
j’hésitais entre la révolution – trop violente
la destruction – c’était l’inverse
la tempête – trop bruyante
Je crois que j’étais toupie
ou femme
Ces « Bulles de Sons », unissant les encres de Charles-Éric Charrier à l’univers poétique d’Aline Recoura, explosent à la vue, comme à la lecture.
Chacunes des associations, au fil des pages, génèrent des émotions paradoxales, des correspondances entre dessins et mots. Ce qui frappe d’emblée c’est le dialogue qui s’instaure entre les abstractions de Charles-Eric Charrier et les poèmes ancrés dans la réalité transcendée d’Aline Recoura.
Les encres agissent comme le déclencheur, ou le miroir inspirant, de textes innervés par l’expérience. Une poésie ultra-sensible qui semble décrypter le mystère des toiles, en les transportant dans l’univers du langage. Comme si, à rebours par exemple de la démarche de Bonnefoy, Aline Recoura prenait appui sur l’abstraction des encres de Charles-Eric Charrier pour retranscrire des expériences vécues dans l’immédiat – qu’elles soient sensibles ou concrètes, intérieures ou réelles -. Elle parvient pourtant, comme Bonnefoy, à incarner dans ses textes une présence au monde, et à nourrir le langage de l’indicible.
Ainsi « Bulles de Sons » éclairent le lien qui unit la poésie et la peinture, et la formule d’Horace, selon laquelle « un poème est comme un tableau ».
Un voile de mots accompagne les représentations de Charles-Eric Charrier qui, à leur tour, offrent aux poèmes un supplément d’absolu. Comme si le rapport aux lieux, au temps, aux autres que développe Aline Recoura se fondait dans la quête spirituelle du peintre.
« Bulles de Sons » – Aline Recoura/Charles-Eric Charrier – Editions QazaQ – ISBN : 978-2-492483-48-6