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Quitter la demeure confortable des souvenirs
Chasser de l’esprit le limon de bonheur, traces laissées d’anciens plaisirs. Tout ce qui est né d’elles en désir pour le beau, la saveur, la rencontre de l’autre.
Purger l’intérieur, extirper toute parcelle joyeuse, lessiver les parois, du crâne, du cœur, de la peau. Plus trace de caresse, empreinte de lèvre. Que le pas oublie l’accueil du chemin, de tout chemin et leurs promesses.
Qu’un brouillard plus dense que la pierre avale l’horizon.
Alors, le regard vague, où la seule lumière est celle de la crainte, prendre à pleine main le flacon qui circule de bouche en bouche, se verser une large gorgée de son jus acre, puis une autre. Lui faire poursuivre sa ronde en la laissant à la main qui se tend.
Bien plus tard, mangé de silence, étendre le corps, soulever du sol la tête d’un habit roulé en boule ou d’une chaussure retirée.
Croiser le regard d’un autre, étendu lui aussi. Apercevoir alors ce que le néant y cachait, ce qui reste de l’être et qui ne disait rien.
Oui l’âme est dévastée
mais ses ruines sont belles
Texte : Luc Comeau Montasse
Image : Merci à René Taesch d’avoir permis d’utiliser cette photographie publiée dans « Portrait de groupe avant démolition »
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et savoir que dans l’homme qu’on pensait détestable ou minable danse une petite étincelle
cette étincelle qu’on devine
dans l’oeil entre-ouvert
Merci de l’émotion partagée qui me rend muette…
[Cette photo me hante
depuis des années]
Oui, elle est lourde, je comprend aisément cela !
Merci de nous l’avoir montrée…
cet enfant qui a couru, cet homme qui a marché et qui tombe… laisse en nous tant de questions sur l’humanité
Oui, si on parvient à voir l’enfant
(en lui)
on ne peut plus ignorer l’homme
et
les questions nous prennent au col
comment, pourquoi ?
cet homme, mon semblable, merci pour ces mots
c’est de croire le contraire
qui rend fou d’orgueil
certains
lesquels pensent qu’il existe une échelle de mesure de l’humain
.
qui n’a pas un jour été mis à terre ?
(virtuellement ou non)
la différence ?
(en grande partie due à la chance)
Cet homme n’est pas une ruine, jamais.
Mille fois raison
il habite des ruines
(quartiers, habits, …)
il n’est pas une ruine
.
Au moindre de ses mouvements
(et son regard en est un)
l’homme est présent
(merci de ce « jamais »)
refuge pour les dépaysés