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Histoire-sans-parole-1

Un premier texte inédit, à l’instant choisi – c’est rare, chez moi, de choisir l’instant où je serre la plume, c’est plutôt l’instant qui vient me prendre -. Écrit spécialement pour « Les Cosaques des Frontières », cet endroit sensible qui m’accueille depuis peu, pour remercier. Un « petit truc », donc, (comme souvent je qualifie mes textes) pour dire merci à Jan et aux lecteurs passants. Je parle de nos paroles, ces syllabes venteuses qui partent, sans projet d’horizon, sans même le désir de s »accrocher aux branches. J’ai pensé à l’offense, tous les jours, faite à nos langues si riches d’instables vocabulaires. Dire la capacité du langage à nous « faire croire » encore.

Belles heures à vous et aux mots des falaises, des arbres, des jardins, des doutes et de nos joies.

La parole

le geste franc de la parole
ce qui se donne à l’aube
ce qui s’éprend le soir

le geste franc de la parole
ce prendre et cette offrande

ce qui se dit d’ici
ce qui se dit d’ailleurs
comme de petits murmures frais ruisselants d’intentions vives
à nos oreilles ouvertes
à notre cœur arrosé d’espoir fou

ce peu qui reste
ce peu qui reste encore
dans la haute gorge humaine
parmi mille bruits inventés
et dans la surenchère de mots creux répétés

le geste franc de la parole
dans l’encre aussi
se substituant à la salive des mots
dans nos temps desséchés

ce nécessaire qui disparaît
le petit essentiel

le geste franc de la parole
et la virgule
pour nous comprendre

Zakane (31/08/2015)