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ce serait - 49 - la grâce

Ce serait dans une rue qui fardait de merveilleux le gris du jour, une envolée arrêtée, hésitante.

Ce seraient des paquerettes devenues silhouette, du tulle devenu danse.

Ce serait une clarté, une jeunesse, qui surviendrait,

qui hésiterait sur le seuil de la ville, des passants plongés dans leurs soucis, de la maussaderie de nos jours,

dressée sur une pointe, figée une seconde,

nimbée d’une douce lumière d’or rose,

prête à s’élancer, à cueillir une lumière, à retomber avec un entrechas,

à courir, s’arrêter pour un passepied sur les pavés usés,

à repartir en une danse improvisée, à dessiner avec ses pieds, ses bras et son corps souple, une guirlande de joie.

Et les passants souriraient, leur pas glisserait un peu, se nourrirait de musique, les dos se redresseraient, les épaules s’élargiraient, les ventres rentreraient, les fesses se feraient mouvements gracieux.

Deux petits enfants débouchant du parking enlèveraient leur doigt de leur bouche béante.

Une fille chanterait. Les cartons sauteraient entre les bras des livreurs. Un coin de ciel bleu percerait les nuages pour regarder.

Les nouvelles entendues à la radio, les corvées du jour s’évanouiraient.

Un temps, juste un temps.

Et puis tout repartirait.

 

Texte et photo : Brigitte Celerier