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Les Cosaques des Frontières

~ refuge pour les dépaysés

Les Cosaques des Frontières

Archives de Catégorie: Christine Zottele

Clinamen de la glycine

20 mardi Oct 2020

Posted by ykouton in Christine Zottele

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Car il faut bien que ça parte de quelque part, que ça s’origine avant de dévier… Qu’est-ce qui met en tension cette dérivation ? Il me faut poser matériel et matière, là, sur la table : les mots qui viennent en premier, les mots qui vous traversent et que l’on n’accueille pas à bras ouverts, parce que traitres ou trahis, ils ne sont pas nés de vous. Mais peu importe la naissance – la question de l’origine ne m’intéresse pas – c’est le transport qui compte finalement – la possibilité d’un véhicule – et d’un conducteur qui laisserait librement dévier son véhicule – un véhicule vivant dont la trajectoire serait en partie inconnue.

Soit, admettons que ce soit cette image qui te vienne. Un âne par exemple, c’est joli comme véhicule vivant, et toi dessus. Un âne conduit mollement – n’oublie pas de le laisser aller à sa convenance – par une ânesse. Tu pars sur ton âne – les sons te portent – en liesse. As-tu au moins une petite idée d’où tu vas ? Ânesse en liesse ne forme pas poème.

Quitte le sentier des mots. Pars de la sensation concrète de ce moment parfait. Bourdonnement de l’abeille, bruissement du vent, ronronnement des voitures au loin. L’âne s’arrête. Flatte-lui l’encolure. Remets-le en mouvement, tu tiens les rênes. Les odeurs vertes et gourmandes te ramènent à l’enfance et à la nostalgie. Aïe ! Dévie, dévie de cette pente périlleuse ! Mon â-ne, mon â-ne, a bien mal à la patte… Abats le pathos, dévie, dévie, vite ! Piétine la nostalgie, garde l’enfance. Prends l’enfance comme principe d’écriture. Écris sans chercher à.

Te voici ânesse sur un âne d’enfance.

Enchante-toi du vert touchant le bleu avec des crayons mal taillés.

Descends de ton âne, monte dans le cerisier – te cacher dans un creux  attendre que quelqu’un trouve ton plein. Les cerises ne rougissent pas assez vite, tu t’ennuies.

Médite une bêtise – une bêtise à échelle – une échelle à bêtise ça doit bien se trouver quelque part ! Pour porter l’échelle, il te faut un autre que toi.

Tu trouves d’abord une échelle sociale toute rouillée (pas vaccinée contre le tétanos, tu la laisses). Sur une échelle de 0 à 10, tu as zéro peur, 1 peu peur, 2 oreilles tout ouïes, 3 raisons d’arrêter ce jeu qui t’ennuie déjà… Tu suis une abeille – une grande bouffée d’air bouge l’air autour de toi. Tu retrouves l’âne. Ses grands yeux dans les tiens te posent des questions rhétoriques –celles que tu préfères – pas obligée de répondre.

Tu dévies, t’arrêtes d’écrire.

Tu commences vraiment maintenant.

            Apt, dans la maison de Chantal « la licorne », 23/04/17

Texte : Christine Zottele

Illustration : Carol Delage

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Chronique du su et de l’insu |6 Cézanne à leur insu

13 jeudi Juin 2019

Posted by ykouton in Christine Zottele

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Une heure en ville, pas plus. C’était le maximum de temps que je passerais à Aix, ce matin-là, je l’avais décidé et décrété bien fort en mon for intérieur. Cependant, je n’avais pas tenu compte du temps pour trouver une place de parking un samedi matin – jour de marché – et de ma propension à rester plus que de raison dans les librairies. La chance m’attendait au seul parking gratuit de la ville – celui entre la piscine et le cimetière saint-Pierre. Après avoir acheté les super-écouteurs de la super-marque pour le cadeau de D., je me hâtai vers l’une des dernières librairies de la ville lorsque mon attention fut attirée par le cercle silencieux d’une cinquantaine de personnes debout. Deux d’entre elles tenaient une pancarte annonçant la couleur du silence : Notre silence est un cri. Fraternité aussi avec les étrangers (1). Un excentré tendait aux passants des flyers plus bavards et je me saisis de l’un d’entre eux. J’y jetai un œil et me plaçai dans le Cercle de silence. L’homme m’avait rassurée en me disant que l’on pouvait rester autant de temps que l’on voulait. Je m’interdis de regarder l’heure. Le cercle pouvait être aisément traversé en une vingtaine de pas mais personne ne le traversa. Stratégie du contournement pour tous les passants.

