Exilée
Je mâche une rose, en pensant
à l’amour
Les jeunes fleurs ont le regard fané
Personne ne manque à mes jours
Sinon moi
Qui me revient parfois, en fragments
De poésie – je les dépose – les abandonne
Comme des enfants
Avortés
Indifférente à ces lambeaux de chairs
Ombres de mon corps sur fond blanc
M’écrire, ils pourraient m’écrire
Me pleurer peut-être
Cherchant le sein que je leur refuse
À présent
Rien ne coule en moi
Qu’une sourde pluie
Photo : Jour de fête, Mèze, Argentique, 2016
La belle déferlante
Le vide a bougé
J’ai vu la vague
S’y abattre, aussi
Rugissante que
La chair qu’elle tenait
Entre ses dents
Belle créature saline
Qui rompt les battants
De l’inertie, tu sais
Comme l’on se noie
Dans les déserts désirs
Des villes, je vais
Visage nu, gorge nue
Hanches nues que la houle
Balance, élance
Et mes yeux sanglants
Tiennent le soleil
Pour y jeter l’écho
D’un moi naviguant
Au large depuis
La naissance
D’après ma mort
Pourtant
Celle qui marche
Seule, nue
T’étreint, te fais
Rouler dans sa poitrine
Comme tu vas, viens
Glisses sous les doigts de
La lune, fidèle à ta liberté
Ne gardant rien en
Ton sein, que l’ardeur
Sais-tu qu’elle t’est si dévouée
Qu’un vide, un vide ne sera
Jamais assez grand
Pour vaincre
Ta belle déferlante
Je navigue,
Je navigue, au loin
Ici, en poésie
Où ma prose
Cherche ton sein
Photo : Cris et chuchotements», Dieppe, Argentique, 2019
Hêtre
Assis au pied d’un Hêtre
À contempler le paysage
Inspirer son souffle
Sous une brise caressante
Mourir ainsi, savez-vous
Que c’est aussi mourir
Dans la fureur du geste?
Textes/Photos : Marine Giangregorio
Sur l’auteur
Marine Giangregorio, artiste pluridisciplinaire poursuit des études de cinéma qui l’amènent à réaliser plusieurs films documentaires ainsi que deux expositions mêlant poésie et photographie. Sa démarche photographique, à travers la pratique de l’argentique, est intimement liée à son écriture. Ses poèmes sont publiés dans différentes revues. Elle va prochainement publier aux Editions RAZ un recueil de poèsie.
Site : Les Mains Flâneuses
Marine, vous êtes, je m’avoue, une découverte pour moi, mais une belle découverte, je vous remercie
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