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~ refuge pour les dépaysés

Les Cosaques des Frontières

Archives de Tag: Cosaquiana

Les fils de la staroste /7 et fin

28 samedi Déc 2013

Posted by lecuratordecontes in Brigitte Celerier

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Cosaquiana

22 12 3 pour la fin des fils... sépia

Borislava, dans la bibliothèque, a souri un peu de travers, levé la tête vers Oksana

– «M’est avis que la prochaine fois nous devrions lire TOUT le conte avant de nous lancer»

– «Hum, oui – surtout pour les enfants, à moins que cela les fasse rire»

– «Oh que ça excite les plus grands je n’en doute pas – bon il faut finir,… je propose que nous adoucissions le sort de Zulma»

– «oui, tuons-là simplement – reste la morale finale..»

– «le mieux est de ne pas s’y risquer – ou si, je crois que je vois..»

– «bon tu prends la fin»

– «et je te laisse tuer Zulma»

– «oui mais toi tu commences avec la reconnaissance»

Et le soir, elles sont arrivées en grandes robes rouges brodées de noir «allons y franchement, avait dit Oksana» accompagnées par un petit air de marche vive joué par le maître sur son tsymbaly et Borislava a commencé

«Donc Orlanko est entré, s’approche d’Orlik qui git sur la table, entre les bras du vieux Neczaj, et l’apostrophe avec un air de défi triste mais triomphal «ah maudit ! tu m’avais volé la jeune-fille que j’aimais, je te l’ai reprise !» mais l’attaman lui répond dans un souffle «mon fils, ne me maudis pas» et le serviteur tend au jeune homme la lettre et la reconnaissance. Orlanko lit, se jette à genoux à côté du mourant l’embrasse, gémit sur lui.

Son père lui prend la main, regarde la bague qu’il porte, la bague remise par la staroste sur son lit de mort, la reconnaît – «Je la lui avais donnée, quand nous nous sommes séparés, quand elle a préféré à son amour pour moi, simple kosak, l’union avec Woronicz, ce seigneur polonais qui est passé pour ton père. Nous nous sommes revus, des années plus tard, je l’aimais toujours, elle m’a dit que Woronicz lui reprochait ta naissance, je l’ai tué, lui. Et comme Mazeppa ne voulait pas de l’inimité des polonais, on a fait courir le bruit d’une mort par maladie, et Jeanne est rentrée dans son domaine avec le cercueil scellé. Tu es mon fils, embrasse moi, et pardonnons nous pour Zulma, je ne savais pas que vous vous aimiez.»

Alors tous s’attendrissent et le père et le fils se tiennent embrassés, Orlik balbutie pardon, et puis hausse un peu la voix pour demander pardon à tous ses frères kosaks, ferme les yeux, sa tête ploie, retombe, et il expire.»

C’est au tour d’Oksana de s’avancer

«Orlanko se lève, regarde autour de lui avec un air égaré ; il pleure. À ce moment entre Zulma, plus belle que jamais, sans voile, les cheveux épars, dans une longue robe légère ; elle ne voit rien, ni l’assistance en désordre, ni les armes, ni le cadavre ; elle s’élance vers Orlanko et veut se jeter dans ses bras.

Mais il fait un pas en arrière «je suis un parricide», et puis il la repousse «démon ! À cause de toi j’ai commis un meurtre !».

Elle le regarde, elle regarde le corps, elle blêmit, trébuche, glisse au sol. La nourrice et son père se précipitent, tentent de la ramener à elle, se redressent, elle est morte.

Alors Orlanko pousse un grand cri «j’ai tué mon père, j’ai tué ma bien-aimée, je suis voué au meurtre, et il sort en courant, suivi par ses compagnons.»

Et, très vite, Borislava reprend la parole

«À Bender, le khan s’est retiré dans ses appartements pour pleurer sa fille, après avoir donné ses ordres, et on s’active à préparer, au lieu du mariage, les cérémonies pour les deux enterrements, pendant que les kozaks galopent vers le campement près de la Czertomelik.

Leur arrivée est accueillie avec soulagement, ils annoncent la mort d’Orlik et ses remords ; les vieux, les femmes pleurent leur attaman.

Le lendemain il est décidé d’élire son successeur et, contre sa volonté, Orlanko est désigné. Il reste silencieux un moment, tête baissée, et puis, il sourit et debout sur un perron, face à l’assemblée des kosaks, il proteste de sa jeunesse, il fait le serment de se consacrer à leur indépendance.

