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Archives de Tag: Il y a quelqu’un

Il y a quelqu’un ? ⎮ 10

05 samedi Mai 2018

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Anh Mat, Il y a quelqu'un

10 anubis

anubis

Ils sont restés longtemps, comme enivrés à débattre et à rire de ce qui leur passait par la tête devant cette vie jetée à la fenêtre. Moi qui suis d’habitude peu enclin à l’écoute des hommes, j’avoue que cette fois, je ne me serais bouché les oreilles pour rien au monde. Mais je n’ai pu me pencher plus longtemps de peur qu’ils m’aperçoivent et m’encouragent à finir encore mieux que mon prédécesseur. Ils auraient tout aussi bien pu penser que je l’avais poussé de mes propres mains et la thèse du suicide qui les enchantait tant aurait été de ce fait écartée avec amertume et regret. Ils m’en auraient sûrement voulu. De toute façon, je n’entends plus très bien leur voix, elles ne sont plus qu’un brouhaha de quartier auquel je ne peux même plus prêter l’oreille tant ils sont nombreux à parler. Je releve la tête pour contempler le ciel. Le soleil à présent complet rayonne comme les dents d’un sourire épouvantable. J’essaie tant bien que mal de ne plus regarder en bas, de tenir mon regard sur le soleil transperçant, jusqu’à me persuader que c’est lui qui enivre la foule de la sorte, c’est peut-être même lui qui a poussé cet homme à sauter… qui sait ?

Puis le silence. Je me penche de nouveau à la fenêtre. Le corps est toujours là, seul. Ils ne l’ont pas touché. Alors que le soleil amorce sa descente orangée, la solitude et la pestilence du cadavre abandonné m’invite à bras ouvert, je ne sais où. C’est alors qu’un jeune chien errant, un berger, s’approche du corps et s’assoit à ses côtés. Le chien est d’un calme magnifique, habité d’une sagesse que j’admire et dont je suis jaloux tant je voudrais en être moi aussi habité. Sa sagesse garde tout en son sein, afin de ne rien abîmer, de conserver intacte le silence de l’homme écrasé là, par terre. La fièvre m’abandonne alors que la mémoire me revient… ou délire-t-elle ? Qu’importe, im s’agit bien de la même chambre, de la même fenêtre donnant sur le parc, oui, c’est certain, ce sont là les mêmes murs, les mêmes vêtements qui traînent, le même drap puant la sueur, à la différence qu’il borde non plus un lit, mais un petit panier. Je m’y couche. Et malgré la fatigue, je ne peux fermer l’œil, ni même cligner des paupières. Mes yeux ne regardent plus rien. La langue pendue, je cherche mes premiers mots. Je prends mon temps, il faut bien les choisir, ne pas se tromper, parce-que ces mots sont reliés aux fils d’une bombe et qu’ils peuvent tout faire exploser si je les prononce précipitamment. Je me suis finalement levé sur les pattes arrière pour faire le beau… et puis j’ai aboyé.

FIN

 

