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Archives de Tag: Contes de l’équateur

L’amitié inattendue

12 jeudi Juin 2014

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Contes de l'équateur, Pensées d'un passeur

patinoire Rockefeller

Mars 1963.
Deux nuits à New York, en route vers la Colombie. Je suis au pied du Rockefeller Center et regarde les patineurs en bas. C’est curieux, Manhattan. Quand on ne regarde pas en haut, les rues ressemblent à celles d’une petite ville, la vie sur les trottoirs est presque intime. Si intime qu’un gentil américain avec un air de gentleman aisé, regardant la patinoire à mes côtés, prête mon peu d’argent ‘pour un petit moment’ et ne revient pas. Déçu, je me sauve dans un petit restaurant et je raconte mon problème à un gérant suédois de mon âge, il est récemment immigré. Il n’a pas encore le Green Card. Comment payer mon hôtel et  aller à l’aéroport le jour prochain ? Sans hésitation, il me prête cent dollars, un grand montant en 1963. Il écrit son nom et adresse dans mon calepin. ‘Prends ton temps, envoie-moi un chèque dès que tu le peux’, il dit. L’amitié inattendue.

Le prochain jour j’atterris à Bogotá. Au centre, parmi les anciens immeubles en style parisien,  tourne un petit moulin hollandais au-dessus de grandes lettres en néon KLM  sur le toit bas d’un complexe moderne. L’ Avenida Jiménez est pleine de policiers à cheval, leurs visages inca ou plutôt chibcha sous leurs casques sont menaçants.  On me dit qu’on attend une démonstration des adhérents de Rojas Pinilla. Les journaux portent une photo de Cochise Rodriguez, un cycliste, l’idole des Colombiens, gagneur d’étapes du Tour de France. J’achète El Espectador, je lis d’une vague de suicides d’enfants qui n’osent pas rentrer chez eux avec un mauvais bulletin scolaire. Ils se tuent par manger un tote. Le terrorisme familial.
Un tote est un petit pétard, une petite enveloppe triangulaire remplie de poudre à canon que l’on explose en sortant de l’église après une fête religieuse (dans ce pays,  il y a peu d’écart entre le christianisme et le paganisme).

Bogotá Airport 1963

Mai 1965.
La veille du jour du départ final de la Colombie par Lockheed Super Constellation.  À Bogotá, je vais visiter un couple dont je n’ai fait la connaissance que fugitivement, pendant leur visite à leur frère au camp pétrolier dans la jungle. Manuel est colombien, sa charmante épouse française,  elle s’appelle Hélène, elle est parisienne.

Ils ont una fábrica de antiquidades, une fabrique d’antiquités. Ils parcourent le pays à la recherche de petites anciennes églises,  achètent  des anciennes tables d’autel ou des armoires sculptées en bois, moisies ou ruinées, et les restaurent par en  couper la couche antique décorative pour la coller sur un meuble tout neuf. Pour toute sécurité, ils fabriquent aussi des meubles antiques en bois neuf que l’on ne peut pas distinguer du réel.

Hélène et moi dînons dans un restaurant, car Manuel est occupé dans les studios de la télévision. Les soirs, il est régisseur de théâtre. Après un beau lomito et le bon vin, on se dépêche vers lui. Il est en train de régir une pièce de théâtre de Luigi Pirandello, Six Personages en quête d’auteur.

Dans le noir, lampe de poche et texte en main, Hélène et moi, fascinés, regardons Manuel et ses cameramans. Une émission ‘live’, tout se passe manuellement. En haute concentration, il parle dans un microphone en dirigeant les mouvements des caméras et leur suivant sur des petits anciens écrans TV sur le tableau de commande devant lui, tout en sélectionnant les images d’émission par des frappes de main bruyantes sur des grands boutons. En fumant une cigarette.
Je me souviens encore du terrorisme familial de cette pièce. Le mari se plaint de sa femme:

“C’est terrible, mesdames et messieurs, elle est spirituellement sourde ! Elle a un coeur, pour nos enfants oui, mais sa surdité cérébrale  est désespérément affreuse!”

Le lendemain matin, à l’aéroport de Bogotá, je suis attendu par Manuel et Hélène – à ma grande surprise, car l’aéroport est assez loin de leur maison et ils n’avaient rien annoncé -. Ils ne veulent pas me laisser partir sans une despedida et un abrazo. En prenant un cafecito ensemble, Manuel s’excuse d’être venu sans un cadeau. Gêné, il réfléchit, puis il prend un billet tout neuf d’’un peso de oro’ de son portefeuille et écrit quelques mots dessus. Hélène aussi. Leurs mots m’émeuvent encore aujourd’hui : Un recuerdo que no por el escaso valor de este billette es menos amigable, Manuel. Et sa femme française ajoute: Just from me, beso, Hélène.

