• À PROPOS – Editions QazaQ
  • À PROPOS – Les Cosaques
  • BIOGRAPHIES AUTEURS Éd. QazaQ
    • André Birukoff
    • Anh Mat
    • Anna Jouy
    • Brigitte Celerier
    • Christine Jeanney
    • Christine Zottele
    • Claude Meunier
    • Dominique Hasselmann
    • Éric Schulthess
    • Françoise Gérard
    • Jan Doets
    • Jean-Baptiste Ferrero
    • Jean-Claude Goiri
    • Lucien Suel
    • Ly-Thanh-Huê
    • Marie-Christine Grimard
    • Martine Cros
    • Murièle Modély
    • Nolwenn Euzen
    • Olivia Lesellier
    • Serge Marcel Roche
    • Stuart Dodds
    • Zakane
  • CATALOGUE LIVRES Éd. QazaQ
    • Anh Mat – Cartes postales de la chine ancienne
    • Anh Mat et l’apatride – 67 Cartes postales de la chine ancienne (tome 2)
    • Anna Jouy – Je et autres intimités
    • Anna Jouy – Pavane pour une infante défunte
    • Anna Jouy – Strasbourg Verticale
    • Anna Jouy – Là où la vie patiente
    • Brigitte Celerier – Ce serait…
    • Christine Jeanney – Hopper ou « la seconde échappée »
    • Christine Jeanney – Ligne 1044
    • Christine Jeanney – L’avis de Pavlov
    • Christine Jeanney – Piquetures
    • Christine Zottele – Rentrez sans moi
    • Christine Zottele – Vous vivez dans quel monde?
    • Dominique Hasselmann – Filatures en soi
    • Éric Schulthess – Haïkus (ou presque) tombés des cieux
    • Francoise Gérard – Avec L’espoir que tu me lises un jour
    • Jan Doets ¬– Moussia, une âme russe dans la tourmente du XXème siècle
    • Jan Doets – beloumbeloum
    • Jan Doets – « C’était l’adieu à la Russie, l’adieu à tout »
    • Jan Doets – “It was a farewell to russia, a goodbye to everything”
    • Jan Doets and André Birukoff – “It was a farewell to russia, a goodbye to everything”
    • Jan Doets et André Birukoff – « C’était l’adieu à la Russie, l’adieu à tout »
    • Jean-Baptiste Ferrero – Huit histoires de fantômes
    • Jean-Claude Goiri – Ce qui berce ce qui bruisse
    • Lucien Suel – Express
    • Lucien Suel – Sombre Ducasse
    • Ly-Thanh-Huê – Histoires du delta
    • Ly-Thanh-Huê – L’antimonde
    • Ly-Thanh-Huê – L’objeu
    • Ly-Thanh-Huê – Transformations Chimères
    • Marie-Christine Grimard – D’ici et d’ailleurs
    • Martine Cros – Autoportrait à l’aimée
    • Murièle Modély – Sur la table
    • Nolwenn Euzen – Cours ton calibre
    • Olivia Lesellier – Rien, te dis-je …
    • promenoèmes – Claude Meunier
    • Serge Marcel Roche – Conversation
    • Serge Marcel Roche – Journal De La Brousse Endormie
    • Stuart Dodds – Towards a buried heart
    • Zakane – l’heure heureuse
  • Formats de lecture

Les Cosaques des Frontières

~ refuge pour les dépaysés

Les Cosaques des Frontières

Archives de Catégorie: Marine Riguet

Dans cette nuit à l’avant du jour

20 dimanche Sep 2020

Posted by ykouton in Anh Mat, Gwen Denieul, Marine Riguet

≈ Poster un commentaire

Au commencement de la nuit est le mot. Tu en cherches un. Tu n’en trouves aucun. Rien ne commence. Lassitude de n’être plus qu’une succession de soupirs. Les minutes passent, amnésiques, elles ne racontent rien. Tout est sec. Chaque souvenir débouche sur un désert. Où s’est cachée ton histoire ? Dans quel quartier à l’intérieur ? Tu cherches à revenir sur tes pas mais tes empreintes ont disparu. La bouche ouverte sur un trou, tu décides de suivre celles d’un inconnu, un inconnu peut-être déjà mort…

Dans l’envers de la ville, je remonte le temps. L’alcool me rend le passé tout proche. Strasbourg – Saint-Denis, Château d’Eau, Gare de l’Est. Les différentes époques de ma vie me font signe. Le temps a une beauté froide. Barbès, Anvers, Pigalle. J’arrive dans le quartier des premières blessures. Je marche très amoché sous le masque. Ma malédiction, je la porte au visage depuis l’enfance. C’est la marque des bêtes infirmes de naissance qui passent leur vie terrées dans les fourrés. Les autres condamnés, je les repère d’emblée. Comme moi, ils sont défigurés de l’intérieur. Les fils sans père se reconnaissent d’instinct.

Flux sinueux des solitaires à la sortie du métro Pigalle. Promeneurs fiévreux, fêtards désœuvrés, fantômes entre deux âges. Des flots et des flots de langueur et d’espoir. Comme eux, je cherche un lieu. Je cherche un lieu sans désir bien défini de le trouver. Les mains nouées dans les poches de mon manteau, je tourne autour de ce que j’ai oublié. Dans l’atmosphère, une sorte de menace, et dedans la tête, quelque chose de fatal, de tendu à l’extrême. La mémoire se met en marche d’elle-même. Je suis de nouveau ce jeune garçon abandonné dans la nuit. En silence, comme un chat, je m’approche de mes monstres. Dessous en vinyle, cuir et latex, la tête prend un coup de chaud devant les vitrines aux mille gadgets de carnaval. Ces cases de soi-même qu’on préférerait oublier… Je changerais tout si je pouvais, je vous jure, j’aurais préféré une vie simple et droite.

