il me semblait incroyable
d’exister contre tous ces matins
il me semblait inconcevable
d’engager chaque nuit
comme une ultime bataille contre le corps et l’oubli
la faim et la soif entre les doigts
ces printemps déjà fanés
écrire ce que l’on ne sait penser
les rêves qui dans le plus profond de la chair
s’invitent comme les actes
d’une pièce trop jouée
une vie que l’on tente de croire
et qui devient vulgaire à force de tricher contre la mort
chaque jour d’une enclume posée
le fusil apparait progressivement dans la pénombre
Texte : Pierre Vandel Joubert