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ce serait - 56 - le vent sculpteur

Ce serait près du sommet du rocher, au dessus du chemin qui tourne en grimpant, sur le flanc où court le vent débouchant vers le fleuve, un arbre, point encore chenu, en sa forte vaillance.

Ce serait la poussée inlassable de la vie lançant les branches, ce serait, par foucades, au long des ans, la caresse brutale du vent contrariant leur élan.

Ce serait une danse faite de torsions, de courbes et contre-courbes, d’évitements, de croisements, soulignée par les écailles de l’écorce, en brun sombre sur gris brun.

Ce serait l’éventail des aiguilles, feuillage du pin, offrant une prise au souffle, éventail repoussé en lente violence qui entraîne, déforme, oriente les branches avec une insistance tressautante.

Ce serait leur masse offrant telle surface à la poussée qu’une branche a chu, que le tronc s’en trouve ébranlé, que souffrent les racines agrippées à la couche de terre sur la pente du rocher.

Ce serait la beauté calligraphiée de cette silhouette, la sympathie qu’elle provoque chez tous les passants.

Et puis non, ce ne serait pas, ce fut

ou ce serait un souvenir fixé, gardé, souvenir de visites rendues

parce qu’il est mort l’arbre

et ne reste même plus la souche.

 

Texte et photo : Brigitte Celerier