 

Ça rit comme avant les dimanches au loin les clochers 

Et les draps qui claquent tout près des fleurs sauvages

Mais ici, sans draps sans corde à linge sans bosquets

Les églises enchevêtrées aux grues qui tissent à tour de bras des pièces vides

 

Ça rit

Ça rit comme ça recommence

comme les jambes qui s’acharnent encore contre la ville

À bout de lumière et de béton

Même si plus personne ne nous porte sur ses épaules

pour traverser la rue comme avant la rivière qui nous donnait un nom

 

La ville s’assombrit, un néon après l’autre. Si on tend bien l’oreille, on peut désormais distinguer le silence. Et pourtant, tu soupçonnes la présence de nombreux témoins derrière. Peuplent-ils les murs ? Même seul en scène, il y a comme un mouvement de foule en coulisse, des murmures qui semblent souffler le texte à écrire…

M’éloignant des boulevards, j’erre dans les ruelles les plus sombres et les plus crasseuses de la ville. Quantité de morts sous mes pas. Bouffées de réminiscences qui vont finir par me rendre barge. Tout ce que j’ai aimé, tout ce que j’ai touché. La somme de mes gestes, les erreurs de mes doigts. Le passé est une maladie qui ronge. Tout au fond de l’ombre, le commerce caché bat son plein. Je connais par cœur ces palais de reflets dont l’escalier central, derrière le guichet vitré, s’enfonce dans le sous-sol. Tout en bas, enfermées dans de grands aquariums, les filles étourdies d’alcool miment les exaltations véritables, tandis que des fantômes respectables, égarés dans l’ombre des cabines, gigotent en silence. Fatigue des visages.

 

Les voix, éclats luisant dans les passages

Miment les glycines

Elles empruntent la joie

qui se coupe entre les lampadaires, se vend se troque sans être vu

Le temps de remouler un visage

 

Ça rit comme : c’est encore là

Dans cette nuit à l’avant du jour

Où l’on marche 

dans ce temps que le jour met à venir

c’est encore là

Tout ce qui nous ressemble mais ne sait pas me reconnaître

Les odeurs intermittentes, les façades aux reflets de carton

Et le sol sous les talons qui fait plateau de théâtre

Sans mémoire de forme

Le son mat

 

Je n’ai rien à imprimer

je suis l’ombre ambulante du monde que je porte

Et que j’ébruite encore un peu sur les vitrines éteintes

Tout ce qu’on raconte sous ce qui vient

Tout ce qu’on retient en marchant

la ville le recommence

sous ses néons de scène, on rejoue

un instant

Les jours, les jardins, les disparus de la maison natale

C’est encore là

Dans les rues

On joue

On joue à faire forêt avec nos vaincus

à prendre pour peuple les souvenirs dressés à hauteur de grue

Leurs troncs titans, leurs branches

Élargissant la nuit

 

Mes pas sonnent creux dans les rues désertes. Vertige de la marche le ventre vide. L’insomnie bouscule tout dans ma tête. Je marche longtemps, longtemps pour épuiser mon amertume, je marche jusqu’à m’en faire trembler les jambes. La rue semble vaciller. Des bouts d’idées comme rêves. Ce qu’il faudrait faire, comment il faudrait vivre… Simplement être, à peine visible aux autres. Les idées folles qui nous traversent. Nos êtres comme vent. J’avance dans la nuit désorientée sans nulle place où habiter. Je m’égare dans les rues mortes pour ne plus jamais dormir…

Ne plus jamais dormir… plus jamais, préférer t’engouffrer dans une phrase dont tu ne reviendras pas. Malgré le risque tu t’y jettes, à l’aveugle, la main devant toi, à la recherche d’une voix à adresser aux morts. De ta bouche ne sort qu’un souffle inaudible. Le mutisme te condamne à la nuit blanche, malgré la fatigue accumulée, les cernes pleines de rêves en latence, la nuit lutte de toutes ses forces contre ton sommeil, elle règne sur ta conscience, force les confidences, révèle tes secrets. La nuit se souvient des rues, des noms, des paroles, des regards, des gestes — toute son obscurité te compromet.

J’ai besoin de la nuit pour voir. Le jour, tout est tellement là que mes yeux ne voient rien. L’alcool m’aide aussi, il creuse chaque détail. Je reste longtemps assis sur le banc de la petite place. Tandis que la ville continue, je m’absorbe dans la contemplation de l’infime, au ras du réel, à même sa peau. Les minutes passent. Fragilité des formes qui m’entourent dans le brouillard nocturne. L’extérieur s’incorpore doucement en moi. Peu à peu, l’habituel se révèle insolite : coups de frein sur la route, passage piéton à demi-effacé, éclats de verre de l’abribus, canettes vides, mégots écrasés… Je reste là dans le calme. Je respire lentement, profondément. Ma chemise est trempée de sueur, serrée sur ma peau, mais la fièvre est retombée. Dans la brume et dans le noir, je suis relié à toute chose au hasard du corps. Désir fou de ce que je suis en train de voir et de sentir, ici, maintenant. Je n’invente rien. Tout est là, devant moi. Le réel palpite dur à chaque instant.

 

Je vous vois

Je suis encore un peu de la terre des vergers

qui vous porte parmi les rires et les ombres

Et le reflet d’un soleil ancien sous lequel vous poussez

Je marche, la nuit croît

Il est si tôt pourtant

Trop tôt pour s’arrêter

 

Les coqs de combat commencent à chanter. Il est temps de se battre. L’écran est noir. L’insomnie meurt à la lumière du jour. Tu arrives au bout de l’épreuve avec un sentiment d’inachevé. Il reste bien quelques aveux. Qu’importe, l’aube efface déjà tout. La nuit brûle… et tu ne fais rien pour arrêter l’incendie.

Dans l’aube fraîche, reflets mobiles comme des frissons, détails au-delà du fixe, dans les intervalles, éclairs de presque rien. Un monde neuf apparaît à la surface tremblante des choses. Une brise légère fait danser la poussière du décor. Un sac plastique au milieu du carrefour joue avec le vent. Le ciel change. La lumière revient.

