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pour les cosaques - noir strié de lumières bleues

Sommes devant la nuit sur une terre bouleversée, bosselée.

Une terre pauvre où s’accrochent des plantes sauvages et broussailleuses qui ont perdu dans le froid nocturne l’odeur qu’elles exhalent au soleil.

Sommes dans la nuit peuplée de choses indistinctes que devinons hostiles, de petites branches crochues, de pierres indécelables qui sont pièges pour la marche.

Sommes paralysés par le froid glacial et la crainte devant l’inconnu.

Mais quand l’espoir tremblant nous fait lever les yeux, il y a le souvenir bleu, vif, mouvant, de la vie, qui file secouant les fusées sombres, une espérance entêtée qui attend que nous nous lancions à sa suite.

Les ajoncs cachent dans le noir la splendeur jaune qui éclatait au soleil, et leurs épines, avec les buissons et les plages d’un vert tendre de l’herbe jeune, mais un reflet souvenir laisse des traces dans le bleu mouvant que suivons de notre désir.

Et y cédant nous réalisons que c’est illusion née de la nuit où nous plongeons, puisque ce mouvement bleu c’est nous qui le créons en vivant (et ici, en l’occurrence en roulant ou marchant vivement dans un monde aimé).

Texte et photo : Brigitte Celerier