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JE RÊVE AU DOUX NECTAR*

Penché sur la tour Est

Ma cotte d’armes est lourde

Mes yeux sombrent

Et se ferment

Je rêve, ô doux nectar, du crime passionnel

M’abandonner à ces nuits sans entrave et sans fil

Et mon cœur tremble

Mon cerveau de verre

Ce monde à moi n’est peut-être qu’un faisceau

Un labyrinthe

Sourire hertzien

 

*Écrit en collaboration avec Christian Lagrange et Gaël Loison un été à Brest.

 

 

GYNÉCIDE MODERNE

Voici les spasmes électriques

Des femmes enchaînées

D’une heure à mille années

À leurs répétitions chroniques

 

À leurs îlots, à leur affaire

Parfois coulent des larmes amères

Mais point de révolte, point de haine

Les yeux cloués sur les rivets Citroën

Les doigts boudinés par le froid et la frénésie manuelle

Du pneu métaphysique à la berline dernier modèle

Le souffle amoindri, elles s’agrippent à l’enfer :

Leurs frères.

 

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GRIBOUILLE À CANCALE

Mais qui a planté les drapeaux

Dans le bas-ventre des oiseaux ?

Quels bateaux ne chavirent pas ?

Nous sentons l’horreur sous nos pas

 

L’odeur d’une assiette de crustacés

Où les grenouilles aiment se cuisser

Hors des trous d’air d’irascibles vautours

Qui grappillent en dansant tout autour

 

 

CONTRE TOUTE ATTENTE

Nous nous déplaçons dans nos boîtes à sardine

En attendant que la nuit nous dévore –  enfin

Nous nous réveillons dans cette ville assassine

En espérant que la nuit nous enivre – en vain

 

Entre deux cauchemars et trois boissons sanguines

Nous nous recouchons – corps trop impurs et sans foi

Cocktails de liqueurs bleues mêlées aux safranines

Douleur exquise au cœur – l’amour où tout se noie

 

Textes/Illustrations : Eric Tessier