 

Texte/Vidéo : Anh Mat – Gwen Denieul – Marine Riguet

Partager :

  • Twitter
  • Tumblr
  • Imprimer
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

si je viens à votre rencontre

25 mardi Août 2020

Posted by ykouton in Anh Mat, Marine Riguet

≈ Poster un commentaire

 

— Si je viens à votre rencontre au beau milieu de la nuit, c’est pour en finir… non comme on en finit avec un livre, mais comme on en finit avec quelqu’un. Avant même de vous rencontrer, je vous imagine ainsi, tel que je ne vous connais pas. Veuillez m’excuser mais je ne sais plus tutoyer. J’ai cette névrose de penser que le vouvoiement permet de murmurer plus décemment ce que nous pouvons peut-être « partager », partager le vital désir de partager (Jabès)

— Je ne sais pourquoi, j’appréhende chacun des mots que je veux vous adresser. C’est justement cette peur qui me donne le courage de m’adresser à vous cette nuit. J’ai d’abord pensé m’en remettre au secret, ne plus dire, plus jamais, à personne, que j’écris… parce-que j’écris. Comme vous. J’écris dans le néant depuis une vingtaine d’années maintenant. Ça n’a mené nulle part. L’écriture n’est pas censée mener quelque-part. Mais aujourd’hui je suis encore plus perdu, au fond du tunnel des phrases duquel je ne vois pas le bout… il fait si noir. Ce soir votre tunnel croise le mien, ça arrive parfois. C’est rare qu’un autre apparaisse, et incarne l’absence de frère humain, l’absence de Dieu…

— Un jour sans lendemain, ma voix disparaîtra subitement, d’un claquement de main, peu m’importe quand, sous les yeux de celui devenu, qu’il le veuille ou non, mon seul témoin. Vous. Vous seule trouvez assez de temps perdu pour échouer sur le sable gris-cendre de mes nuits. Vous seule me faites l’amitié d’un instant de lire à contretemps, dans un autre présent, la présence de ces lignes blanches et sans sujet. Quelle que soit ma personne, mon personnage, mon nom, j’ai la certitude d’avoir quelque part, là-bas, à quelques pas de moi, une sœur de sang noir, celle d’une encre sans visage que jamais je ne rencontrerai.

— Vous savez de moi ce que vous ignorez. Ainsi, puisque nous nous devons dans nos travaux d’écriture publiés, d’effacer notre nom, décharger notre pronom de notre insupportable moi, user de la fiction pour à la fois se dire et s »échapper de ce « dit », j’espère qu’ici, nous pourrons, l’un comme l’autre, sans culpabilité aucune, nous livrer à partir d’un « Je » le moins fictif possible, un « Je » qui se rapprocherait de celui de la parole, sauf qu’ici nous ne parlons pas.

Est-ce vous Est-ce vous qui se rencontre lorsque je marche en moi – loin – si loin que la nuit se dévêt elle aussi de toutes ses formes humaines, de toutes ses voix, jusqu’à n’être plus qu’un halètement chaud, lent, que je traîne en bête. Est-ce vous que j’entends, parfois, aveugle, quand plus rien d’autre n’entre depuis longtemps, mais que ça craque, furtivement, comme le souvenir d’un pas quelque part, entre tous mes visages recouverts d’un drap ? La présence qui advient après l’arrêt de l’attente, dans le silence sorti du silence, presque par accident, la présence d’un monde qui perdure, qui s’entête : C’est vous.

Je ne sais pas parler. Ne m’en voulez pas. Je suis faute de parole. J’écris comme compter des murs dont on se remémore les greniers. C’est un inventaire maladroit. Ça ne laisse pas beaucoup de place. Pour croire, croire qu’il peut y avoir quelqu’un. On oublie. Soi, l’autre, peu importe, au même endroit. J’ai oublié. Vous dites-vous. Vous… celle que vous appelez ainsi m’est inconnue. Mais c’est un lieu n’est-ce pas, ce Vous où nous sommes. Vous et moi. Cette même nuit qui nous apprend à voir, qui nous accommode, là où les jours passent sans plus s’ouvrir ni se clore. Peut-être, lorsque nous saurons, lorsque nous parviendrons totalement à voir, n’aurons-nous plus besoin de mots du tout. Peut-être la nuit nous apprend-elle à nous taire. Peut-être écrivons-nous pour cela. Nous acheminons-nous.

 

Texte/Vidéo : Marine Riguet & Anh Mat

Partager :

  • Twitter
  • Tumblr
  • Imprimer
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

Plateau

10 lundi Fév 2020

Posted by ykouton in Marine Riguet

≈ 2 Commentaires

CLAIRE : Tu gèles. Il suffit d’être dans la même pièce que toi pour le sentir. Les premières fois on se demande, est-ce que c’est moi, une fenêtre, on se retourne, on cherche, d’où vient ce trou, ce froid, ce sentiment de glace qui monte, et la peau qui s’épaissit, et les muscles, en une seconde, durcis, et les nerfs, qui cassent, ça prend au ventre aux doigts aux racines au dos, ça pénètre, on se retourne, on cherche, est-ce que quelqu’un a ouvert une fenêtre… Les premières fois on ne sait pas. Tu ne lèves pas les yeux, ta bouche murée, on croit qu’on peut avancer vers toi, on ne voit pas que c’est toi, que c’est toi qui gèles pour arrêter les corps avant qu’ils ne t’approchent de trop près, avant qu’ils risquent de te toucher, de t’atteindre. On ne sait pas… Temps. C’est peut-être tes yeux verts. Le piège. Le cryogène. On attend que tu nous regardes, on se dit : ça va venir, le soleil, elle va lever les yeux et alors ça ira… oui parce que souvent tu ne regardes pas en face, c’est un truc que tu fais, tu glisses sur l’autre et tu ne t’arrêtes sur rien, rien de tangible, rien qui se voie, tu ne partages pas, même ce que tu fixes est en toi, à toi, intérieur, et tu laisses l’autre à la porte. Temps. Je les connais par cœur, tes yeux. Immenses, écrans, mats, projecteurs. Pas des yeux qui prennent mais des qui diffusent. Qui tracent des grands tableaux blancs avec des lignes à travers les gens comme à travers des murs. Tes yeux des heures creuses et tes yeux des heures pleines. Tes yeux de voltige, d’actrice, de rouille quand tu joues les mères, de neige quand tu joues les filles. Parfois tes yeux d’absence, tes yeux de démission, tout ce que tu refuses de prendre parce que ça fait trop… Temps. Tu attends quelque chose… On n’en a jamais fini avec l’attente. Ça s’étire… C’est la seule place que nous ayons, le seul espace habitable. Peu importe dans quel camp nous sommes, toi et moi, nous revenons au même. Nous sommes pareilles dans l’attente. Temps. Toi tu ne dis rien. Tu n’as rien à dire.

