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Les Cosaques des Frontières

Archives de Tag: La Tranchée

Eurydice, catin du désespoir

15 vendredi Jan 2016

Posted by lecuratordecontes in Marie-Pier Daveluy

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La Tranchée

Il y a des choses qu’on ne veut pas comme cela dans le monde et qui sont là bien tranquilles, bien énormes, comme la mer
– Eurydice, Jean Anouilh

J’ai la voix blanche de sable au contact de la chair. Je n’avance plus. Je m’aveugle, je m’essore. Je parle l’immortel, l’horizon mort. La parfaite absence. Désert ou mer, à perte de vue, c’est du pareil au même. Trop long-trop court, trop tôt-trop-tard. Au compte des heures, nous échouons là où nous nous échouerons toujours

Cadavres.
Conscrits au mythe ou dénués d’histoire

J’ai défait la robe du temps pour tenter la langue infernale d’Eurydice. La baiser pour mieux l’arracher. Et l’écouter seule mugir, muette pourtant, en moi comme un animal battant l’immobile, la pupille vissée au reflet noir du tanneur d’horreurs. Qui approche. Pour encloisonner la sauvagerie d’un carcan plumé d’éternité. Une catin sans cesse mourante d’embaumer l’entrevoir fatal du vivant à ses mots d’ordre sans appel. Stériles. Et pourtant, saturant l’air des parfums avares du râle

(Je n’ai d’âme que tue)

J’ai mutilé le mythe d’où s’essoufflait vaine, Eurydice parlante, afin que jamais plus Orphée ne se retourne. Que sa lyre[1] résiste à la léchée des flammes du regard mâle. Que la fonte du Styx ne rive pas désir et noyade. Noyée et langue femme[2]. Que l’épilogue d’Orphée fasse mentir Dante, Hermès, et toute leur panoplie d’enfer. Les coulées d’encre rougeoyant de plus de deux millénaires d’étêtage du sujet courbe, tranché au ras des drapeaux du crachoir en course-poursuite contre cuisses et hérétiques, confondant galbes et chevelures à risques. J’inventerai la signifiance des gerbes flétries sous le sein tari par la sécheresse de nos drames. Car je n’ai ni la gueule ni la matrice à mettre au monde l’homme mort. Je refuse de servir d’objet aux massacres des mythes condamnant ma figure à baigner dans l’éternelle éclaboussure d’une femme trébuchant sur la première pelure comme la dernière catastrophe. Je ne me sens pas la colonne d’une actrice des précipices d’amour figurants au palmarès du verbe fait sexe. J’ai déjà gerbé ma chute à en découdre la phrase jusqu’au récit ambulatoire : je parle tout le temps, mais je ne sais pas répondre. C’est d’ailleurs pour ça que je parle tout le temps, pour empêcher qu’on me questionne. C’est ma façon d’être muette.[3]

Eurydice vivante, c’est l’Antigone euthanasiée. L’éméchée gisant ventrue de paille au tableau de chasse des passions avortées. Prête à allumer. Que les volontés à perte fassent brûler leurs catins conformément à leurs largesses. Eurydice parlante, c’est l’Avariée proliférante. Cette relique diffuse de niaiseries qu’idiomes et compisseurs lui ont gracieusement accordée pour appeler son pauvre Orphée. Je l’userai brève et raide. Que s’entredévorent gangrènes endémiques et discours miséreux

Car je suis le bacille d’une prose asphyxiée. L’organe dément d’une contagion purulente. Du Styx embouteillé à rincer l’imbuvable. Décapant le rien à s’en démancher les nerfs. La cervelle jusqu’au manque. Total de raccord. D’ancre. De câblage. Je suis le corrosif et la morsure. La panse, la farce et l’autre ordure. Je suis fleuron fleuri d’ulcères. À chacun son adultère, son désordre au cul, son jean-foutre, son trou de mémoire. Voir(e) encore sa catin multipliée, mystificatrice et mystifiée, pressée au fer, avachie sur planche, pressurisée dry clean, bavée, bavant, viandée ou crue, blanchie à mort. Comme l’implosion d’un choeur factice, le panneau réclame de babioles d’apparat pour chairs rances, l’hommage maladif greffé aux litières agonisantes. Allongé au phrasé, trop tôt-trop tard, crevé essoufflé, trop long-trop court. L’aller du geste futile, le retour inutile. Suant noms communs et dérisoires, litanies chiantes, prière de répondre, vol à l’étalage, citation de la défonce, sévices aux sous-sols, atteinte aux semelles, séance de remords, cauchemar de services et siphon d’Histoire. Je suis l’Eurydice des mascarades, mensonge livide, respirateur des enfers et miroir pour antichambre incantatoire. Éclatée, éclatante, divine et femme, entière et massacrante, muette ou éraillée, grinçant à poil pour chanteurs désespérés. Je suis l’Ave des abattues, siège de consécration des amputées

Fille, mère et catin d’un royaume épouvanté

Je suis l’Eurydice femme, l’appel à inventer

https://lescosaquesdesfrontieres.files.wordpress.com/2016/01/01-433.mp3

[1]sa girouette, sa cothurne et son couteau
[2] sale
[3] John Cage, « 4’33 » », Four Minutes Thirty-Three Seconds, The Sound Corporation, 2010, 4min.33s.

Texte : Marie-Pier Daveluy

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Hymne à l’oubli pour deux voix incendiées

17 vendredi Avr 2015

Posted by lecuratordecontes in Marie-Pier Daveluy

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La Tranchée

Portrait

Dans ces zones d’ombres tissées à même les replis de notre mémoire se loge le tragique de ce que nous avons banalement convenu d’appeler l’oubli. Le cynisme dont nous témoignons aujourd’hui vis-à-vis ce qui relève de l’absolu est peut-être à la mesure de l’épuisement de notre colère devant l’espoir infatigable qui hante le souffle de la chair. Pourtant partout le pouls du manque creuse nos parcours à travers l’absence. Même dans l’ignorance de la marche absconse des cadavres qui parent la face du monde d’un masque de lambeaux, rien ne se résout ni ne s’épuise. Seule demeure la vive exigence de vivre et mourir tout à la fois.

