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ma valise est ouverte
tout le barda des femmes en sortie de secours
mes menottes en peau de caille
mon parapluie
pour faire des longueurs dans le brumisateur céleste
il va pleuvoir des clous de nuages
quelques gravats à l’écope
et mon chapelet de mots perlés
oublis à la passoire
l’impatience araserait à l’eau le temps de ses chutes
entassements impénétrables
ce mal de l’autre m’habille d’un invendu de couleur
le ciel et puis l’enfer
***
Je ferme les yeux, profil tendu.
Regarder le ciel droit devant.
Je subis. Le poison est à fleur de corps, palpitations incrustées. Oh ! Oui le monde est bien le plus fort, matières lourdes comme des métaux aux douleurs orgasmiques
le creuset des genèses- dois-je m’accrocher à ton regard
Le monde n’en est pas à savoir. Rien ne se calme jamais, vraiment. Rien d’humain pas d’apaisement. Juste peut-être un instant pour respirer, juste un instant, comme s’il voulait accorder une légère palpitation à ce fragile qui naîtra –forcément- un jour. Malédictions et déluges. J’ai toujours eu peur de mourir noyée.
Prendre ses forces.
Férocement tellurique, férocement météorologique, élémentaire, chimique.
Je ferme les yeux. L’orchestre n’est que grandes brassées sauvages. L’énorme purification des morts sans fin.
Cet usage des cordes
cet usage des cuivres
comme des ordonnances, des prescriptions divines
-Les anges ont-ils tous des trompettes ?-
Texte : Anna Jouy
Photo : Testaments-1, Patrick Bailly-Maître-Grand