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Ce seraient deux brandons cheminant dans la nuit.
Ce serait une petite aura de clarté lumineuse qui se déplacerait avec eux.
Ce seraient deux brandons tordus un peu par le souffle du vent qui court dans le canyon entre les façades
ou tordus par la fatigue des yeux qui regardent la rue s’étirer dans la nuit
par la fantaisie qui en a fixé l’image.
Ce seraient des mots que le vent saisirait, qu’il éparpillerait, malaxerait et dans les oreilles qui suivent ce serait une musique heurtée et incompréhensible, qu’elles ne voudraient pas écouter, ni décrypter…
– tu sais…
– mais non..
– merci.. elle est.. jaune
– j’ai rencontré.. libraire.. Pierre
– inoubliable
– stupide
– fais moi penser demain
– il t’a dit quoi ?
Ce serait un brandon trébuchant, un brandon se penchant, deux brandons s’unissant, collés en un seul… un rire, une cascade de sons roucoulants en réponse.
Ce seraient deux brandons unis et immobiles.
Ce seraient sous les yeux de celui ou celle qui se rapprocherait la lente transformation de cette torsion en deux corps, deux silhouettes unies sur lesquelles ricocherait la lumière d’une lanterne.
Ce seraient le regard qui se lancerait au delà d’elles, vers le bout de la rue, les oreilles qui s’efforceraient à l’inattention.
Ce serait les pas qui suivraient une courbe imperceptible pour éviter, discrètement, comme distraitement, le murmure de ces corps.
Ce serait celui ou celle qui les laisserait derrière son avancée, souriant de plaisir volé, avec la petite culpabilité d’une indiscrétion qui se voudrait involontaire.
Ce serait une solitude s’éloignant, oubliant.
Texte et photo : Brigitte Celerier
Comment transformer une photo trouble en un trouble de lecture…
Ce serait des mots troublant la solitude de celui qui les lit.
merci d’avoir partagé mon trouble 🙂
Moi aussi parfois j’imagine un micro roman qui tient en une sensation, à croiser un ou plusieurs êtres ainsi dans la rue. Je m’y projette, et puis, pfouihhhhh, au passant suivant, le roman d’un instant s’est évanoui…