Sous peine de se joindre à la langue des cadavres qui jonchent notre histoire, porter notre implacable, incurable humanité. Verser dans les mots comme une charge, une salve portée par des absents. Basculer à travers la violence de cette terrible injonction, hors de nous.

Je suis saoule d’hier / Encore / cet hiver / Que ça fonde / Le trou / Des cuillères d’aurore /lacèrent patiemment nos pleurs de terre / Entre / entends ces voix qui geignent /Plusieurs fois parties / puis revenues  / dans cet amour de sel / Un souffle  traverse / l’hiver /  Mes pieds comme une grande jambe de glace/ soudée au trou / mes épaules voguent / doucement / La  bile reflue une voix de fleuve / gercée / immonde / refrain d’eaux douces pendu à nos heurts amers

S’avance une mer / un silence éperdu sous la morsure / Nous nous serons débattus jusqu’au bout / À même le dernier râle de nos appels en rafale / retentis secs dans le calvaire rapace retenu à tous nos pores / noyés de fièvre / nouée / arrimée raide à l’humeur rêche de l’hiver sous terre/Entre!

Vois tous ces visages / les tiens les miens les nôtres / La mine dérisoire de notre regard rivé aux masques défaits dans la marée encore possédée par les eaux/ Nos traits de sable repoussés sous le poids d’une pluie immense / un désert fourbu d’étreintes figées sous la mer / Tous nos visages épuisés / Dispersés à travers cet hiver de sel / maintenus en laisse au ras de l’attente solaire qui en ravinerait la surface / immergés dans l’espoir enchaîné à chaque instant /Au bord de lui-même comme au bord de l’étouffement

Mourir à heure connue sous pot, toujours sous pot / sans entre ni sort / Entre! / je ne t’entends plus /  Mourir sous les rats qui grignotent le toit jusqu’à ce que ça fonde, jusqu’à ce que ça reflue / que ça vomisse du trou / des mots d’hier encore aujourd’hui / pourris

—

https://lescosaquesdesfrontieres.files.wordpress.com/2015/04/02-esthers.mp3

J’entre / Un trou florissant se déploie au sommet de notre crâne / Une écume d’anges tachés / saignés hors de la mémoire du pot / hors du cap battu à même notre mort de tout instant / hurlée dans un sacrilège de pluie et de boue /  Emplie de lents désastres / grugés  / bercés un à un / au rythme démentiel de notre chair défaillant loin derrière / Nos corps de crucifiés saignés à blanc érigés nus sur la plaine / Au pouls juré à la mesure de l’espoir entaillé vif / partout défiguré / désemparé de tout ce qui fut nous

Et moi debout / une grande jambe de glace, soudée au trou / Une longue entaille gerce figée sous le poids de tes épaules / portées à bout / soutenues / offertes gueule ouverte aux pleurs d’hiver dans la lumière / Sur moi comme en dessous, soudée au trou / Un vent d’effort file une faim immense entre mes paupières / Mon sang vaincu gémit désert à l’embouchure de tes yeux, /criant / hurlant une prière inconnue pourtant maintes fois entendue /(Ensemble) Afin que tu te taises! / Semée entre la glace et le vent, vers toi et tout autour /Montre-toi! / Soudée au trou / absurde / acide sous ta langue muette / Que ça finisse! / Alors que les mirages impies des paysages solaires pourrissent dans l’avancée de l’hiver /oscillant perdu en toi / pendu

—

Je ne me souviens plus hier lorsque je t’ai connu tu es déçu de la pluie du temps qui penche au coup des heures perdues du temps blessé des autoroutes de lumière qui transpercent ta tête des rats qui grignotent la mienne je ne me souviens plus de ce qui tombe du fleuve qui reflue fuit et refuit tu es des heures à mon cou tu me pèses comme le ciel qui me vomit demain que je n’ai jamais vu et je suis maintenant au trou comme j’entre en religion du crucifix de peau

Je te tords / te rumine / t’esclave / te fantasme / Les rats te déchiquettent/ te dévorent le crâne / Il faut que ça fonde / voix contre corps / J’entre / C’est hier / tu te levais / ne partais pas / Ça enflait / ne partait pas / Ça gémissait / raillait / claquait / jusqu’à ce qu’éclatent les autoroutes de lumières / dans la lentille du pot / Tu m’as quittée / Je t’ai quitté / puis l’oubli / Le trou /  Tu t’enfonces / défonces la trappe / rattrape l’oubli / Au plus creux des heures / nos viscères macèrent/ se libèrent / se liquéfient

—

Être encore hier cette mer qui me glace la jambe aux pieds soudés au trou respire ma fuite en la mineur accord troué à notre vote tacite à nos prises de corps masque et beauté s’entremêlent à ma joue qui coulait de mort certaine jadis toi encore aujourd’hui avec ma joue sur ma joue dans ma tête avec les autres fuites de devant par derrière de devers vers le temps de mineur qui s’arroge mon cou ma jambe mes pieds pour qu’enfin les voix fondent s’entendent et s’oublient puis la tienne aujourd’hui qui déchire tympan et ventricule  pompe l’absence pompe l’oubli de ce trou alors que toujours les rats lentement dévorent la scène

Je tente en vain d’épuiser ces mots que tu n’auras pu dire ils remontent et ils me vident dans les nuits bien avant que j’arrive à les tarir chaque instant me renvoie l’injure de ce fleuve fulgurant qui gouverne mes entrailles encore et toujours impuissant à nous arracher à la rive de l’absolu. Souviens-toi nous étions hors de nous comme deux lanternes disjointes soudées bêtement au chalumeau deux suppliciés brûlants vivants une matière déchaînée en sépulture  souviens-toi cette image de nous avec nous hors de nous cet horrible pressentiment de la fêlure nous évidant peu à peu nous conduisant jusqu’à l’inévitable implacable rupture de notre mémoire ce dévidoir voulant sachant crachant ce souvenir du reflet blond dans mes cheveux

