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Archives de Tag: Là où la vie patiente

Là où la vie patiente 15 (fin) : Ligature du tendre

23 mardi Mai 2017

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Là où la vie patiente

anna

La porte de la chambre, dans ce début de nuit va s’ouvrir. Il y a vraiment des heures frappantes. Elle attend que la mère vienne et l’embrasse. Parce que c’est nécessaire, parce qu’elle a besoin de l’entendre lui dire «Dors, je t’attends, je serai là au réveil. Tu peux te reposer, je veille, je t’embrasse et tu le sens bien, que je serai là et que ça m’importe que tu ne t’en ailles pas dans la nuit sans le billet de retour». La mère ouvre la porte. Le sang a coulé, sa fille est désormais du camp des femmes et les femmes sont des êtres menaçants, mettant en danger la réputation des familles, par leur tenue, leur séduction. De leurs appâts. La mère n’aime pas être une femme; elle est, depuis toujours sans doute, dans la honte sale d’en être. Sans doute est-elle effrayée de devoir désormais garantir au monde que cette fille qui est la sienne ne gâchera rien dans le carré de pureté qui lui a été confié. Elle ouvre la porte. La fille tend les bras. Ce baiser si bon qu’elle désire encore plus ce soir, qui lui serait si utile à effacer la peur qu’elle vient de recevoir en héritage et qui coule entre ses cuisses. Ce baiser, qui chaque soir valide les jours et les range propres et heureux dans le tiroir de l’enfance, elle l’attend. La porte bâille, la mère regarde si la fille est couchée, bien ficelée dans sa tunique. Elle reste sur le seuil. «Bonne nuit, tu es trop grande pour un baiser maintenant». Et la porte claque. La mère vient de changer de camp. Elle reste de l’autre côté de la porte; elle n’entre pas, n’entrera jamais plus, par aucune porte. C’est la nuit qui l’embrasse, une nuit épaisse, celle qui réclamera des percées de lune, des soleils lointains, qui hurlera, chienne dans le rêve: l’enfance est finie.

Pendant des nuits encore sans comprendre avant qu’elle n’accepte. Comment faire autrement? Que dire si la porte est fermée, quand le cœur est loin dans des chambres inaccessibles qu’un peu de sang chargé d’obscène a cadenassées? Les nuits deviennent longues, l’œil ouvert, à suivre la trace lumineuse de quelques astres infiniment lointains. Les nuits sans sommeil incrustant en elle une fatigue triste et muette. Parfois elle entend derrière le mur de la pièce, le père qui pleure. Elle ne sait pourquoi, mais ce bruit instille en elle l’angoisse qu’il y a à vivre désormais.

FIN

Texte : Anna Jouy.
Ce texte est le final d’une série de 14 extraits choisis de son livre « Là où la vie patiente », une autobiographie couvrant son enfance, adolescence et la première partie de sa vie d’adulte. Les 14 extraits étaient tous pris du chapitre premier : 
L’enfance. 
Photo : propriété d’Anna Jouy

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Là où la vie patiente 14 : Jeanne

16 mardi Mai 2017

Posted by lecuratordecontes in Anna Jouy

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Là où la vie patiente

anna

Je suis une femme de la campagne, de la terre presque, même si je n’ai été que l’épouse d’un instituteur. Mais je crois qu’elle pense que moi, sa grand-mère, je suis une île. Je la connais bien, bien mieux qu’elle ne l’imagine bien sûr. C’est que moi je ne lui dois rien et elle ne me doit rien non plus. Alors entre nous, c’est léger comme cette brume qu’il y a sur les grands flots. Dans ma solitude de vieille femme, j’aime des choses très simples. Le soleil du matin, le soleil du soir. Mon fauteuil et la vie très reposante de maintenant. Après l’effroyable travail que fut ma vie, cette sorte d’éternelles vacances qu’est la vieillesse est un cadeau dont je remercie le ciel du mieux que je peux. Elle vient me voir, souvent. C’est la seule de mes petits-enfants qui fait ça régulièrement, enfin de cette façon je veux dire, qui me surprend à chaque fois. Je sens bien que quelque chose cloche, mais je ne suis pas une psychologue, c’est juste mon amour pour elle qui fait mal parfois, une brûlure, une sensation de douleur. Elle vient, m’embrasse, nous buvons un thé.