Incommodée par la vigueur de ce jeune soleil d’été, je changeai de place pour me mettre à l’ombre du platane à côté d’une porteuse de pancarte et de sourire. Je crus reconnaître quelqu’une dans le cercle à qui j’adressai un sourire. Mais l’heure n’était pas aux sourires. Un long temps passa où j’eus du mal à me concentrer sur la signification de ce geste, trop dans l’euphorie et l’excitation. Tous dans le cercle unis contre ceux qui sont dans le refus de l’autre. C’est sans un cri que tomba le premier d’entre nous. Ses voisins traînèrent son corps à l’ombre et le recouvrirent d’un tissu blanc. Un deuxième corps s’écroula à son tour, dans le silence absolu, qui rejoignit le premier, mais celui-ci fut recouvert d’une écharpe à fleurs rouges. Avant que mes imaginations délirantes ne prennent le dessus sur ma raison raisonnante – et qu’un troisième corps ne tombe –, je sortis du cercle pour me hâter vers l’une des dernières librairies de la ville.

Je trouvai rapidement Les Furtifs de Damasio pour peaufiner mon mensonge à C. – j’avais juré l’avoir déjà en ma possession pour le lire cet été — et le lui prêter derechef – ppfff, soupira mon narrateur intérieur qui m’avait foutu une paix royale jusque là… Je musardai encore un moment dans la dernière librairie de la ville – les deux autres venaient de rendre les armes le temps de cette digression avant de me rappeler le vaste programme de corrections qui m’attendait à la maison.

En passant devant le cimetière, il me prit l’impulsion d’y entrer pour chercher la tombe de Cézanne. Dans l’allée centrale, un enfant et un père en vélo arrivant en face de moi s’arrêtèrent à mon niveau. Le père me demanda si je connaissais l’emplacement de la tombe de Cézanne. Je lui répondis rapidement que j’avais eu la même idée que lui mais que non, désolée, depuis les quelque trente ans que j’habitais ici, jamais je n’avais eu l’idée de chercher la tombe de Cézanne. Chacun repartit sous le soleil de midi. Je croisai une jeune femme qui, Sorry, I don’t speak french et qui cherchait elle aussi la tombe de Cézanne. Mais ce jour-là, Cézanne avait décidé de reposer en paix à notre insu. Je furetai encore un peu dans le cimetière et tombai sur une tombe Volante – ce qui me fit sourire – le caveau de la famille Volante se trouvant juste en face d’un trou avec de la terre fraîche et rouge. Pendant ce temps-là la dernière librairie de la ville venait de s’éteindre.

[Venelles, le 11/06/2019, Christine Zottele]

Vidéo : Christine Zottele 

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Chroniques du su et de l’insu | 5 La pouffiasse fait mon miel

