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Les Cosaques des Frontières

Archives de Tag: F.C. Terborgh

La bague (14 , dernier épisode) : Varsovie 1946

18 lundi Août 2014

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F.C. Terborgh, La bague, feuilleton

FCT Varsovie 1946

L’hiver cédait. En mars, il y avait eu déjà des jours ensoleillés, le dégel avait commencé et le sol était trempé. Maints chemins de campagne étaient devenus impraticables. J’étais parti pour ma promenade du dimanche, cette fois en dehors de la ville, dans l’espoir de rencontrer un peu de printemps. Mais une pluie morne me contraint à rentrer.

J’étais allé au restaurant et était en train de consommer mon repas dans ce local triste. J’y étais presque seul. Un peu de lumière entra faiblement par une fenêtre étroite, masquée du ciel par un mur dans la cour sans vie.  Il avait une petite lampe dans un coin et on sentit une odeur de fumée refroidie de la soirée précédente.

Je m’ennuyais, j’étais mécontent de moi-même, trop apathique pour même ouvrir un livre et j’attendis le passage d’une heure lente, la première d’un après-midi sans lueur.

Dans la porte apparut le jeune Polonais, récemment rentré de l’ouest, le même que j’avais remarqué il y a quelques semaines. Il s’arrêta, en hésitant, puis se dirigea vers la table devant la fenêtre. Il ne portait plus l’uniforme. Probablement l’avait-on averti de maintenir une attitude discrète. Il s’assit et regarda dehors, ses coudes sur la table, ses mains sous le menton.

À sa main gauche, il portait la bague de Dembinski.

L’avait-il acheté ? Ou était-ce un cadeau de quelqu’un ? Ou était-ce entièrement une fiction, une cohérence volontaire qui n’existait que dans mon esprit, celui d’un étranger qui n’avait perçu que les apparences superficielles, la surface, incapable de pénétrer dans le noyau ?

Lui avait-on donné une mission ? Avait-il accepté une tâche ?

Toutes ces questions ouvertes demeuraient sans réponse.

Tout ce qui restait était la lumière morne d’un ciel pluvieux et le vide lent et morose d’un dimanche après-midi sans issue.

FIN

F.C. Terborgh, La bague (1954), traduction du néerlandais par Jan Doets

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La bague 13/14 : la déportation de Mentlewicz vers l’Est, 1946

11 lundi Août 2014

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F.C. Terborgh, La bague, feuilleton

Starego Miasto Blog

C’était quelque deux semaines plus tard, je pense. De la neige fraîche était tombée un dimanche matin, et j’avais fait une promenade dans la ville, comme d’habitude.  Il n’y avait rien d’autre à faire en ce matin gris. Là, entre les épaves du Rynek Starego Miasta, le marché de la vieille ville,  mon esprit pouvait errer vers tout ce qui était et demeurait perdu pour toujours.

Je fis une pause un moment dans la vieille cathédrale, qui étendait ses murs nus vers le ciel morne, proie des vents, sans la protection d’un toit, où un promeneur occasionnel, tête nue, les mains jointes, accomplissait sa dévotion devant un autel imaginaire.

On continua, en trébuchant parfois sur le sol gelé dans les ruelles, le long des ruines encore pleines d’épaves, montrant la profondeur de leurs voûtes noircies par l’incendie.

On y grimpa en rond, en les reconstruisant dans notre imagination, à la recherche d’un peu de vie et d’humanité. On n’en trouva beaucoup, sauf une inscription par ici et par là, une statue brisée par le feu qui élargissait par ses contours le vide désolé d’un mur.

Mon attention fut attirée par un portail, l’entrée d’une école ou peut-être d’un monastère. Là, de manière inattendue, dans la pénombre, Mentlewicz apparut devant moi, son bonnet de fourrure tiré en bas vers les sourcils, son col tourné en haut. Impossible de dire d’où il venait. Peut-être venait-il de chez quelqu’un qui demeurait au bout du corridor. Ou il aurait pu être là depuis long avant mon arrivée.

Il sursauta, je l’avais surpris ? Il hésita un petit moment, sourit timidement et disparut derrière moi. J’avais le sentiment d’avoir été indiscret, d’avoir vu quelque chose qui ne m’était pas destiné, traversé une route qui mène au danger, vers le dénouement imminent d’une affaire obscure. Lentement, je rentrai chez moi, inquiet et misérable. Il recommença à neiger et, tournant un coin, un coup de vent me frappa. Un précurseur du mal ?

