
Partie # 44 – fois –
– le silence est d’or, on l’a déjà dit, on se le répète, pourquoi pas comme ça ¿ –
1 Or je m’attends à l’empreinte que ce voyage d’écrire inscrit sur/dans mon corps de manière indélébile. On va voir ¿
2 Or, à partir de l’avancée du présent des jours dit je, no need pas la peine de se la jouer, on le sait écrire n’est pas un jeu, ne sait pas faire ça jouer. Je cherche à s’autoriser à, juste l’écrire en poète. On, poésie ¿
3 Or, on comme je ne verront pas les scènes qui obsèdent, le regard s’arrête avant. Je peux démultiplier la répétition, la réplication des tentatives/tentations, juste avant à chaque fois c’est ce qu’il ne cesse de faire. Les envisager alors étreintes les scènes obsédantes et le regard et je et on.
4 Or, si je m’autorise demain sur la peau un tatouage – ce qui à première vue n’a rien voir à la tige de bambou moins de douleur -, c’est sur le visage la tempe droite où des cheveux blancs ont commencé quelque chose ou sur quelques phalanges de la main qui écrit quelque chose, pas d’autres lieux et pas autre chose que quatre petits ronds noirs pleins. (Tu n’y seras pas (le) seul, tu vois cela correspondra à : figurer parmi les amants aimés).
Hors, sur la peau un tatouage ¿ Il se peut que on qui le plus souvent écrit ne se fait pas faire de tatouages sur le corps : c’est son silence, corps lisible ¿ Il se peut que on qui n’écrit pas le plus souvent donne tout son sens, son cœur à ses tatouages, en est l’auteur : c’est sa parole corps lisible ¿
5
Or voir toujours se renverse. Voir, récursif puisque vivant. Renverse on et je.
Or, traverser les frontières m’aide à voir, je viens juste de lire chez Butor – ce qui est en lien –
Or à la limite écrire est peut-être déjouer, la vie à rejouer ¿
Or, embarquée sur un mot j’ai fait un merveilleux voyage, – on l’a déjà dit aussi –
Or je ne vois plus trop bien ce qu’écrire veut dire, hormis le silence.
(Embarqués toi et moi, nous normalement d’amour comme le tigre bondirait, or il n’a pas surgi et je n’ai pas rugi)
– à y bien regarder j’en suis ici à réunir quelques pronoms, effets de vérité personnels ¿ –
J32, Koh Phangan Ban Chaloklum, 02/03/2020, – de mon téléphone j’y/je tiens –

Partie # 45 – fois –
– m’est sûrement arrivé ou quelque chose maintenant d’approchant ¿ –
(Tu faisais le temps. Le beau, le mauvais, la pluie, la tempête et le vacarme aussi. La tombée des eaux des hauteurs, puis la boue chargée aux pieds. Après, le soleil comme toujours revenait et je ne résiste pas à la chaleur.
J’allais venir dans ton pays, tu m’attendais à chaque fois avec impatience tu disais, tout allait très vite, je repartais m’en retourner d’où je viens jamais tout à fait. Tu disais aussi qu’il faut être patient avec toi, comme il y aurait quelque chose à attendre, un temps qui viendrait un jour sûrement différent. Le temps, de la distance, non je ne distinguais plus, – comme écrire d’une écriture rapide sans recul sans se retourner ici -.
Tu faisais le temps de manger, le temps largement de boire du vin cigarettes à toute heure, celui de la danse, d’éprendre, de déprendre. Le climat de dormir (un peu). Le temps/climat de ne pas parler de , de ne jamais parler à partir de qui/quoi serait nous. Tu disais après après, comme il y aurait encore viendrait un jour sûrement où/quand tout serait autre, ne serait plus jamais comme avant /maintenant. Devançant à projeter/rejeter aussi loin que jamais mes nécessités (et je ne parle pas/ne parlais pas de mes désirs, mes rêves).
Toi tu avais les temps ¿, prenais le tien prenait le mien, et tu avais tes heures, tes minutes. La vie de mes instants cela sûrement ne comptait pas, un peu plus de blancs sur mes tempes existait peu.
