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~ refuge pour les dépaysés

Les Cosaques des Frontières

Archives de Catégorie: Jean-Claude Bourdet

Le Lointain – Extrait du recueil de Jean-Claude Bourdet publié dans la collection Les plaquettes de la Revue A L’INDEX

10 vendredi Mar 2023

Posted by ykouton in Jean-Claude Bourdet

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Je rêve d’une colline de potiers,
dans les grottes d’ombre, les alandiers
côtoient des palais blancs, erratiques
vaisseaux irrigués par les embruns d’ouest ;
en aplomb du petit port sardinier,
les goélands rasent les grands bateaux,
au gré des alizés, ils dessinent
des arabesques sur les eaux grasses,
bercés par le brouhaha guttural
d’une foule bariolée de marins.

j’imagine les lumières blafardes
une grande salle d’accouchement
la sage-femme crie dans un halo
poussez poussez encore le voilà,
la jeune mère sombre dans l’absence.
Son homme, empêtré dans ses longs bras
a un mouvement d’attrait répulsion,
sourit : il est né le divin enfant
dans le temps où enfant de chœur là-bas
et le curé là où elle est présente
  
Une lui prend déjà cette chose-là
dégoulinante d’humeur s’époumone
à vivre à faire entrer le souffle,
là où il se trouve désormais ici,
d’où il écrit, il les voit tous les trois
désormais là-bas ils ne sont plus deux
éveille toi dit son esprit il est
vous-là qui au soleil il est bien né
sortit du ventre d’où il déployait
force à coup de pieds d’épuisements
 
 Dans la maison laiteuse, elle oublie
voulez vous le prendre ? dit une autre,
après ! cette odeur si amère ?
c’est son lait il colle asséché
tiens une mouette non c’est lui
il crie je dors laissez-moi rêver
il faut le changer là venez, venez !
je veux mon cours élémentaire deux
je veux tes mains sur mes cheveux
la fragrance des épices du marché
 
 Ce matin, comme hier, à sept heures
la Voix des Arabes parle d’Asfi
si près d’al-Andalus, oh mon regret,
forêt de chênes,  amer de marins,
les haubans du port chantent, mélodie
connue de Pline l’Ancien, des Izran
au guembri ; une brise fait frémir
les arganiers , ravi ma jeune âme
dans les rets d’anciens rêves d’Araziq,
de flambeau et de repos phéniciens
  
A l’heure des philosophes et des poètes
je le lui ai dit je l’ai entendu
tu me fait mal, ma sœur comment fais-tu ?
te souviens-tu ? as-tu pleuré ? ressenti
ce vide là dans le ventre au creux ?
la peau de ses fossettes se plisse
son regard plonge dans mes yeux,
je vois mon visage c’est ta maman
la bête dans mes jambes endormie
déploie désormais ses ailes à la vie
  
Le Gnaoua éclaire l’air du matin
dispense les nouvelles du petit
les chouwafates, arrivé jadis
de Mogador avec leur maâlem,
libèrent les âmes et les esprits
enveloppent son corps des sept couleurs
clament son joli nom sur les hauteurs
de terres perdues noires à l’envie
que plus d’un regrettent secrètement
fermés dans l’amertume du passé
 
 Quand viendras-tu voir sa chair rose hurlante
aux parfums d’extase solipsiste branlante
sur sa haute couche duveteuse il se trémousse
vermisseau royal en attente de ses couches.
Et de ce corps avachi d’où la vie est sortie
prendras-tu le soin d’en jouir à l’envie
sauras-tu en faire reluire la beauté absente
désormais dévolue à l’infans qui le hante.
Je me souviens de la blanche et douce Casa
tout au début après mon Sarlat et ses lilas
  
Dans l’Écho du Maroc apporté par M. ce matin
un article dit que le cheik Abi Mohammed Salih
Almagri fit construire la Zaouia, elle surplombe
fière les blanches falaises, qui porte l’étude
en une extase aérienne de sensibilité Soufiste.
La vie terrestre de cet exégète de la sunna Allah
infatigable défenseur des Hadiths et des croyants –
il est dit que son nom – à Safi associé à jamais-
irrigua les esprits d’un peuple, à l’écoute du Saint,
s’adonnant à la twiza et certains à la Ttib nabawi
 
 Je rêve d’une colline de potiers
en aplomb d’un petit port sardinier
les reflets bleutés de l’argile des grottes
peignent d’une nostalgie salée
les murs blancs délavés des palais ;
soupirail de misères, des vaisseaux
chargés de haschisch venus du Mali
flottent sur les eaux huileuses de midi
épuisé, l’odeur âcre des embruns
se mêle à un brouhaha guttural.
 

