
III
As-tu frappé à ma porte aujourd’hui ?
Grand décideur, es-tu dans ma maison ?
A l’abri je me croyais
Loin je m’étais réfugié, hors de ta portée
J’étais fou, inconscient
Pessoa aurait dû m’appeler
Lui l’intranquille dans sa demeure
Rien que pour entendre sa voix
Mais que dis-je, je m’égare.
IV
Colère
Haine
Angoisse
Êtes-vous en train de dépasser la charge virale des monstruosités quotidiennes ?
29 Mars 2020
8215 – Italie
3292 – Chine
1147 – Etats Unis
2314 – France
4858 – Espagne
Roi de la mort, grosse mine verte hérissée de piquants
Trop visible dans la vacance
Le silence de mort sur les villes abandonnées
Enfin en paix
V
Je marche dans les rues vides tous les deux jours.
VI
Deux carcasses calcinées abandonnées
Donnent au quartier résidentiel, un air de banlieue chaude.
VII
J’ai croisé un homme pressé, il a changé de trottoir en m’apercevant.
Flanqué d’un chien blanc et marron au regard de voyou
J’ai juste eu le temps de voir le petit animal lever la patte gauche.
Tient c’est un mâle.
La phrase m’est venue à l’esprit, prenant la place de pensées saugrenues sur le malotru qui ne m’avait même pas salué.
VIII
Le confinement est un exercice permanent d’aïkido mental.
Colère, haine, excitation exubérante, désespoir, fatalité se succèdent à une vitesse déconcertante.
Le vocabulaire s’appauvrit pour qualifier cette météo instable et monotone de l’âme.
IX
Diran a eu le Covid-19, le scanner l’a confirmé
Une semaine « sous » le plancher de son appartement Parisien
Terrassé, m’a-t-il dit par le KO viral
Une voix faible mais l’Arménie parle avec elle
Fière, cultivée, chaude, saine
Sans colère, factuel heureux d’en sortir
X
Gaït a fabriqué des masques multicolores
Le CHU de Grenoble a mis en ligne un tutoriel très simple
Une infirmière m’a dit qu’on pouvait utiliser du linge polaire
Le froid du Nord a emmené ce Roi conquérant en France
Incubé en humide Asie du Sud-Est il a suivi les mille vents du monde
XI
La lutte s’est vite organisée
De multiples parodies, blagues, concerts, films ont fleuri
Des bouquets ont enchanté nos oreilles
Des images réjouissent nos palais
Des mélodies ravissent notre tact
Le clou de girofle enchante nos sens
XII
Annaïg travaille beaucoup sur le petit bureau qu’elle a emménagé dans notre chambre
Lorsque l’ordinateur lui laisse du temps libre
Elle fait le ménage « à fond » dans l’appartement
Une pièce par semaine
Texte/Illustration : Jean-Claude Bourdet
quelques tranchées lucides dans l’opacité de ces jours… j’aime
Moi aussi, j’aime beaucoup (par rapport à tout ce qu’on lit…)
Puis-je vous citer sur mon compte Twitter?
Oui avec plaisir et pardon du retard à répondre