Mon inquiétude ne céda pas pendant les semaines suivantes. Émergea des rumeurs sur des lois nouvelles, plus rigides, la découverte d’un complot que l’on avait pu étouffer dans l’œuf, des arrestations imminentes.

Une semaine après arriva la nouvelle d’une source très fiable que la nuit d’avant un train avait été immobilisé dans une gare de triage, rigoureusement gardé. Une longue rangée de wagons à bétail, d’où on avait entendu des cris. Encore un transport vers l’Est.

Au restaurant, pendant le déjeuner, le propriétaire s’assit à ma table et commenta cette nouvelle. Il parlait avec une insolence dans les yeux (de l’autodéfense peut-être),  comme si l’information ne le touchait guère.

“À propos, Mentlewicz,” mentionna-t-il par interjection, “Mentlewicz est parmi les déportés aussi. Vous vous souvenez : vous m’avez interrogé sur lui, un soir. On l’avait averti souvent, même récemment ; il a eu toutes les opportunités pour se sauver. Mais il ne voulait pas.

“Mentlewicz était un drôle d’homme. Le jour avant son arrestation, il vint ici et insista pour  me vendre cette bague à n’importe à quel prix. Il ne voulait plus la porter, même plus la posséder. Je ne sais pas pour quelle raison absurde.”

Il s’adossa et chercha l’objet dans son gousset. J’avais la bague entre les mains. Je cherchai dans ma mémoire une amorce, un détail irréfutable, une preuve de son identité. La bague était de la même couleur chaude, du même or doux. Le profil du visage, la couronne de laurier, le nez un peu long étaient identiques. La pierre était un peu endommagée au coin supérieur, mais ma mémoire ne m’aida pas.

Qu’est-ce qu’avait forcé Mentlewicz à vendre la bague ?  La même peur qui avait saisi Dembinski pendant des années ?  Une superstition similaire ? D’avoir un talisman dont il avait perdu la foi ? Ou un pacte ?

Impossible de le dire. Point de sortie du labyrinthe de mes pensées. Le seul qui aurait pu répondre avait été déporté dans un train, roulait vers l’Est, en journées terriblement  lentes, par une plaine infinie, sous la neige et un vent glacial.

Le propriétaire empocha la bague avec un geste indifférent. Il me regarda curieusement amusé, comme s’il avait deviné mes pensées. J’abandonnais mes recherches après une explication satisfaisante.

Dembinski était mort, Mentlewicz en transport vers un camp de travail à l’Est qui pourrait devenir sa tombe. Les deux avaient gardé l’essence de leur secret, pour de bon. Que pouvait-on faire d’autre que se perdre en conjectures, de vaines déviations ?

(épisode final à suivre 15 août 2014)

F.C. Terborgh, La bague (1954), traduction du néerlandais par Jan Doets

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La bague 12/14 : un jeune Polonais

08 vendredi Août 2014

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F.C. Terborgh, La bague, feuilleton

Polonais jeune 1946 Blog

Si par hasard, je m’étais souvenu de mes impressions du soir précédent, elles auraient été passagères et balayées par les lettres arrivées, les visiteurs, les questions.

Pourtant, quelque chose de nouveau avait attiré mon attention pendant ces jours.

Je m’étais habitué à prendre aussi le déjeuner au restaurant où j’allais le soir. Dans la lumière grise du jour, l’atmosphère était plus sobre ; le restaurant était banal et manquait de caractère. Sûrement le poêle était-il aussi chaud et rouge, mais tout ce qui m’était apparu si attractif et mystérieux dans la pénombre, sous la lumière des bougies, s’avérait  misérable et mal-entretenu.

Les hôtes n’étaient pas les mêmes que ceux du soir, beaucoup venaient sans intention évidente. Ils n’y mangèrent pas, mais restaient brièvement pour échanger quelques mots avec le propriétaire ou bien ils disparaissaient dans une chambre adjacente dont on gardait la porte bien fermée. Une partie d’eux étaient des fournisseurs ou des créanciers (en ce temps de manque d’argent), mais la plupart venaient pour prendre des nouvelles ou passer des informations.

Évidemment, ils se connaissaient et partageaient les mêmes intérêts, les mêmes soucis. Parfois il y avait tant de monde et de va-et-vient que l’on pouvait se demander quelle était la vraie raison d’être de cet établissement. Était-il un prétexte pour poursuivre d’autres objectifs ?