SABINE : Mais je ne vais pas être satisfaisante. Ma parole à moi n’est pas satisfaisante. Elle n’agrippe pas. Elle ne nourrit pas. Elle ne fait pas miroir. Tu ne sais pas que cette froideur, comme tu dis – admettons que je sois froide après tout, j’accepte d’endosser la froideur, la neige le vent la dureté des campagnes de l’est, d’accord – cette froideur que tu prends contre toi, c’est le son qui n’a plus de quoi faire forme, de quoi même se montrer. C’est le bramement de la terre qui s’ouvre, après les pillages la famine le craquèlement, après que les arbres sont tombés un à un en laissant leur entaille dans la pierre. C’est le ventre inutile, le sang écoulé pendant quarante ans, inutile, les seins les bras et même les cuisses qui s’ouvrent sur rien. Les enfants, les noms que tu t’es imaginé donner, ceux que ton corps s’est préparé à accueillir, à mûrir, à modeler, pour lesquels tu étais prête à te fendre, et à quoi bon pleurer maintenant. Tout ce qu’on t’a mis sur ton dos depuis ta venue au monde pour que tu le transportes, toutes les vies tous les cris avant toi, à condition que tu joues toi aussi ton rôle, que tu tiennes ta place de gué dans la maison familiale, que tu assures la passation. La maison familiale qui se vide avec toi, que tu condamnes progressivement pièce après pièce, sans même prendre la peine de couvrir les meubles. Dans laquelle tu finis par déambuler sans plus bien faire la distinction entre ton corps et les murs, sans plus bien savoir à travers quoi tu erres et dans quoi tu te cognes. La maison familiale qui fait de toi le lieu que tu hantes. Temps. Toi comment pourrais-tu comprendre ça ? Comment pourrais-tu le reconnaître ? Tu as tes années. Tu as tes mille possibles qui te tiennent compagnie. Tu es pleine, bourrée à craquer de ce vers quoi tu vas. Même cette expression : tu vas. Rien que cette expression. Tu as la souplesse du corps qu’on rate, qu’on déchire et qu’on recommence. La beauté. Cette beauté-là. Temps. Mais moi… Le corps trop visible et qui ne se voit plus, qu’on camoufle qu’on enfouit. Ce corps qui n’existe plus, qu’on n’invite plus à venir, là, sur scène, que pour son âge, que pour sa vieillesse, comme une roche qu’on date. Et l’absence… L’écho de la pièce vide, quand tu respires, si fort parfois qu’il te laisse l’illusion que quelqu’un marche, qu’il y a quelqu’un d’autre que toi, ce leurre de plus en plus insidieux que tu finis par chérir au point d’écouter l’air siffler dans ta gorge, tes poumons, ton ventre, jusqu’au fond, parce que ça fait pendant quelques secondes au moins résonance, debout, à la verticale… Pourquoi… Pourquoi le dire. Temps. Tout ce que je porte à présent, ce sont les mots des autres. À des foules. En étrangère. Je suis devenue une mule, une pauvre mule. Tenue droite par sa marchandise. Froide si tu veux. C’est ça que tu vois quand je parais sur scène. Cette certitude. De la ouate. Ce que tu admires, c’est la ouate avec laquelle on bourre la poupée. De la ouate passée par des millions de mains qui ont broyé, défibré, centrifugé, blanchi, puis bourré, par paquets, comme on cogne. Temps. Mais c’est le seul corps que je peux montrer. Entre les murs du théâtre. En représentation. En secret. Ce corps-là, celui qui n’est pas moi, que je prête. Le reste du temps je n’arrive plus à m’exposer. Alors je me cache. Je ne me dérobe pas. Je me cache.

CLAIRE : Ça sonne faux.

SABINE : Tu n’as pas les bons codes, Claire. Tu plaques tes histoires. Moi je ne suis pas de cette solitude-là. Celle dont tu parles. Cette solitude qui nous fait négocier entre nous des rations de présence comme on troquerait du pain. Ça t’aurait arrangé, sans doute. C’est sûr. C’est arrangeant la solitude. Ça rassure. C’est le pot commun. Un peu de notre visage à tous. C’est commode. Et puis ça camoufle. Tout le reste. Tout ce sur quoi il en coûterait de se pencher vraiment… Mais le désert… Le désert ne s’accouche pas. Il est roi. Il se déclare. Il se déclare et alors personne n’y peut rien, ni la scène ni mes mots ni tes mains.

CLAIRE : J’étais la meilleure face de toi.

SABINE : Viens, ça n’est pas grave, ça ne compte pas, puisque tu dis tu pour dire je, alors ça va, regarde Claire, je suis là, je suis là, on ne nous séparera plus c’est fini, tout ça est à moi maintenant, tu es à moi, on sera la chose et l’ombre mais en un seul morceau, amalgamée, l’ombre avalée, c’est fini, regarde comme on est belles, regarde comme on va bien ensemble…

Texte/Vidéo : Marine Riguet

Partager :

  • Twitter
  • Tumblr
  • Imprimer
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

Avant que la nuit coule #2

01 dimanche Sep 2019

Posted by ykouton in Gwen Denieul, Marine Riguet

≈ 2 Commentaires

Mon corps est convenablement assis devant l’ordinateur mais ma tête est déjà sur les routes. Des choses bougent en moi. Quelque chose de neuf se prépare. Il existe un autre territoire. La fatigue des jours, je ne la ressens plus. Le système ne gagne pas à tous les coups. Il faut le perturber pour commencer à exister, savoir poser sa différence. Je me sens encore jeune. Il me reste la dose de folie nécessaire à délirer dans les franges des déserts.

Je ne jouerai pas les victimes expiatoires. Sans moi les objectifs à atteindre. Sans moi les évaluations annuelles. Sans moi la mesquinerie de bureau. Sans moi les vieilles rancœurs. Sans moi les rêves mutilés. Je n’ai pas encore capitulé. Une ardeur nouvelle me pousse à délaisser le triste pavé pour me jeter sur les routes. Il me reste des montagnes à gravir, des dunes à dévaler. Il y a encore un monde à gagner. Mes jambes sont robustes, mes forces presque intactes. L’heure est venue de remettre mon corps en voyage.