Je lui raconte des bribes de ma vie et je sais qu’elle entend tout ce que je ne dis pas. C’est appréciable quelqu’un qui peut vous entendre, sous les mots. Il y a tant de choses que je voudrais bien dire mais cela ne se fait pas. On doit laisser derrière soi une trace nette et pas ce flou que ça fait si on essaye de se raconter. Je tiens à ce qu’on se souvienne que je fus une belle personne. Alors je raconte des anecdotes, là au moins je ne risque rien, pas grand-chose… Les anecdotes, c’est comme faire des dessins sur le sable de la plage, l’eau vient tout effacer. Et je suis une île. Je lui raconte comme je tente d’échapper à la voracité sexuelle de son grand-père, je ris sous cape. Ça au moins je peux le dire, parce que je sais que c’est amusant. Ce que mon jeu cache, c’est à elle de le découvrir. Je parle de mes enfants, de ceux qui sont morts aussi. Qui se soucie de ces vies portées sans besoin, sans désir et qu’il faut ensuite rendre à la terre avec douleur et résignation? Qui se soucie aussi de savoir combien j’en ai perdu bien avant encore, ces fausses-couches qui me faisaient hurler de bonheur parce qu’elles me sauvaient, quelque temps et me laissaient un avenir moins lourd?

Je ne sais pas pourquoi elle est si tristement elle. Pourquoi avec sa jeunesse et sa beauté singulière, elle couve comme ça des projets de mort et de disparition? Je ne sais pas, mais je tente de lui faire voir comme il y a beaucoup de vies dans une seule vie, comme il n’y a rien d’impossible, même quand on ne l’imagine pas et que le rêve semble s’énuquer contre des murs. Tiens par exemple, cette fois où je m’achète un pantalon, je suis une vieille femme qui s’habille comme un homme, même sa propre mère ne l’ose pas. Et puis mon voyage vers mes fils, là-bas, très loin, toute seule. Je n’ai peur de rien alors pourquoi est-elle si angoissée de vivre? C’est ce que je lui dis. Elle rit, c’est vrai que tout ça, c’est comique. Et quand c’est mon heure, je la vois qui entre dans ma chambre. Je la cherche des yeux. Mes filles pensent que je ne la vois pas. Mais oui, c’est elle, je lui souris. C’est comme ça qu’on va se dire adieu, c’est une bonne façon entre nous deux. Pourquoi parler puisqu’elle lit sous les mots et que ce que je devrais dire ne semble pas vouloir venir. Je soupire, elle sait tout ça. Elle se tient là, parmi mes filles qui ont fait de moi leur statue, leur modèle de droiture. Je voudrais bien les secouer ces dames, leur faire prendre conscience de la vie qu’elles se refusent de vivre vraiment. Je demande où est l’homme? Elles me disent que leur père est mort depuis longtemps. Je me marre, je chasse leur père comme une mouche et je demande: l’autre homme, le vrai, où est-il? Je sais bien qu’en glissant ses mots, je laisse le trouble dans la chambre. Ma petite sourit. Les grandes quant à elles croient que je n’entends rien. L’une annonce péremptoire que mon mari aimait «la chose» et qu’il était bon vivant, prenant le parti du j’en foutre des mâles. L’autre s’offusque, ce ne pouvait être si normal, je suis une femme si dévote et pure, je délire donc… Ça me va de laisser ces deux à leurs certitudes.

Ma petite fille pense simplement que j’ai peut-être bien été aimée, malgré tout. C’est bien ce que je veux lui dire.

