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HervéBazinBlog

L’orage au corps. Ça gronde. Ça démange. Le psychosomatique. Toujours été. Un beau-père antérieur, psychiatre de son état, lui avait montré une fois un tableau en toutes les couleurs, terriblement beau, fait par un de ses patients,  en lui  demandant : “qu’est-ce que tu en penses?”“ Il me fait penser au Cri de Munch”, père”, avait-il répondu.

“Gravement  schizophrène. Homme très gentil et intelligent.”

Il lui avait fallu quelque temps pour s’habituer, chez cette belle-famille, sa première. Parfois on lui demandait d’ouvrir la porte quand sonnait un patient. Au début il garda la porte bien prudemment entre lui-même et le nouvel arrivé, car on ne sait jamais.

“Ce sont tous des gens normaux”, dit le beau-père.

Il pense à sa feue mère. On s’était adoré jusque l’arrivée de sa première petite amie. C’était dorénavant la guerre entre eux. Elle ne supportait pas de voir une autre femme à ses côtés.

Elle n’était pas venue pas à son mariage, elle n’était pas venue admirer son premier petit-enfant. Son pauvre père non plus. Et avant de descendre dans la démence, elle, à l’âge de quatre-vingt-cinq, lui cinquante-sept, elle, la grand-mère de ses premiers trois enfants,  elle frappa pour la dernière fois, en le regardant attentivement dans ses yeux, en lui disant: “Ta fleur s’est éteint”. Les derniers mots de sa mère à lui adressés.

C’est beaucoup plus tard qu’il a lu “La vipère au poing” et “La mort du petit cheval” d’Hervé Bazin. De ce dernier livre, il garde affectueusement une édition originale avec dédicace de l’auteur.

C’est normal.

Texte et image : Jan Doets