Dès le texte introductif le ton est donné, le projet est posé. Dans toute sa dureté et sa beauté. Cette « tentative de réponse » à l’inéluctable s’ouvre sur le désir, comme sur la saison des possibles où l’intensité charnelle atteint son paroxysme. Jusqu’aux frontières de la vieillesse, où l’amour, en « futur anticipé », a triomphé du temps.


Puis vient le constat d’un corps qui se délite, mais qui se transforme en territoire poétique. Où le corps s’appréhende alors comme un mouvement. La lucidité du regard porté sur les effets de ce mouvement répond à la sensualité brûlante des premiers textes, comme un écho sublime et terrible.


Un élan presque sublimatoire, qui se traduit par une écriture à la justesse renversante, à la densité rare. La façon dont Carol Delage construit son texte, du désir au vieillir, éclaire une architecture précise et réfléchie. Projetée dans un geste littéraire à l’exceptionnelle portée, où la vie et la mort finissent par se confondre.

Yan Kouton

Extraits

« Un triomphe tout tremblant
Des alouettes en mal de printemps
Le tracé de la fêlure
Et puis le frimas dans la chevelure.
Des sillons lacrymaux
Des promesses en lambeaux
Des gestes au ralenti
La lueur du petit matin évanoui. »

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Entre ciel
Et eau
Bout de chair
Île flottante
Entre deux plis
de peau
Terrain de jeu
Pour bonheurs
Apicaux
Et qui
Fertilisé
De ses eaux
Brille
Comme une étoile
Quand se frôlent
Les peaux

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Jusqu’à la lie – Recueil de Carol Delage – Editions QazaQ – ISBN : 978-2-492483-55-4