VESTIGES MYCÉLIENS
Viens cueillir mes champignons-poèmes
Enracinés en un piège à tiges
Fumigènes, liqueur de vertiges
Sans larmes fleuries de chrysanthèmes
Viens gober les herbes de blasphème
Meringuer le sourire au zéphyr
D’une verve exaltant le désir
Ô doux élixirs de la bohème
Que la potion à muse détienne
Le pouvoir de mutiler la peine
Dans un fatras de clair-obscur vert
Ciel puissant de l’alchimie d’un monde
Qui s’enivre de vapeur féconde
Je, l’infini, me suis entrouvert
LOGORRHÉE
Niaiserie de poète
Suintant la beuverie
Véreux de mièvrerie
Qui fait mal à la tête
Ô vieillard ennemi
Rot verbeux de bourbasse
Ta tronche de demi
Siècle d’hier m’agace
Aspirateur d’étoiles
Pauvre auguste conteur
Raillé des chiens sans poils
Et de leur fier tondeur
Oublié de ce monde
De beaux capitalistes
Tu gis rimeur immonde
Auprès des tiers-mondistes
Ta barbe pue la crasse
Des cantiques foireux
Fondus dans la mélasse
Des livres sirupeux
Au bûcher ton papier
Coulis de caramel
Que brûle l’art pompier
Et vive les emails !
LE VISAGE DISGRACIEUX DE LA TESTOSTÉRONE
(au bon souvenir de Thomas Johnson)
L’avenir a détruit les poètes guindés
Le monde est un enclos pour tristes cervidés
Accouchant d’encornés comme on livre des bombes
Insultés des sultans, piétinant les colombes
Charriant le blé du pauvre en ces pays lointains
Ignorant l’empathie, prisonniers de leur chair
Jouant les opprimés aux malheureux destins
Ainsi va-t-on en guerre au gré des surenchères
Je ne nomme personne, oublions la saison
Demain toute une armée de lions en érection
Empestant la vigueur de l’extermination
Ira chanter victoire arborant le blason
Textes/Illustrations : Eric Tessier