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Atman Dudzinski Blog

Le vieux cosaque était assis devant le feu, rempli d’émotion. Il se plongea dans ses souvenirs. Il y a longtemps, dans les années 60, l’atman supprême de cette époque l’avait affecté à Bornéo du nord-ouest, pour infiltrer la mafia napolitaine locale, connue sous le nom secret de ‘The Reservoirio Boys.’ Il y fut introduit sous l’alias de fiduciario Johnny Duciano. Il avait été  sélectionné spécialement  pour cette mission délicate pour sa réputation de polyglotte, en particulier de sa maîtrise de l’américain. Dans la mafia concernée on ne parlait  pas le malais ou le chinois mais uniquement l’américain avec un fort accent italien de New York, et il était essentiel que personne ne découvre qu’il était un cosaque infiltré .

Après quelque temps de rodage, Johnny s’était bien établi à la côte de la mer de chine méridionale. Les copains (surtout leurs femmes) l’aimèrent fort. Il décida de les inviter, un samedi soir, pour une grande fête mafiosa au style ‘Certains l’aiment chaud’ ( il fut aux aguets d’une femme italienne ressemblant Marilyn Monroe, de Some like it Hot), leur promettant que pour l’occasion il convertirait sa maison en style original de l’époque du massacre de la Saint-Valentin à Chicago, inclus une morgue avec grandes orgues aux pipes et un vrai cadavre.

Il avait envoyé les invitations et peu après,  pendant une nuit très noir (à l’équateur la nuit commence toujours à 18h30 y pico, n’importe le cours du calendrier),  il s’installa dans un fauteuil, un whiskey en main, pour attendre les acceptations. Après que la moitié supérieure de la bouteille se soit ainsi évaporée, il avait été brusquement  réveillé de sa somnolence par le bruit déchirant d’une voiture freinant, roues glissantes, et  une détonation épouvantable contre la porte, pivotant sur ses gonds. Il resta dans son fauteuil, paralysé d’effroi, jusqu’à ce que la voiture ait disparu dans le noir sous les arbres de bananes et de dourians, si bruyamment qu’elle fit tomber un dourian (bonne chance, car on ne cueille jamais un dourian, on attend jusqu’il tombe).

Il tituba vers la porte ouverte, le coeur en tachycardie (il ne prit pas encore les pilules qu’il utiliserait cinquante ans après) et aperçut un grand paquet ficellé. Une bombe ? En s’en  rapprochant, il put établir que c’était en fait une grande brique brune avec, liée par des ficelles, une petite bande magnétique. Les mains tremblantes, il monta la bande dans son Revox d’espionage, la démarra et écouta. Après un silence prégnant de neuf secondes suivit un bref message en américain mafioso, interrompu par quelques mots en chinois pendant une tentative d’ assassinat… tout ça en quatre minutes…

Ce n’est que cinquante ans plus tard qu’il découvrit d’où le message effrayant était venu: des steppes de la Russie. De l’atman supprême sans doute. Récemment, en mettant un ancien disque LP sur son phonographe, il reconnut instantanément le pianiste mystérieux de la bande magnétique. Selon la pochette de ce  disque, c’était Sviatoslav Richter, jouant du Chopin.

Texte: Jan Doets

L’image du Cosaque : trouvé dans un billet important sur l’avenir du droit d’auteur, trouvé sur un site de Franck Queyraud qui le trouva dans un article fascinant Un conte pour imaginer le (No) Futur du Droit d’Auteur de Calimaq.

L’auteur de la bande magnétique, qui la jeta contre ma porte en 1968, est mon grand ami Aller Spanninga de Frislande, qui a élu de vivre en Nouvelle Zélande.