

au coin d’une rue
une imagination en délire
un regard sans précision
et c’est une mousse de saleté durcie au sortir d’une canalisation, morve blanche sur la terre qui s’en va verdir
et c’est le tutu abandonné d’une gigantesque sous-déesse chassée de l’Olympe pour cause de ridicule gaucherie grasse
et c’est l’emballage d’un voile de dentelle ancienne rebrodée de fils de soie brillants laissé derrière elle par une mariée en retard
et c’est un sillage qui chercherait une coque monstrueusement prétentieuse à laquelle s’accrocher pour creuser à l’aide du moteur une fente dans la mer indigo pour s’y installer
ce pourrait être un nuage décroché d’un portique peint, tombé, abandonné au lendemain d’une fête à demi réussie
ce ne devrait pas être une oeuvre, assemblage de riens figés pour une ébauche à laquelle tu aurais renoncée
ce serait un coin du chantier abandonné de la maison où vous ne vivrez pas.
Un souvenir à faire disparaître.
Photo/Texte : Brigitte Celerier
merci
mousse débridée