Viens
Comme on mange et se lave
Avec des gestes plus vieux que soi

Je prendrai tes noms, tes langues, entre mes mains
Je prendrai les tics goudronneux de ta mémoire
Changés en eau
Et tu boiras

Repris par l’ancienne fièvre, j’étale une carte détaillée de l’Afrique sur le faux parquet du séjour. Remontent aussitôt les souvenirs d’enfance à me projeter des journées entières dans les cartes IGN de mes parents pour m’enfuir et rêver. Me revient aussi l’image du corps penché de l’enfant dans le Voyage de Baudelaire, l’élan vital qui, à la clarté de la lampe, palpe le tracé des reliefs, des fleuves, des côtes, des frontières. La fenêtre du séjour fait un rectangle de lumière sur l’Océan Indien et l’Afrique de l’Est, du Sud de la Péninsule Arabique au Nord de Madagascar. Instinctivement je pointe du doigt l’Ethiopie. En quelques minutes, l’itinéraire est tracé. De Suez je naviguerai vers Port-Soudan, puis Djibouti. En Éthiopie je trace mentalement une large boucle. Je passerai par Aksoum, Gondar, Lalibela, Addis-Abeba, pour ensuite me diriger vers Harar. Je poursuivrai le fantôme d’Arthur dans les ruelles blanches, piquerai un somme à l’Hôtel de l’Univers, inventerai les traces qu’il aura laissé pour toujours me remettre en mouvement. J’ai besoin d’énigmes pour avancer. Enfin, je m’enfoncerai aussi loin que possible dans le désert du Danakil. Dînerai à la clarté d’un croissant de lune oublié de tous, indemne, hors d’atteinte, enfin maître de mon temps. Je parlerai aux pierres, aux ombres immobiles. Je m’efforcerai de redonner vie aux signes. Le vrai voyage est un poème.

être là, comme cet arbre, comme ce caillou. ni plus, ni moins
célébrer ce qui se tient là
aimer, aimer tout de suite
merveille que de vivre ainsi

La fuite. Le train de tous les instants. Les brefs éclairs qui nous justifient et nous gardent jeunes. L’idéal sans trop y croire.

et les fragments déchirés qu’on emporte pour que ça ne pèse pas trop dans le sac de toile
et les soleils vifs qui font battre le sang
et les rencontres véritables qui nous laissent une trace d’éclat
et les pépites qu’on laisse au bord des routes
et les infimes fêlures qui font basculer de l’autre côté de la nuit

La chance m’appelle. Elle a changé de côté. À nouveau je me mets à y croire. À nouveau le frisson du vide, les risques, les beaux risques qu’on prend pour ce qu’on croit être le meilleur. À nouveau l’ivresse de trancher net tous les liens. À nouveau la joie de faire mourir les choses qui émoussaient mes sens. Le voyage me débarrassera des faux plis que j’ai pris à force de prudence. Maintenant qu’une grande partie de mon destin est tracé, maintenant que le pire a été identifié, j’entrevois la possibilité d’y échapper. Ça ne dépend que de moi. Je dois me transporter ailleurs, et encore ailleurs. Aller toujours un peu plus loin, vers la lumière, toujours plus de lumière. Jouer au fugitif. Disparaître à nouveau. Dans un hôtel borgne du quartier de la gare, dans une maison blanche au bord de l’eau, dans la clairière de mon enfance au bout du sentier, dans le vert des collines, dans une cabane abandonnée quelque part entre l’Ukraine et la Pologne, dans un grand hangar soyeux vers le nouveau souffle, dans la poussière d’or du soir quand le ciel s’invente et que les nuages projettent de grandes ombres. Là-bas réapprendre l’aventure. Une aventure à hauteur de ma jeunesse revenue. Ça ne fait que commencer, toujours ça ne fait que commencer. Dans ce vieux monde figé, j’éprouve la nécessité du jeu et la joie de la lente dérive. Le désir de reformuler le bonheur par toutes mes fibres. Enfin débarrassé de mon ego, contempler l’immensité du paysage, du haut des dunes l’océan au ralenti, les yeux brûlés de soleil. Toutes les vies à la fois. Le moment est venu de laisser le temps s’étirer.

À poursuivre le soleil, à fixer longtemps les restes de brume qui s’effacent à l’horizon, à regarder infiniment l’horizon pour soigner ma mélancolie. Ce n’est pas une question d’espoir. C’est une question de ferveur, une question de risque pris au départ et de pari tenu sur la longueur. Aussi une question d’air qui vient aux poumons, drôle de bouffée qui manque habituellement et d’un seul coup m’envahit, à l’improviste. Il s’en est fallu de peu, j’allais oublier de sentir et de respirer.

Nous devenons nos lieux, nos forêts
Nous devenons ce qui s’emporte
Se retient
Se raconte
Et au-devant
Toujours devant
Tu t’entre-ouvres

Dans la langue du pays, j’apprendrai le nom de l’eau, du feu, le nom du ciel, de la terre, le nom des arbres. Je m’assoirai au bord des routes, des chemins. Je regarderai les gens passer. Je poserai un regard calme sur le monde. Ce sera la vie en plus vrai.

Je voyagerai presque sans contrainte pour la dernière parade. J’emporterai ma fièvre sous le bras. Chaque jour j’éprouvai la distance parcourue, vivrai à l’écart pour aller au-delà, fantôme à la recherche d’autres fantômes. Il y aura ces apparitions qu’on croit voir au crépuscule et ces terres qui émergent au-dessus des nuages dans la lumière de l’aube. Je resterai déchiré jusqu’au bout, là-bas brûlerai mes dernières illusions. Et quand il s’agira de s’en retourner chez les vierges mères blafardes, dans les landes et dans les mares, je me déroberai crétin, forcené, définitivement à côté de la plaque. Les vieilles sorcières et leurs obscures tendresses finissent toujours par régler leurs comptes.

Texte/Vidéo : Gwen Denieul & Marine Riguet

 

Partager :

  • Twitter
  • Tumblr
  • Imprimer
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…

Avant que la nuit coule

25 dimanche Août 2019

Posted by ykouton in Gwen Denieul, Marine Riguet

≈ 2 Commentaires

Dans cette imitation de la vie, tout se passe comme si rien n’arrive. Employé à plein temps payé à produire du vide tout le jour, écrasé par l’ennui, tu es entouré de voix qui osent à peine parler.