J’ai saccagé nos jours secoué la poussière de nos rêves endoloris extrais la sève de notre misère quotidienne pour la distribuer en autant de massacres originaux entend-tu ce que je profane aujourd’hui je t’entrelace afin que tu ruisselles de cette fureur dévorante et que tous puissent dire il a vécu de cette beauté terrifiante qui rugit silencieusement et mue la tristesse de nos jours en un désespoir sans pareil mais voici que s’élève notre voix afin que nous puissions enfin dire / Nous (ensemble)/ car à défaut de vaincre à même la chair/ toi et moi /nous sommes vécus

—

Ta vertu amourachée s’abîme dérisoire contre ma tête incendiaire / pleurée de tous malaises / vidée de tous ses maux / étouffés mèche courte au ras du souffle aveugle empli à même ta face gisant criant suppliant dans ta souillure nos morts clouées à ton mirage coupable/ coupable et consumé/ crucifié de chairs et d’eaux

J’attends / j’attends les oiseaux / les corbeaux / au centre de mon ventre les charognards / j’attends une brûlure immense / des milliers de pépiements / une somme d’amour grotesque / arrachée / hors de moi comme une plaie / j’attends / j’attends un phare comme la douleur / des viscères ouverts en pleine lumière / qu’ils me rongent / bien au centre / là / j’attends les oiseaux / des maux enduis de salive / leurs crachotements / le sang comme une jouissance affreuse / d’enfin pouvoir / pouvoir comme vivre / attendre de vivre / l’origine / les ravages ensevelis / j’attends la morsure / l’amour / j’attends / j’entends les oiseaux

Un piaillement de guerre sourd par-devant les noyés / comme au commencement des saisons / une rage muette dans la crue des eaux / le chant des morts laissés derrière / dans un instant de souffle chaud  / la fulgurance de l’été / brûlant de fuite / au centre de mon ventre la rage tranchante / toutes armes confondues / et la guerre toujours /pendue entre les chants la fuite les corps / noyés / en moi et tout autour / la rage par-delà l’autre rive / nouée en une seule arme / dans le ramage de l’automne / ce fiel sous ma hanche / l’aumône des corps / pourris

—

Tous ces visages / encore dans mes yeux à la pointe de l’aurore / mon histoire incendiée dans un élan enfin porté à bout / une traversée vers toi / à la lisière de l’inimaginable / mains ouvertes mains tendues/ et tous nos restes envoyés balancés derrière / tous ces malheurs brûlés / têtes tranchées/ traînées d’anges d’écume et de poussière / sur la grève/ crèvent

Alors dire / dire pour dire adieu / la mer qui roule au fond de la gorge / le mal martelé à coups de syllabes / frustres / impuissantes / parce que fascinées / horrifiées devant l’amour dévoré tombé trop loin dans l’estomac / Un verre pur poli au pouls du sang / menaçant / à chaque instant de rompre/ me rompre / les veines / Alors dire / marteler à coup de pied pour ne pas / avaler / l’amour à mourir/ cette peur de moi en dernier recours / Alors redire encore / « s’accrocher » / s’engouffrer de vertige / À bout de souffle marteler l’air vider la cage / au ras de moi la cage de verre menace / d’éclatement / Là/ bien au centre / l’ivresse des pépiements / dévorants / l’Ave des charognards / Récité en dernier adieu / au bord de rien redire encore ce grand vertige la mort / la lutte ce refus net/ moi à briser le verre à marteler la cage à faire mourir

—

Ton rire résonne sous mon front / s’attache à un mirage brûlé / Cheveux yeux lèvres / langue/ fauves! / Tous ! Fauves! / Mot fardé dressé raide dans la perte de cette idée de toi

Je te serre tendrement / Tire le vent hors de sa folie / épuise son souffle amer/ Une vague chaleur après l’humeur rêche de l’hiver / Puis le calme / un instant

Seul un rêve muet berce entre mes paupières / Et debout devant toi / un enfant béat devant l’aurore

 L’aurore / La face aveugle toute notre beauté

https://lescosaquesdesfrontieres.files.wordpress.com/2015/04/12-at-the-end-of-the-day.mp3

Texte : Marie-Pier Daveluy
Photographie : Autoportrait en double anonyme
Musique:
Track 1 : Amon Tobin, Esther’S, Foley Room
Track 2 : Amon Tobin, At the End of the Day, Foley Room

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Poésie

09 jeudi Avr 2015

Posted by lecuratordecontes in Marie-Pier Daveluy

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La Tranchée

Poesie

 

Cette voix insistante, pleine de cendres et de saccages, c’est la voix que j’ai. Lorsque je m’insupporte à m’en rendre malade, je pense à vous en qui l’écho se répand comme le murmure d’une femme à emplir de mystères. Une femme intarissable. Vous êtes ma femme et nos enfants, courants, courailleurs, dans la joie des folles descentes et de ses remontées. Comme la crue des eaux lorsque juillet se déverse sur nous la gorge pleine. Alors peut-être entendrais-je ciller dans ma voix les chants d’un oiseau moqueur et tapageur, dont les cris battront grandioses entre les fruits que nous ferons pousser en rêve, grands et forts. La voix que j’ai, c’est tout ce que j’ai. Jusqu’à ce que ses échos s’élèvent ensemble, en vous comme une forêt de noyers, un brin de soleil vers où se tendent les nuages de mes naufrages, un temps, pour s’assécher.

Et cette voix, je vous la donne

 

Texte  : Marie-Pier Daveluy
Image : Gerhard Richter

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La tombée

03 vendredi Avr 2015

Posted by lecuratordecontes in Marie-Pier Daveluy

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La Tranchée

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Laisse cette vieille mort derrière toi, dit-elle. Elle porta ces paroles à sa bouche comme une outre crevant d’être remplie. Pourtant, le monde était ce qu’il devait être, étrange et incongru, comme toujours lorsqu’un événement fortuit, un imprévu providentiel, ouvre les portes d’un royaume improbable. Les lois qui le régissent lui seraient révélées en leur temps. Mais dans la lueur naissante de l’aube, tout lui apparaissait une pâte informe et répugnante, comme la bouillie embryonnaire qu’une chatte aurait sciemment rejetée hors d’elle avant terme. La lumière étirait nonchalamment ses pattes sur les êtres et les choses. De toute évidence, le jour prendrait son temps.