Texte : Anna Jouy.
Ce texte est le treizième d’une série de 14 extraits choisis de son livre « Là où la vie patiente », une autobiographie couvrant son enfance, adolescence et la première partie de sa vie d’adulte. Les 14 extraits étaient tous pris du chapitre premier : 
L’enfance. 
Photo : propriété d’Anna Jouy

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Là où la vie patiente 13 : le père

09 mardi Mai 2017

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Là où la vie patiente

 

anna

Être père est peut-être bien la seule affaire dans laquelle je ne me suis pas senti particulièrement compétent, moi non plus. Je connais la théorie, mais en fait je suis d’une génération qui ne vit pas la paternité comme un sacerdoce. J’ai été élevé dans l’idée d’une vie dure, dans l’idée d’une vie d’efforts. Le plaisir d’être ensemble, en famille, je le ressens profondément, mais entre le cœur qui bat et la tête qui pense, les chemins sont en friche. Je les vois se faire, j’en devine les lignes. Je vois que ça serpente et même, gentiment parfois, ça m’atteint. J’y pense.

J’apprécie d’avoir des enfants, j’apprécie qu’ils soient beaux et intelligents. J’apprécie qu’ils m’apportent le réconfort de n’être plus vraiment de ma propre famille, mais d’en avoir créé une, nouvelle, différente. J’ai planté mes souches ailleurs et ces mômes, ce sont les racines de l’arbre neuf que je me fais. Je suis remonté loin dans le temps pour savoir d’où je venais. C’est un long travail que de rechercher ses ancêtres, et c’est une chose essentielle que de le faire quand on sait qu’on va drageonner ailleurs, dans une autre terre, extirper sa lignée du vieil arbre qui meurt et refaire son verger.

Mes enfants, c’est une essence arrachée à la morbidité. Chacun, autant qu’il peut, est ma raison de planter, de semer et travailler ma propre terre. Je rends autour le sol meuble, adéquat. Je laboure et herse, j’engraisse le terrain, comme le paysan que je reste. Et là, dans cette tourbe riche du passé, de mes connaissances, de tout ce que j’ai arraché à l’ignorance, j’espère qu’ils vont grandir et croitre. C’est un travail énorme, qui me prend tout mon temps, ma concentration. Je regarde de loin mes rejetons prendre force et se développer et je poursuis. Je ne veux pas que cela rate ou s’étiole. Ce serait une trop lourde perte. Il faut qu’ils soient parfaits. Je veux dire simplement qu’ils soient meilleurs, plus vigoureux que leurs ancêtres. Je ne me préoccupe pas d’amour. Leur mère le fait. Elle me détaille le soir, les étapes de cette croissance et me dit que chacun d’eux est fort et beau. Et moi, le père je crois être heureux. Je compte sur mes fils pour le nom qu’ils portent et sur mes filles pour la douceur qui manque vraiment. Ce n’est bien sûr pas aussi simple. Pas aussi sinistrement organisé et agencé dans mon crâne. Ce n’est que la trame inconsciente qui me fait agir. Je sais que mes enfants sont fiers de moi, fiers de mon ouvrage de géant. Ce que je fais les étonne et ils m’admirent, aussi parce que partout je suis un homme apprécié. Je sais qu’ils me redoutent aussi pour ça, pour mon obstination intraitable, tous un peu. Elle, un peu moins que les autres.

Elle ne dit pas grand-chose en fait. Elle vit dans un monde inabordable. Elle me rappelle d’où je viens. En la voyant, je songe à ma mère, cette femme petite et têtue qui tenait son monde à bout de bras. Peut-être que dans cet amour filial qu’elle cultive pour moi, j’essaie de retrouver d’où je viens. Je retourne vers mon frère et mes sœurs, qui me blessent et me repoussent, effroyablement jaloux que je sois un homme qui a osé se faire. Ma fille me raconte une autre vie. Quand elle écrit, elle vient vers moi avec ses mots. Je veux bien. Je pense souvent qu’elle me comprendra, à l’avenir. Elle écoute. Je devrais lui dire qu’elle est belle. Je ne sais pas lui parler. C’est bien comme ça, je pense. Elle peut-être pas.