Texte : Anh Mat
Dessin : Anna Jouy

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Il y a quelqu’un ? ⎮ 9

04 vendredi Mai 2018

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Anh Mat, Il y a quelqu'un

9 suicide

suicide

Et puis, comme par instinct, sans même la chercher, je reconnais une porte sur le trottoir d’en face. À ce point de mon existence, elle ne peut être qu’une issue de secours. J’y cours à toute allure quitte à bousculer quelques épaules, je mets toutes mes dernières forces dans l’entreprise, la foule s’écarte et hurle de me voir foncer brusquement moi qui jusque-là réprimais mes gestes pour ne pas aggraver mon cas. C’est hors d’haleine, ma fièvre à son plus haut degré que j’atteins enfin la porte. Je glisse dans sa serrure la clé avec laquelle j’avais échoué à ouvrir plus d’une centaine de portes la nuit dernière. Pur hasard ou mémoire retrouvée, elle s’ouvre sur le plus grand des soulagements. Je reste là, essoufflé contre la porte refermée précipitamment derrière moi, heureux, apaisé d’être enfin à nouveau seul dans un espace clos, corridor vétuste menant à un escalier vertigineux. Je ne sais plus combien de marches j’ai monté mais elles étaient à n’en pas douter nombreuses, de plus assez étroites. Les deux mains moites agrippées à la rampe, vacillant des jambes et le cœur battant, j’ai trimé comme un vieillard pour les gravir. Une fois en haut, je me retourne et regarde en bas afin d’évaluer la hauteur de cet unique étage. Je ne vois même plus le carrelage du corridor, seulement des marches qui se répètent indéfiniment. Je sais d’ores et déjà que je n’aurais pas l’énergie pour redescendre. Je suis condamné à rester ici. Devant moi une autre porte, probablement celle d’une chambre. L’étiquette sur la sonnette est blanche, aucun nom, aucun prénom, pas même un numéro. Je sonne sachant pertinemment que personne ne répondra. C’est alors que j’entends derrière des pas. Ils ne ne semblent pas se diriger vers la porte pour m’ouvrir, tout au contraire, les pas s’éloignent de ma personne et résonnent avec tant d’insistance qu’ils deviennent le fond même de ma pensée : ces pas se dirigent-ils vers une fenêtre où se jeter ?
À la seconde même où je pousse la porte, j’entends l’impact. La fenêtre est grande ouverte. Je m’approche lentement pour m’y pencher et ainsi confirmer mon pressentiment. La rumeur des passants fait déjà bon ménage. Attroupée autour du corps éclaté, la foule applaudit comme un seul homme. Entre leurs incessants battements de mains, chacun va de son petit commentaire :

— Bravo !
— Félicitations !
— D’une si jolie fenêtre en plus…
— Les bouts de cervelle, quelle réussite !
— Ce n’est pas si facile de mourir sur le coup, chapeau !
— Il faut indéniablement être doté d’un certain talent pour s’écraser avec un tel éclat…
— Et aussi une belle audace !
— Ce saut restera son chef d’œuvre !
— Messieurs ! Je crois sans trop m’avancer qu’il ne s’agit pas là du passage à l’acte d’un romantique un peu niais laissant une lettre d’adieu.
— Votre analyse est on ne peut plus juste. C’est l’œuvre d’un fataliste convaincu, sans aucun doute !
— Ce n’est peut-être qu’un pauvre type qui s’est suicidé sans raison, point final.
— D’ailleurs, décider de mourir devrait être un droit…
— Je dirai même un devoir !
— Ce que vous dites ici me rappelle un fait divers que j’avais lu dans le journal…
— Les journaux, ce sont tous des torche-culs ! Sans exception !
— Vous faites bien de le faire remarquer, cette histoire m’avait diverti aux toilettes justement…
— Et bien, ne vous faites pas prier ! Racontez-la !

L’article en question parlait d’une dame qui de son vivant avait décidé qu’elle choisirait le moment de sa mort. Durant plus d’une dizaine d’années, elle trouva le moyen de se faire prescrire par son médecin traitant des somnifères, prétextant des difficultés à trouver le sommeil. Le médecin en question lui prescrivait des doses relatives à ce type de trouble, des doses donc autorisées par les lois en vigueur bien sûr. Elle étala la fréquence de ses demandes durant de longues années afin d’éviter tout soupçon. Ayant soigneusement prévu cette démarche longtemps avant le moment venu, elle avait pu se constituer une quantité de comprimés suffisante pour ne plus jamais se réveiller le jour où elle déciderait de les gober tous en même temps. Elle conserva cela dans le tiroir de sa table de chevet attendant son moment…

