
PARTIE # 48 – fois –
-reconnaître que j’y suis ¿ –
J’ai écrasé sur mon avant-bras une grosse fourmi rouge sans le faire exprès aperçu un couple de grands papillons puis un couple de singes bruns, un écureuil de toute petite taille – il vit probablement dans l’ossature de la toiture en bambou -. J’emporte avec moi du sucre roux, mes osselets en métal, mes boules Quies – en cas de bruit de trop du monde -, mes écrits en fragments dans mon téléphone, le tout dans mon sac à dos le petit.
Le jour suit son cours,
je vois souvent des geckos partout – les plus petits ont la peau à nue des souris, verte pâle tachetée de points du brun rouge des adultes devenus -, il y a des oiseaux en cage que quelqu’un arrose tous les jours, je fais ma raie manta et l’oiseau de grandes brassées de tout mon saoul sur le dos le soleil droit dans les yeux puis je regarde mes mains ridées de tout cette eau brassée, j’ai plus ou moins sculpté un œil dans le sable c’était un poisson, ai collecté quelques fleurs sèches de cocotiers tombées à terre et des capsules de bière en métal – représentations de deux éléphants en face à face ou un dragon rouge -, écarté quelques individus hommes et femmes de mes yeux, je poursuis faire attention où vont mes pieds, préfère résolument absolument les petits temples devant les maisons,
(je ne crois pas avoir amplement pensé à toi, si ce n’est que j’ai soigneusement découpé en morceaux la tunique-robe que je reportais ces années lorsque je ne désirais plus me mettre à nue devant toi, et les ai jetés (ne ritualisant pas outre mesure), je commence peut-être à oublier de t’oublier,
le jour suit son cours).
De nouveau le couple de grands papillons bruns.
Un mot m’est revenu, – je l’avais appris par cœur comme tant aimer réciter enfant -, ce mot en langue tamazigh et sa définition, je le prononce à voix haute – on entend PRESQUE la langue bretonne que j’ai quant à elle toujours écartée -, je récite : teggedeout ; fait d’être roux foncé, fait d’être rouge foncé, fait d’être brun rouge, fait d’être d’un ton intermédiaire entre le roux foncé, le rouge foncé et le brun rouge. Je sais que de me souvenir de teggedeout, c’est du fait de ces couleurs-là, qu’elles soient associées à la répétition, sorte d’affirmation, de certitude au fait d’être, et que le fait d’être serait un beau titre à lui seul qui doit probablement déjà exister. C’est qu’il y a des définitions qui englobent PRESQUE tout – ce qui est parler -, disent incluse – je ne vais pas partir n’importe où maintenant, PRESQUE j’en resterais là. –
Le jour suit son cours.
(Rapporte-moi d’accord des vêtements toutes sortes de different colors, du rouge surtout par exemple, tu me demandais, tu aimais.
Oui d’accord depuis, concernant, etc… du fait de couleurs, je disais de couleurs, j’aimais.
De l’amour oui d’accord, dès lors, à propos, du fait d’être de l’amour, je disais, j’aimais.)
D’un voyage et d’une écriture petite cursive -dans sa forme avancée un peu plus verticale-, d’une verticalité le jour suit son cours.
Partant d’une fourmi rouge de son écrasement (passant par toi, moi), les chemins parcourus nous ne les devançons pas.
Me suis-je déplacée ¿ Ai-je avancé ¿- Etre, avoir ¿ –
J39, Koh Phangan Haad Koom, 09/03/2020, – de mon téléphone –

PARTIE # 49 – fois –
-reconnaître que c »est dedans ¿ –
Lorsque
je viens d’arriver et que je m’arrête, il y a déjà toute une vie à prendre en compte, je n’en saurai rien, n’aurai pas le temps, il ne faudrait pas que cela vienne à me manquer.
Parfois
je me tiens dans l’ombre à l’abri sous une pergola, retirée d’un moment, je regarde d’autres dans le lieu dans le soleil, je fume et bois de l’eau de coco et des expressos dans l’hésitation à rejoindre. Je ne suis pas certaine que cela soit regarder. Je ne sais si la scène vivante est vivante là ou là où je me tiens, reste dedans me retient. Pas vraiment concernée dans les plis de cette affaire – laquelle ¿ –
Par moment
je ne sais plus où est qui non plus. (Ne parle pas avec un sénégalais jamais tu me disais sinon tu ne sauras plus comment tu t’appelles, ou tu redisais je ne sais rien à côté de toi. Je me souviens d’autres phrases de tes paroles qui sont encore cela, alors je me sais d’aucun voyage aucun et je voudrais que la chaleur cesse, qu’il pleuve soudain comme dans mon pays.)
D’autrefois,
quelques jours passés à l’approche de quitter un lieu, sur le départ je ne les reconnais plus ni les uns ni les autres, déjà ils se sont transformés, est-ce moi qui et qu’ils ne seront plus comme les mêmes jamais ou moi ¿ Mais/donc/pour autant ne pas rester, raison de plus poursuivre puisque le voyage c’est cela l’idée ¿
Cette fois
je ne rêve n’imagine pas m’éloigner des îles, l’idée des îles, leurs rêves, quitter la mer. Ce tracé de cercle tracé coule entre mes doigts peu de choses atteignent, sauf que PRESQUE sans cesse dans l’eau je tourne autour de faire ma raie manta. Cercle : si je m’en vais je le sais quelque chose encore se clôture. Si bien que revenir sur la terre -ferme on dit-, revenir d’écrire cela, une similaire chose ¿
(Et puis il y a qu’il se pourrait que ce bleu de la terrasse dans ce petit hôtel de Koh Phangan me retienne de partir, à me rappeler des lieux où —— étions arrivés, où —— —— tenions dans l’ombre ou que —— avions quittés, où —— ne savions pas/plus, —— sommes quittés, où quelque chose encore se clôturait ou ne s’ouvrait, dans un bleu similaire).
Là
je rêve j’imagine que demain au matin je me déciderai,
là je saurai, et
je pense je crois que je me dirai qu’au final ce que je fais depuis le début c’est me profiler écrire dans un roman, que peut-être c’est cette chose là ou qu’il faille repartir de Ban Chaloklum.
Lorsque
je n’ai plus toute ma suite dans mes idées, c’est encore autre chose dedans.
J40, Koh Phangan Ban Chaloklum, 10/03/2020, – dans mon téléphone –

Textes/Illustrations : Corinne Le Lepvrier