Voici la suite de la publication de poèmes sur la guerre de Shahrzad BEHESHTI MIRMIRAN, traduits par son frère Shahriar BEHESHTI. Photo de  Shamim BAHARZADEH. On retrouve dans ce texte toute la terrible émotion et beauté aride d’une plume contemporaine forgée dans la souffrance et la simplicité absolue.

Dans des boîtes, sur une voiture


À travers des chemins
À travers des terres arides
Ils ont fait traverser
Quelque chose de nous


Avant l’arrivée à une ville
Je vis une femme
Glaïeuls et gypsophile à la main
C’était ma mère


Comme tu as vieilli !
Elle suivait la voiture et touchait les boîtes


J’ai poussé la boîte
Je suis tombé d’en haut
Il n’y avait pas de cadavre dans la boîte
Mon portefeuille, la photo de ma femme, ma plaque
Et quelques lambeaux de ma chemise
Se dispersèrent sur la route, sur une terre aride


La voiture traversait mon village
Ils m’ont ramassé


Un homme ne regarda pas la photo de ma femme
Il la glissa sous ma chemise


L’a reconnue
Elle avait dix ans de moins
Elle n’avait pas d’enfant dans les bras


Ma femme, sa femme


Il pleurait doucement


Les “Senteurs-Brûlures” avaient fleuri
Et la plaine sentait ma brûlure

*Arbuste à fleurs, ce nom est la traduction littérale de persan

Poème : Shahrzad BEHESHTI MIRMIRAN
Traduction : Shahriar BEHESHTI
Photo : Shamim BAHARZADEH