******

« Le lointain », accompagné de six peintures de Ly-Thanh Huê, est publié dans la collection Les plaquettes de la Revue A L’INDEX de Jean-Claude Tardif. Jean-Claude Bourdet nous présente le travail de Ly-Thanh Huê :

Ly-Thanh Huê est originaire des bords du Mékong, elle vit sur les bords de la Loire. Dans un petit livre carré : Entre Loire et Mékong, paru aux éditions du Petit Pavé, Huê nous livre un regard simple et poétique sur son histoire entre les deux fleuves majestueux.

Ly-Thanh Huê est psychiatre, psychanalyste, docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse ; elle est aussi peintre, poète, autrice de nouvelles. Huê explore les routes complexes du sujet, elle parcourt les chemins de l’altérité lorsque l’autre devient étranger.

Son regard rencontre Le lointain qui se meut sans complexe dans le cœur tendre d’un poème.

J’ai souhaité que ses tableaux accompagnent mon poème comme les nuages se réfléchissent dans le miroir des fleuves. Seul le regard du passant peut en saisir l’instant et en interpréter le sens. Et, méditant sur les rives du courant de la pensée, se laisser bercer par les rêves et les rêveries qui se substituent, un temps, aux souvenirs et à la mémoire.

Les tableaux de Ly-Thanh Huê ne sont pas une simple illustration du poème, ils ont été peints bien avant la genèse du texte, mais ils raisonnent avec lui en termes de signifiant de symbole et de quête. 

Le poème est une tentative de reconstitution d’une origine perdue, il est à la fois un roman des origines et un rêve comme le répète le refrain. 

Il me semble que c’est le travail poétique – pictural pour l’artiste peintre que j’imagine inspirée par l’eau, la nature, la mémoire – qui me permet de reconstituer, sous la forme de ce poème, une histoire oubliée, sauf dans une mythologie familiale qui en demeure le premier véhicule narratif.

Ly-Thanh Huê, Le réveil en tous ses états, une approche clinique et littéraire, L’Harmattan, 2010.

Le site « Les cosaques des frontières », accueille des nouvelles de Ly-Thanh Huê sous son nom de plume : lanlanhue.

Ly-Thanh-Huê

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Calme

23 mardi Août 2022

Posted by ykouton in Jean-Claude Bourdet

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Calme c’est ce qui fut dit

Quelques jours après la douceur d’une peau

Après le soulagement et l’euphorie de la joie

Après avoir passé les tests et avoir essayé le mammelon

Après l’avoir refusé

Après l’avoir cru soudé à sa cavité

Après, après

Elle ne dit rien, rien de ses cauchemars                                         

Rien de cette obsédante pensée

Rien de cette profonde aversion

Rien de sa douleur au creux de son perinée tranché

Rien de la douleur encore

De la douleur encore

Vriée, c’est le mot qui fut là

Elle n’osait pas penser la pensée qui gravitait en orbite autour de son front

Rien, rien pourquoi JE n’éprouve rien de LUI

Pourquoi et les milliards d’autres questions

Et LUI qui ne me regarde jamais

JE ne suis pas un granit froid

JE sais que je PEUX/DOIS ressentit de LUI

RIEN RIEN RIEN RIEN

Pas le moindre frisson de dégout

Pas la jouissace que mes tétons savent produire

Pas le moindre frémissement d’érotisme complaisant d’une maman au sein offert à la vision de l’univers

RIEN RIEN RIEN RIEN

Je les ai vues ces femmes arcenciel en extase sous les coups de butoir de leur avidité

