
J’ouvre mon œil le prophète
Là-bas, après le dépli des jours, les puits de sang
Derricks sombres de la guerre turbinent la misère
J’en ramène les cœurs broyés des fils
Le carburant de ma peur.
Alors
J’efface le futur d’une paupière propre
J’ouvre mon œil l’impuissant
Ici, encore cette pâleur caressante de l’aube
Les corbeilles de l’amour sont pleines
Je ferme les cartes de l’avenir
De mon cœur à celui des hommes
Le présent est le chemin
Dimanche, le creux de mon corps, poquet d’amour et d’histoires, se remplit de cloches et de souvenirs.
Qui étais-tu enfant qu’un appel de ballons sonores éclatant dans le ciel, engageait à se joindre à des cérémonies mystérieuses.
L’enfant comprend les cloches, aucun besoin de lui apprendre. A elles seules, elles prient, d’une élégance enchantée, elles prient.
Cette joie quand l’appel surprend
Cette paix de la voix céleste
Et cette mélancolie ensuite d’airain fidèle
L’Amour habite l’air, longuement silencieux, l’entends-tu encore
Puis Dimanche éclate, « enfant je ne t’oublie pas… »
Je souris
J’aimerais être de ces essences oubliées, qu’on n’a jamais regardées et qui dans leur sol solitaire finissent lentement leur vie en séchant. Oubliées des mains cueilleuses, des faux, cachées sans même le vouloir par d’autres, lentement calmement perdant vie et couleurs quittant ce monde comme une buée de couleurs et de parfums.
Texte/Illustration : Anna Jouy