Sur le matelas centenaire aux ressorts éreintés qui, chaque nuit, faisaient office de bible et de legs testamentaire, elle ruminait au gré de pensées discordantes. Les articulations du monde semblaient coincées en une de ces postures à la douleur si foudroyante qu’elle contraint temporairement au silence. Les secondes s’égrenaient en une lenteur impitoyable et le monde demeurait désespérément muet. Chaque expiration plus sourde que la précédente l’immergeait lentement dans une peur sans nom. Le corps, les membres ne répondaient plus. Elle aurait voulu disparaître à même ce matelas où elle avait été conçue, n’être plus qu’une légère virgule qu’on aurait glissée dans un récit par inadvertance.

Les marques tracées au plomb s’effacent toutes avec le temps, pensa-t-elle. C’est ainsi que de fines lignes se mirent à découper l’horizon grisâtre qu’elle apercevrait bientôt du lit à sa fenêtre. Son esprit se rassemblait. Elle tourna doucement la tête. Au loin, de petits rectangles où elle devinait les contours d’immeubles, tous semblables, dans lesquels s’inséraient d’autres rectangles, plus petits encore, qui laissaient présager des fenêtres s’ouvrant sur des intérieurs citadins, où devaient se mouvoir d’hypothétiques vies minuscules.

À cette heure, les gamins devaient déjà s’éveiller, la tête encore tout embrumée de rêves que la grâce de l’âge leur accorde de tisser à même l’aplat du réel. Des montagnes et des mers surgiront bientôt à leurs pieds, puis ils empliront les cuisines d’une faim nouvelle, leurs cris perçants tirant leurs mères de leur sommeil usé, hébétées devant de tels parcours hiératiques tracés à même les pas battants qui dérideront, encore une fois, l’humeur creuse qui sillonne la mappemonde de la banalité humaine. Près des fenêtres, débarquent déjà par centaines de petits Christophe Colomb tout emplis des rêves dorés des Indes, foulant du pied le sol des Amériques comme une terre sainte. Dehors, par-delà le panorama anonyme des panneaux réclames, s’étale en toute candeur la promesse du jour à naître.

 

Hormis ce matelas où elle reposait comme un cadavre en un cercueil fait sur mesure, elle n’avait hérité que de maigres aquarelles, si affadies par le temps qu’elle pouvait à peine y discerner les étendues mates des rebords écornés. Malgré les quelques efforts désespérés d’imagination qu’elle avait fournis pour y entrevoir un semblant de forme, son paternel, aquarelliste amateur plus qu’amateur, avait omis de circonscrire son œuvre à l’intérieur d’un cadre qui en organisait la vision du monde. Elle était issue d’un artiste hors-la-loi, un mécréant des galeries de bas étage, qui l’avait abandonnée à la voracité des mers comme un Jonas ravalé par les flots, esseulé et hoquetant dans la marée bileuse de sa baleine.

Les heures passées remontaient dans sa gorge, âcres et amères. Elle aurait voulu les éjecter, hors d’elle, comme les syllabes chétives dont elle écrasait mensuellement les pattes de mouches contre un blanc de chèque. Chacun de ces sacres contribuables se greffaient les uns aux autres en un chapelet de baptêmes avortés, dont la succession feignait une litanie qui l’emplissait de hauts le cœur. Peut-être était-ce cet écoeurement généralisé, qui depuis les limbes de sa mémoire jusqu’au bout des ongles, la poussa enfin à se lever.

Elle remua d’abord l’index. Pointa timidement vers la porte d’entrée, puis tendit la main, l’étirant soigneusement pour prendre le pouls du vide. Des années de désastres si usées que toutes traces de cendre étaient balayées d’un oubli pur, de celui qui rend toute forme de récit impraticable. Personne n’entrerait plus par cette porte, portant sur lui l’odeur de croissants frais et le regard bleu du matin. Elle n’avait jamais su trouver de succédané à la douceur des traits de l’homme, sa barbe d’adolescent et la force des mâchoires, qui elles seules savaient quels mots articuler, afin qu’un jour de plus, elle se remue du matin au soir, et qu’elle arrive enfin à croire. En quoi exactement, elle n’en savait rien, mais de cela elle était absolument certaine, elle n’avait jamais autant cru.

Ses pas d’alors étaient légers et ses mouvements sûrs, malgré cette tare, ce virus vorace qui avait toujours hanté sa chair, une maladie congénitale peut-être, cette inaptitude à entrevoir la géographie du monde, à dresser une carte à échelle mortelle et légende humaine, avec coefficients d’incertitude, marges d’erreur, et cadre tracé à la mitaine pour faire plus vrai encore. Peut-être n’existe-t-il pas de carte ultime de l’Amérique française ou encore de manuel d’histoire exact, dictant quel peuple avait étouffé lequel et dans quel ordre, et si enfin c’est en écrivant ou en radotant via les râles de nos grands-mères qu’on en arrive à ramasser les miettes de croissants qui traînent, les bouts de gestes qui se rencontrent pour former des mots et des histoires.

 

Peut-être. Mais ce matin-là, pour une raison encore inconnue, elle fut vomie au monde une seconde fois. Or, le désordre qu’affichait son paysage intérieur ne s’apparentait nullement au décor d’une terre sainte. Jadis, peut-être, le pas joyeux de l’homme avait inscrit en sa demeure un parcours imaginaire ponctué de rituels qui lui donnaient sens. D’un ramassis d’artefacts sans dessus dessous, son appartement avait alors pris le sens et les contours d’un lieu habitable, de celui qu’ensemble, ils auraient pu faire leur.

En un avant-midi, il avait fait su faire disparaître les vieux rideaux de velours brun derrière lesquels elle se gardait cloîtrée en permanence, et les avait remplacés par un voile diaphane qui emplissait le salon de lumière. Il aurait voulu s’en débarrasser d’un coup, mais l’idée du voile lui était venue, comme une concession envers la douleur de cette femme qui avait cherché si longtemps à se préserver des aléas de la lumière du monde extérieur.

