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Archives de Tag: Lettres à mon grand ami du nord

Lettres à mon grand ami du nord 4

18 dimanche Déc 2016

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Lettres à mon grand ami du nord

making_up

Cher grand ami du nord,

Ce n’est pas votre amie Novella qui vous écrit mais avec cette entrée en matière, c’est un peu elle qui vous adresse ces mots. Je crois qu’elle aurait non seulement apprécié mon geste mais que nous devenions amis. J’espère que vous ne tiendrez pas rigueur à la messagère de mauvaises nouvelles. Sans doute l’avez-vous compris, jamais plus Novella ne vous écrira.

Mais avant de vous raconter ce que je sais de sa fin, laissez-moi me présenter. Vieille dame grande amie des livres, de par mes métiers – d’abord bibliothécaire, puis relieuse –  je me rêve de la même étoffe, du même cuir (du galuchat de préférence), d’encre et de papier. À la retraite désormais, je pratique assidûment le bookcrossing et fréquente les chasses au livre, surtout celles de la région depuis que mes pauvres jambages… mais je ne vais pas me plaindre.

Chaque année, la bibliothèque de mon village, organise de grands lâchers de livres au parc des sports lors du forum aux associations. Pour mon plus grand plaisir, je libère quelques-uns des miens – les plus silencieux ou les plus tristes, ceux qui me boudent ou qui ont grand besoin d’un nouvel air /nouveau lecteur… C’est un de mes péchés mignons de dénicher le livre qui m’attend et me comprend… Car il me comprend, et mon coeur, transparent pour lui seul, hélas ! cesse d’être un problème. Voyez-vous pour moi, un livre ne vit que par le lien qu’il entretient avec ses lecteurs et plus ils sont nombreux, plus le livre acquiert de l’expérience. Peu de différence entre un livre neuf jamais ouvert et un livre lu une seule fois. Ils sont trop jeunes pour m’apporter quelque nourriture. Dès lors, mon autre péché mignon c’est de jouer les marieuses. Relieuse un jour, relieuse toujours ! Je ne relie plus les pages dans de belles peaux de chagrin rouges ou bordeaux, non, mes doigts noueux et tremblants n’ont plus assez de force… mais je ne vais pas me plaindre… je sens que vous contenez  assez difficilement votre impatience voire votre agacement envers mes plaintes de vieille dame arthritique amoureuse des livres… Vous attendez que je vous raconte la fin de Novella et je ne l’oublie pas. Dorénavant, je relie les livres aux hommes, comme lorsque je bibliothéquais me direz-vous, mais à l’époque, voyez-vous (cessez de vous agiter sur votre siège, je vous prie) je n’en avais pas le temps. Maintenant je le prends.

Tout d’abord, lorsque je trouve un livre, je recherche tous ses précédents lecteurs pour correspondre avec eux et m’enquérir de la relation qu’ils ont entretenue avec lui. La question la plus délicate à laquelle certains refusent de répondre jusqu’à cesser de vouloir échanger avec moi, c’est la raison pour laquelle, ils l’ont libéré dans la nature. Les lecteurs souffrent souvent de sensiblerie excessive (n’est-ce pas un pléonasme ?) et certains pleurent encore leur vieil exemplaire aux pages jaunies de L’Étranger ou des Fleurs du Mal, annoté, taché de nicotine ou de café, mais je ne les plains pas… Ils finiront par retrouver un autre exemplaire ayant vécu aussi longtemps que leur original, qui leur parlera de l’autre avec douceur et tact. Mais que faites-vous ? Vous vous levez maintenant ? Savez-vous que vous êtes un grand enfant, et de ceux qu’on qualifie d’hyperactifs, qui plus est… Ça y est, vous êtes calmé ? Prêt à me lire de nouveau ? Sachez que si je digresse c’est pour mieux vous parler de Novella.

Ce jour-là, c’est-à-dire le jour du forum des associations, le ciel était d’un gris morose, ce qui n’est pas si rare l’hiver. Partie de bonne heure le matin, je suis allée saluer les bibliothécaires pour m’enquérir du nombre de livres libérés dans le parc. Une cinquantaine répartie sur l’aire principale et un peu moins dans la pinède derrière le stade. C’est par là que j’ai commencé en même temps que la pluie à tomber. Oui, bien sûr que j’avais un parapluie, bien sûr, mais je vous rappelle que je suis une vieille dame amoureuse des livres, certes, mais pas au point d’attraper de nouveau une pneumonie qui, la dernière fois, a bien failli avoir ma peau, aussi parcheminée soit-elle… Bref, la pluie ne manifestant pas l’envie de s’arrêter, et ne s’arrêtant pas, je suis rentrée trempée, bredouille et mécontente. Il a plu d’ailleurs toute la journée.

