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La barque était petite, presque un berceau pour la fillette allongée dont seul le nez dépassait.
Sur l’étendue d’eau immobile le bateau se déplaçait, lentement, dans un parcours étranger à toute ligne droite et cela sans que sa jeune occupante ait à intervenir.
- Laisse nous monter, Damouce, on a aussi le droit de voyager un peu.
- Mais vous n’arriverez pas à tenir tous les deux à l’intérieur.
- T’occupe ! Répondit une voix plus agressive que la première. On saura bien s’y faire une place une fois qu’on t’aura débarquée.
Les deux nageurs s’étaient approchés de la barque commençaient à la faire tanguer.
- Laissez-moi ! C’est mon bateau et … c’est… c’est un cadeau, vous n’avez pas le droit !
- Ta-ta-ta ! G’lofus et moi on a envie de faire un tour, et si tu ne veux pas te retrouver à l’eau je te conseille de nous laisser la place.
- Bien parlé Foul’p !
Fais comme il a dit sinon !
La fillette sentait que la dizaine de reines-claudes pas tout à fait mures qu’elle avait cueillies pour son goûter commençaient à lui s’agiter dans son ventre.
- Arrêtez !
Je vais vous la laisser ma barque, mais avant d’y monter vous allez vous sécher et enlever la vase qu’il y a sur vos pieds.
Et puis vous n’irez pas trop loin ! - Et quoi encore !
- Tu sais Foul’p j’aimerais autant me sécher et me décrotter un peu, je commence à me refroidir et on sera bien mieux habillés pour naviguer.
- T’as p’têt raison !
…
Quelques instants plus tard, les deux gamins, chacun assis à une extrémité du bateau, avec une rame de fortune taillée dans une branche morte, tentent de prendre le large.
Tout d’abord sans succès. L’embarcation, malgré les efforts déployés, demeure immobile, comme attachée à une ancre. A bord on s’énerve, et s’agite rageusement les flots.
Soudain, comme le câble absent de l’ancre toute aussi irréelle s’était rompu, la barque est projetée vers le large.
Bientôt ils sont à plus d’une cinquantaine de mètres de la fillette.
- Eh ! N’allez pas trop loin ! On avait dit …
- TU avais dit ! Nous, on a rien promis du tout !
Nous ! On est des aventuriers, pas des promeneurs du dimanche ! - C’est vrai Foul’p, des aventuriers ça a besoin d’espace.
On ira aussi loin que ça nous chantera !
A peine G’lofus eut-il fini sa phrase qu’il se retrouva dans l’eau, nageant tant bien que mal à côté de son compagnon d’aventure, les vêtements et les godillots remplis d’eau.
- Ben ! Où qu’il est passé le bateau ?
…
Damouce tendit une serviette à Tamel ainsi que des habits dissimulés dans un buisson !
- Dis, tu me le referas ? J’ai pas réussi à lire tout ce que tu m’avais écrit sur l’eau.
- Bien-sur Damouce, mais dans une eau un peu plus chaude.
Finalement je ne suis pas mécontent qu’ils aient interrompu notre promenade je commençais à … At .. At.. Atchoum !
Texte : Luc Comeau Montasse
plaisir de retrouver cette prose poétique, ces personnages attachants: la barque nous embarque vraiment vers un ailleurs auquel on a envie de croire
merci de ce retour
il efface une partie de mes doutes quant à ces « contes naïfs »
[Tamel fût (« la quittance ») – un billet à ordre, ici il est, temporairement, la barque]
ai aimé Tamel bien avant de connaître le nom de son inventeur