dans les yeux, leurs niveaux d’ocytocine, l’hormone de l’amour, de la confiance et du plaisir, augmentent nettement dans leur cerveau et renforcent leurs liens, ont découvert des chercheurs japonais.

Ce mécanisme a probablement résulté de l’évolution depuis le début de la domestication du meilleur ami de l’homme qui remonte à environ 30’000 ans, selon les auteurs de ces travaux publiés jeudi 16 avril dans la revue américaine Science.
(Tribune de Genève, tdg.ch du 17 avril 2015)

 

L’ocytocine ! Nous y voilà. Tout s’explique ! Au fur et à mesure que ma relation avec mon compagnon se délitait, celle avec mon chien me permettait de ne pas perdre tout espoir en l’humanité. Ma confiance en mes capacités de séduction ne s’est pas complètement effondrée grâce aux beaux yeux de Kiwi. Aussi séducteur soit-il, Kiwi m’est resté fidèle plus de treize années. D’un commun accord, nous avons fini par nous séparer avec A. et j’ai bien sûr gardé Kiwi. J’ai fait de nouvelles rencontres dont le père de mon fils né en 1989. Kiwi a été le gardien de sa petite enfance. De citadin, il est devenu campagnard. De nombreuses balades dans la colline ont fait notre bonheur à tous, pendant quelques années. Avec son vrai nom, Kiwi est même entré dans l’une de mes premières nouvelles, primée à un concours qui plus est !

Le jour est rond comme un pain. J’avance d’un pas long et tranquille. Je suis dans mon sang, dans mes pas, dans la pression du talon sur le sol qui fait circuler le sang et la vie bien plus haut que le cœur, jusqu’aux nuages.

Devant, Kiwi danse dans les hautes herbes. Mon bon vieux chien va bon train et de guingois. Lorsqu’à un croisement il se retourne, son bel œil valide me dit qu’il ne m’abandonne pas, qu’il m’accompagne encore un petit bout de chemin, simplement je choisis. Je prends celui à gauche qui monte en pente douce sur la colline, pour ménager son cœur ; je ne me résigne pas à lui mettre la laisse, comme l’a prescrit le vétérinaire. Il mourra en pleine course avec le vent.

Extrait de « Le jour est rond comme un pain » premier prix de la Nouvelle en mille mots, Fréjus, 1995.

Kirby et Fanny

La mort de Kiwi a été d’autant plus terrible que je n’ai pu l’accompagner dans ses derniers instants. Mon compagnon ayant voulu m’éviter la douleur d’assister à son euthanasie, a pris l’initiative d’aller le faire euthanasier pendant mon absence. Je lui en ai beaucoup voulu et décidé de ne jamais plus prendre de chiens ou de chats. Les dernières années de sa vie, Kiwi a vécu en harmonie avec une chatte, Fanny. Ne faisant pas l’objet de cette narration, elle n’aura droit qu’à quelques lignes. Sa présence fut pourtant une belle et précieuse et longue compagnie pour notre famille et mériterait un récit complet. Deux ans après la mort de Kiwi, j’ai cédé aux prières de L. et nous avons adopté un beau labrador noir. C’est mon fils qui a choisi de l’appeler Omer.

Voir « Le Jour est rond comme un pain » in Vous vivez dans quel monde ? (nouvelles), Éditions Qazaq http://www.qazaq.fr/pages/vous-vivez-dans-quel-monde/

Texte et photos : Christine Zottele

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