— Et alors ?
— Finissez, par pitié !
— Venez-en aux faits, mon bon ami !
— Eh bien, un soir, un soir comme un autre soir, en pleine santé, sensiblement au même âge que ce monsieur par terre, elle se dit que c’était le moment. Dans son lit, elle ingurgita tous les comprimés de ce secret bien gardé, de cette décision intime prise il y avait des années de ça. Et pour être certaine de ne pas se rater, elle glissa même sa tête dans un sac en plastique…
— Oui, en effet jolie histoire, le sac plastique ne manque pas de charme, je trouve par contre qu’un suicide par prise de médicaments qui plus est prémédité manque considérablement d’allure.
— Il a raison !
— En revanche, un saut comme aujourd’hui, c’est d’un panache sans égal !
— Un régal pour les yeux !
— Rassurez-vous messieurs, l’histoire n’est pas terminée…
— Ah bon ? Tant mieux ! J’avoue que je restais sur ma faim.
— Alors ? Dites donc !
— Eh bien, durant plusieurs semaines, personne n’était au courant de sa disparition. Elle habitait au dernier étage d’un immeuble paisible, et il faut croire que l’odeur ne s’était pas assez propagée pour alerter les voisins. De plus, elle devait être bien seule de son vivant puisque aucun proche n’est venu taper à sa porte…
— Épargnez-nous ces détails insignifiants !
— C’est vrai, allez à l’essentiel nom de dieu !
— Aux faits ! Aux faits !
— Eh bien, elle avait un gros chien qui forcément était affamé n’ayant plus personne pour remplir sa gamelle. Vous devinez la suite…
— Bien sûr ! il a dévoré sa maîtresse !
— Que c’est beau !
— Il y avait des photos avec l’article ?
— Oui, il y en avait.
— Elles devaient être superbes ! Auriez-vous l’amabilité de m’en faire une copie si vous les possédez encore ? Voici mon adresse…
— Mais avec grand plaisir !
— Moi aussi ! Moi aussi je veux ces photos !
— Et combien de temps après le festin ont-ils découvert le corps ?
— Presque un mois après…
— Nom de merde ! C’est qu’en quelques semaines, ça devait plus que puer !
— Oh que oui ! Et puis un cadavre, qui plus est déchiqueté par des morsures, ça doit se putréfier à une de ces vitesses !
— Et la putréfaction, ça ne sent pas la rose fanée, mais la flore intestinale !
— Ah !
— En tout cas, une bien bonne histoire cher monsieur !
— Excellente en effet !

 