L’amitié inattendue. Comme celle de mes Cosaques et nos lecteurs.

Billet Bogota Blog

Texte : Jan Doets

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Souvenirs nigérians 4 : l’élixir

13 mardi Mai 2014

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Contes de l'équateur

jeneverflessen

Au camp dans le Delta, on peut s’inscrire de temps en temps pour un week-end libre dans l’intérieur du pays. Dans une ancienne maison de planteur, en bois, près d’une petite rivière féerique, l’Ethiope River. Il y a quelques domestiques en jaquette blanche. Ils prennent soin du petit déjeuner anglais et quelques repas simples. Il n’y a pas de climatisation mais des ventilateurs au plafond,  on dort sous des moustiquaires. Idée coloniale. Somerset Maugham.

Voyage aventureux. Quelques heures par Landrover, fenêtres ouvertes, en mangeant de la poussière, sur un chemin caillouteux de grès rouge à travers les collines, en haut et en bas. En descendant, on voit de loin toujours un petit pont étroit en béton avec des murs solides et d’une largeur suffisante pour laisser passer justement une seule mammy wagon. C’est ici que je fais la connaissance avec un autre sport national : la course de deux côtés vers le pont. Celui qui y passe le premier a gagné. Quand je gagne, très rarement, l’autre, de la colline opposée, arrête son camion à côté du chemin au dernier moment. Avec un très grand sourire et un pouce en haut. Moi avec le coeur en tachycardie. C’étaient des week-ends agréables et bien tranquilles. Dormir longtemps. Pourtant, vers la fin de la soirée, un domestique frappait toujours à la porte et demandait: “At what time shall I knock you, Sir?” (‘À quelle heure dois-je vous frapper, Monsieur?’)

Au bord de cette Ethiope River, j’ai eu une expérience particulière. Près d’un embarcadère, on pouvait voir, à travers l’eau claire comme du cristal, un grand tas noir. Des bouteilles. Ma femme en a attrapé quelques-unes. Elle refaisait surface le nez en sang, car le tas était à une profondeur de plus de cinq mètres. Des bouteilles carrées, hautes, en verre noir, les épaules larges. Les noms des distilleries hollandaises du dix-neuvième siècle étaient pressés dans le verre. Hoytema & Co. Culemborg, van Marken & Co., A.C.A. Nolet Schiedam, African, Boll & Dunlop Rotterdam. Des genièvres hollandais. Témoins silencieux, d’un poste d’esclavage?

Aujourd’hui, chez les pharmacies nigérianes,  on peut acheter encore de telles bouteilles en miniature, bien emballées dans des petits cartons de toutes les couleurs, avec des mots comme Élixir ou Médicament. L’attraction magique du genièvre continue.

 

Texte : Jan Doets

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Souvenirs nigérians 3 : Le Tripoteur

12 lundi Mai 2014

Posted by lecuratordecontes in Jan Doets

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Contes de l'équateur

Norman Islander

Quelques semaines après mon arrivée, je dois effectuer un boulot d’un mois au Delta. J’y vais en avion par Norman Islander, un petit bimoteur avec des ailes énormes, conçu pour atterrir par vent fort sur des petites pistes aux îles rocheuses des Shetlands. Capacité: sept passagers et leurs bagages.

L’aviateur anglais d’aujourd’hui est connu chez ses clients/passagers sous le nom ‘Le Tripoteur’. Chemise bien blanchie, épaulettes noires avec trois bandes d’or, shorts coloniaux avec pli rasoir, chaussettes blanches à genou. Dans le passé, il a conduit des grands 747 de la British Airways, donc ce petit avion n’est pas à sa hauteur. Pour compenser, il fait tout selon les instructions. Avant de démarrer les moteurs, il se retourne dans son fauteuil (il n’y a pas de paroi), nous regarde dans les yeux et demande dans un Anglais affecté Oxford, donc avec ‘pomme de terre chaude en bouche’ : “Good morning gentlemen, have you all flown this aircraft before?”. “Bonjour, messieurs, avez-vous tous déjà volé par ce mode de transport aérien?”. Je garde la bouche bien fermée. On m’a averti. Si j’avais répondu, il nous aurait guidés à travers tout le manuel, avec un détail que nous aurait fort bousculé.

