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visage

dix ans que vie et mort s’ignorent
je ne cherche pas à me souvenir
oublier est simplement impossible
à mille lis ton tombeau solitaire
nul autre endroit pour le chagrin
si l’on se rencontrait me reconnaîtrais-tu?
le visage plein de poussières et rides
tempes et cheveux trop pleins de givre

la nuit dernière un rêve de nostalgies
soudain à nouveau ensemble au pays
à la lumière de notre chambre
tu te coiffais tu te maquillais
nous nous regardions sans parole
avec mille rangs de larmes seules
d’années en années je revois cet endroit d’entrailles brisées
une lune claire et ton tombeau immobile sous les jeunes pins

Traduction: L’apatride
Photo: Anh Mat