Elle s’était d’abord sentie épiée, puis frustrée de n’avoir aucun contrôle sur la succession des ombres avec lesquelles elle devrait dorénavant composer. Puis elle fût frappée d’une stupeur qui dura trois jours et trois nuits. Assise sur une chaise berçante à trente degrés de la fenêtre voilée, elle avait observé le mouvement des ombres qui frappaient les objets, se reflétaient sur le plancher et le mur auquel elle faisait face comme un dernier calvaire. Alors, un instant, elle crut déceler au hasard de la découpe, une silhouette étrange, anachronique. La tête hirsute de son paternel, toute empreinte de la démence à la fois banale et terrible qui le mena inexorablement vers un trépas solitaire.

Il avait donné à sa démarche l’allure parfaite du hasard, revendiqué la terre dans une errance qu’il peignait à main levée, sans l’embarras du cadre, affichant par là son dédain quant à toute velléité de représentation. Décidément, le figuratif n’était pas son fort. Ainsi avait-il légué clandestinement au monde de curieux barbouillis qui attestaient d’une existence sans fard, sans éclat, et surtout, sans attachement aucun. Mais en cet instant de révélation quasi photographique, la lumière grilla soudainement l’ombre du père comme un vulgaire cafard, et le mécréant disparut miraculeusement dans le rien dont il s’était entouré pour aller y mourir, exactement comme il avait vécu.

L’ombre du paternel ravalé par les flots, elle était dorénavant libre de refuser le parcours mortifère que lui commandaient le pouls de son sang et sa lignée. Ce virus congénital la rongerait peut-être jusqu’à la moelle. Mais par l’intermédiaire de l’impromptu providentiel qui mena cet homme jusque chez elle, se dessinait désormais un chemin différent, nouveau et incongru. Ce qui l’avait conduit là n’avait plus aucune importance, l’essentiel était qu’il s’y trouvait désormais, transformant peu à peu le chaos environnant en un semblant d’existence. Du coin de l’œil, elle observait les pas de l’homme qui s’affairait à la cuisine, et lentement, elle se laissa aller à goûter l’odeur de l’espresso préparé avec le soin digne d’un sacristain, et celle des croissants frais apportés du dehors.

Dehors et dedans cohabitaient dorénavant dans ce modèle réduit du monde. Était-ce cela qui menait le parcours des hommes de l’aurore au « matin » ? Depuis longtemps, elle ne comprenait plus rien à la division du temps qui marquait le passage des jours jusqu’à former des mois, voire même des années entières. Mais en observant l’homme au regard bleu, elle eut l’impression fugace de ce que cela pouvait être, de vivre, avec l’incertitude qu’implique le mouvement capricieux du monde, hors de l’emprise des spectres que faisaient planer sur sa tête une satanée paire de rideaux en velours brun.

 

Le jour de la disparition, elle n’y avait rien compris, bien qu’au lever elle avait pu flairer l’imminence de la perte, le drame flottant à travers le degré de saturation d’arômes dans l’air. Il n’avait pratiquement rien laissé derrière, hormis l’ordre suspect où reposait dorénavant chaque objet dans une hantise nouvelle, aigüe. Prés du vase qu’il avait pris l’habitude d’emplir chaque matin d’un bouquet de marguerites blanches, une montre était posée sur la table. – 8H AM.

Les aiguilles demeuraient campées sur leur position, marquant l’arrêt du temps, en elle et tout autour, là où les heures semblaient se perdre dans une marée sans espoir de rejoindre la terre ferme. Le capitaine avait quitté le navire, sa montre indiquant l’heure exacte où il y avait mis pied. Sa torpeur baignait désormais dans une inquiétante étrangeté où corps et âme s’embaumaient à travers d’uniques exhalaisons florales. Le décor oscillait dans la pénombre et le doute faisait valser l’ordre du monde. Des murs, suintait une angoisse sans nom.

N’avait-il jamais existé ? Cet amour naissant, les rituels autour desquels il avait construit, pour elle, une vie à venir, n’étaient-ils que l’élucubration d’un mental prêt à tout pour sauver la succession des jours de leur naufrage ? Dans ce cas, qu’en était-il d’elle ? De cette impression soudaine, la précision des gestes, le lever du corps travaillant de l’aurore au crépuscule, de cette tranche de vie, enfin, où pour la première fois un acte de foi l’avait décidée à habiter les jours, à les faire siens.

Ses mémoires dansaient dans l’ombre des spectres découpés en fines rainures près de la lampe de chevet. Puis, soudainement, les murs et les planchers se mirent à tanguer. Elle trouva refuge près de la porte arrière de la cuisine, assise par terre, face à la table. De ce point de vue, elle pouvait observer les entrailles de son appartement chavirer doucement, au gré du doute qui réactivait le génome E., la tare héréditaire qui la condamnerait immanquablement à l’errance et à la disparition.

Si les fantômes nous hantent, les spectres, eux, transitent insidieusement vers la mort dans des corps en dormance, trottant et claudiquant à travers les jours comme des éclopés ayant survécu par hasard ou par pure mégarde au grand débarquement, à l’empreinte du génome E., ou encore à la Seconde Guerre mondiale. Pour ces âmes errantes, l’origine de la catastrophe importe peu. Alors, les limbes n’attendent plus que le regard se vide pour larguer les amarres et s’y installer de façon définitive.

La journée s’annonçait mal, car à voir de près le visage de la jeune femme, on aurait dit que les orbites n’accueillaient plus qu’une paire de déportés en mal d’un pays d’origine qu’ils auraient peine à nommer. En ces jours de disparition à fort potentiel de noyade, l’allure creuse des vieux dictons se couvre d’une musique silencieuse où, dans un moment de délire, hors du monde, se lisent parfois de sages paroles auxquelles l’on doit savoir s’accrocher sous peine de se confondre entier avec les flots du temps rapace qui savent, en un instant, faire d’un corps d’homme une vulgaire carcasse tout juste bonne à nourrir les charognards ou encore les fours crématoires.

L’homme a toujours eu horreur du vide. Elle aurait pu combler l’espace vacant, glaner ici et là quelques restes d’aquarelles pour colmater les brèches du navire, et tirer de ce ramassis de gribouillis douteux l’espoir de maintenir le cap vers quelque terre en vue. Mais elle fixa plutôt son regard sur les pétales blancs et, lentement, se laissa sombrer dans les méandres de l’horizon voilé, vodka en main. Du moins, avait-elle su appliquer cette notion élémentaire de navigation que connaît tout bon marin dans l’imminence de la catastrophe. Un art du camouflage si perfectionné où les corps en dormance se confondent avec les vagues de la tempête.