Pendant le vol, il est continuellement occupé à l’ajustement fin du régime des moteurs, prenant tours à gauche et à droite. Le bruit des moteurs monte et descend, l’avion tourne légèrement à droite puis à gauche. Surtout les changements de bruit énervent. Chaque fois que nous survolons le littoral – on survole une grande courbe  de la côte –  il y a un remous énorme, la machine danse en haut et en bas par des dizaines de mètres. Le pilote est bien dans son élément. Comme s’il se trouve sur un cheval pendant un saut d’obstacles. Il peut nous montrer son expertise.

Mon voisin me raconte que le pilote favori de tous est un vieillard anglais courbé, une espèce de doux grand-père après-retraite, qui gagne quelques sous additionnels ici. Il porte toujours un pull de laine ancien, avec des carreaux bruns et jaunes et des petits boutons de vraie nacre et du cuir usé aux coudes. Comme s’il était en train de faucher sa pelouse, dimanche matin, comme le font les Anglais. Pas d’épaulettes. Pas de mots. Il porte l’avion sans délai à l’altitude de croisière, le met en horizontal et sur pilote automatique, se verse un café d’une vieille bouteille thermos, pose la bouteille sur le dashboard et commence à manger des sandwichs. “Ce sont les vrais bons pilotes,” me fait remarquer mon voisin, “on a le sentiment qu’ils savent ce qu’ils font.”

À basse altitude, nous encerclons quelques fois un pré où nous allons atterrir. La piste verte est croisée par un petit chemin en asphalte et les barrières sont encore ouvertes. L’homme qui doit les fermer dort sous un arbre, probablement, car on voit un bras long et noir sortant d’une fenêtre ouverte, qui frappe avec autorité un tonneau d’acier en rouge et blanc avant la fermeture. Succès presque instantané. Le Tripoteur nous dépose gentiment à terre. Je suis au Delta.

Texte: Jan Doets

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Souvenirs nigérians 2 : ‘jamais plus d’électricité’

25 vendredi Avr 2014

Posted by lecuratordecontes in Jan Doets

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Contes de l'équateur

Yakubu Gowon St

Le Bureau occupe quelques étages d’un immeuble dans la rue principale. Au rez-de-chaussée se trouve une banque. L’édifice manque d’une cour, donc au milieu des étages, il y a maints bureaux sans lumière naturelle. Ils sont séparés par des parois de fibre de bois mou qui puent par avoir été exposés à la fumée de cigarette  pendant des années et surtout à cause des pannes fréquentes de la climatisation. Avec les coupures d’électricité, les parois sont successivement mouillées puis séchées. Dans ces grottes humides et obscures, les géologues fixent leur regard sur leurs cartes et sections sismiques sous la lumière de tubes fluorescents ou de bougies. Car l’électricité se coupe très souvent, tous les jours.

On a décidé d’acheter un grand générateur électricité de secours. Stand-by. Nos hôtes nigérians nous font remarquer, avec un sourire, qu’après l’arrivée du générateur, dorénavant, on va appeler l’alimentation d’électricité d’État: ‘stand-by’. L’alimentation d”Etat s’appelle NEPA, Nigerian Electrical Power Authority. Ils l’appellent ‘Never Electrical Power Again’ (jamais plus d’électricité). Le sens d’humour des Nigériens est légendaire.

Le jour de mon arrivée dans ces bureaux, les employés près des fenêtres ouvertes appellent les pauvres des grottes internes pour venir tout de suite, pour regarder un événement qui se passe, apparemment, quelques fois par semaine. Quelqu’un est sorti de la banque après avoir retiré de l’argent. Le malheureux. Car ces créanciers l’attendent dans la rue et lui sautent dessus entre l’embouteillage permanent. Une bagarre énorme. Les chauffeurs se mêlent dans le conflit, il se forme plusieurs parties. Arrive la police avec leurs matraques. Partout on se penche aux fenêtres de tous les immeubles et applaudit en encourageant les lutteurs avec enthousiasme.

Pendant la matinée, je fais connaissance avec les toilettes. Très modernes et propres. Au mur derrière la lunette, un papier: ‘No squatting’ (pas d’accroupissement). Par la fenêtre je vois que derrière l’immeuble, il s’est établie une petite ‘usine de matelas’ en plein air, utilisant nos anciennes cartes et rapports déchiquetés que nous mettons à la porte en grand sacs poubelle.