Le lendemain, comme souvent dans notre région, soleil radieux. Misant sur le fait que certains livres n’avaient peut-être pas eu le temps d’être ramassés, je suis retournée sur les lieux. C’est au pied d’un pin que j’ai découvert Novella, détrempée, en lambeaux, quelques pages palpitant encore au souffle léger du vent. Délicatement, je l’ai prise entre mes doigts pour tenter de lire quelques lignes. Mais l’encre avait coulé comme le rimmel sur les joues d’une jeune fille en pleurs. J’ignorais si j’allais pouvoir la sauver mais je l’ai ramenée à la maison. En la séchant page après page, j’ai découvert une petite fleur rose collée à un marque-page portant votre nom, puis découvert un début de lettre avec des lignes encore déchiffrables que je vous retranscris ici : Cher grand ami du nord, elle veut ma peau… La Main a décidé de me réécrire entièrement et pour ce faire, elle a décidé de se…

Heureusement que j’ai bonne mémoire, car à ce moment-là, croyez-moi si vous voulez, mon sèche-papier s’est enflammé (malheureusement ce n’est pas un lieu commun désuet) sur Novella, et je n’ai pu la sauver… Elle a juste eu le temps de soupirer le mot « Fin ».

Après avoir relu les derniers paragraphes, j’ai peur que vous me preniez pour La Main odieuse, mais alors, pourquoi vous aurais-je écrit cette fiction invraisemblable ? Non, croyez-moi, je m’appelle Pauline Verlain, une vieille dame amoureuse des livres et des hommes, relieuse et marieuse, un peu trop bavarde, qui compatis à la perte de votre amie. J’espère que vous accepterez, non pas en dédommagement – ce serait faire offense à Novella trop tôt disparue – ce modeste récit intitulé « Lettres à l’ami du Nord ». Ce n’est ni une nouvelle, ni un roman, il ressemble, c’est vrai, à une novella, mais pas à Novella. Elle reste unique et irremplaçable.

Bien à vous.

Pauline Verlain.

Texte : Christine Zottele
Objet d’art : Rune Guneriussen, ‘Making up for missed time’ (compensant du temps manqué)
Image agrandissable par cliquer

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Lettres à mon grand ami du nord 3

30 dimanche Oct 2016

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Lettres à mon grand ami du nord

gigot_agneau

Cher grand ami du nord,

Merci encore de vous enquérir de ma santé. Finie la mine de papier mâché, je respire mieux. J’espère qu’il en va de même pour vous. Ainsi, je ne m’étais pas trompée, vous connaissez très bien mes ex-voisins. Oui, ex-, vous avez bien entendu : j’ai encore déménagé et c’est un petit miracle si la fleur rose séchée entre vos pages m’est parvenue intacte. Je la tiens désormais entre les miennes, précieusement. Mais laissez-moi vous raconter depuis l’incipit.

La Main ne sait pas que les livres ont des oreilles (aussi blanches que mes pages depuis ma dernière épouvante). Quand la Main parle, je l’entends. Ça vient de quelque part au-dessus d’elle, à peine un murmure. Or ce qu’elle a dit tout à l’heure m’a stupéfiée. Plus que le contenu de ces paroles, c’est le fait qu’elles m’ont été adressées, à moi et personne d’autre que moi, qui m’a bouleversée. Elle a dit textuellement : « Tiens, Novella, instruis-toi auprès de ces deux-là, tu gagneras peut-être en épaisseur, qui sait… » suivi du rire sonore et clair de La Main.

Celle-ci, bien plus prévenante que la dernière fois, m’a donc déplacée encore une fois. Comment dire la salive à la bouche que nous n’avons pas pour exprimer les saveurs éprouvées à leur contact ? Pourtant, je vous assure que je me suis sentie une langue et des papilles à les écouter se présenter à moi, ces deux-là… Le premier a une manière particulière de raconter. Il déploie de longues phrases qui vous tiennent en haleine et pour évoquer par exemple un repas, un repas signant une vocation, un repas principal et savoureux, il va s’étirer sur une centaine de pages, entrecoupé d’anticipations – d’autres repas tout aussi essentiels et savoureux qui suivront ce premier, de digressions du narrateur, d’autres réactions de convives… où en étais-je ? Ah oui, tandis qu’il parle ainsi de mets tous plus succulents les uns que les autres, connus ou inconnus, on l’écoute avec des bouchoreilles nourries de saveurs variées. Je ne sais pas si je suis très claire avec ma pauvre langue de Novella. Le mieux peut-être serait de vous faire goûter directement.