Moi je n’avais le temps de rien (moindres petites choses) ni du tout (suis-je ici à faire ce que j’ai à faire dans ce pays ¿)
Dans ta langue je te disais avec toi c’est tout ou rien, à ce moment-là tu riais et tu souriais (les deux en même temps la belle congruence). Tout et rien ceux sont les PRESQUE premiers mots que j’ai appris dans ta langue, un peu sûrement comme non avant oui – on dit volontiers de l’enfant -.
Tu étais le dehors qu’il fait, le dedans qu’il ne fait alors pas. Un rien/tout de/en toi m’invitaient à, me demandaient de m’insérer, me glisser par la porte ouverte/fermée battante, exigeaient de me circonscrire. Dans les courants d’air j’entrais ressortais épuisée. Sans possibilité d’élaboration d’un semblant de narration, un quelconque continuum. J’ai maigri ces derniers temps je disais, ce n’est pas un problème tu répondais.
Tu faisais l’atmosphère : l’éphémère dans son épaisseur à ne jamais faire que se répéter. Tu faisais la durée qui n’existe pas parce que quelque chose (qui n’est pas rien, qui n’est pas tout) ne peut durer, n’a jamais duré et ne durera dans ta vie, sûrement.
Ce que je faisais le long durant ¿ Sorte de femme hors d’elle et de tout et d’un quelque chose : dans l’attente de l’espace d’un moment dans tes bras où/quand toi moi on s’embrasserait (toute la journée), d’un moment de chaleur, l’attente de l’espace de ton corps où/quand après le soleil revient comme toujours et je ne résiste pas à la chaleur. Toi, le soleil, je ne faisais que tout mélanger, m’emmêler d’un rien au cœur de l’incertain maintenu. Je ne sais pas toi mais moi je n’ai PRESQUE rien vu passer : combien/comment a duré l’épreuve de cette temporalité sans PRESQUE corporeite ni preuve ¿
Ce que je fais maintenant sur cette île ¿ à part/ hormis en dehors/en dedans passer mon temps à te faire apparaitre/disparaître ¿ Quelque chose se passe sûrement ici depuis qu’il est davantage (je comprends) question de lieux de grandes solitudes.
Un jour prochain il n’y aura plus rien à faire, tout restera à faire, défaire, refaire ¿ et cela m’étonnera de parler au futur.
Sûrement je dirai ce grand classique : que je n’ai pas toujours été la femme que je suis devenue qui ne désirait qu’être ponctuelle je crois je rêve j’imagine n’attendait que ça, et de nouveau ce sera la vie sera ailleurs. Et -comme je suis poétesse – écrirai : j’en garde l’espace un rien ridé, le cœur tout fissuré.
Un jour proche -j’y suis ¿- je dirai/écrirai que tout dans cet amour était frontières, que rien n’était compris, c’était que je ne résiste pas à un corps chaud, je veux dire par là vivant et que c’est PRESQUE tout. Ou quelque chose d’approchant.
Après : Le lieu de la rencontre aura sûrement été la fissure jusqu’à la béance que nous sans nous creusait en non advenu, et dans laquelle/lequel avions sûrement déjà chuté par ailleurs dans un autre temps. Ainsi mais tout de même ce temps-là à toi et (exclusif) moi comme ça : comme vite tu te faufilais insaisissable dans ces ruelles de la ville (de ton enfance), comme moi arrêtée dans ton blouson rouge, lieu pour un soleil un été.
Mais je dis encore c’est rien finalement d’une toute petite voix, tu vois je n’en suis pas encore tout à fait revenue. J’allais venir dans ton pays, je t’attendais à chaque fois avec impatience qu’un nous nous vienne, je ne disais pas, tout allait très vite.
Et je (me) répète :
1- ce sera ce qui en temps voulu, n’aura pas été dit, pas été désiré, été vécu, pas été, n’aura pas. Tu ne m’auras pas embrassée toute la journée, pas regardée nager ou mourir tout le temps, en temps voulu.
2- c’était que moi de tout temps je veux.
– Tu as bien fait de partir disait Rimbaud, tu as sûrement eu raison m’ont dit d’autres –
Maintenant je dis après après comme toi, sur cette île, je ferai bien mieux d’aller nager pas mourir. Après, une mangue entière, une salade de papaye à emporter, prononcer quelques mots en thaïlandais.
J33, Koh Phangan Haad Khom, 03/03/2020, – de mon téléphone je/j’y tiens –

Texte/Illustrations : Corinne Le Lepvrier