Et la vie continua, sur leurs terres, la vie normale, mes enfants, pas comme dans les histoires.»

FIN

Texte : Brigitte Celerier
Image : sculpture de Yevgueni Alexandrovitch Lanceray

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Les fils de la staroste /6

27 vendredi Déc 2013

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Cosaquiana

20 12 dague pour fils...

Oksana et Borislava, ce soir là, se plantèrent côte à côte devant les enfants – quelques notes d’Oksana sur sa bandura, un claquement des mains levées de Borislava, et elles entamèrent leur récit, prenant la parole tour à tour

– «Orlik s’était redressé, à l’entrée en tumulte des jeunes cosaques, mécontent de cette irruption, mais en voyant Orlanko il sourit et lui crie «sois le bienvenu !»

– «mais c’est avec un visage fermé qu’Orlanko avance à grands pas coléreux pour lui présenter hommages et cadeaux de ses frères zaporogues»

– «et comme Orlik, après l’avoir remercié, l’invite à prendre sa place à la table, à le remplacer, pressé qu’il est de rejoindre sa fiancé, le jeune homme se raidit, en fureur ardente, l’injurie, le nomme infidèle, renégat, le menace»

et Oksana s’avance d’un pas

– «Orlik repousse son fauteuil, se lève, il tire son sabre mais les cosaques avancent en brandissant leurs armes.

Les convives, les pachas, le vizir, les quelques cosaques féaux de l’attaman s’émeuvent, s’apprêtent à intervenir pour le défendre, mais les jeunes cosaques sont face à eux, sabres menaçants, Orlanko fait rouler son regard sur leurs visages effarés : «Ceci est une affaire entre notre attaman et nous, rengainez vos épées, ne nous forcez pas à vous tuer», et ils se figent.

Lui, il se rue sur l’attaman, et plonge sa dague dans la poitrine d’Orlik qui tombe en renversant les plats.

Alors le vieux Neczaj entre, se précipite sur Ivan/Orlanko, s’agrippe à son bras et s’exclame «tu es fou !» mais le jeune homme se dégage et sort en courant par la porte donnant sur le harem.»

Oksana se recule, un petit silence, et puis Borislava continue :

«Neczaj s’est approché d’Orlik, il le redresse, l’allonge avec l’aide d’un serviteur sur la table, se penche sur lui, murmure «C’est ton fils» – «Qui ?» – «Orlanko».

Et dans la salle du festin, dont les jeunes cosaques bloquent les portes, pendant que les convives se regardent, se regroupent autour du corps, effarés, mais ne semblent pas désireux de combattre, malgré les objurgations du khan, qui semble prêt à éclater de rage et se découvre impuissant, l’attaman et son vieux serviteur sont comme sur une île, occupés seulement l’un de l’autre.

Neczaj étanche désespérément la blessure, penché sur Orlik qui interroge «Que dis-tu ?» «la lettre…» «dans ma poche». Neczaj fait un signe, un serviteur s’approche, prend la lettre, et à la demande du mourant la lit à haute voix.

Et dans la salle, dans le silence qui s’est fait, la voix dit les mots de Jeanne, la staroste, qui, sur son lit de mort, adresse un adieu à cet homme qu’elle a aimé, lui parle de son fils Ivan venu auprès de lui, et puis le serviteur déplie l’autre papier contenu dans le pli, lit la déclaration, écrite il y a force années, par laquelle Simon Woronicz, staroste de Smolensk, reconnaît comme son fils l’enfant que porte sa fiancée Jeanne..

Orlik a fermé les yeux.

À ce moment Orlanko/Ivan entre à grands pas, visage crispé d’une joie sauvage, s’approche de lui et … mais ce qu’il déclare et ce qui adviendra de lui, de tous, nous vous le dirons la prochaine fois.

Et les deux femmes sortent dans le brouhaha des enfants, que le maître et les mères calment doucement.

