Au ras du miroir
L’oiseau maigre et noir
Et tout en long
S’étire et frise l’eau sale
Où des canettes
D’aluminium
Flottent
Encore
En épaves
Vidées
Voilées
Tordues
De passions grises
Et d’abandons
Aussi mièvres
Que cette bière batave
Écœurante et douceâtre
Que l’on vend partout
A grand refrain de vieil air pop
Au charme rabattu

Ce philtre qui pleure encore
La chute
De reins
D’une fille sur la table
Seins en avant
Et Croupe en l’air
Qui vient te servir un bock

Ce philtre qui pleure encore

It takes
Every kind of people
To make what life’s about
Every kind of people
To make the world go’ round
Every kind of people

Ça fait des siècles
Que ça s’entête

Et que ça tourne
Et se renverse

Pont de Crimée
Ça fait des siècles
Que toutes sortes de gens
Mal aimables
Jettent leurs restes
Indigérables
Leur merde
Dans le canal

Au ras du miroir
L’oiseau se fâche
Il a la haine
Il n’est pas d’humeur
Tiède
Pas d’humeur
A souffrir
Les frêles esquifs flottants
Du brasseur
Hollandais
Sur ses platebandes
Ce soir
Il n’est pas d’humeur
Européenne

Il pense et agit comme une lame
Il pense : déchiquetons
Il pense : déchirons
Il pense : éventrons les canettes
Avalons l’étiquette
La marque verte et blanche de mièvrerie
Molle de consensus envasé

L’oiseau noir
Quant à lui
Est amateur
De Mort Subite

Texte : Eric Macé