Texte : Anh Mat
Dessin : Anna Jouy

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Il y a quelqu’un ? ⎮ 8

03 jeudi Mai 2018

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Anh Mat, Il y a quelqu'un

8 statuestatue

Si je regardais à présent mon reflet dans l’eau du fleuve, décèlerais-je, un peu vieillie, la ganache hilare et folle de cet enfant ? Ai-je en moi sa candeur cruelle, son orgueil de roi, sa joie de vivre et de tuer ? C’est une possibilité en effet. Après tout, n’avons-nous pas pour origine le même drame, celui d’avoir été propulsé d’un utérus dégueulasse, et la tête la première en plus, dans ce monde où dès les premières secondes nous n’avons su que hurler et pleurer, comme si naître était là le début d’une longue torture ? Après une expérience pareille et quand à peine quelques années après on s’est rendu compte que ce supplice était le cœur de la vie même, un ressentiment de condamné à tort grandit avec nous et se propage dans notre sang pour mieux nous envenimer. Attention, je ne cherche pas à trouver au bambin, à moi non plus, des circonstances atténuantes. À quoi bon ? Lui comme moi ne cherchons même pas à nous défendre. Nous ne portons le poids d’aucune culpabilité. Nous n’allons tout de même pas tomber à genoux, les deux mains jointes, pliés en deux comme une lettre adressée à des clébards crevés pour supplier leur clémence afin qu’ils nous pardonnent et nous laissent vivre en paix. Nous n’avons besoin ni de nous confondre en excuses, ni de plaider coupable pour continuer notre route l’esprit tranquille. Nous n’éprouvons aucun remord ! L’enfant rentre chez lui avec dans le ventre, non le traumatisme d’avoir commis l’irréparable, mais juste la peur de se faire gronder par sa mère. Et pour ma part, je n’ai en tête que cette satanée fièvre qui atteint maintenant des records de température ! La chaleur de la foule s’est à présent emparée du square. Pourquoi me lance-t-elle des regards pareils ? Quelle attitude adopter ? Quelle démarche pourrais-je bien prendre pour passer complètement inaperçu, pour disparaître même ? Rentrer la tête dans mes épaules frêles, coller mon menton à mon cou les yeux fixés sur la pelouse et ainsi ne croiser que des chaussures ? Mais comment dans cette posture pourrais-je encore regarder devant moi et ne pas risquer de bousculer quelqu’un ? Pourquoi ne pas l’avouer : je suis de plus en plus mal à l’aise parmi eux. J’en rougis, préoccupé par chaque présence qui, faisant mine de m’ignorer, m’ausculte du regard. Je prends ma tête dans mes mains en espérant de la sorte étouffer toutes les histoires que je me raconte à leur sujet. En vain. À chaque pas, j’empiète sur les limites de ma tolérance au mal-être, seconde après seconde, chancelant de panique, ma fièvre est tout près de me faire tomber. Je donnerais tout pour être la statue plantée au beau milieu de la fontaine. Les passants la remarquent tout juste du coin de l’œil. Sa solitude de pierre est insignifiante à leurs yeux. Dieu que j’aimerais, moi aussi, être en pierre ! S’ils me regardent de la sorte, qu’ils chuchotent entre eux la main sur les lèvres pour ne pas me montrer du doigt, c’est que ma présence seule les envahit de crainte, de suspicion, de dégoût, d’antipathie ! Ça ne peut être autre chose dont il est question ! C’est de moi qu’ils parlent ! De moi dont ils sont troublés ! Sinon, ils ne me prêteraient aucune attention. Il pourraient au moins m’ignoreraient plus poliment, comme on rencontre de vieilles connaissances croisées au hasard d’une rue dont on préfère feindre de ne pas avoir reconnu le visage, et s’épargner des politesses embarrassantes devant ces anciens intimes, ces vieux amis qui ne sont désormais plus que des gens qui passent et qui nous emmerdent. Que j’aimerais moi aussi être quelqu’un qui passe et qui les emmerde ! Hélas, à leurs yeux, je suis un être à part, curieux, silencieux donc sujet à caution, méprisable et malintentionné sur on ne sait que jeter l’anathème. Les plus chaleureux d’entre eux me confient leur méfiance d’un pas brusque en arrière. Mais qu’est-ce qui peut bien les faire bondir de la sorte ? Même un peu palot, l’œil cerné, le front fiévreux, tremblotant et il faut bien le dire, d’une saleté à écœurer un rat, je suis et reste encore l’un des leurs n’est-ce pas ? Je n’ai pas encore une queue qui me pousse au-dessus du derrière quand même ! Me croient-ils contagieux de la rage pour déguerpir ainsi, à une dizaine de mètres de moi minimum ? Le berger des rues, peut-être contaminé, m’aurait-il mordu le mollet pendant que je le rouais de coups ? Suis-je déjà la bave plein les babines à me gratter de partout, prêt à mordre n’importe qui ? Si j’en suis là, qu’ils me le disent au lieu d’essayer de me le faire comprendre lâchement en gardant leurs distances ! J’approuverais même le fait qu’ils veuillent m’abattre pour la sécurité du plus grand nombre. Mieux, je serais prêt à me suicider pour leur rendre la tâche plus facile ! Et sans rien demander en retour ! Pas de pitié, pas de tristesse, pas d’hommage ! Qu’ils ne s’attardent pas sur ma mort ! Par pitié, pas de funérailles pour un type mort de la rage dans sa robe de chambre ! Que ma disparition les soulage (et me soulager aussi au passage), c’est tout ce que je souhaite à ces hommes et ces femmes que je n’aurais de mon vivant jamais connus. J’avoue n’avoir même pas essayé. Comment aurais-je pu apprendre à les connaître ? En bavardant ? User de la parole ? Mais quelle dérobade la parole ! Elle est vouée à garder comme un mensonge celui qui désire la prendre ! J’affirme cela, mais après tout, qu’en sais-je, moi qui n’ai jamais su la prendre ? Ce n’est pas par manque d’envie, je crois ne pas être dénué de toute volonté, ni même par pudeur ou timidité, mais tout simplement parce que je ne sais pas comment ni pour quelles raisons il faut parler. Parce qu’il le faut pour être l’un des leurs ! Il n’y a que par la parole qu’il serait possible de rentrer dans leur cercle. Certains causent même à leur chien pour l’humaniser jusqu’à qu’il soit considéré comme un membre à part entière de la famille ! Je parle du toutou de maison dressé à hauteur d’homme, accablé d’un nom ridicule, parfois même d’un prénom, caressé tendrement comme un doudou, à qui son maître prend le museau pour lui dire d’une voix infiniment idiote : «Sage ! Saaage ! C’est bien ! Bon chien !» Il ne manque plus que la parole à cette pauvre bête qui donne presque l’impression qu’elle désirerait parler ! Chaque fois qu’il regarde la bouche de ses maîtres causant ensemble, il semble à la fois redouter et désirer être le sujet de leurs conversations. Pourtant, quand ses maîtres se mettent à lui parler directement, je sais, tout comme moi, qu’il n’entend que des sons absurdes quand eux se persuadent qu’il est en train d’écouter avec attention des mots dont il comprend le sens. Il ne fait que jouer à les comprendre et ses maîtres, eux, complètement bernés, se félicitent d’avoir fait l’acquisition d’un chien si intelligent. J’avoue qu’à le voir courir après une balle, ça ne me donne vraiment pas envie d’ouvrir la gueule, si ce n’est pour aller mordre ses cons de maîtres… Retiens-toi me dis-je, retiens-toi donc ! Il est peut-être temps de quitter le square avant d’aller trop loin. Mon intranquillité chronique devant les hommes commence à me dépasser. Ma tête est plus que brûlante. La fièvre irait-elle jusqu’à mettre le feu à toute ma pensée ? Je ne tiens même plus en place, je frissonne de répugnance, des hoquets de haine me secouent la raison. Si je reste en leur présence ne serait-ce qu’une minute de plus, je vais de ce pas justifier la peur qu’ils éprouvent envers moi depuis que je suis parmi eux. Non, non, je ne leur donnerai pas cette satisfaction. Il ne faut pas que je tombe dans la folie dangereuse qu’ils m’ont prêtée au premier regard. Je veux rester à leurs yeux ce présumé coupable que le manque de preuve lave de tout soupçon. Pars maintenant, pars !