 

Texte: Brigitte Celerier

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Les fils de la staroste /5

19 jeudi Déc 2013

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Cosaquiana

19 12 3 guimbarde pour cosaques

Ce soir là, quand Oksana pénétra dans la salle, le maître derrière son petit tsymbaly soutenu de quelques notes par Borislava sur une drymba (comme elle se désolait poliment d’être incapable de jouer de quelque instrument que ce soit, il lui avait dit qu’en répétant bien tous les deux, elle pourrait en jouer un peu, en contrepoint, d’une drymba ; elle avait écarquillé les yeux, dit «de quoi ?» et comme il ouvrait un tiroir pour lui montrer l’instrument «ah une guimbarde» et elle avait souri, toute joyeuse au souvenir d’un jeune camarade et du soleil qui s’endormait il y avait si longtemps dans les prés des vieilles montagnes émoussées du massif central, chez elle, et depuis elle s’était acharnée jusqu’à exaspérer tout le monde), le maître et Borislava ont accompagné, solennisé cette entrée par une lente marche s’emballant peu à peu, et après la cassure brusque qui a suivi le prestissimo déchaîné du tsymbaly, Orlanko a commencé

«À Bender le jour du mariage était arrivé, qui a commencé par un grand banquet auquel assistaient le khan, son grand vizir, douze pachas, et, en foule, des mirzas et des beys, et puis, bien sûr, l’attaman turquisé et ses invités, une vingtaine de chefs zaporogues qui lui étaient fidèles. Les cymbales et les tambours turcs alternaient avec les théorbes et luths des cosaques, les mélopées sentimentales des jeunes filles musulmanes avec les chansons lestes des guerriers zaporogues.

Sur les tables, sur les nappes d’une finesse irréelle brodées de fils d’or et d’argent, se pressaient des plats aussi exquis pour l’oeil que pour les lèvres, et dans de grands verres gravés d’entrelacs coulait – ô musulmans Amurat a dit que le vin, avec modération, était un don de la nature auquel vous pouvez goûter – l’or des bouteilles. La joie s’affichait sur toutes les faces, et les jeunes s’y donnaient de tout coeur.

Il n’y avait que cette fine silhouette, parée comme une chasse des chrétiens, qui se tenait réservée, comme dans un désir d’effacement, voile baissé pour cacher l’expression de ses beaux yeux, ses yeux que les jeunes filles chantaient… comme il convient à une future épousée, un peu davantage pourtant, mais dans la liesse personne ne s’en souciait.

Et Orlik qui boit, mange, triomphe, dresse son buste comme une statue en gloire, promène un regard fier sur l’assistance et possessif sur sa fiancée, ne doute pas que son impatience est partagée. Il lui parle, de sa bouche se déverse sur elle le flot des compliments, des comparaisons consacrées par les poètes et les chansons, elle baisse un peu plus la tête, sa main joue dans son assiette, elle ne répond pas.. et il s’assombrit, sa main va chercher la lettre dans sa poche, joue avec elle, la peur lui vient, la crainte de ce qui est écrit là, mais il ne peut se résoudre à l’ouvrir.

La nuit descend, on sert des sorbets, on boit du café en regardant la danse des jeunes esclaves, et Fatmé arrive, s’approche du khan, annonce que la chambre nuptiale est prête…»

La voix d’Oksana s’est fait douce, presque un murmure, pourtant elle porte jusqu’au dernier des enfants –

«Alors le khan fait un signe, Zulma se lève, sort avec Fatmé, qui, la porte franchie, soulève le voile, embrasse la jeune fille, écrase une larme qui veut poindre, la gronde avec un sourire triste. Alors le khan et l’attaman se regardent, se saluent, et Orlik commence à se lever…»

Borislava est venue se placer devant son amie et c’est sa voix qui continue, une voix forte et pressée.

«Mais, juste à ce moment, entre un eunuque qui annonce que la jeunesse cosaque est là, accourue pour féliciter son attaman et lui faire un cadeau. On entend un tumulte, les portes sont ouvertes en grand, les guerriers entrent à grands pas fiers, et Orlanko est à leur tête.

Mais ce qu’il advint, mais la suite et peut-être la fin de l’histoire, ce sera pour la prochaine fois…»

Texte : Brigitte Celerier
Image: une guimbarde

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Les fils de la staroste /4

12 jeudi Déc 2013

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Cosaquiana

8 12 3 pr fils de la staroste 4

Dans la bibliothèque Oksana plaidait, Borislava tournait en rond en secouant négativement la tête

«- c’est à ton tour de commencer demain

– mais là, c’est spécial, je ne sais pas comment ne pas les ennuyer, les enfants, ou ne pas les faire ricaner… on était en plein élan, et il faut que je vienne expliquer, préparer les surprises… c’est toujours difficile et un tantinet, ou très, ridicule ces moments, tu sais en France on appelle ça la croix de ma mère

– la croix de ma mère ?

