Ce matin, la poussière des noceurs fouette la rue jusqu’au sang
Les Népalais indifférents commencent leurs ablutions
Toute cette sueur qui rejoint le fleuve aux couleurs délavées
Quand au-dessus des fils électriques
Des nappes se déploient dans les cieux en l’honneur d’un buffet sacré
Chacun y va alors de son offrande
Et compte ses grains de riz en recomptant d’abord les siens
Au grand désespoir des chiens crevés dont le plus féroce ressuscite soudain
Et plante ses crocs de Cerbère, emportant sa maigre portion de vie
Et là, dans la fumée du haschich à l’odeur méphitique
J’hume la cendre des envolés, des visages striés de rides, sourires de bronzes dorés
Tous porteurs de père en fils et tous des sacrifiés
Au coin de la rue, des hippies sur le retour narguent l’Himalaya
Ils parlent de s’envoyer des bières au sommet
De copuler dans les neiges des selfies

Conspiration du réel, Unicité, 2022