 

Texte : Anna Jouy.
Ce texte est le douzième d’une série de 14 extraits choisis de son livre « Là où la vie patiente », une autobiographie couvrant son enfance, adolescence et la première partie de sa vie d’adulte. Les 14 extraits étaient tous pris du chapitre premier : 
L’enfance. 
Photo : propriété d’Anna Jouy

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Là où la vie patiente 12 : la mère

02 mardi Mai 2017

Posted by lecuratordecontes in Anna Jouy

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Là où la vie patiente

anna

Je suis la mère. Cette fille m’a toujours culpabilisée. Je ne me suis jamais vraiment sentie comprise et je ne l’ai sans doute jamais comprise, elle non plus. Deux mondes. Être sa mère m’a paru au-delà de mes moyens, assez vite. J’ai eu de la peine à accepter l’amour de son père, peine à accepter les affaires du corps. Donc si j’avais pu mettre au monde des enfants comme une Sainte Vierge, franchement ça m’aurait bien été. Tout ça, c’était sale, et même avec ce que j’ai appris petit à petit, tout en moi refuse encore et toujours cette chose obscène qu’est le sexe.

Je n’ai pas nourri mes enfants, aucun. L’idée m’en était insupportable. Non pas que je sois, quelque part que ce soit, une mauvaise mère ou une mère incompétente, mais je fais avec ce qui m’a été laissé, mon propre héritage. Je ne suis jamais arrivée à penser que quelque chose devait être rejeté de mon éducation, qu’il me fallait me guérir des marques que m’ont laissées mes parents. Elle, ma fille, j’ai tout de suite compris que rien ne la ferait plier et qu’elle, elle n’allait pas se laisser embourber, comme moi je me suis laissée sacrifier. C’est dur de voir que quelqu’un va avoir une meilleure vie que soi, que quelqu’un va peut-être avoir le courage qu’on aurait voulu… J’ai compris que ma fille n’allait pas suivre ma voie et que ma voix, elle n’allait pas l’entendre non plus.

Très rapidement, en fait dès qu’elle a été une femme, ça a commencé à se tendre entre nous. Je pense que je voulais alors qu’elle ressente ce que je ressentais ou qu’elle me comprenne, ou qu’elle soit comme moi. Peut-être voulais-je qu’on soit deux, face à ces hommes? Je n’ai pas réfléchi, je ne me suis pas dit qu’elle pouvait vivre mieux. Non, je n’y ai pas réfléchi. J’ai fait comme j’ai appris, comme j’ai entendu qu’il fallait faire de ma mère et puis des nonnes chez lesquelles j’ai été placée. Là, ils m’ont tous bien marquée, et bien serrée et bien contrainte… Que pouvais-je donner de différent à mon enfant? Que pouvais-je dire d’autre? En fait, je n’avais qu’un seul moyen pour lui laisser une chance: c’était de me taire, de ne rien dire, rester une tombe, muette.

Elle exige de moi quelque chose que je n’ai pas, qui n’est pas dans mes moyens. Je n’ai jamais pu la surprendre à n’être pas droite. Elle a une sorte de liberté ou alors de pureté qui m’est difficile à supporter. Ou faut-il dire plutôt assoiffée de justice? Enfin je n’ai jamais trouvé en elle ce genre de choses qui laisseraient entendre qu’il y a de la duplicité ou un arrière-fond, une arrière-pensée. Moi, je ne suis pas exactement comme elle. Je pense au mal avant toute chose. J’ai été élevée comme ça dans la méfiance du mal, sans arrêt sur mes gardes. Je n’aime pas la chair, j’en ai honte, et je me sens envahie d’idées qui m’apparaissent aussitôt me conduire au péché. Parce que sans doute ma propre mère en a trop souffert. Enceinte sans fin, je la voyais pleine et misérablement tenter de se réapproprier son pauvre corps. Elle, toujours enceinte, et mon père qui nous oblige tous, sa femme aussi, à s’agenouiller et se courber de contrition devant un dieu morbide pour implorer le pardon pour nos pensées impures. Un homme qui n’interroge pas son amour des autres. Il prie, donc il est un homme pieux. Il croit, alors il est un pratiquant. Et moi je suis comme tous les enfants, j’aime aveuglément mes parents. Pourtant je refuse mon corps, parce que cette sorte de souffrance que je perçois entre eux, je ne la veux pas pour moi. J’ai toujours espéré rester dans une zone évanescente où il suffit de prier, de penser simplement à aimer afin que ça demeure propre et net et saint. Alors je ne veux pas me confronter à ma fille, avec son esprit que je ne peux ni modeler ni subordonner. Je reste loin d’elle. Je l’observe, je l’épie. Je suis ses affaires. Je fouille aussi mais je garde le silence, ce silence qui seul peut la laisser libre. N’est-ce pas une preuve d’amour?