Un après-midi, un incident, en apparence sans importance, avait suscité ce doute en moi. Un jeune Polonais était entré dans le local, un homme plus haut que la moyenne, bien nourri, avec un visage rosâtre presque anglo-saxon, un peu mal à l’aise et timide, gesticulant comme un étranger. C’était évident qu’il n’était rentré d’Angleterre que depuis peu ; il portait encore naïvement l’uniforme anglais avec les insignes polonais, ne sachant pas encore que ce n’était plus souhaité par les nouveaux dirigeants. Probablement portait-il son uniforme, fier d’avoir accompli son devoir.

Il était à peine arrivé qu’on le poussât déjà dans la petite chambre à côté – suivi, peu après par étape, par plusieurs nouveaux venus – sur rendez-vous apparemment sans  relation avec un seul des autres clients du restaurant. La chambre à côté était petite ; elle me semblait pouvoir héberger un maximum de 12 personnes et ce nombre était bientôt atteint.

Peut-être, je me l’imaginais – il était étrange que personne ne quitte la chambre – y avait-il une autre porte, donnant sur la rue ?

Je payai mon addition, me levai et passai le propriétaire qui se sentit obligé de commencer une petite conversation. En pointant  mon nez vers la chambre, je lui demandai en passant si on y fêtait une réunion de famille et d’amis. Il sourcilla, en faisant semblant de ne pas comprendre ma question et après un moment, vint sa réponse, en riant : « Là-dedans ? Oh non, on inspecte un manteau de  fourrure de martre à la vente » et  sans attendre ma réponse il alla à la porte et l’ouvrit.

La chambre était vide.

Ne comprit-il pas qu’il trahissait ce qu’il voulait cacher ? Où était-ce un jeu ?

(à suivre)

F.C. Terborgh, La bague (1954), traduction du néerlandais par Jan Doets

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La bague 11/14 : le visage de Mentlewicz

01 vendredi Août 2014

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F.C. Terborgh, La bague, feuilleton

Mentlewicz

Dehors régnait le silence serein d’une nuit hivernale. Plus de voitures dans les rues, presque pas de lumière pour me distraire des étoiles, brillant dans le ciel profond et clair.

Au loin, un piéton attardé glissait de façon inaudible sur la neige devant une rangée de façades aveugles ; son ombre disparaissant entre les épaves.

Parfois l’angoisse assaillit notre esprit de manière inattendue, savons-nous jamais le long de quelles routes elle arrive de notre subconscient ? La réalisation de notre incertitude, du danger que guette notre vie dans notre for intérieur, la question ouverte sur le sens de notre existence. Une angoisse qui peut, soudainement, se détourner en  sens contraire, en un flux qui nous conduit impuissants vers une catastrophe, vers une autodestruction incontournable.

Pourquoi ce réveil en moi d’un sentiment d’impuissance, là-bas,  sous ce ciel étoilé qui avait été si souvent la source de mon contentement et de mon bonheur ? Ce sentiment d’avoir perdu prise sur ma propre vie, livré à des forces inconnues qui ne pourraient mener qu’à la décomposition de mon existence ?

Entre deux ruines, brillait une étoile, avec la lumière froide du désert. Il y avait la quiétude d’un champ de ruines dans les steppes, où la lutte fut résolue il y a très longtemps, où régne la mort, et l’action lente du vent et du temps a rendu une grandeur lunaire au décor qui ne l’avait pas eu jadis, quand y vivaient encore des hommes.

Le décor devant moi aurait dû me redonner le calme, la sérénité, la réflexion du transitoire, mais pas l’angoisse.

Était-ce la clarté d’une vision, d’un savoir que derrière ces murs morts, dans les caves, dans les trous, là, entre les restes de maisons, attendaient des milliers de gens comme moi, avec des rêves et des désirs, en attente du jour prochain, sans aucun espoir ?

La neige collait à mes chaussures, ce qui me gêna en marchant. La froideur pénétra mon corps de nouveau, sous le manteau, le long mes genoux et de mes cuisses. Pas une froideur claire comme le firmament, mais des coups de vent perfides, venant de l’Est, irréguliers, irrésistibles.

Et puis apparut devant moi, en pensées, le visage de Mentlewicz, que j’avais vu dans le restaurant. Son regard interrogatif et le sourire triste, presque contrit.