À déambuler comme fantôme à moi-même dans le grand décor gris clair, sous la lumière blanche des leds, j’ai vite pris l’habitude de ne pas être. La nuit, je revois les fantômes du jour se déplacer sans bruit sur la moquette beige de l’open space. Les lumières sont tamisées et légèrement bleutées, les bureaux presque déserts. Je suis avec eux dans l’open space, pourtant j’ai l’étrange impression de les observer de loin. Parfois, l’un de mes collègues somnambules se tourne vers moi et m’adresse la parole, mais sa voix est si étouffée que je ne comprends pas un mot de ce qu’il me dit.

Et dans ma tête au réveil, toujours les mêmes questions qui reviennent : comment ne plus participer à tout ce cirque ? Comment sortir de ce mensonge tant que ça saigne encore un peu ? Et que reste-t-il à sauver ?

Le soir, pour rentrer chez moi, je remonte à pieds le boulevard Barbès et le boulevard Ornano jusqu’à la Porte de Clignancourt. Même par mauvais temps, plutôt que de prendre le bus ou le métro, je préfère marcher contre le vent et la pluie pour me décrasser l’âme. Tu étouffes, me dit la voix vagabonde, t’en peux plus de cette existence absurde où chacune de tes actions ne fait que t’enfoncer un peu plus dans le rien. La réalité économique recouvre tout. Elle a figé le hasard, solidifié tes rêves. Tu ne vas tout de même pas te comporter en esclave toute ta vie. Faut pas rester ici, Léo, tu dois jouer ton propre jeu si tu ne veux pas doucement mourir dans cette vie par échéances, basée sur le renoncement. T’as tellement besoin de temps et d’espace. Ne cherche pas à te protéger, mon ami, le fantasme de tout laisser en plan pour aller vivre à l’autre bout de la planète ne t’a jamais quitté.

Je dois me rendre moins prévisible, m’éloigner de tout ce qui rassure. Improviser, brouiller les pistes, faire diversion pour tenter de sortir des mailles du filet. Essayer quelque chose de neuf, n’importe quoi, avant que ma carcasse ne soit définitivement kaput. Passé quarante ans, l’étau se resserre dangereusement. Je ne demande pas grand-chose, je veux simplement me sentir exister.

Retrouver mes pieds. Écouter les pas réguliers, le souffle de la marche. Courir aussi, courir dans le vent, courir comme un jeune chien fou le long d’une plage du Mozambique, retrouver le bonheur musculaire de courir à n’en plus finir dans le grand air vibrant. Crier vers l’horizon, me sentir vivant, sur la brèche, en état d’alerte. Suivre la rivière à l’affût de nouvelles éclaircies. Regarder la lune se lever, le lointain à portée de main. Je voudrais à nouveau être l’autre, le double fugitif, celui qui me pousse sans cesse à remettre en jeu ma petite vie bien réglée.

Avant que la nuit coule
Avant que la nuit bâche
Tous ceux
Qui soûlent du travail bu dans des verres en carton
Soûlent des heures qui s’effacent en passant
Comme les rues se lessivent
Tous ceux qui
Suspendus
Tous les autres
Sans plus de corps pour tomber
Ni matin à revendre
Se serrent comme on se troque
Avant
J’irai te chercher

Revivre ailleurs. Prendre l’air ailleurs. Chaque déplacement comme un nouveau dépassement. Cette ardeur d’enfance qu’on passe sa vie à vouloir ressentir de nouveau rien qu’une fois.

traquer la beauté
la beauté en pure perte
tout près de la source
dans l’instant présent
l’effroi que ça serait !

Je ne vais pas m’entêter dans cette existence. Si je reste à croupir ici plus longtemps, un jour prochain j’aurai à en payer le prix. Sans risque, la vie est absente. Je dois retrouver l’idiot en moi pour faire voler en éclats cette farce. Il est temps de mettre fin aux répétitions suffocantes et de brûler à nouveau. Oui, l’aventure est encore possible. Mon tour n’est pas tout à fait passé. Sans cesse je rêve de m’évader. Mon désir de voyage au long cours est resté intact tandis que les années passaient. Je dois maintenant trouver la formule qui rompra l’envoûtement, prononcer à voix basse les mots qui dilatent le cœur.

Du fond du souffle
Du fil rompu de tes nuits
Je te reconnais
Encore à marcher sur les pointes pour ne pas faire craquer la terre
Et à servir l’eau à table
Comme on se tait
Encore debout dans l’horizon déserté par les bêtes
Et les yeux âpres des rivages
De bord à bord
Je te sais

Après le noir, le rouge du matin. Je rêve d’une vie à l’écart, clandestine, dans la poussière des pistes. En rêve, je suis rivière, cascade, refuge de montagne dans les grandes nuits d’été. Désormais, c’est décidé, je ne sacrifierai ni ma force, ni mon instinct. Je ne jouerai plus d’autres jeux que le mien, n’aurai plus de compte à rendre à personne.

Vivre libre. Composer avec d’autres horizons. Retrouver l’étendue, le courage physique de s’élancer. Cheminer en cercle. Dériver n’importe où. S’expatrier là où la joie et l’agir coïncident. Sur les routes défoncées, les chemins de pierres, les sentiers qui bifurquent, les pistes de latérite, loin des cris et du chaos. Jouer dans les ruines comme chien fouillant les poubelles, seul survivant d’un autre monde. Galoper vers la pleine lumière et les prolongements inattendus, visage tendu vers le bleu, paupières mi-closes. Se sentir à nouveau vulnérable à la faim, à la soif. Dormir dehors comme les pierres, flanc contre terre. Avaler la lumière.

Tu recommenceras les chemins de fontaine en fontaine
Réinitialisé par tes pas
Ni dieu ni chien ni mort tu flotteras

Viens
Les frontières s’ouvriront
À tes hanches
Les jours
À tes hanches
La terre s’élargira
L’été au creux de chaque saison
Et la réverbération de nos joies en bouche

Retour au nomadisme. Il me faut essayer d’autres vies. D’abord quelques bonnes nuits pour me réinitialiser le cerveau, puis prendre le large, les yeux lavés du tristement ordinaire. Ce sera un départ matinal. Mon réveil devancera l’aurore. Je partirai léger. Dans une ville-transit, je dormirai dans le premier hôtel venu. Me lèverai à la pointe du jour et repartirai. Ouvert aux fulgurances du jour, la marche me portera. Je me remettrai en route chaque matin. Me déplacerai sans arrêt pour fausser compagnie à la pesanteur. Je suivrai le hasard, improviserai l’itinéraire comme j’invente mes phrases. J’irai vers le vers, vers ces terres de fractures où je serai ébloui et vite oublié, vers chez les vivants où les rencontres véritables sont encore possibles.