Texte : Anh Mat
Dessin: Anna Jouy

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Il y a quelqu’un ? ⎮ 7

02 mercredi Mai 2018

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Anh Mat, Il y a quelqu'un

7 ETRANGLEURétrangleur

Le boulevard fourmille d’automobiles et de passants pressés. Difficile dans l’agitation de retrouver le coin où j’ai commis mon crime. Il faut dire que de jour, c’est assez différent par ici. J’ai donc continué mon chemin pour me retrouver assez vite face au parc où j’ai reconnu sans l’ombre d’une hésitation le frêne sur lequel j’ai chié. À quoi peut bien ressembler ma crotte à présent ? L’odeur s’est atténuée, quoique conservée dans sa paroi désormais sèche et sur laquelle quelques mouches à merde festoient. Et si par hasard, un des mômes qui joue à côté venait à marcher en plein dedans ? Son parfum d’origine, quoique plus froid, referait surface et imprégnerait la semelle de la petite basket aux lacets défaits. Que le garçon n’en soit pas gêné, il paraît que ça porte chance, en particulier du pied gauche. Le morveux ne doit pas croire à cet adage populaire. Il ne cesse de répéter : « Ma mère va me tuer ! Ma mère va me tuer ! Des chaussures toutes neuves en plus ! Putain, je vais passer un de ces quarts d’heure ! Si je trouve le chien qui a chié là, je le tue ! » J’aurais pu pour le provoquer lui rétorquer sur un ton quelque peu taquin : «Même pas cap !» Et connaissant l’immense orgueil des enfants, il aurait à coup sûr répondu : «Ah ouais ? Tu vas voir si j’suis pas cap !» De ce pas il serait allé à la recherche de son bouc émissaire. Il ne se serait pas attaqué à un gros chien de peur des représailles, mais avec un peu de chance (et vu l’état de sa semelle gauche, il en aurait eu) il serait tombé sur un petit chiot abandonné, paumé, fatigué, à vue d’œil orphelin depuis peu, bref, tout à fait inoffensif. Le chiot n’aurait pas pu compter sur l’espoir d’attendrir le bambin d’un pauvre et triste regard quémandant l’empathie. C’est décidé, têtu un môme qui a une idée en tête et qu’on met au défi de ne pas se dégonfler, ça n’a pas peur de se salir les mains, d’aller toucher aux pires extrêmes, au cœur de l’horreur même pour ne pas perdre la face. Que ce serait-il passé ensuite ? Il aurait pris le chiot par le cou, l’aurait serré entre ses petits doigts potelés, les deux pattes arrière suspendues en l’air comme les jambes d’un pendu auraient vaguement tenté de se débattre, la bête aurait probablement essayé d’aboyer, mais les strangulations du petit auraient été si fortes qu’aucun son n’aurait pu passer. Puis le petit aurait penché la tête sur les yeux du chiot pour regarder fixement l’animal avec même un rictus de joie. Je parie qu’il aurait même éclaté de rire quand si proche de la fin, les nerfs encore vifs de la bête auraient fait gigoter son corps, comme si malgré le sans espoir de la situation, la vie du chiot ne s’était pas résignée à abandonner. Puis les mouvements du corps peu à peu plus discrets se seraient raidis pour de bon et le garçon déçu que l’agonie soit déjà à son terme se serait retourné vers moi, fier, le sourire aux lèvres et m’aurait lancé au visage : « Tu vois que j’suis cap ! J’ai pas qu’de la gueule moi ! » Qu’il se rassure, je n’en ai jamais douté…