– oui, ces révélations stupéfiantes, grâce à un bijou, une petite chemise, un grain de beauté ou une lettre…

– puisqu’en Ukraine on n’a pas de mot pour ça, que ce n’est pas prévu, qu’on ne sait donc pas faire, c’est à toi de t’en débrouiller

– raisonnement spécieux ma belle, et d’ailleurs c’est le conte qui le veut, et il est ukrainien le conte, non ?

– C’est ton tour, non ?

– Oui, c’est bon, passe moi le livre…»

et elles ont continué à discuter, à préparer, à résumer, avec des rires et de presque jurons de veilles femmes dignes et délurées.

Le lendemain, Oksana a joué sur sa bandura les premières notes d’une vieille chanson, le maître l’a entonnée, les enfants, sur un signe de lui, ont repris, mélange de voix aiguës, de sourires ravis, et Borislava, en retrait, savourait le temps qui passait…

Quand les dernières notes se sont effacées, elle s’est avancée sous les regards qui la cherchaient, des bouches attentives se sont ouvertes, pleines d’attention, elle a écarté les mains, elle s’est penchée un peu vers les petites têtes

«Donc les cosaques, enflammés par Orlanko, galopaient à travers la plaine, avalaient les collines, les gués, les bois, entre le bord de la Czertomelik et Bender, pleins de colère contre leur attaman Orlik, ou Osman-Pacha. Et comme la route est longue, comme nous ne le connaissons pas cet Orlik qui doit épouser la belle Zulma, pendant qu’ils se précipitent vers lui, je vais vous raconter son histoire, juste un peu de son histoire, parce qu’elle est trop mouvementée, et puis, moi, je ne sais pas tout.

Donc Orlik, en sa jeunesse, avait été le yessaoul de Mazzeppa, chargé de toutes les négociations, il avait même été envoyé à Constantinople demander au divan son aide pour le roi de Suède et l’attaman des cosaques ukrainiens ; il avait été bon combattant contre les russes ; à la mort de Mazzeppa et du roi de Suède il s’était attaché à Constantin Horodenski, avant de lui succéder, élu et acclamé par ses compagnons, comme attaman des cosaques indépendants protégés par le khan.

Il fut glorieux. Il faisait des incursions victorieuses en Ukraine, il attirait à lui les jeunes cosaques au service des russes ou des polonais, et parmi ces nouvelles recrues, Ivan, qui était si vaillant, si bon cavalier, si habile manieur de lance et de sabre, si beau qu’il fut accepté sans qu’on lui demande son nom, sa famille, qu’Orlik l’aima comme son fils, le nomma Orlanko et en fit son yessaoul, qui le représentait, le suivait comme dans cette visite au khan de Tartarie où on lui montra Zulma – il avait rougi sous son regard, et, en silence, sans qu’il le veuille et le sache, l’amour s’était installé, discret, dans un coin de son coeur.

L’amitié entre Orlik et le khan des tartares faisait murmurer dans les rangs des cosaques, même si c’était en secret, car leur besoin du soutien du khan était trop grand.

Seulement, pendant qu’Ivan, avec l’accord de l’attaman, partait vers le château de sa mère, Orlik avait quitté le camp des zaporogues, s’était installé dans le confort, le luxe, de Bender, se laissait aller à la douceur de la vie, comme un oriental, avec eunuques et harem, jusqu’à se faire musulman, changer de nom et demander la main de Zulma, comme nous vous l’avons déjà raconté.

Mais la veille du mariage, alors que, sans que la nouvelle lui en soit venue, les cosaques volaient, pleins de fureur, vers lui, le vieux Neczaj, ce cosaque qui avait accompagné Ivan devenu Orlanko, a demandé audience. Orlik l’a salué avec amitié, lui a demandé d’où il venait, et Neczaj a répondu «j’étais auprès de la zaporogue Jeanne et j’ai une lettre qu’elle m’a remise pour toi»…

Alors l’attaman, devenu blanc, a fermé les yeux une seconde, a pris la lettre, l’a regardée un instant, et puis, sans l’ouvrir, certain en son coeur qu’elle lui apportait douleur, l’a mise dans sa poche et s’est retourné vers sa fiancée, la belle Zulma qui était là, sourire figé sur son beau visage morne et craintif.