24 vendredi Mai 2019

Posted by lecuratordecontes in Christine Zottele

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Christine Zottele

Pouffiasse

Réveillé, l’autre me soufflait de vilaines questions, de celles qui tournent dans la tête comme des mouches dans une pièce aux fenêtres fermées. Elles m’empêchaient de me concentrer sur l’essentiel. Il me fallait pourtant réfléchir sur l’emploi de ce mot, pouffiasse qui avait déplu à Sonia. Qu’est-ce qu’elle croyait ? Moi, non plus, il ne me plaisait pas ce mot. D’abord, ce n’était pas moi qui le prononçais mais Bert, l’une de mes ogresses[1].  Quel autre vilain mot, un mot assez putassier pour dire l’horreur inspirée par quelqu’un qu’on a considérée comme sa fille et qui vous trahit de la plus ignoble des façons ?  Est-ce que j’avais le choix ? Ensuite, il y avait la remarque de Gustavo qui ne cessait de se cogner à la vitre (sale) de mon cerveau. De quoi veux-tu parler en fait dans ton texte ? De la trahison ? Du combat féministe de ces vieilles femmes qui se retrouvent à vivre ensemble sans vraiment l’avoir choisi ? Si c’est le cas, vas-y carrément ! Carrément ? Comment écrire de manière carrée ? Impossible pour moi. Rondement à la limite, mais si j’avais une forme à choisir ce serait plutôt le triangle, mais écrire triangulairement restait assez abstrait. Je préfère employer le terme d’oblique, pour qualifier l’écriture, n’en déplaise à Gustavo. Et puis moi je ne voulais rien, pas parler de quelque chose en tout cas.

L’autre aussi (le narrateur de mon for intérieur), me reprochait d’écrire sans y toucher, de rester à la surface des choses, de ne pas y aller à fond. Mais si je plongeais au fond des choses, je risquais de ne plus rien voir – tel ces poissons aveugles des grands fonds. J’aimais bien me tenir au bord des choses, même si c’était l’abîme, surtout si c’était l’abîme – la vie est un petit trottoir en surplomb d’un abîme,  écrit Virginia dans son Journal, le 25 octobre 1920 – et me pencher un peu, regarder au fond, mais pas plonger, ne pas me noyer, pas tout de suite, jamais si possible, me convenait très bien.

Quand ça voulait pas, ça voulait pas. Il fallait bien l’admettre, je n’arrivais plus à avancer cette maudite pièce. Mes ogresses me traitaient de pouffiasse. Même plus à la hauteur du poète autoroutier. Pourtant, lui aussi n’était pas au meilleur de sa forme. Des haïkus de plus en plus dieu ancien testament dictant en lettres de feu du haut de son nuage :

LA CEINTURE
À TOUT MOMENT
TU PORTERAS

Scrupuleusement, je me les répétais en boucle pour les mémoriser et les noter dans mes carnets dès que je pouvais m’arrêter sur le bas-côté. Parfois ça me polluait le cerveau jusqu’à la maison. Aussitôt notés, je tentais de les oublier en allant marcher sur la colline mais ils revenaient bourdonner comme des mouches.

ROULER TROP
VITE = FINIR
SA VIE TROP TÔT

Celui-ci en particulier me désolait avec ces coupes bizarres, ce signe « égale », et ces capitales – certes le format écran lumineux de l’équipement autoroutier l’exigeait – ce style gravé dans le marbre, ce manque de rythme surtout… mais ce n’était peut-être pas un poème après tout… Quelqu’un  – chef ou narrateur intérieur – lui imposait-il un thème, des consignes précises autres que la contrainte des trois vers ? Serais-je capable de broder sur « vitesse, vie, mort » ? Ainsi me sentais-je acculée à tenter l’exercice à mon tour. À la fin de la promenade, je n’aboutis qu’à deux piètres résultats :

La vitesse grise
La feuille sur son dos savoure l’escargot
Cellule de dégrisement

(Je n’avais même pas réussi un rythme 5/7/5)

Finir un haïku
Trop vite ou trop tôt
Poète tu nous roules

(Celui-là, pastichant celui du poète autoroutier fit mon miel)

Le lendemain, je le fustigeai et fulminai de nouveau.

UN BREAK
TOUTES LES DEUX HEURES
TU T’OFFRIRAS

Si je voulais d’abord ! Si je voulais ! Je garderais pouffiasse pour l’instant. Il me fallait tout reprendre, tout relire, tout réécrire !