Elle a reçu l’autre jour un paquet. De quoi s’agit-il? Un paquet pas bien lourd ou grand. Sur sa figure, une sorte de lueur inadmissible, une joie à laquelle je ne peux prendre part. J’ai trouvé l’objet, une réponse pour quelques poèmes, qui sont ce qu’ils sont. Ça l’encourage et moi ça m’éteint. En même temps, il y a son journal. Elle y dit des choses. J’ai envie de crier, de lui jeter tout ça au visage. D’ailleurs, je le fais, je ne peux pas accepter. Qu’elle ne me montre jamais que ce sera mieux pour elle, qu’elle le garde, qu’elle ne me laisse jamais entendre qu’elle aime, qu’elle est amoureuse ou aimée. Qu’elle me rende mon silence pièce par pièce. C’est le pacte, le prix du pacte entre nous deux.

N’être personne, n’est-ce pas notre rôle? C’est que j’ai appris, c’est cette modestie des femmes: être de l’ombre. Dieu, parait-il, aime les servantes. Et j’ai cette volonté de servir. Lorsque je l’ai vue tenter un autre emploi, je l’ai enviée peut-être et puis je n’ai pu l’admettre. Je ne trouve aucune raison de m’opposer à cette libération, je n’ai aucun argument que celui de ce qui a pesé sur moi toujours et qui a guidé ma propre vie. Je suis comme ces femmes qu’on tient sous le joug et qui deviennent les meilleures gardiennes des volontés masculines, des gardes-chiourme, promptes à exciser leurs filles, à charcuter leurs chairs, à les étouffer sous des voiles. Je garde la tradition et ma fille ne peut vraiment vivre autrement, sans que je ne trahisse, sans que je ne me trahisse.

Oui, je suis le silence, je le garde. Je ne veux pas ajouter au pesant de ma vie, cette lourdeur de lutter contre elle. Je ne veux ni lui expliquer ni la contraindre. Me taire c’est ma manière à moi de couper court. Je m’enferme dans mon silence, qu’elle y prenne ce qu’elle peut ou veut. Je prierai que son chemin soit droit et je réclamerai dans le secret de ma pensée qu’un jour elle puisse comprendre que ma faute n’est pas une faute, que ma loyauté face à ma propre vie, face à mes propres parents ne peut souffrir aucune autre manière d’être. Je suis moi aussi une femme juste.

Ainsi quand je la vois se battre contre ce qui l’oppresse, quand je la vois souffrir du mépris qu’il y a pour les femmes, je me tais. Sinon ne devrais-je pas alors me battre aussi pour moi-même, ne devrais-je pas aussi me révolter, sortir de mes gonds? Et je ne peux être rien d’autre que cet effacement constant, que l’ombre qui lave, nettoie et range les affaires des autres. Elle ne fera pas ça, ou alors le fera. Mais je lui laisse le choix. Je fais partie du silence. C’est notre point commun, notre ligne de touche. Elle doit se taire et moi avec. Nous sommes de ce même territoire, une zone dépouillée de nous-mêmes, nous sommes de ces êtres éternellement voués à ne jamais entrer vraiment dans leur propre vie, comme l’ont été les esclaves autrefois, comme le sont tant de femmes encore. Nous partageons ça ma fille et moi, la bouche close sous le poids de leurs attentes, sous les demandes, sous le labeur qu’on est censé accomplir. On est de cet endroit qui ne pense pas, qui n’a rien de profond. Qui est le linceul agité de nos âmes. Bien sûr qu’ils nous disent toujours que c’est faux, que nous sommes importantes, que notre avis compte, mais s’il compte ils nous l’arrachent pour le mettre à leur nom. Ils se l’approprient pour le faire leur et alors nous retournons dans cette ombre qui la nôtre. Nous sommes cette grisaille naturelle qui rampe à leur pied. Ils ont de nous l’idée qu’on leur appartient, que l’amour que l’on ressent n’existe qu’assorti de gestes, de courbettes, de servitudes. Je suis du même silence qu’elle. Je le sais, je connais sa souffrance, même si je me refuse de lui donner un nom. J’aimerais tant qu’elle s’éloigne de moi et devienne. Qu’elle s’arrache à tout ça… Mais ce serait la perdre sans doute ou me perdre pareillement. Je suis dans le piège, dans ces pièges mortels où seule l’immobilité permet de rester en vie. De rester ensemble.

