81
Le temps n’attend pas
qu’on le prenne
Il est sans patience
82
Je n’ouvre pas
la porte
J’applique deux pressions
sur la poignée
La première descend
l’autre me vient
ou se repousse
Ainsi de chaque geste
y compris de la pensée
83
Il faut s’adonner
à la respiration
s’abandonner
tout entier
à l’abaissement
du diaphragme
84
L’air que je respire
est passé par les poumons
de mes ancêtres et passera
par ceux des générations futures
En tant que véhicule de vie
il est porteur de mes intentions
de mes actes et de leurs conséquences
85
Rien ne se fait
tout à fait sans accroc
Il y aura toujours
ces instants de paille de fer
à brûler
86
Tu ne renaîtras pas
de tes cendres
Mais du feu
entretenu
par d’autres pour toi
en ton absence
par des chemins égarés
Garde confiance
tu le
ou la rencontreras
87
Tenez-vous prêt
à ne pas l’être
88
Les raisons
ne sont pas des excuses
mais ne pas
te pardonner
en est une
89
Profitez de chaque jour
comme s’il était
le dernier
mais pardessus tout
le premier
90
Plus ils pensent
avoir raison de moi
et plus je crois
J’ai la foi
mortaises et tenons
malgré la douleur
chevillés
à ce corps provisoire
Texte : Patrick Prigent – HAGAKURE du combat ordinaire – Travail en cours