Viens
Les frontières s’ouvriront
À tes hanches
Les jours
À tes hanches
La terre s’élargira

Viens
Comme on mange et se lave
Avec des gestes plus vieux que soi
Viens comme on fait corps
Souple et battant
De passage
Comme le trèfle se répand
En rage sans rugir
Comme on ne revient pas

 

Texte et vidéo : Marine Riguet & Gwen Denieul

Partager :

  • Twitter
  • Tumblr
  • Imprimer
  • Facebook

WordPress:

J’aime chargement…
Follow Les Cosaques des Frontières on WordPress.com

Editions QazaQ

  • À PROPOS – Editions QazaQ
  • BIOGRAPHIES AUTEURS Éd. QazaQ
    • André Birukoff
    • Anh Mat
    • Anna Jouy
    • Brigitte Celerier
    • Christine Jeanney
    • Christine Zottele
    • Claude Meunier
    • Dominique Hasselmann
    • Éric Schulthess
    • Françoise Gérard
    • Jan Doets
    • Jean-Baptiste Ferrero
    • Jean-Claude Goiri
    • Lucien Suel
    • Ly-Thanh-Huê
    • Marie-Christine Grimard
    • Martine Cros
    • Murièle Modély
    • Nolwenn Euzen
    • Olivia Lesellier
    • Serge Marcel Roche
    • Stuart Dodds
    • Zakane
  • CATALOGUE LIVRES Éd. QazaQ
    • Anh Mat – Cartes postales de la chine ancienne
    • Anh Mat et l’apatride – 67 Cartes postales de la chine ancienne (tome 2)
    • Anna Jouy – Je et autres intimités
    • Anna Jouy – Pavane pour une infante défunte
    • Anna Jouy – Strasbourg Verticale
    • Anna Jouy – Là où la vie patiente
    • Brigitte Celerier – Ce serait…
    • Christine Jeanney – Hopper ou « la seconde échappée »
    • Christine Jeanney – Ligne 1044
    • Christine Jeanney – L’avis de Pavlov
    • Christine Jeanney – Piquetures
    • Christine Zottele – Rentrez sans moi
    • Christine Zottele – Vous vivez dans quel monde?
    • Dominique Hasselmann – Filatures en soi
    • Éric Schulthess – Haïkus (ou presque) tombés des cieux
    • Francoise Gérard – Avec L’espoir que tu me lises un jour
    • Jan Doets ¬– Moussia, une âme russe dans la tourmente du XXème siècle
    • Jan Doets – beloumbeloum
    • Jan Doets – « C’était l’adieu à la Russie, l’adieu à tout »
    • Jan Doets – “It was a farewell to russia, a goodbye to everything”
    • Jan Doets and André Birukoff – “It was a farewell to russia, a goodbye to everything”
    • Jan Doets et André Birukoff – « C’était l’adieu à la Russie, l’adieu à tout »
    • Jean-Baptiste Ferrero – Huit histoires de fantômes
    • Jean-Claude Goiri – Ce qui berce ce qui bruisse
    • Lucien Suel – Express
    • Lucien Suel – Sombre Ducasse
    • Ly-Thanh-Huê – Histoires du delta
    • Ly-Thanh-Huê – L’antimonde
    • Ly-Thanh-Huê – L’objeu
    • Ly-Thanh-Huê – Transformations Chimères
    • Marie-Christine Grimard – D’ici et d’ailleurs
    • Martine Cros – Autoportrait à l’aimée
    • Murièle Modély – Sur la table
    • Nolwenn Euzen – Cours ton calibre
    • Olivia Lesellier – Rien, te dis-je …
    • promenoèmes – Claude Meunier
    • Serge Marcel Roche – Conversation
    • Serge Marcel Roche – Journal De La Brousse Endormie
    • Stuart Dodds – Towards a buried heart
    • Zakane – l’heure heureuse
  • Formats de lecture

Les Cosaques

  • À PROPOS – Les Cosaques
  • Formats de lecture
  • André Birukoff
  • Anh Mat
  • Anna Jouy
  • Brigitte Celerier
  • Christine Jeanney
  • Christine Zottele
  • Claude Meunier
  • Dominique Hasselmann
  • Éric Schulthess
  • Françoise Gérard
  • Jan Doets
  • Jean-Baptiste Ferrero
  • Jean-Claude Goiri
  • Lucien Suel
  • Ly-Thanh-Huê
  • Marie-Christine Grimard
  • Martine Cros
  • Murièle Modély
  • Nolwenn Euzen
  • Olivia Lesellier
  • Serge Marcel Roche
  • Stuart Dodds
  • Zakane
  • Anh Mat – Cartes postales de la chine ancienne
  • Anh Mat et l’apatride – 67 Cartes postales de la chine ancienne (tome 2)
  • Anna Jouy – Je et autres intimités
  • Anna Jouy – Pavane pour une infante défunte
  • Anna Jouy – Strasbourg Verticale
  • Anna Jouy – Là où la vie patiente
  • Brigitte Celerier – Ce serait…
  • Christine Jeanney – Hopper ou « la seconde échappée »
  • Christine Jeanney – Ligne 1044
  • Christine Jeanney – L’avis de Pavlov
  • Christine Jeanney – Piquetures
  • Christine Zottele – Rentrez sans moi
  • Christine Zottele – Vous vivez dans quel monde?
  • Dominique Hasselmann – Filatures en soi
  • Éric Schulthess – Haïkus (ou presque) tombés des cieux
  • Francoise Gérard – Avec L’espoir que tu me lises un jour
  • Jan Doets ¬– Moussia, une âme russe dans la tourmente du XXème siècle
  • Jan Doets – beloumbeloum
  • Jan Doets – « C’était l’adieu à la Russie, l’adieu à tout »
  • Jan Doets – “It was a farewell to russia, a goodbye to everything”
  • Jan Doets and André Birukoff – “It was a farewell to russia, a goodbye to everything”
  • Jan Doets et André Birukoff – « C’était l’adieu à la Russie, l’adieu à tout »
  • Jean-Baptiste Ferrero – Huit histoires de fantômes
  • Jean-Claude Goiri – Ce qui berce ce qui bruisse
  • Lucien Suel – Express
  • Lucien Suel – Sombre Ducasse
  • Ly-Thanh-Huê – Histoires du delta
  • Ly-Thanh-Huê – L’antimonde
  • Ly-Thanh-Huê – L’objeu
  • Ly-Thanh-Huê – Transformations Chimères
  • Marie-Christine Grimard – D’ici et d’ailleurs
  • Martine Cros – Autoportrait à l’aimée
  • Murièle Modély – Sur la table
  • Nolwenn Euzen – Cours ton calibre
  • Olivia Lesellier – Rien, te dis-je …
  • promenoèmes – Claude Meunier
  • Serge Marcel Roche – Conversation
  • Serge Marcel Roche – Journal De La Brousse Endormie
  • Stuart Dodds – Towards a buried heart
  • Zakane – l’heure heureuse

