la route fut longue
elle n’a pourtant mené nulle part
pas même à la mort
où suis-je ?
il n’y a plus rien à écrire
tout est vierge
je suis perdu
d’où je sors ?
du tunnel des phrases
j’y creusais depuis plus de 5 ans
le présent
je m’y suis complètement égaré
la ville est un flux tel qu’elle m’a séparé de mon silence
j’écris, au ventre avec la peur
de me faire attraper
je suis en faute
je
tombe
comme
le fruit
de
ma
défaite
qui prétend me connaître me confond avec quelqu’un d’autre
mon visage trompe mon identité
j’ai 37 ans, j’en fais 20
je dois donc avoir un âge entre les deux
disons 28
ou bien je suis sans âge
sans histoire
son nom
j’habite un lieu à venir
j’habite une ville plongée dans le noir
un phare passe
une silhouette apparait sur le mur
l’ombre d’un voisin naît
tout passant peut devenir personnage à incarner
l’anonymat me réconcilie avec mon reflet
il n’est plus ennemi
je est à inventer
il ressemble à tout le monde et à personne
il faut savoir se taire
taire la voix en soi
pour percevoir la présence
du silence derrière
je pars m’en vais m’empare du territoire
à conquérir
chaque jour
un pas dans le néant
trois points de suspension
soupir
la pensée me fait signe
elle me désigne coupable
j’ignore la raison
je ne sais qui m’a jugé
quelle infraction ai-je commise
si ce n’est celle d’écrire
quelle limite ai-je franchie
pour me retrouver aussi loin
complètement perdu dans l’écriture
ce n’est plus qu’un geste
l’index tapote sur le clavier de l iPad
le silence tape un rythme saccadé qui parfois s’arrête pour relire en se rongeant les ongles
la lumière de l’écran donne un visage à l’ombre
ça pourrait être un masque
Texte : Anh Mat
Vidéo : Anh Mat
dans le silence d’une solitude
en vaste cité muettement bruyante
un silence
qui pourrait être à soi
unique
comme je vois
l’invisible
l’invisible
que tracent encore les mots
vous marchez
trois pas avant nous
en exil de soi et des autres
chacun sans savoir