La vieille l’appelle le dormeur du Val
– il habite Le Val et dort tout le temps –
Il n’a pas deux trous rouges au côté droit
mais une plaie dont il ne cicatrise pas
et des douleurs de toutes sortes 
dont il se plaint parfois en pleurs

L’absence de l’absente et le désormais
l’accablent et le sidèrent
tandis que la vieille tente de garder
vivant ce qui est encore vivant
– arrosant les orphelines de la dame en vert –
il cueille deux roses – jamais aussi belles
que cette année où elle ne les verra pas –
place une photo d’elle sur son oreiller
et un gros ruban blanc des fleurs
fanées des funérailles
improvisant un petit autel pour la fête des mères
– mignon ou glauque ? la vieille hésite
mais dit à son père que c’est joli
que maman aurait aimé

Texte : Christine Zottele