C’est ainsi que le gigot en habit vert lui fut inspiré par son désir de faire savourer dans toute leur probité l’exquis agneau de Pauillac comme, dans son âpreté que la Cheffe se refusait à dissimuler sous la crème ou le beurre, l’oseille de Belleville. Elle leur ajouta de l’épinard, elle aimait la trinité des éléments, elle fit cuire tout doucement et longuement à l’étouffée le gigot  emmailloté d’amère verdure, et les sucs bien gras de la viande adoucissaient l’oseille et l’agneau se révélait à la fois surnaturellement tendre et d’une si puissante saveur que ce contraste, chair juvénile et corsée, déconcertait les premières bouchées du mangeur, la Cheffe s’en amusait.[1]

 Le génie de la cuisine s’empare de ce personnage comme celui de l’écriture a failli le faire pour La Main qui m’a écrite. Vous me trouvez amère et aigrie ? Non, je ne le suis pas, peut-être un peu trop chargée en métaphores et sucreries inutiles. Mais j’apprends de jour en jour : la Main a raison de m’avoir mise au contact de ce roman. Je commence à comprendre ce que l’écriture devrait rechercher, à l’instar de la cuisine de la Cheffe.

Elle me montra ainsi inlassablement la manière dont elle procédait pour simplifier sa cuisine autant que possible et qu’on ait pourtant la sensation d’une extrême élaboration, d’une pensée longuement et ardemment méditée pour parvenir à cela : le produit dans sa quasi-nudité.

            Le produit tout nu n’étant pas acceptable, ni plaisant à l’œil ni séduisant au goût, l’art de la Cheffe consistait à le modifier juste assez pour qu’il semblât alors superbe autant que délicieux, cependant parfaitement reconnaissable, intègre, exhibant fièrement et posément son aspect parfois singulier.[2] La Main a souligné, annoté ce passage – « id. écriture/réécriture » – d’un double trait au crayon gris. Il me semble comprendre de mieux en mieux la Main et j’éprouve même pour elle un début de sentiment que je ne saurais encore nommer précisément mais ça vient.

Quant à mon autre voisinage, c’est un drôle de petit livre à plus d’un titre – son titre justement –  quatre lettres gris clair sur fond blanc – ne donne pas le goût de le lire : Fade.[3] Pourtant, il est de la même philosophie que la Cheffe, en plus nipponne. Écoutez plutôt. Mettre l’eau au premier plan dans la cuisine et lui accorder une telle importance, c’est un peu comme si le « fade » devenait le centre du goût français. Or l’eau, précisément, n’est pas considérée comme « fade », même par les Français ; c’est plutôt le « joker » des cartes de la fadeur. La fadeur, en ce sens, n’existe pas dans la cuisine japonaise, puisque tout plat, en théorie, vise à atteindre la perfection de l’eau, qui, bien qu’elle soit sans saveur, n’est pas perçue comme fade.

Je vous l’accorde, c’est un peu compliqué.

             En réalité, la cuisine japonaise traditionnelle est plus sobre, objectivement parlant, que la cuisine française ; elle contient moins de gras, moins d’huile, pas de produits laitiers. Pourtant, la qualifier de « fade », c’est passer à côté de son essence. Français et Japonais, nous sommes en quête dans nos cuisines d’une seule et même chose : la vie dans toute sa vérité. Or si, pour les Français, la vie est opulence et s’exprime par le bannissement du « fade », la quintessence de la vie se trouve plutôt pour les Japonais du côté de la pureté nourricière de l’eau[4].

Ce livre menu, d’aussi peu de pages que moi, ne cache pas son jeu, et je suis sûre qu’il vous plaira autant qu’à moi. J’en causerai à la Main, dès qu’elle passera me prendre, ce qui ne saurait tarder. Elle s’est mise en tête de me réécrire entièrement. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que moi aussi. Fortes de mes dernières amitiés livresques, j’efface les surcharges et le trop m’as-tu-vu et j’essaie de lui faire passer des messages entre les lignes (a-t-elle seulement des yeux pour les lire ?). Mais encore une fois je ne parle que de moi (bien envie de supprimer aussi tous ces moi-je mais ils sont si habiles à se cacher sous d’autres pronoms que ce serait peine perdue) et je dépends du bon vouloir de la Main pour aller vous voir, au nord des rayonnages. (Plus de place pour vous parler de mon dernier rêve : je cherchais des fleurs à incorporer à une salade et je ne savais plus si les soucis étaient comestibles.)