À midi on sort pour le déjeuner dans un petit restaurant. On sert une minute steak assez  coriace. Pas de problème pour les mâchoires, car une minute steak est coupé si fin qu’il devient transparent comme du papier.

À la fin de la journée, on rentre au parking, chez nos protecteurs, qui nous aident avec beaucoup d’égards en stoppant le trafic pour nous. C’est du  service ‘all-in’. Je commence déjà à m’habituer un peu à mon environnement nouveau. Il n’y a pas d’alternative.

Texte : Jan Doets

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Souvenirs nigérians 1: ‘ aucune destination, pourquoi se presser ? ’

22 mardi Avr 2014

Posted by lecuratordecontes in Jan Doets

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Contes de l'équateur

TO MATCH FEATURE STORY TRANSPORT NIGERIA LIGHTS.

Avril 1972. Lagos. Ma nouvelle affectation. Mon arrivée dans la capitale nigériane est sensationnelle. Je suis expédié par le chaos dans la salle d’arrivée de l’aéroport par un monsieur tout-puissant qui s’appelle Benjamin, puis accompagné par lui vers une Peugeot 404 Break. Dans ce pays, ce ‘cheval de trait’ est très cherché. Monsieur Benjamin me dit que les expatriés qui importent cette voiture, peuvent la vendre à grand profit à un Nigérian le jour d’arrivée. Le chauffeur nous emmène vers la ville, toutes les fenêtres ouvertes. Il y a beaucoup à voir, à entendre et à sentir. En ordre d’impact : la cacophonie assourdissante, les odeurs époustouflantes et les images vivantes.

Des enseignes en toutes les couleurs, partout… Sur les édifices, les camions et les mammy wagons, des camions pour transporter des gens avec bagages et animaux. La passion nationale : doubler au dernier moment. Sur des camions, je vois des enseignes utiles comme: ‘Hornb4Overtaking’ (klaxonner avant dépasser). Un camion plein de toilettes mobiles est orné artistiquement d’un grand panneau: ‘Shit business is serious business’ (prend au sérieux les affaires de la merde). Les enseignes sur les mammy wagons sont philosophiques, pratiques ou religieux, comme: ‘Time shall tell’ (on verra bien),  ‘no condition is permanent’ (aucune condition n’est permanente), ‘No destination, why hurry’(aucune destination, pourquoi se presser?), ‘Safety is of the Lord’ (la sécurité appartient au Seigneur). Un camion de bétail plein de gens conseille : No Standing (défense d’être debout). Des hommes en robes, alignés le long d’une fosse, font pipi, visiblement. Après quelque temps, je suis à bout de souffle par toutes ces impressions.

No Standing

Il faut arrêter souvent, le trafic est chaotique, il y a des bouchons, des bagarres entre les chauffeurs qui sortent de leurs voitures. Le vacarme! Les arrêts offrent des opportunités aux vendeurs de vêtements et chaussures, de cigarettes de contrebande et aux laveurs de pare-brise qui se bousculent autour de la voiture en se querellant pour obtenir le boulot.

Je suis délivré à l’hôtel. Il me semble beau, vu de distance, avec des palmiers et avec un parc le long du quai du port. Mais, la climatisation est caduque depuis quelque temps et, dans ma chambre, les odeurs sont plus lourdes à supporter que la chaleur.

Le jour suivant, un nouveau collègue vient me chercher. Près du bureau, il gare sa voiture sur un grand espace asphalté au bord de l’eau. En descendant de la voiture, nous sommes encerclés par une bande de garçons heureux et riants, tous mutilés d’une façon ou d’une autre. ‘Ils prennent soin de ma voiture, tous ensemble. Ça coûte très peu, je ne paye que Le Chef ’, dit mon compagnon.  Le Chef est un jeune homme sans jambes, c’est à dire il n’a que les cuisses, il se propulse agilement sur une planche avec quatre petites vieilles roues d’acier. Il est évident que mon compagnon s’entend extrêmement bien avec ces amis. Il les connaît tous par leur prénom, il échange des plaisanteries assez crues avec eux que tous ensemble trouvent normales et hilarantes. ‘Surtout ne les traite pas avec compassion,’ il dit, ‘ça n’est pas du tout apprécié.’

Abasourdi, je suis mon collègue expérimenté dans les rues. Le choc culturel continue.

Texte : Jan Doets

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