En cet instant de transe hypnotique où elle ne discernait plus la jointure entre la plante de ses pieds et le plancher, elle tangua jusqu’au cabinet de toilette dans l’espoir fou d’y trouver le remède qui lui permettrait enfin d’entrevoir la terre ferme. Crèmes et cachets contre les crampes les plus diverses, vagues à l’âme et maux de tête exotiques, tout y passa. Entre deux gorgées de vodka, les malaises s’amalgamaient en une lueur étrange au creux du regard qu’elle fixait comme une boussole dans le reflet du miroir. Ses yeux vert émeraude n’étaient plus qu’algues marines au fond de l’océan. La terre entière l’abandonnait. Elle fixa ce corps insolite une dernière fois avant de l’oublier comme un amant déserteur en pleine apocalypse existentielle. Peu lui importait, elle devait s’attacher à la tâche qui l’attendait.

Le génome E., tare congénitale dressée en barrage contre toute tentative de cartographier mers et terres émergées de ce bas-monde, s’étendait désormais à son continent le plus intime. La vie qu’elle avait menée auprès de l’homme bleu n’était plus qu’un mirage, et le corps qui l’avait mené là, une vulgaire épave abandonnée par un équipage découragé depuis belle lurette devant l’absence évidente de tout système de navigation. Il lui fallait mettre un terme à la comédie bancale de cette descendance fichue d’avance. Ce jour-là, même les baleines aux estomacs les plus galvanisés ne sauraient recracher leurs petit Jonas à temps.

 

Elle dénoua la corde qui pendait à tribord, aux côtés du navire, dans les confins de l’armoire où reposaient boulons, perceuses et une ou deux rallonges électriques. Un simple nœud de pêcheur devrait suffire pour s’élever au-dessus de la tempête et éviter la noyade. Elle s’accrocha à la proue du navire, juste au-dessus du bain, où filtrait dans la lumière l’ombre de l’équerre d’acier qui soutenait l’unique ampoule électrique encore en fonction au sein du navire. Afin d’éviter l’électrocution, elle jeta par-dessus bord fusibles 20P et, par souci de précaution, écrasa 20D du talon, ce qui étouffa instantanément le ronronnement des moteurs du réfrigérateur et le grésillement des phares suspendus au plafond. Elle effectuerait le reste des manœuvres à l’aveugle dans un silence quasi mystique. La nuit tomberait pour de bon.

Elle s’entoura de la corde comme une bouée de sauvetage, savamment placée entre les trapèzes et la C3, vertèbre cervicale de choix pour se bricoler une suspension de secours en cas de noyade imminente. Les humeurs alcooliques aidant, elle lâcha du lest avec la grâce d’un peintre du dimanche avant de se laisser tomber en un interminable mouvement ralenti au cours d’un seul plan-séquence, les bras en croix, prête à s’unir au Saint-Esprit ou encore à Rosa Luxembourg.

Dans un grand fracas expiatoire, l’équerre d’acier et ce qui restait du plafond en gypse céda pour s’unir au plancher. Le choc du crâne émit un son creux et sec, digne de la chute théâtrale d’une vieille ancre rouillée qu’on aurait jetée dans la cale d’un navire. À son réveil, la tempête était passée et elle baignait dans l’écume. Elle rama donc en eaux calmes jusqu’au cercueil familial, chaque membre reprenant sa place au sein du moule qui avait jadis été creusé pour lui. Elle ferma les yeux presque instantanément, hoquetant une prière néandertalilenne ponctuée de gémissements qui appelaient la grâce d’un sommeil comateux auquel même la mémoire du génome E. ne saurait résister.

Mais le niveau des mers s’abaissa et les iris vert émeraude perçèrent à travers les sédiments de sels qui les maintenaient aveugles sous les paupières. Le vent filtrait doucement à travers la fenêtre et le voile houspillait de-ci de-là, battant contre les humeurs grisâtres où se prélassait le gâchis du temps. L’aurore se lèverait bientôt sur les êtres et les choses. Elle pointa l’index vers la porte d’entrée et tira les gribouillis du père de sous l’oreiller. Le chaos environnant tremblerait sûrement, mais les heures passèrent et l’ensemble de l’oeuvre de sa lignée tapisserait bientôt chaque mur de l’appartement, éparpillé en autant de cadres entre lesquels elle avait dû errer pour y cartographier la géographie du monde.

Il était huit heures et de fines lignes découpaient l’horizon encore saoulé de brume. Décidément, le jour prenait son temps. Mais elle n’en avait que faire. De petits Christophe Colomb débarquaient déjà par centaines, envahissant les rues du quartier de leurs cris conquérants. Elle les regarderait déambuler depuis le café d’en face. Entre la table de la cuisine et la fenêtre voilée se traçait la légende qui la mènerait sur la route des Indes.

L’Amérique et ses panneaux réclame l’attendaient à la porte d’entrée. Dans l’air flottait une odeur de fleurs séchées et de croissants frais.

 

Texte   : Marie-Pier Daveluy
Image  : Mark Rothko – mural section 3 black on maroon 1959

 

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Les trottoirs de mon enfance (2/2)

19 lundi Jan 2015

Posted by lecuratordecontes in Marie-Pier Daveluy

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La Tranchée

La Tranchée

À la suite des abandons paternel et scientifique, ou scientifique et paternel, dans l’ordre temporel, le paradoxe de la leçon de P. se corsait démesurément. Je suis donc retourné(e) sur le bord du trottoir, afin d’attendre au plus près de la terre, le cul au sol, les quelques explications qui me viendraient peut-être de par le bas. Mais plus le temps passait, plus ma conscience de la foule du malheur congénital enflait. Le jour de mon plaidoyer d’homme à homme semblait relégué aux confins de l’improbable. En désespoir de cause, je réorchestrai l’ordre du monde selon la logique des histoires maternelles, où Bien et Mal régnaient à même l’enflure spirituelle du Catho-New-Age. J’étais constamment sous un œil inquisiteur, que j’interrogeais pour obtenir de par le haut les quelques conseils qui m’étaient devenus inaccessibles de par le bas. Or, si je sais aujourd’hui que mes supérieurs du temps n’étaient que pures chimères, l’histoire du Bien et du Mal, Nietzsche m’en a informée un peu sur le tard. L’aspect « différé » de l’écriture était une dictature de l’indécidable avec laquelle il me faudrait un jour apprendre à mourir et composer. Entre-temps, je me suis reconstruit(e) à partir de la reproduction du garçon manqué que je prenais pour l’original. Celui qui saurait protéger sa mère et se défendre lui-même en cas d’attaques de toutes sortes : Ford Escort, Charles Bovary et « coups de la mort ».