 
Texte : Anh Mat
Dessin : Anna jouy

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Il y a quelqu’un ? ⎮ 6

01 mardi Mai 2018

Posted by lecuratordecontes in Anh Mat

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Anh Mat, Il y a quelqu'un

6 COUPABLE
coupable

Il existe des régions aux pôles Nord et Sud de la terre où les nuits s’allongent tellement que pendant de longs mois, l’aube rejoint le crépuscule et le soleil finit par ne même plus se lever. Depuis que je me suis, j’ai l’étrange impression d’avoir marché jusqu’ici dans l’encre d’une nuit interminable. Mais j’en vois maintenant le bout. Le jour va bientôt se lever, il est tout près. Je peux voir à l’œil nu le noir de la nuit pâlir à bride abattue et les lampadaires, qui jusqu’à maintenant brillaient de mille feux, n’éclairent plus grand-chose si ce n’est leurs propres ampoules. Ce que je préfère, c’est la discrétion avec laquelle les chats gris se retirent dans des endroits qu’eux seuls connaissent, pour attendre à l’abri, l’errance de la nuit prochaine. Quant à l’asphalte humide du petit matin, elle accueille déjà la rengaine des éboueurs qui descendent, ramassent, jettent et remontent à l’arrière du camion pour avancer un peu puis redescendre, reramasser, rejeter puis remonter à l’arrière du camion pour réavancer un peu, reredescendre, rereramasser, rerejeter puis merde ! C’en est trop ! Combien de préfixes faut-il ajouter à ces verbes pour rendre compte de l’enfer des types en blouson fluo ? N’en parlons plus. J’avance. Les regards médusés que me lancent les hommes de plus en plus nombreux me donnent l’impression de ne pas être à ma place. Il faut dire que mes airs de fiévreux exténué associés à mon accoutrement bizarre ne facilite pas mon intégration. Une robe de chambre en plein jour, plus qu’excentrique ou ridicule, c’est inquiétant, je ne vais pas me le cacher, c’est là le signe d’un type détraqué, voir dangereux. Mon allure à elle seule trouble l’ordre public, je le sens bien, leurs silences préoccupés en devient même causant. Derrière leur mutisme j’entends leurs craintes à mon égard :

— Mais qu’est-ce que c’est ce type ?
— Sapé comme il l’est, ça doit être un malade échappé de l’asile !
— Et ses mains, quelles horreurs ont-elles commises pour être dans un état pareil ?
— Et ce sang, c’est celui de qui ? Celui d’une petite fille ?
— Il faudrait l’attacher, l’animal !
— Encore que même avec des pinces il pourrait être dangereux !
— Un type comme ça se servirait même de ses dents pour attaquer !
— Moi je lui mettrais une camisole de force et même une muselière pour ne prendre aucun risque ! Comment avoir la paix autrement ?

