16

Tendre la main est une audace qui engage le dos : j’ai peur. Et ces secousses pâles qui perforent le puits allument des bombes dans une nuit de décharge. Galets d’offrande à l’urne des genoux, et tant de pierres dans le mitan de l’eau. Vermeil de l’éclat de tes dents juste après le désir.

17

Est-ce l’encre qui écrit ou la feuille qui déchire sa plainte ? Le séisme livre le cœur. J’écoute ces coulures, le front posé dessus.

18

Yeux grand ouverts sur le fond des rivières, pour qu’ils boivent la tasse, prendre le pouls de l’eau. Il frappe monnaie, de l’argent des goupils. J’ai lâché dans un puits une pièce très noire, un trou profond pour que jamais il ne puisse t’atteindre, homme qui boit la lune.

19

Le jour craque. A sa place c’est clair, je craquerais aussi. Ces offrandes brindilles font un vent de sauterelles qui pique au ciel.

20

Nulle part de soi qui s’envole et batte de l’aile nue. Nulle part du rendez-vous sur le javelot des lignes blanches. Et la question du rien, miettes de hasard sur les nomenclatures. Nulle part, et le ciel distrait à la fenêtre, je referme mes plis de lampion à la venue du jour.

Texte : Anna Jouy – Issu du Recueil « Poèmes de la nuit à son matin ».