Texte : Christine Zottele

[1] « Les Ogresses » est le titre provisoire de la pièce écrite par la narratrice et qui lui donne tant de difficultés à ce moment-là. Une lettre du 8 mai 2019 adressée à Agathe Lebrun fait état de cette conversation avec Sonia : «… je reprends les dernières scènes des « Ogresses », celle notamment où Nef se fait traiter de pouffiasse par Bert. Sonia n’a pas cessé de me répéter que je n’étais pas obligée de tomber dans ces facilités et ces vulgarités, mais elle n’a rien dit sur profiter qui pour le coup me pose vraiment problème – tellement plus ordurier que pouffiasse…  mais je ne parviens pas à trouver de substitut à profiter, dans profiter de la vie par exemple, il y a bien cueillir le jour mais ça n’est pas toujours possible» voir Lettres, tome 2 de la présente édition, p. 59.

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Chroniques du su et de l’insu | 4 Le souffleur et le brocolis

30 mardi Avr 2019

Posted by lecuratordecontes in Christine Zottele

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Christine Zottele, Chroniques du su et de l'insu

Si, c’était impardonnable ! Qu’elle ne sache pas dire ce qu’était cet objet était inconcevable. I should have known ! Que je ne bouge pas surtout, elle revenait déjà avec un gros registre sur lequel je me penchai à mon tour. Tous les objets de Monk’s House y étaient scrupuleusement répertoriés avec une photo et un descriptif. Nous étions dans la salle à manger et j’avais posé les yeux sur ce drôle d’instrument  – cylindre et feuille de papier sur lequel était tracé un graphique enregistrant des données – au bord de la fenêtre donnant sur le jardin. La bénévole m’expliqua qu’il s’agissait d’une sorte de baromètre enfin c’est que je compris – n’ayant plus pratiqué l’anglais depuis un certain temps.

            Depuis un certain temps, le narrateur de mon for intérieur me laissait en paix. Ce qui pour mon plus grand bonheur laissait le champ libre à Virginia. Je m’étais mise en tête de relire toute son œuvre romanesque en même temps que son Journal, mais j’avais de l’avance sur son journal et du retard sur le romanesque. Après Traversées, j’avais donc sauté Nuit et Jour, pour passer directement  à Jacob et quelques nouvelles telles que « Dans le verger » ou « Un roman à écrire » je relisais Mrs Dalloway après ce voyage à Londres et à Rodmell – un siècle exactement après l’acquisition du cottage de Monk’s House. Parfois, c’était Clarissa qui s’immisçait en moi. Je ne suis pourtant pas une bonne maîtresse de maison. Recevoir me demande un temps disproportionné par rapport à celui qu’exige le ménage, le rangement, les courses et la préparation du repas chez les femmes normales.

            Elle dit qu’elle se chargerait d’acheter les amandes effilées. Insidieusement, telle une éponge capable d’écrire, je pastichais Virginia. Ma maison était un chaos sans nom – peu de différence entre le désordre et la multitude de livres et de papiers divers recouvrant tous les espaces libres de la pièce d’une autrice géniale et d’une autrice qui se croit médiocre mais espère se tromper, existe-t-il un féminin à charlatan ? – et il me fallait immédiatement faire une liste pour ne rien oublier. Je devais passer au marché avant d’aller chez Marcel, ranger le salon au cas où l’on ne puisse pas déjeuner dehors, corriger quelques carnets de lecture – non, je n’en aurais pas le temps, ce serait pour le lendemain – l’urgence était l’achat des amandes effilées pour mon gâteau et le rangement.

            Depuis un certain temps, tout prenait beaucoup plus de temps. Je venais d’avoir 59 ans, l’âge de Virginia au moment de mettre des pierres dans ses poches et d’entrer dans l’Ouse. Moi qui, plus jeune comprenais si vite les choses au point qu’on avait du mal à me comprendre quand je tentais de dire quelque chose à la même vitesse, j’éprouvais quelquefois une totale incompréhension devant des mots aussi simples que souffleur. Ainsi, quand Sonia avait dit à Alex qu’elle lui avait rapporté son souffleur, j’avais trouvé incongru d’apporter une personne chargée de souffler les répliques oubliées mais aucune autre signification de ce mot ne se présentait à mon esprit fatigué. Je fis donc répéter  à Sonia. Un souffleur? C’est quoi ? Et Sonia de me répondre : Le Souffleur et le brocolis, tu ne connais pas ? Je ris avec elle un temps avant de comprendre ce cheveu sur la langue des choux. Mais le souffleur existe, c’est un outil pour souffler les feuilles mortes. Et Virginia n’était pas une feuille morte. Elle vivait en moi. L’idée pouvait paraître folle mais c’était comme si je me devais de poursuivre son œuvre, puisque après tout, j’avais dépassé l’âge qu’elle n’avait jamais atteint. C’est ce moment-là que choisit l’autre pour me dire que j’étais une tordue complètement azimutée et siphonnée – ou chiffonnée ?

