
Aujourd’hui, et encore aujourd’hui, j’ai eu envie de planter un clou : cela n’était d’aucune utilité. Mais comme je suis poète, je l’ai planté quand même.
Juste pour voir.
Ou pourvoir juste.
Pourvoir à l’inutile… l’utilité étant une obligation sociale, le geste inutile devient ainsi un mouvement de l’intime, donc utile.
On s’évade avec l’inutile, on sort de cette prison de la fonctionnalité.
Aujourd’hui, et toujours aujourd’hui, l’utile se trouve dans cette oreille qui écoute le bruit du marteau qui tape, le crissement de l’acier qui entre dans le mur, la poussière de plâtre qui bruine sur la peau, le mur tout entier qui frisonne de pouvoir supporter tout ça, cette oreille dans laquelle bruissent mille autres oreilles.
Et je ne sais que chanter les éloges du bruité aux charnières de l’inutile pour que résonne dans les oreilles autre chose que du bruit.
Et une oreille s’est tournée vers mon bruité pour le transmettre à d’autres.
Celle de Jan Doets.
Merci à lui, celui qui m’accompagne.
Jean-Claude Goiri
Peinture de couverture : Nathalie Oso