 

Texte : Anna Jouy.
Ce texte est le onzième d’une série de 14 extraits choisis de son livre « Là où la vie patiente », une autobiographie couvrant son enfance, adolescence et la première partie de sa vie d’adulte. Les 14 extraits étaient tous pris du chapitre premier : 
L’enfance. 
Photo : propriété d’Anna Jouy

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Là où la vie patiente 11 : Rituel

25 mardi Avr 2017

Posted by lecuratordecontes in Anna Jouy

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Là où la vie patiente

anna

L’histoire, on la lui réclame. Ne pas s’endormir sans qu’elle raconte. Il faut parler le soir, quand vient l’heure de quitter ce monde clair pour cet autre, que personne ne peut apercevoir ou comprendre et où chacun s’en va solitaire et démuni. Il faut qu’elle raconte, qu’elle se raconte. Comme si l’histoire pouvait tresser un pont acceptable entre les fables de la lumière et celles de la nuit. Comme s’il fallait cet entre-deux de mots inventés et murmurés, entre les lucides devoirs du jour et les inquiétantes libertés du rêve, pour qu’on ose s’y abandonner. Dans le lit, ouvrir les yeux de l’intérieur, ceux qui percent le sombre de la chambre et y voir passer des gens, des êtres formidables, magnifiques, des paysages, de la vie qui blesse beaucoup et puis enfin de la vie qui rend heureux. De l’amour toujours… Bien sûr qu’ils sont pour elle, ces hommes, ces preux, ces héros qui surgissent du plafond. Bien sûr qu’ils l’attendent et qu’ils sont secrets et qu’ils ont besoin d’elle, que depuis longtemps ils la cherchent et que rien, ni personne n’ont réussi à les satisfaire, jusqu’à ce moment de l’histoire où elle apparait enfin. Elle, qu’on choisit, qui est mieux qu’un trésor, mieux que la beauté, meilleure puisque ce qu’elle cache est infiniment précieux et important. Et les derniers mots de l’histoire, les garder toujours entre ses dents, ne jamais les dire. Car ce qui doit advenir est inavouable et que s’il lui venait le malheur de le prononcer, il y aurait quelqu’un pour le saccager.

Nourrir ainsi la nuit de fables, de fiancés disparus, de chaumières tristes, d’animaux abandonnés ou malades. Nourrir ainsi la nuit d’attentes qui se lamentent, de l’espérance d’un temps qui passe vite. Détailler l’énigme en épisodes macabres ou pesants. Et puis, soudain déchirer le voile qui grise le pays et les cœurs. Révéler un secret, faire surgir un coup de chance, trancher dans le malheur et faire éclore la joie, le bonheur, le repos enfin. Le même qui a attendu d’être livré dans l’histoire avant qu’elle ne s’endorme et se laisse ravir.

Et les jours reviennent et les nuits. L’univers est fait de devoirs à faire et de contes à inventer sans fin. Elle le sait déjà, la vie est meilleure quand c’est elle qui la dit. Elle le sait déjà, jamais ce ne sera à bonne hauteur du songe. Et plus elle grandit, plus il faut le soir, fendre le noir du plafond pour supporter ce qui déçoit et rend les heures lourdes et ennuyeuses. Jamais donc elle ne saura demeurer dans les mondes autres, toujours il est convenu qu’elle revienne. La tristesse est infiniment croissante; les histoires ne gagnent jamais contre les assauts du vivre ordinaire.

Texte : Anna Jouy. Ce texte est le dixième d’une série de 14 extraits choisis de son livre « Là où la vie patiente », une autobiographie couvrant son enfance, adolescence et la première partie de sa vie d’adulte. Les 14 extraits étaient tous pris du chapitre premier : L’enfance. 
Photo : propriété d’Anna Jouy

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