Et ce qu’il advint, qui est plein de musique, puis de fureur, de surprises Osaka vous le dira la fois prochaine.»

Et, en sortant, Osaka l’a bousculée comme par mégarde et lui a fait une grimace.

(à suivre)

Texte : Brigitte Celerier

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Les fils de la staroste / 3

05 jeudi Déc 2013

Posted by lecuratordecontes in Brigitte Celerier

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Cosaquiana

26 11 bandura pour fils de la staroste 3

Les deux amies se prenaient au jeu, gagnaient en assurance, soignaient presque leurs interventions, et ce jour là Oksana est arrivée avec une bandura, s’est assise près de la fenêtre, a commencé à chantonner une mélodie lente et solennelle, en pinçant les cordes, et puis a laissé le silence se reformer, pendant que Borislava (elle aurait été bien en peine d’en faire autant, de jouer de quelque instrument que ce soit), plantée devant les enfants, jambes un peu écartées, les mains sur les hanches, débutait son récit :

«Comme je vous l’ai annoncé, l’histoire reprend sur les bords de la Czertomelik, auprès des ruines de la Siez, ce qui restait de la férocité du général Jakowlew, le maudit qui a tout pillé, tout tué, après la bataille de Pullawa que gagnât le tzar Pierre, aux temps anciens..

C’était la nuit, un grand feu brûlait dans la plaine, entouré de silhouettes nombreuses, et les flammes faisaient courir des lueurs sur les faces des Zaporogues, les sourcils sombres, froncés, les bouches ouvertes sur des jurons, les têtes courbées sur la peine. Ils remâchent amèrement l’annonce que vient de leur faire, criant comme un héraut de malheur, Horosekiewicz, le porte étendard, venu à brides abattues de Bender :

– La triste honte, le déshonneur, sont sur nous, Zaporogues mes frères ! Orlik, notre attaman – maudit soit-il ! – n’est plus Orlik mais Osman-Pacha, et après-demain il doit épouser Zulma, la fille du khan de Pérékop, puisse-t-elle n’être jamais partie de Bakczysaraj !

Des bustes se sont redressés au son du sol martelé par des sabots dans la nuit… Orlanko et Dzura arrivent au galop… et le jeune yessaoul, couvert de la poussière de la route, se tient au milieu du cercle, salue les cosaques, annonce la mort de sa mère, se réjouit de son retour parmi eux, s’étonne de leur tristesse, interroge.

Il écoute, il baisse la tête, repense à ce qu’à dit la cygaine, demande des précisions. Là, au centre du cercle, au milieu des voix qui se bousculent, qui répètent les mots du porte-étendard, qui brodent sur eux, leur donnent vie, il reste immobile un moment, et parmi les cosaques assis, ou qui se pressent autour de lui, certains, ses camarades, notent la pâleur, le raidissement, les rides du front, et puis il semble se hisser, ses épaules s’élargissent, il domine, il commence, d’une voix presque basse qui fait que tous se taisent, que l’attention se fixe peu à peu sur lui,

«ô vous les anciens, c’est vous qui devez nous guider, je ne suis que l’un des plus jeunes, l’un des derniers arrivés..» et la voix enfle, le regard se fixe sur le lointain, «mais je ne peux me taire, je suis bouleversé, oppressé par la honte. Souvenez-vous de Mazzepa demandant à ses frères cosaques pourquoi ils n’osent pas être une nation, souvenez-vous de nos batailles, souvenez-vous de l’attaman Wyhowski refusant des cadeaux des polonais pour que nous restions libres, allons-nous tolérer que notre attaman se face mahométan et devienne le féal et même le gendre du khan des tartares ? Allons-nous nous turquifier ?»»

et Borislava se tait, Oksava se lève, pose soigneusement à terre, dans le silence, sa bandura, et puis, en faisant un pas vers les enfants

«alors les sabres ont-été brandis, des serments criés dans la nuit, Orlik est traité d’infidèle, la lutte contre lui est proclamée, et Ivan-Orlanko jure qu’il le tuera avant ce mariage… alors c’est le tumulte, les chevaux sont scellés, les hommes s’arment, trois charrettes sont chargées de leur maigre bagage et, en deux heures, il n’y a plus trace des cosaques dans la plaine.»

elle sourit, elle regarde les adultes debout au fond de la salle :

«et maintenant, mes enfants, il est l’heure du dîner et du long et sage sommeil..»

Texte : Brigitte Celerier

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