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Clark Terry

Dans la musique, comme dans la littérature, une belle histoire touche le coeur. Qu’importe si c’est L’amour des trois Oranges de Prokofiev (après une histoire de Carlo Gozzi, L’Amore delle tre melarance) ou le blues, c’est l’histoire qui compte. Le texte d’un blues commence toujours de la même façon, comme ‘au petit matin de lundi passé, il m’appelait au té-lé-phone…’. Un chanteur ou cantatrice, qu’importe la musique, classique ou jazz, cherche souvent un visage dans le public et s’imagine ne chanter que pour cet individu.

Lui, il a toujours raconté des belles histoires. Clark Terry, le fameux trompettiste américain. C’est avec lui que j’ai le lien le plus intime. Car on a fait pipi, épaule à épaule. Il jouait dans un café à Amsterdam, un soir en 1990. En costume tout blanc. Quel beau contraste! J’avais apporté quelques-uns de ses disques pour les faire signer, si j’en avais la chance. Pendant l’entre-acte, je le voyais disparaître aux toilettes. Je le suivais comme une ombre. En fixant le mur tous les deux, on a bavardé et après il a signé tous, gracieusement. En dessinant une petite trompette sous sa signature.

Écoutez comment Clark Terry raconte une histoire. Dans une langue universelle, sans articuler ses mots. Toute une histoire en deux minutes et quarante-neuf secondes, la plus emballante quand arrête la batterie, à partir de 1.55.


 
Clark Terry en Finlande avec Oscar Peterson, 1965
 

 

Texte: Jan Doets