Je sus du coup où je l’avais vu avant. C’était son regard sous la lumière douce pendant ma dernière visite à Lisbonne, son sourire avec lequel il m’avait dit adieu, sans mots.

Les deux Dembinski menaient la même bataille inégale ? Mais Mentlewicz était en bonne santé, son pas était rapide et vif, et son dos large sous le manteau de paysan en peau de mouton rejetait tout soupçon d’une faiblesse physique.

La ressemblance entre des deux devait être une pure coïncidence.

Dans les ruines de l’autre côté du champ devant mon hôtel, apparut une lueur pâle. Une porte s’entrouvrit. Des voix querelleuses pénétrèrent la nuit. Sonnèrent deux coups de feu. Puis, le silence.

Des disputes de bordel d’officiers ivres, sans importance, ça se passait presque chaque nuit.

(à suivre)

F.C. Terborgh, La bague (1954), traduction du néerlandais par Jan Doets

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La bague 10/14: Varsovie, 1946, le double de Dembinski

29 mardi Juil 2014

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F.C. Terborgh, La bague, feuilleton

Hotel Polonia Warsaw 1946 blog

Toutes ces images du passé défilaient dans mon esprit. Il y avait des images avec du soleil et de la chaleur, mais aussi d’autres avec de l’ombre et de la gravité. Elles me paraissaient la préparation pour ce qui m’entourait au jour le jour, au présent.

Le crépuscule s’assombrissait dans ma chambre grise de l’Hotel Polonia. Dehors tombait la même neige lente d’il y a un an, au cimetière de Lisbonne. Dans cette ville, où l’ombre de la mort est présente partout.

On m’apporta des lettres, des visiteurs souhaitaient obtenir des renseignements et de l’aide, et bientôt, la routine du travail m’avait saisi. D’une certaine façon, c’était une distraction bienvenue. J’oubliai Dembinski.

L’hiver devenait de plus en plus rigoureux. Deux semaines après, il y avait  un tas épais de neige sèche dans les rues, atténuant le bruit des véhicules. Les ruines et toits étaient couverts avec un linceul, qui cachait la dégradation et la destruction, créant parfois l’illusion d’une rangée de maisons intactes.

Les paysans étaient assis courbés sur leurs charrettes et dans des rues silencieuses on entendait de temps en temps le bruit de petites cloches d’un collier de cheval.

Avec le noir, le froid tomba du ciel. La neige grinçait sous les chaussures. En se promenant, le souffle se changeait en un panache blanc presque palpable. Il y avait très peu de lanternes et, souvent, la vue glissait en haut par les ruines, vers les étoiles.

Mon restaurant se trouvait dans une petite rue pleine de tas de débris et manquait de lampadaires. Les gravats et morceaux d’acier, couverts de neige, formant des obstacles hostiles à hauteur d’homme, étaient partout, devant les maisons, au milieu de la rue et dans quelques trous de fenêtre. À travers, on avait ouvert un sentier vers la porte. Dans le noir, si on n’était pas prévenu, on aurait pu trébucher encore sur des poutres. Une lueur pâle pénétra des rideaux fermés, une indication de l’entrée.

J’y allai à pied. Le froid mordit mes oreilles  et des coups de vent glaciaux endolorissaient mon visage, surtout le front. Après un quart d’heure, mes pieds commencèrent à mourir, ils se convertirent en sabots, en des prothèses incontrôlables, m’empêchant de marcher normalement.

Je fus heureux quand finalement je pus me récupérer dans la chaleur du restaurant.

C’étaient deux petites chambres, les restes restaurés au rez-de-chaussée d’une maison brûlée, avec des murs encore mouillés. Il y avait une fumée épaisse de tabac Magorka et l’odeur de chou et de friture.

L’électricité était coupée, comme souvent pendant ce premier hiver. Des bougies aux tables et quelques niches illuminaient le séjour d’arrière. Je m’assis près d’un poêle chauffé au rouge. Bientôt, deux vodkas et un bon potage d’hiver (avec de la  crème fraîche et des morceaux de cornichon) m’avaient permis de retrouver mon équilibre et je me fondis dans l’euphorie facile qui terminait chaque jour de travail.

Le pianiste tuberculeux au coin commença à jouer du Chopin. Il aimait jouer du Chopin, le dos tourné vers les clients, le regard en haut vers le plafond comme s’il y cherchait quelque chose.