RIEN RIEN RIEN RIEN

Je fais semblant sourire rire même

plaisanter câliner toucher changer faire téter

Alors et seulement le miel jaillira de tous les seins

Alors et seulement sa mains dans la mienne

Alors et seulement son regard noir rivé au mien

Alors et seulement la lune et le soleil enfins unis

Dans un cri déchirant de clareté s’éléve l’âme enfin née

La vache et le cheval rouge sur deux strates

Au levant et au couchant profonde cavité

Affolés par les trois cerfs furtifs et désolés

Et le                  colore la terre

Et le sel tâche le lin

Et le sol suspendu au firmament

Ventre avertit d’un seul taureau

Lascaux factice rétabli dans sa lignée

Ocre rouge brun mare mer mère

mythologie intemporelle cercle continuel

éternels migrants vous êtes sur votre terre

vos noires embarcations sombrent entre deux eaux

avilies par le profit et l’avidité

d’un nouveau commerce de peu de vie

sans courage, vil vil vil

ouvrez les bras de l’Europe, brisez les murs honteux de la peur

de la haine et du mépris

Ah dieu des mers, Ah dieu des vagabons et des étincelles

Laissez les nuées guider vos pas

Les Walkiries sublimer vos ardeurs

Jamais ne baissez les bras

Forcez les portes de l’enfer

Je serais là les bras ouverts

Eperdu d’amour le rire aux lèvres et le cœur saillant

Pour écrire votre odyssée, Ulysses de la modernité.

Texte/Illustration : Jean-Claude Bourdet

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Présentation de « dans le champ de la pensée et du songe, le pommier rouge » aux Editions Az’Art – Vidéo Jean-Claude Bourdet

04 lundi Juil 2022

Posted by ykouton in Jean-Claude Bourdet

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Jean-Claude Bourdet nous fait le plaisir de pouvoir diffuser la vidéo de présentation de son recueil paru aux Editions Az’Art.

Captation, réalisation et montage : Euclide production, Jonathan Bouanani.

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Quand tout est fini

25 lundi Avr 2022

Posted by ykouton in Jean-Claude Bourdet

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Quand tout est fini

Il ne reste que l’écume

De vaguelettes en cercles

Excentriques.

Quand tout s’achève

Que reste-t-il ?

Un visage, une mèche

Une ombre, une esquisse

Sourire

            Timbre

                        Oscillation

Une voix

                        Cassante

Vive

Ondoyée.

Drapé caressé par le vent

Mouvement.

Le geste démentait avec autorité

Violence même

L’état d’invalidité qui l’affectait

La fragilité qu’elle avait fait sienne.

Texte/Illustration : Jean-Claude Bourdet

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Le Crissement

23 mercredi Fév 2022

Posted by ykouton in Jean-Claude Bourdet

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Ce jeudi de janvier 1962, la quatre chevaux grise cahotait sur le chemin qui montait au château. Assis à l’arrière je voyais défiler les frondaisons des châtaigniers et des sapins qui longeaient les fossés envahis de fougères. Le père conduisait agrippé au volant de plastique dur. Les ingénieurs avaient certainement considéré que le peuple laborieux n’avait pas besoin d’assistance, la conduite nécessitait une force et une attention qui rendait toute conversation inutile durant l’ascension. Il m’emmenait parfois dans ses tournées qui le conduisaient sur les petites routes de ce pays, devenu depuis, la communauté des communes de l’Isle-Loue-Auvezère, au nord-est du Périgord vert. Mes souvenirs sont, comme toujours, fragmentés en une série d’images, de tableaux comme dirait un metteur en scène. Après la montée au château, viendrait l’arrivée dans la cour gravillonnée. Là ce ne sont plus seulement des images qui soutiennent la narration, le bruit particulier des pneus sur le gravier, gravé dans un lieu de ma mémoire sature la vision d’un son aigu, presque désagréable. Le bruit des pas du père – une sorte de crissement produit par, à la fois, le glissement des centaines de petits cailloux ovales ou ronds et la compression de l’air sous la pression des souliers, comme le claquement atténué d’une culasse – le bruit donc de ses pas signalait le début de l’attente.

_Je n’en ai pas pour longtemps, il faut juste que je lui renouvelle son ordonnance.


En général, je profitais de ce temps pour rêvasser, comme disait mon grand-père.

_Tu rêvasses encore Jean, fait-donc ton exercice de calcul.


Combien de fois l’ancien directeur d’école avait dû énoncer cette phrase durant sa carrière dans ce village du Lot qu’il n’avait jamais quitté. Il y reposait désormais, en haut de la colline, face au château de Latreyne.


