« Décousu » s’ouvre sur un personnage féminin qui marche, traversant un arbre-mobile, comme pour nous ouvrir la voie. Et nous faire découvrir un monde de formes, celui que Charles-Eric Charrier a créé à partir d’encre et de taches, travaillées de manière spontanée. Laissant le hasard agir, mais selon un processus bien précis. Sur la page, apparaissent des écritures-peintes, parfois une apparition aux allures de tête de mort. Un langage nourri de couleurs et d’accidents. Que l’on trouvera tour à tour inquiétant, fascinant, simplement beau.


Ces abstractions recèlent leur part de violence également. Et ce que l’on voit pourrait être le produit d’un geste brutal, ayant lancé sur le sol une bombe de couleurs. Comme le résultat d’une colère, ou d’une recherche intérieure. Sa traduction visuelle que l’on recueille ici. Une esthétique étrange, qui laisse l’esprit se déployer au fil des pages, et se perdre dans cette succession d’apposition de matières et d’empreintes.

Ce qui est, ce qui reste, ce qui passe et s’efface.


Autant d’étapes que Charles-Eric Charrier capte et symbolise. Comme pour signifier l’éblouissement et la disparition. La construction et la ruine, la naissance et la mort, la trace immédiate et la mémoire. La grâce abîmée de ce qui demeure contre la beauté sans nuance.

Décousu – Recueil graphique de Charles-Eric Charrier – Editions QazaQ – ISBN : 978-2-492483-33-2