 

Souffleur 2

Cabane d’écriture de Virginia

Texte et image : Christine Zottele

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Chroniques du su et de l’insu | 3 La portion congrue du congre

21 dimanche Avr 2019

Posted by lecuratordecontes in Christine Zottele

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Christine Zottele, Chroniques du su et de l'insu

portion congrue

Le narrateur de mon for intérieur est un dictateur qui m’impose ses diktats. Il exige que j’écrive chaque jour au moins une page. Je soupire. Même si ça ne vaut rien ? Surtout si ça ne vaut rien. C’est la fonction décrassage que tu actionnes. J’inspire et j’expire. Et après la page, tu me laisses tranquille ? Silence éloquent. Je commence par relire la colonne de gauche dans laquelle sont inscrits des titres qui n’intituleront probablement que des fantômes de textes : L’outremesure, L’aboyeuse aux chiots tristes, Il n’y a rien et ça me remplit, L’Inachevée, Son of a witch, La portion congrue du congre, Et caetera, etc. J’ajoute la différence entre une grenouille et un crapaud, apprise hier sur France culture, que je barre d’un trait noir ; je la reporte sur la colonne de droite avec entre parenthèses (grenouilles : peau lisse et grandes pattes postérieures de sauteuses/ crapauds : venin derrière les yeux) et me promets d’observer plus attentivement batraciens et batraciennes dès que l’occasion se présentera.

Il fallait donc que j’écrive à son insu si je voulais vraiment écrire (comme par hasard, je ne cessais de tomber sur cette locution au cours de mes lectures). La première mesure que je pris fut d’abandonner ce système de colonnes. La difficulté était d’agir à son insu (à l’époque il était encore bien vivant/vigilant) aussi y allais-je progressivement. D’abord, les colonnes devinrent des pages entières : celle de gauche consacrée à l’insu et celle de droite au su. Puis, je pris deux cahiers (un pour l’insu et l’autre pour le su). Enfin, je me mis à gribouiller ou à coller des images sur le cahier de l’insu, ce qui provoqua (comme je l’escomptais) le désintérêt progressif du narrateur iconoclaste (pointilleux sur la précision de la langue, il me fichait une paix royale pour le choix des images). Pour tester ses réactions, je commençai alors à glisser quelques mots incongrus, des définitions et des phrases loufoques. Je marchais sur des œufs sans faire d’omelette. Je tentai la même chose sur l’autre cahier mais les oreilles m’en chauffèrent.

Le cahier du su (que j’intitulai « Plein Gré » avec pour résultat un hochement de tête approbateur de mon narrateur) était devenu le cahier du leurre. J’y inscrivais une prose tenue, serrée mais parfaitement indigente au milieu de laquelle je glissais quelques expressions éculées telle « une beauté à couper le souffle » et si je n’entendais pas aussitôt  « Mazette, celle-là je ne l’avais jamais entendue ! Tant d’originalité ! J’en ai le souffle coupé, les bras m’en tombent… » (je vous épargne le reste – le narrateur de mon for intérieur était un rien hyperbolique), bref, je m’empressais de rayer le cliché pour revenir à ses petits papiers, obtenir son silence, son ennui jusqu’à son sommeil… Car même lui s’endormait à la lecture de ce brouet insipide, sans chair ni os… Je saisissais alors le cahier de l’insu pour écrire de la manière la plus débridée possible ! Ça prenait du temps, certes, mais tant qu’il dormait j’avais la paix. Je n’avais pas encore projeté de l’éliminer. Définitivement.

 

 

Texte : Christine Zottele

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