Votre amie de si peu de pages, mais qui goûte à vous lire, Novella.

 

Texte : Christine Zottele
Notes :
[1] Marie Ndiaye, La Cheffe, roman d’une cuisinière, Gallimard, 2016, pp. 220-221
[2] id p. 220
[3] Ryoko Sekiguchi, Fade, Les ateliers d’Argol, 2016.
[4] Id. pp. 48-49

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Lettres à mon grand ami du nord 2

18 mardi Oct 2016

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Lettres à mon grand ami du nord

la-main

Cher grand ami du nord,

J’ai bien reçu votre marque-page. Il m’a même sauvé la vie ! Je vous dois bien le récit de mes dernières aventures… Je me remets à peine de mes émotions… Rendez-vous compte, mes pages ont blanchi d’un seul coup! Jamais plus on n’admirera ma peau ivoire au grain si fin… Les plis et déchirures sur tout mon corps témoignent de toute la violence dont j’ai été victime. Le pire, dans tout ça, c’est La Main qui a voulu me tuer ! La Main que j’ai réconfortée tant de fois dans le passé, à laquelle j’ai prêté mon attention et ma tendresse dans le passé, lorsque aucun autre livre ne pouvait la distraire de ses chagrins d’amour, oui, La Main m’a délibérément  écrabouillée au fond du rayonnage.

Je sentais depuis quelque temps qu’elle se désintéressait de moi. Elle me sortait de moins en moins ou alors pour m’emporter je ne sais où et faire rire à mes dépens. « Leurs yeux se rencontrèrent, s’évitèrent puis s’agitèrent » Outre le cliché, ce passé simple, ouh là là… Évitons à nos lecteurs de poser les yeux sur de telles insani-taires… Et les rires de fuser. Et moi de me refermer comme une huître perlière. Je sais bien que je ne suis pas très futée mais est-ce une raison pour me traiter ainsi ? Novella légère et sentimentale, je ne cherche à éblouir personne et ne prétends pas faire de la littérature pour littéra-tueurs ! Si je distrais quelques jeunes filles éplorées, tant mieux. Depuis qu’elle a repris ses études, La Main est oublieuse et ingrate, me disais-je, mais jamais au grand jamais, je n’aurais pensé qu’elle chercherait à m’étouffer ainsi. En s’offrant les services de deux mastodontes mercenaires, qui plus est ! La Main est lâche. Elle ne va pas jusqu’au bout de sa vilenie !

Les tueurs en question – un gros blanc et un gros rouge – pèsent six cent pages chacun. Vous imaginez ? Ils sont tellement obèses que La Main a dû retirer dix poches pour les faire entrer. Sans ménagement, je me suis retrouvée coincée, roulée entre les deux, tourneboulée et pressée au fond du rayon. Sans air, je suffoquais, j’allais mourir. C’est alors que vous avez lancé ce magnifique marque-page avec ces mots : « Novella, Rendez-vous cette nuit près des Pléiades »

Après avoir lu ces mots, le livre blanc a crié : « Y a-t-il une certaine Novella sur l’étagère ? » J’ai puisé dans mes dernières réserves et hurlé. Le livre blanc m’a entendu et dégagé un passage pour que je reprenne souffle. Il s’avère que c’est un livre soignant, prodiguant de vrais soins. La Main l’a-t-elle lu ? Il s’appelle Le Chœur des femmes de Martin Winckler. C’est un livre qui chante toutes les femmes. Les enchante aussi. Il m’a soignée, m’a donné une place et écoutée. J’apprends beaucoup à son contact. À écouter surtout. Le bruissement de ses pages milite pour le soin. Il élève la voix lorsque la rage le submerge face à certains abus de pouvoir. Les médecins qui veulent le pouvoir font tout pour l’obtenir. Ceux qui veulent soigner font tout pour s’en éloigner.[1] Ce n’est pas tout ! Le gros rouge que je prenais pour un sbire de La Main s’avère une merveilleuse rouge, aussi belle que la photo en noir et blanc de son auteure : Goliarda Sapienza. Elle m’apprend L’Art de la joie et de la liberté. Elle aussi m’enchante. Je me demande même… si La Main a vraiment voulu m’écraser… Ne m’a-t-elle pas offert l’opportunité de grandir auprès de ces nouveaux amis ? Je suppose que vous les connaissez mieux que moi – leurs dos fripés montrent que ce ne sont pas des acquisitions récentes de La Main – et probablement avez-vous vécu un temps en leur compagnonnage…

Vous ne pourrez me répondre de vive voix  avant un moment car je ne pourrai me rendre aux Pléiades avant quelques jours ; je dois récupérer mes forces. La Main me laisse tranquille. Mais encore une fois, je ne parle que de moi. Et vous, mon ami, toujours l’œil pétillant comme un conte malicieux ? Tel que je vous connais, vous avez dû faire de nouvelles découvertes et fait en sorte de les partager avec toute notre communauté de pagiers/pagières. Écrivez-moi.

