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(ancien slogan)
Extrait d’un courrier de Jan Doets.

debarcadere blog-2a

Après avoir déjoué tous les pièges et dérangé l’écume de trente-six rivages, l’homme à tête de silence ne put s’empêcher de penser.

Flots, vagues et îles ambigües se mirent à émerger d’une lointaine trajectoire.

Il s’était esquivé, avait pris le large, la lune en fanion d’invisibilité pour dévoiler la route du sel, démonter ces trompeuses confréries des contraintes. Pour franchir les brumes.

« Je ne connais pas le parfum du thé des monts du Tibet, ni les murailles de Séville. Ni les roches rouillées du grand Colorado… »

Rien ne se s’accroche dans l’entrelacs des méridiens. On joue de la guitare attaché au mat pour larguer les amarres. Analusis.  Et les alcools des ports fredonnent des rengaines.

«  à l’orée des lucioles
coulent les nectars des fleurs oubliées
glissent les gouttes de pluie des mémoires revenues
vapeur d’ombre, vapeur de nuit »

Le rhum, oui, et les couleurs qui ondoient sur les visages des passants, qui colorent les yeux de sourires inventés, qui orangent les halos des réverbères.

A Villefranche-sur-Mer, il avait vu une maison qui venait d’Inde, avec des arbres forts et souples chargés d’oiseaux. Une maison comme un navire. Une maison comme un chant de naufragé heureux.

L’homme à tête de silence n’avait plus un sou vaillant, pas un grain de carte, pas une plume de compte en coffre. Juste ce silence qui s’installait parfois et lui permettait de voir la ligne du partage du ciel, là où se posent ces taches blanches fluctuantes qu’on prend pour la crête des vagues.

débarcadère

 

Texte toiles (carte marine, collages et encres sur toiles) « débarcadère » (cliquer sur l’image pour l’agrandir)
2014-03-24 écrit et peint pour Les Cosaques des Frontières par Carol Shapiro (reprise)