Commentaires récents

Twilipo – tali… dans Tous les 35 du moi, j’m…
ykouton dans LE CHARDON – Un instant…
Dominique Hasselmann dans LE CHARDON – Un instant…
« Moussia… dans Lilia de Jan Doets et André…
brigitte celerier dans Favart(adagio)-mars 2022…

Textes Cosaques

Articles récents

  • Fuseau Horaire – Poème de Pierre Vandel Joubert 30 mars 2023
  • Bouclier de fantômes – Poème de Iren Mihaylova  28 mars 2023
  • Besoin – Extrait du recueil « Les sentiments traînent partout » de Fabien Sanchez 23 mars 2023
  • LE CHARDON – Un instant dans la vie de Panaït Istrati… 21 mars 2023
  • Poèmes sur le thème de la Création par Shahrzad BEHESHTI MIRMIRAN – Traduits par Shahriar BEHESHTI 16 mars 2023
  • Parking 14 mars 2023
  • Le Lointain – Extrait du recueil de Jean-Claude Bourdet publié dans la collection Les plaquettes de la Revue A L’INDEX 10 mars 2023
  • « Moussia » de Jan Doets aux Editions QazaQ 9 mars 2023
  • Poèmes de Pierre Vandel Joubert 7 mars 2023
  • Poème de Miguel-Angel Real 3 mars 2023

Les Cosaques chez eux

  • Alexandre Nicolas
  • Aline Recoura
  • ana nb – effacements
  • ana nb – sauvageana
  • Anh Mat
  • Anna Jouy
  • Anne-Marie Gentric
  • Arnaud Bourven
  • Brigetoun
  • Brigitte Celerier
  • Carol Delage
  • Catherine Watine
  • Charles-Eric Charrier
  • Charlie Périllat
  • Charlotte Van Kemmel
  • Christine Jeanney
  • Christine Zottele
  • Claude Enuset
  • Claude Meunier
  • Claudine Sales
  • Clément Dugast Nocto
  • Contrepoint
  • Corinne Le Lepvrier
  • Cyril Pansal
  • David Jacob
  • Dominique Hasselmann
  • Dorothée Chapelain
  • Eric Macé
  • Eric Tessier
  • Fabien Sanchez
  • Florence Noël
  • Françoise Gérard
  • Gabriels F
  • Gracia Bejjani
  • Grégory Rateau
  • Gwen Denieul
  • Iren Mihaylova
  • Isabelle Pariente-Butterlin
  • Jacques Cauda
  • Jan Doets FR
  • Jean-Claude Bourdet
  • Jeanne Morisseau
  • Julien Boutonnier
  • Kieran Wall
  • Laetitia Testard
  • Lanlan Hue
  • Lélio Lacaille/aunryz
  • Lucien Suel
  • Marie-Christine Grimard
  • Marie-Pier Daveluy
  • Marine Giangregorio
  • Marine Riguet
  • Marlen Sauvage
  • Martine Cros
  • Miguel Angel Real
  • Mots liés/aunryz
  • Murièle Modély
  • Nicolas Bleusher
  • Nolwenn Euzen
  • Peter O'Neill
  • Philémon Le Guyader
  • Pierre Vandel Joubert
  • Romain Fustier
  • Sandrine Davin
  • Serge Bonnery
  • Serge Marcel Roche
  • Tara Mahapatra
  • Tom Buron
  • Virginie Séba
  • Yan Kouton
  • Zakane

Tags

Aedificavit Anh Mat Anna Jouy Au-bord-de-tout Au bout du village BLAST Boîte de réception Brienne Brigitte Celerier Ce serait ... Christine Zottele Chronique de l'escalier Chroniques du su et de l'insu Claude Enuset Confessions intimes Conjuguer sa vie Contes de l'équateur Cosaquiana Destins Diaspora, feuilleton Drôle d'Histoire F.C. Terborgh Florence Noël Françoise Gérard Gabriel Franck Gwen Denieul Hoel et Léo Hyperbôle Il y a quelqu'un Journal de vacances L'amour qui ne se dit pas L'apatride La bague, feuilleton La bataille finale de Teruel (la Guerre Civile d'Espagne) Lan Lan Huê La nuit semblait venue La Révolution russe de 1917 La tentation du vent La Tranchée le monde est une rencontre Le passage de l'hiver Les carnets du Major Syvorotka Lettres à mon grand ami du nord longreads Anna Jouy Luc Comeau-Montasse Là où la vie patiente Maisons Ma langue aux chiens Manivelles Marlen Sauvage Martine Cros Mon oncle Murièle Modély Musique Peintre regarde moi ... et mon regard latéral Pensées d'un passeur Portraits de famille Portraits fictifs Poèmes d'amour et de Pygmésie intérieure Poésie de l'ancienne Chine Ralentir passage de rêves Sabine Huynh Secrets de maisons Simon seul Tissus de mensonge Underground Un jour une rencontre Un roman cathare Vases Vieilles histoires d’un pays haut Villes jamais Yan Kouton Zakane À mon amie perdue Éditions QazaQ

Creative Commons

Licence Creative Commons
Tous le contenu de Les Cosaques des Frontières est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Propulsé par WordPress.com.

  • Suivre Abonné∙e
    • Les Cosaques des Frontières
    • Rejoignez 305 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • Les Cosaques des Frontières
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
%d blogueurs aiment cette page :