Mes quatre ans virent se brosser le portrait d’un étrange paradoxe, où s’unissent parfois portés par des vents contraires, la vague de solitude et de solidarité qui traverse tout existant. L’hiver de 1986 fût marqué par l’avènement d’un terrible tremblement de terre qui secoua l’Outaouais, toutes fondations confondues. Depuis un sol généralement si tranquille, cinq virgules cinq sur l’échelle de Richter, ça se considère comme un effet de rareté. Pour maman, le choc du phénomène semblait commander quelques évocations divines afin de faire se calmer le grondement de la terre. Sans raison apparente, elle semblait désormais résonner à même l’angoisse d’un drame fondateur, où elle fit un premier violent face à face avec l’incompréhensible et l’inévitable sauvagerie qui marque la vie des hommes. Si elle n’a à peu près aucun souvenir du tragique qui hanta les années de la Seconde Guerre, elle possède toutefois une excellente mémoire de l’hiver 1946. Là, sous les gravats de la campagne maternelle, gît peut-être encore le chien dont elle s’était entichée des accolades et du pelage, qui trouva sa fin prosaïque et nauséabonde, écourtée par son père derrière l’étable familiale, près de l’un des nombreux tas de fumier qui sculptaient le pittoresque des paysages d’alors.

La mémoire s’ancre parfois en des lieux aussi hostiles qu’inopportuns pour le récit auquel nous devrons, plus tard, nous astreindre dans l’humilité. Ainsi en va-t-il de la mort d’Harry et d’un certain tremblement de terre qui, un temps, coexistèrent chez la mère P. En vertu de lois non informelles, où l’impuissant se voit autorisé à invoquer toute forme d’autorité face à la violence absolue, saints et sacro-saints, sens et non-sens, maman prit sur elle le fardeau de m’inclure dans un mouvement chrétien de solidarité spontanée, version « debout-agenouillé ». Entre 1946 et 1986, la cuisine se mouvait au rythme saccadé des fondations qui se heurtaient au pouvoir du surréel, scandant et crissant l’alléluia sur les percussions délirantes de nos portes d’armoire Ikea. Tout contre moi, maman s’agenouillait, et ailleurs dans le monde, papa sacrait.

Lorsqu’ils en ont eu fini, elle et son tremblement de Richter, maman s’est relevée pour redresser le portrait de Marie-Jésus-Joseph qui, avec les événements, avait quelque peu « canté » vers la droite, accroché de tout son poids sur un bout d’amen. Plutôt que debout, Marie nous est alors apparue couchée dans le vide, face au sol, vouant Jésus à une chute aussi drastique qu’inévitable vers les malheurs la terre. Mais maman a eu tôt fait de remettre le tout en place. Ainsi, Marie était de nouveau près de Joseph et de son fils, comme si jamais rien de terrestre n’était survenu pour les séparer. Le geste confirmait à mes yeux qu’ils étaient voués à demeurer la famille parfaite que nous devions contempler debout sur le prélart ou assises sur les chaises de bois de notre cuisine, qui donnait dans l’hétéroclite de l’esthétique des années soixante-dix. À elle seule, notre horloge brune à balancier assumait le rôle d’unifier les divers tons de beige et de jaune crasse qui s’agençaient dans une opération de synthèse périlleuse, en constant mouvement entre les extrêmes.

Malgré les années de présence qui furent débitées au compte de papa pour délits et disparitions en tous genres, nous étions loin de pouvoir aspirer au statut de représentation familiale. Entre nous et l’originale, semblait se loger une dislocation dont même en fermant les yeux, nous ne pouvions entrevoir la profondeur et les bas-fonds. La solitude et l’abandon qui me semblaient régir la vie ici-bas me propulsèrent alors dans les hautes sphères de la charité chrétienne. C’est ainsi que je choisis de joindre à ma pratique de la lévitation un principe de solidarité qui m’engagea sur la voie de l’expansion. Si l’unité perdue se devait d’être restaurée, je devrais me scinder en autant de parties distinctes afin de combler l’écart. C’est à peu près ainsi que la naissance de Pierre s’est passée, quelque part aux abords des trottoirs de la rue du Dôme, lors de l’été 1990. En cherchant à combler l’écart avec l’une de ces représentations qui incarnent un original imaginaire, je suis paradoxalement devenu(e) un original plus qu’original. Eussé-je dû composer avec la fin barbare d’un certain Harry et l’idée de la féminité qui avait cours ici dans les années quarante, je me serais peut-être mise à prier agenouillée moi aussi (ou encore à parler au plus-que-parfait du conditionnel, c’est selon). Mais j’ai choisi d’aborder le délire de front. C’était, je le crois encore aujourd’hui, l’une des façons d’incarner au plus près ce qu’est le devenir homme.

 (Auras-tu jamais été un homme, cher papa ?)

