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L'été hier

Li Po (701-762) du pays de Shu est né à Ch’ing Ilan près de Ch’ang Ming. Il traça ce poème pour une concubine disparue, partie sur la rivière sans retour.

l’été hier déjà n’est plus
le coeur épais amer
ne sait tenir la fin du jour

vents nuages de passage
avec les oies et l’automne
au belvédère je bois du thé

à chercher au loin l’horizon
de ces grands poètes aimés
au souvenir du chant de leurs vers
pleins de grâce de verve et d’esprit

à partager leurs rythmes de lumière
l’inspiration vient au bout du pinceau
s’élevant jusqu’aux cieux sublimes

pour toucher aux génies des astres
en vain à trancher le fil des mots
comme une épée le cours de l’eau
en vain à remplir la tasse d’une vie

à noyer l’aube et son âme de chagrins
les choses sans harmonie sans désir
se trouvent à voguer cheveux au vent
pensée et poème aux caprices des flots

Un soir apprenant que l’immortel Li Po avait dû à son tour prendre le cours de la rivière sans retour, Tu Fu son illustre cadet et ami traça pour Li Po en un instant, devant la lune, 4 vers jetés en un seul trait d’encre sur son vieux drap de bambou avant que son pinceau ne sèche et s’essouffle entre ses doigts:

ton pinceau s’est posé
provoque vents et pluies
ton poème inachevé
dieux et diables pleurent

Traduction : l’apatride
Photo : Anh Mat