Comme toujours, le polkovnyk russe, un colonel, était assis en face de moi, en tunique aux épaulettes larges, rayées en or et orange, en fumant ses papyrossi longues, désintéressé de son entourage.

Le local commença à se remplir. Bientôt il n’y eut plus une seule chaise libre. La fumée, la musique et le bruit de voix dans la pénombre créaient cette atmosphère de complicité typique de l’est, la désinvolture de ceux qui cherchent l’oubli, même pour quelques heures, en présence d’amis, des inconnus de la plus grande quantité possible. Un monde qui ne veut pas de la solitude ou de la crainte, et leur tourne le dos quand il peut.

J’avais déjà fini mon repas quand mon regard tomba par hasard sur une petite table contre le mur, où se trouvaient deux hommes, les têtes penchées vers l’un et l’autre, avec des fume-cigarettes, évidemment en conversation sérieuse.

L’homme tourné le plus vers moi était le sosie de Dembinski.

Cette fois j’avais tout le temps pour bien étudier son visage. La ressemblance était vraiment étonnante, je pus la vérifier une deuxième fois. De temps en temps son regard défilait par le public, par moi aussi, il expira la fumée de sa cigarette en haut,  avant de reprendre la conversation.

Son regard était fugace, épiant. C’était le regard de quelqu’un qui peut se lever d’un coup, sans raison, pour s’esquiver, si possible sans être aperçu, il avait le regard de quelqu’un qui n’y était que provisoirement. Ça me fit penser aux expériences de Dembinski en services secrets dans un district à la frontière allemande.

Son double avait aussi cet air spécifique d’agent secret – mais – il y en a beaucoup, de tels types.

En tout cas, son apparence n’était pas le plus important. Son bras gauche était sur la table, la main cachée derrière son coude droit. Sa main droite tenait le fume-cigarette, d’où il tira de temps en temps pour garder verticale une colonne  fumée, à l’hauteur de son menton.

Après quelque temps, il prit une nouvelle cigarette de son étui, s’adossa contre la chaise et mit sa main gauche sur le bord de la table.

Voilà, la bague de Dembinski, à son quatrième doigt !

Sans aucun doute. La même pierre, la même couleur, le même visage de romain taillé dans la cornaline, je pensai même reconnaître la couronne de laurier. Je regardais la bague trop intensivement, je pense, car il cacha sa main toute de suite et me fixa avec son regard.

J’aurais pu ignorer cette ressemblance, en haussant les épaules.  Quelques jours avant, j’avais vu une bague similaire dans une joaillerie et tous les jours, des soldats russes bradaient des butins de guerre. Mais l’image ne me quittait pas.

La bague semblait d’être un lien entre Dembinski et son portrait craché, un lien plus fort que la réalité et plus profond qui pouvait être expliqué par le hasard. Une ressemblance qui touchait à leurs caractères, leurs vies, leur destins peut-être, même si je ne pouvais pas encore l’expliquer.

J’étais encore plongé dans mes pensées, quand le propriétaire me joignit à table – je conversais avec lui de temps en temps. Cette fois, la conversation n’avança pas, j’étais trop absent. Après quelque temps, probablement un peu maladroitement et abruptement, je lui demandai qui était l’homme là-bas, contre le mur, avec les coudes sur la table, en nous regardant.

Le propriétaire se tourna et regarda, un peu trop longtemps, peut-être en réfléchissant comment me répondre, et me dit nonchalamment:

“ L’homme en gris ? Il s’appelle Mentlewicz, c’est un marchand je pense. Il vient de temps à autre, c’est tout ce que je sais de lui.” Je savais qu’il improvisait et que la vérité était une autre, mais il ne me servait à rien d’insister.

À ce moment – il dût savoir que nous parlions de lui – le pseudo-Dembinski me regarda droit aux yeux. Nous n’évitâmes plus nos regards. Une sourire triste, plutôt apologétique, jouait autour de ses lèvres, un regard que j’avais vu avant, bien que je ne me souvins pas où. Puis il détourna le regard.

Sacha, le joueur de guitare, avait justement commencé à chanter une chanson russe, avec une voix perçante et forcée, et quelques hôtes  se tournèrent bruyamment. La fumée  aigre des cigarettes piqua mes yeux et l’odeur de friture de la cuisine devint insupportable.

Je décidai de me lever et de rentrer chez moi.

(à suivre)

F.C. Terborgh, La bague (1954), traduction du néerlandais par Jan Doets

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