Malgré cette mine du relever que je tente de préserver des amputations qui menacent de toutes parts l’existant, il y a de ces moments où la logique des choses a raison de moi. Je me remets alors à entendre ta voix suspendue au bout du fil. Tu parles un silence parfait, une langueur monotone, butée. Pour meubler l’angoisse du temps stagnant, j’entreprends de longs dialogues avec ta conscience, que je joue « comme si ». Tu m’aurais dit « et si » sans même connaître la suite, j’y aurais cru jusqu’au bout. Peut-être aurais-je été soulagée du poids des années, de ce combat sans fin contre l’illogisme de l’existence, et de ces théories subtiles que j’élabore afin de rendre à tout et n’importe quoi la profondeur exacte et l’origine. De ce combat contre moi-même, enfin, et de ce regard noir qui me pèse comme le bacille de l’ignorance, une angoisse foetale qui file son chemin entre les crachotements, les râles, dans une lourdeur sans nom recroquevillée sur elle-même, soufflant pourtant à l’encontre de l’ordre des choses un cri frêle qui sert de principe fondateur à toute existence : le grand « Non » initial. Une lutte perdue d’avance, mais pour laquelle on existe, on persiste, ni plus ni moins. C’est en ces moments où les forces vitales collaborent que le désaccord transcendantal prend fin, que lentement, petit à petit, ça se libère, ça commence, ça se redresse comme ça peut, la colonne, le torse et les pieds bots, que les épaules s’enhardissent, soulèvent les bras meurtris. Alors voilà qu’on se retrouve soudainement les mains greffées sur des Saint-Lazare, décollant leur cul de leur coin de trottoir attitré, flottant au vent comme des porte-étendards pour tous les crottés, les indignés de ce monde, qui d’un grand coup de majeur, envoient paître le jour du jugement dernier et toutes les origines débiles, imaginaires, qui nous écrasent corps et volontés. Pendant ce temps, l’oreille interne retrouve l’équilibre, la tête cesse de résonner, de bourdonner de tous ces coups de fil malpropres, des existences niées, puis le regard se creuse, s’emplit de noir, quitte la maigre lueur d’espoir crasseuse des prélarts jaunis pour aborder de face le réel délirant et toutes les courbatures que les Charles Bovary de ce monde nous ont imposées. C’est en ces moments d’existence où l’on se rassemble, où l’on se raccommode, que l’on peut enfin planter ses pieds dans un bout de terre que l’on est libre d’appeler chez soi.

Or, certains soirs d’abandon qui ponctuent toute vie d’homme, et que l’on se doit de ne pas méprendre pour une résignation définitive sous peine de causer sa propre perte, il m’arrive encore de me surprendre à écouter les grésillements qui règnent sur notre ligne privée. Parfois, en ces moments de grâce où la mémoire se tisse au petit bonheur des choses, je me vois gratifiée de quelques murmures en langue étrangère. Autrement, j’attends désespérément, suspendu à toi, que cesse ce temps qui ne finit pas de passer. J’attends la note finale, ta grande sortie de ces lambeaux de corps que tu traînes contre l’ultime coup de la mort. Mais les années passent, et je réalise que tu m’as fait le coup foireux de laisser ouvert pour aller courir dans les prés. Ton père à toi t’a fait franchir le pas de la porte à reculons, et par amour pour lui, dans la peine et l’espoir naïf du jeune âge, tu t’es roulé en boule sous la galerie comme un chien galeux, espérant une fois pour toutes un lendemain des portes battantes. Alors, soudainement, dans l’étranglement du silence et la violence des portes closes, tu pars à vau-l’eau, tu démissionnes. Peut-être sais-tu secrètement que ton père n’a même jamais possédé la clé, de celles qui ouvrent les grandes portes des lieux que l’on peut enfin appeler chez soi. Mais tu persistes à courir comme du bétail à peine écorné et la liberté s’effondre sous tes pas comme une Marie abattue au pied de l’échelle de Richter. Très jeune, tu as connu la loi des barreaux, pour ensuite te retrouver confronté à l’enfermement en milieu ouvert où valsent corps et âmes jusqu’à l’asphyxie. Le prix de la fuite condamne parfois à une errance bien chère payée, petit papa.

Et si. Et si l’on imaginait que tu avais accepté de livrer un peu de toi au bout du fil ce jour-là, une fois comme une fois pour toutes, et si tu avais su me prononcer quelques paroles approximatives sur ce qu’est une vie d’homme confronté au non-sens des choses, au coup de la mort qui nous prend un de ces jours sans dire pourquoi, dans les décombres des souvenirs empilés pêle-mêle au milieu des cartons perdus au bout du living room. Et si seulement j’avais compris plus tôt ce qu’est de baigner dans l’oubli pur, libre de tout, et si, par-dessus tout, tu n’avais pas été frappé de cette amnésie du futur qui tue tout en son germe, copie et original confondu.

Si tu savais combien de vies mort-nées nous avons engendrées toi et moi. Mais ici, nous ferons front commun, une fois comme une fois pour toutes. Car lentement, je me rassemble, je m’élève pour te prolonger à travers les vents contraires, le regard suspendu au silence noir des portes closes. J’attends, j’attends à l’autre bout du fil la venue d’un étranger qui saura donner suite à nos récits éventrés. Peut-être arriverons-nous enfin à lire quelques phrases de ces fameux livres à la peau de cuir qui hantent notre salon. J’avais omis de te dire, cher papa, que j’avais enfin trouvé le courage de déloger tes mémoires de leur sacro-sainte bibliothèque. Peut-être me diras-tu que je ne suis pas encore cet homme libre du n’importe quoi qu’il semble falloir incarner pour hériter d’une histoire aussi lourde de poussières du temps. Mais j’ai depuis appris à endurer un peu du silence que renferme la folie des choses, ses points de départ malpropres, et ses récits faits tout entiers d’une langue maternelle muette, mais encore,

Le soleil brille contre la portière blanche
Une femme attend aux abords du trottoir
C’est toi, une folie pure, me dirait-elle
Des traits de marbre, le regard noir

À l’aurore de ta voix, nous attendons, nous plantons nos pieds. Le sol crépite et baragouine en des langues étrangères qui t’ensemencent de mille existences démentes, belles comme une famille élargie. Ensemble, nous attendons, nous tendons les bras. J’ose encore espérer, dans la folle candeur de la croyance, qu’entre crypte et barreaux réside un bout de terre que l’on puisse, un temps, appeler chez soi. Avant que la cavale ne reprenne, que des masques l’automne ne tombe encore une fois.

Il est midi et le soleil brille contre la portière blanche. Mon regard noir valse à l’aurore de ta voix.

Texte : La Tranchée

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