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D’Or & Désirs
*
Toujours quand s’endort le monde
je dévore l’espérance
le vacarme des petits anges
quand nous quittent les oiseaux
J’unis aux paysages
l’ Amour frère de mes Pauvres
En moi loge le ciel des trop-orgueilleux
que je traverse en rafale de tout vol
Autant en emporte le pardon !
Et pendant que s’écrivent les tentations
et les épines du Mal
qui nous rendent à la terre quand s’éteignent des vies
j’écoute
dans mes croix
tes bijoux de femme tinter
comme un chant suspendu à l’angélus lassé
Erre ! Or !
tu es la Nudité du vent
dans le nu de moi-même
C’est ainsi qu’on se donne
n’est-ce pas ? Ô Désirs !
lorsqu’on est un vent chaud dans l’aube du trépas
De Vin & d’Or
*
Gorgée de soleil entre les ceps bandés des vignes émeraude
luisant en tes yeux, ma Vendange !
Soleil marchant de mille rais entre tes feuilles foisonnantes !
Entre tes jambes ces fardeaux de patience
se boit le baiser qui refonde !
La sève !
Prémisses des pas de jeunes mariés dans l’aurore à éclore
& valse d’ouverture un peu trop ivre parfois !
Minérale aquatinte et sépia dans le lavis des récoltes mordorées !
Courbure de chagrins, carrioles et radeaux où la goulée
de vin bovarien pousse à l’ennui !
Améthyste agate fleur de sels et de sables et de sels
Sieste en robe religieusement pliée gisante
au pied des carreaux de ta chambre d’infante!
La levée de l’air frais la levée des reins doux la levée
du triomphe de l’amour !
Dans le lin de ton aube
j’ai caressé des berges
couronné des roseaux qui saluaient tes rus !
Quelle rouée d’orages
en l’humus où il plut
et l’amante à l’averse qui exhume ses fleurs
dans le compost doré des terroirs sans miroirs !
Dans la pitance de mes pensées !
Ô vents doux que je suis, allongée en vous-mêmes !
Ô vents doux que je fête, repliée en moi-même !
D’Amour & de Bris
*
La nuit paysagère
refoule le passé
sur tes reins aromatiques
D’inquiètes créatures s’y affairent
et des objets antiques
qui se rendent conformes
aux voeux de nos poètes
Nos danses affligées de figures diaboliques
et l’ermite priant sans faillir Aux Catacombes
nos os tendent sans tarder la toile de nos robes
Celle du vent est d’un voile taillé dans l’abstraction
et le mystère de nos corps revêt l’absence des réponses
quand entre ciel et terre nous vascillons
errants
J’erre pourtant
dans ton regard
Rivée
entre Bleu et la mer
Ton regard est-il ?
Ô vents doux que je prie, allongée en toi-même !
Ô vents doux qui replient en moi ce que tu brises là
Texte et image : Martine Cros
Jeu numérique : Ermite, dessin de M.C., sur une peinture de Charles Francisque Raub, Ismaël, 1880, Musée des Beaux-Arts de Chambéry
Librement inspiré des pages 52-55, La Tentation de saint Antoine,
Flaubert – folio classique, édition de Claudine Gothot-Mersch –