Grégory Rateau – En Compagnie de Prevel

Et si un homme se levait
et si cet homme te relevait
que deviendrais-tu ?
sans nul doute son disciple
son marchant de rêves
son Judas officiel

Des ennemis par milliard
conspirent
à longueur de bonsoirs
sur tes Poèmes mortels
ils tirent à la Courtepaille :

ce sera à celui
qui le premier
fera de tes vers
la plus belle boulette
immortelle

Il te l’a dit mille fois
hurlant en boucle
radiophonique :

Le poison fait effet
Vous n’êtes déjà plus parmi nous
Les autres veulent
vous nuire
Vous envoûter
Fuyez !

et toi
bien trop poète
tu continues à boire
à croire
tu tends la main
à ton époque
et ses hypocrites
tutoiements

La pluie n’est plus la pluie
ta chambre n’est plus là-haut
Artaud n’est plus le Momo
ton nom n’est plus Prevel
tu n’es plus rien
ta révolte si

Version téléchargeable

Inédits de Grégory Rateau

Crédit dessin : Antonin Artaud

HAGAKURE du Combat Ordinaire – Partie 4 – Patrick Prigent

31

Vouloir donner de soi
une image positive
c’est encore s’ancrer
dans une émotion
qui ne dépend
pas de nous


32


Distingue
Savoir et Connaître


33


La peur
se souvient du passé
Mais elle n’a pas
la mémoire
de l’avenir


34


N’accuse pas ton maître
d’être son esclave
Regarde tes chaînes
comme celles d’une ancre et
change simplement de mouillage


35


L’univers
est une immense
toile d’araignée
qui relie toute chose et tout être
Si je ploie de ce côté
je soulève de l’autre


36


Le vent change de chant
selon que celui qui l’écoute
se trouve dehors
ou dedans


37


Tu es le microcosme
d’un macrocosme
qui lui aussi
tout entier
respire
s’expanse et se rétracte


38


Il peut
pleuvoir des cordes
je m’en fais une échelle


39


Ceux qui n’ont
pas de voie
la suivent
Ceux qui suivent
n’en ont pas


40


Je ne sais pas
ne pas relire
les pages que je tourne
Je l’ai longtemps pensé
avant d’enfin comprendre
qu’il s’agissait des pages
que d’autres
avaient tournées pour moi

Texte : Patrick Prigent – HAGAKURE du combat ordinaire – Travail en cours

Ludovic Micheau – Extraits de De L’autre Côté du Fleuve – 3ème partie

Il avait pris pour habitude de se nicher au coin là-bas

Entre deux eaux,

Sous la corniche du vieux pont de pierre

Là où les lampadaires jettent en notre conscience

Comme une lueur bien maigre d’espérance.

Il était resté là

Recroquevillé sur ce je-ne-sais-quoi de lui même

Pâle figure blême

Qui a peur soudain de tout.

Extraits de « L’autre côté du fleuve » – Recueil

Aline Recoura – Je n’aurais peut-être

jamais dessiné
sans cette histoire
Ça a jailli
une force impétueuse
se moquant
de tous mes emplois du temps
recouvrant de sa poussière de pastels
les débris de sentiments
comme la poudre d’or
du Kintsugi
Un art dont j’entends parler
régulièrement depuis quelques semaines
Mais n’est-ce pas plutôt
ma pierre de patience
qui s’expose
c’est moins à la mode

Texte/Illustration : Aline Recoura