Votre marque-page contre mon coeur, je pense à vous tendrement.

Votre amie de si peu de pages, Novella.

 

Texte : Christine Zottele

[1] Martin Winckler, Le Chœur des femmes, P.O.L, 2009, p. 77.

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Lettres à mon grand ami du nord 1

02 dimanche Oct 2016

Posted by lecuratordecontes in Christine Zottele

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Lettres à mon grand ami du nord

cheval

Cher grand ami du nord,

J’espère que vous allez bien. Comme promis, voici de mes nouvelles.

Ce matin, j’aurais probablement les yeux mouillés et rouges si j’en avais. Revenant d’un pays où je doute d’aller un jour, un pays au nom qu’on ne peut prononcer qu’en étirant les lèvres loin sur les côtés, comme un sourire de trois syllabes, laissant à peine passer un vent âpre et rude de consonnes, un pays qu’on s’imagine ressembler au Farghestan de Gracq… Revenant du Kirghizistan donc, avec une pelote de nœuds à démêler dans le ventre et les yeux mouillés, j’ai pensé que vous écrire me ferait du bien. J’ai lu ce matin la mort d’un cheval, lu de mes yeux lu, lu son agonie dans son œil bleu, et dans son œil le reflet déformé de ce personnage féminin qui ne pouvait rien faire pour abréger ses souffrances. Sur cette page 193, ça faisait une triple mise en abyme dans l’œil du cheval appelé Starman : deux au bord des larmes et un au bord de mourir. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte des choses aussi tristes. Ce n’est pas ce dont je voulais vous parler, d’autant que je n’ai ni yeux, ni bouche, ni ventre.

Vous souvenez-vous de notre rencontre ? Coincée dans le rayonnage du bas, et vous dans celui du haut, notre rencontre semblait une fiction impossible. Pourtant, La Main qui vous a saisi un jour avant de m’attraper sans ménagement peut très bien recommencer. S’il le faut, je sais très bien jouer la comédie de la chute inopinée. La Main me ramasse et m’ouvre sans y avoir songé. Après, les yeux de La Main prennent le relais. Je crois que ces machines à mains et à yeux, bien que beaucoup plus rudimentaires que nous autres, font la même chose que nous : elles lisent ! Je crois aussi qu’elles ignorent que nous les livres, nous lisons entre nous. Quand je vous ai lu, j’avoue  d’abord avoir été éblouie par votre érudition mais dès que vos lignes se sont mises à vibrer en moi, je me suis sentie plus vivante. Oui, moi, pauvre novella, sans profondeur et sans poésie, j’ai eu envie pour la première fois de me réécrire. J’aspire maintenant à vous égaler, vous et vos amis, ceux qui sont rangés à vos côtés avec sur la première de couverture cette pastille ronde ornée d’un cavalier de nuit. D’ailleurs, c’est à cette image que m’ont renvoyée inconsciemment les yourtes, les chevaux et la nuit du dernier Mauvignier, Continuer[1], ce matin. La Main à yeux mouillés tremblait encore quand elle l’a posé à mes côtés. Je lui en suis reconnaissante, en attendant de vous relire.

Reste à écrire ces nouvelles que je vous dois, ou plutôt ce roman… Il me faudrait d’abord me détruire – un bel autodafé serait du plus bel effet – avant de me réécrire et j’ai besoin de La Main… Mais elle préfère pleurer ses yeux que faire couler mon bain d’encre. Des machines rudimentaires, vous dis-je…  Elle vient de poser tout contre moi un beau bleu qui frémit de me lire, le pauvre ! Il s’intitule Le Grand Jeu[2], pas mal… Et vous, mon ami du nord, avez-vous lu et lié de nouvelles connaissances ? Venez de nouveau visiter les rayonnages du sud…

Votre amie du sud et de si peu de pages,
Novella…

[1] Laurent Mauvignier, Continuer, Minuit, 2016, 239 pages.

[2] Céline Minard, Le Grand Jeu, Rivages, 2016, 190 pages.

 

Texte : Christine Zottele

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