Une vieille dame au loin me regarde avec encore plus d’insistance que les autres. Elle se rapproche en me jetant un air véhément, presque prête à en découdre si j’avais la mauvaise idée de tenter quoi que ce soit. Maintenant tout près de moi, sa grise mine vire au blanc cadavre en découvrant l’abominable apparence de mes mains, sans ongle, terreuses et écorchées. Puis d’un coup d’œil furtif que je n’étais pas censé voir, elle distingue les taches de sang égayant le blanc de ma robe de chambre. Malgré tous ses efforts pour ne pas se décontenancer, l’air venimeux qu’elle tente tant bien que mal de garder n’arrive plus à masquer sa profonde frayeur. Son visage prend à présent les traits de la peur et du soupçon. Elle pourrait me signaler à la police, mais à vrai dire, pour quelles raisons un agent m’interpellerait ? Ma gueule correspondrait-elle à la description, au portrait-robot établi sur le témoignage d’une mamie m’accusant d’un délit que je n’ai pas commis ? Un agent digne de ce nom habitué aux angoisses séniles encombrant les commissariats de quartier pourrait-il prendre au sérieux une déposition pareille ? Et puis la vieille est probablement rentrée chez elle depuis belle lurette, sans souvenir de m’avoir croisé. Enfin je l’espère. L’état de ma robe de chambre donnerait au flic une raison suffisante de m’arrêter, ne serait-ce que pour quelques questions. Quoiqu’un flic n’irait mas jusqu’à interpeller tous les types aux vêtements tachés d’un peu de sang ! Certains, quand ils saignent du nez, sans mouchoir sous la main, se servent de leur t-shirt pour s’essuyer. D’autres c’est leurs menstrues qui malencontreusement dégoulinent le long de la jambe et foutent en l’air un joli pantalon blanc de saison. Ceux-là n’ont pas pour autant de comptes à rendre aux forces de l’ordre ! Certes, je porte le sang d’un chien que j’ai tué de mes propres mains, mais l’agent de police n’en sait absolument rien. D’ailleurs, j’ai fait tout le nécessaire pour que personne ne sache. Il y aurait eu des témoins, ils se seraient déjà manifestés et l’agent en question se serait déjà pointé pour m’embarquer et me faire subir un interrogatoire houleux. Il y a peut-être déjà quelques rumeurs qui circulent au sujet de ce crime, mais elles ne sont pas de ce monde, elles ne font pas débat ici, mais à vingt mille lieues sous la terre de là. Ce n’est sûrement pas les lois de ce monde qui pourront me juger, mais l’âme du chien qui n’aboie même pas vengeance et qui, au contraire, là où elle repose, patiente que je la rejoigne pour me remercier ! oui ! me remercier de lui avoir rendu ce service, me remercier de l’avoir aidé à quitter cette terre avec un certain panache ! Sa mort était atroce et magnifique ! C’est celle qu’il m’a quémandée, celle dont il rêvait ! Eh bien, je lui ai offerte, volontiers ! La colère qu’il a réveillé en moi, je le crois maintenant, n’était là qu’une marque de mon profond respect pour lui. J’aurais pu comme tant d’idiots chercher à l’apprivoiser, le dresser pour en faire un brave et stupide toutou de compagnie. Mais j’ai préféré le traiter en animal, quitte à devenir, à cet instant-là, moi-même un animal. Il n’y a que les hommes qui caressent les chiens. Entre eux, les chiens, ils se lèchent, se courent après pour se renifler le trou du cul, s’enculent à l’occasion, mais surtout, ils s’affrontent, souvent violemment, en particulier les chiens errants. Je me rends compte que je reviens sur mes pas, vers les berges où je devine au loin, le petit amoncellement de terre qui recouvre la charogne. Un doute me prend alors : respire-t-il encore ? Je l’ai peut-être enterré vivant ? Après tout, il semblait sans souffle, mais je n’ai pas pris le temps, dans ma hâte, de coller mon oreille sur son cœur pour confirmer qu’il ne battait plus. Ce doute ne me laisse pas tranquille. Et s’il n’avait pas totalement abandonné ? Arriverait-il au moins à aboyer la gueule pleine de terre ? Et si à tout hasard un des clochards des alentours venait à l’entendre ? Considérerait-il ces cris lointains comme un mirage sonore de l’alcool ? Ou bien se déciderait-il à profaner la tombe que j’ai creusée de mes propres mains ? Y aurait-il une chance sur mille, dix mille, cent mille, un million, un milliard que le clébard puisse s’en sortir ? Je ne crois pas aux fantômes, encore moins aux fantômes de chiens, mais je crois profondément aux doutes qui peuvent hanter toute une vie…

Texte : Anh Mat
Dessin: Anna Jouy

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