J’aimais observer les nuages qui défilaient. De beaux cumulus escortaient d’énormes cumulonimbus, chargés d’électricité, vaisseaux amiraux d’une flotte nuageuse. J’ai toujours craint les orages. Mes parents racontaient des histoires effrayantes, enfant foudroyé dans un champ, alors qu’il s’était abrité sous un arbre ; boule de feux qui jaillissait d’une cheminée comme une comète, ricochant sur les objets de la cuisine, ressortant par une fenêtre ouverte pour se perdre dans la nuit.


Le cri du gravier sous des pas me tira de ma rêverie.

_Comment tu t’appelles ? Moi c’est Nicole !


Je laissais les commandes du navire amiral à mon second imaginaire pour baisser un œil vers cette phrase interrogative. Il y avait, au bord inférieur de la vitre arrière de la voiture, une sorte de chignon qui répétait la question en s’agaçant.

_Alors ? Tu es sourd ou muet ?


Je me réhaussais sur le siège et osait lancer un coup d’œil en direction de l’autorité enfantine de la voix.

_Moi c’est Jean, j’attends mon père.

_Viens avec moi ! Dit la voix.


J’étais habituellement très respectueux de l’autorité et, jusqu’à ce jour, je n’avais jamais dérogé à l’injonction paternelle. J’attendais patiemment en rêvassant. A cet instant, pourtant, le charme de la voix cristalline eut raison, en un millionième de nanoseconde, de ma soumission et, sans vraiment m’en rendre compte, ce sont nos pas qui firent gémir le gravier.

_Tu n’aurais jamais dû la suivre !


La voix de mon père raisonnait juste derrière la paroi de mon front. Mais elle était impuissante à me faire obéir. Pour la première fois dans ma courte vie je faisais l’expérience de la force de l’amour.


Sa main gauche tenait maintenant fermement ma main droite. Nous marchions enveloppés d’un halo de brume enchantée. Nos pas ne trahissaient plus la souffrance des gravillons. D’ailleurs le gravier flottait à quelques millimètres du sol, déroulant un tapis qui suspendait tous nos efforts. Un monde lumineux rayonnait dans nos cœurs d’enfants. Nous descendîmes le chemin caillouteux qui conduisait à la forge, en contrebas du vieux château. Le bruit infernal de la machinerie de l’atelier de tréfilerie, qui produisait encore des pointes longues, fit ricocher le mot dans mon esprit : infernal, infernal, infer…


La vapeur, l’odeur du métal chauffé, le bruit assourdissant des machines, le mot surtout je crois maintenant, eurent raison du charme.


Je connaissais Nicole, elle fréquentait la même école que moi, dans le village sur la colline d’en face. Elle était en grande section de maternelle. Je la voyais, sans reconnaitre l’enfant timide, toujours vêtue d’une robe bleue délavée dépassant du tablier rose pâle qui enveloppait les filles d’un anonymat réglementaire.


Sans aucun mot je lâchais sa main, son regard se tourna vers moi un instant qui dura une éternité. Je la vis s’éloigner, seule désormais, sur le chemin qui menait à la maison que ses parents occupaient au pied des deux tours rondes du château.


Je me retournais et gravis le sentier en sens inverse. L’ombre d’un nuage enveloppa d’un poids immense mes épaules fatiguées. Mes pas me ramenèrent dans la 4 cv qui n’avait pas bougé. Je fus malade toute la nuit, le lendemain matin mon père dit que j’avais une angine sévère. Je passais toute la semaine au lit et, la fièvre ne tombant pas, fut transféré à l’hôpital de Périgueux où on diagnostiqua une pneumonie. Je fus hospitalisé un bon mois. Lorsque je pus rentrer chez moi, je restais encore un mois à la maison. La bonne me faisait réciter les devoirs que le maître passait tous les soirs à ma mère. Je restais absent trois mois.


Lorsque je revins à l’école, la veille des vacances de pâques, j’eu beau chercher Nicole, je ne la vis pas. Je demandais à ma mère ce qu’elle était devenue, elle ne comprit pas tout de suite de qui je parlais.


Puis son visage se ferma :

_Nicole mais on l’a enterrée en décembre, elle était en grande section de maternelle, elle est tombée en jouant dans la forge de ses parents, elle est morte sur le coup.

Texte/Illustration : Jean-Claude Bourdet

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