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pour cosaques - ce serait 8 - venant d'Allemagne

Ce serait le panneau étoilé qui marquerait le passage de la frontière.

À notre gauche une rangée d’arbres aux jeunes feuilles de mai en broussaille verte et rameaux bruns, et sur le talus d’herbe très verte un arbrisseau blanc et aérien – à notre droite, une bande d’herbe et, avant une grande prairie où paissent des vaches brunes et blanches, une bande de terre, deux tracteurs, jaune ou bleu, isolés, sans trace d’humains, et une grosse machine non identifiée dont le bras jaune s’attaque aux plus proches des bosquets qui ourlent l’espace visible, derrière le pré, les vaches, les bâtiments d’une ferme éloignée –

Nous continuerions, suivant une voiture et une camionnette, accompagnés par de grands pylônes électriques, entre haute et légère rangée d’arbres et bosquets touffus, croiserions des routes, passerions sous des ponts, émergerions dans un paysage imperceptiblement ondulé, succession de prés, de champs, de haies, de toits blottis, un enclos de terre battue d’où émergent deux très grandes tuyauteries, des labours, des terrassements avec, par dessus les talus, les coudes jaunes des machines à l’oeuvre, quelques clôtures légères, comme des symboles, une monotonie sans cesse mouvante.

Nous laisserions sur notre droite la route désignée par un panneau bleu portant en petites lettres blanches Enschede-Oost (à vrai dire je n’aurais pas le temps de le lire, sauf le Oost), continuerions à suivre les courbes tendues de la route, dépasserions sur notre droite une très grande maison rouge accroupie sous l’angle obtus d’un grand noir descendant jusqu’au sol, une rangée de petites bâtisses lointaines semblant sorties d’une boîte de jouets, qui seraient des immeubles, des bosquets noirs, des talus nous cachant les abords de la ville, une barrière contre le son, passerions sous d’étroits ponts routiers, et enfin emprunterions la courbe douce d’une sortie pour revenir sur nos pas, entre pilonnes et barrière verte ornée de grands paraphes blancs, jusqu’à rencontrer la route à deux voies qui pénètre, entre les bureaux jouant avec la géométrie, vitres et gigantesques enseignes, immeubles d’habitation neutres sans rien en eux qui arrête le regard, longs parkings, couverts ou non, petits hangars, quelques chantiers et de légers et impeccables arrêts de bus, des panneaux publicitaires, quelques humains, aussi, sur des vélos, attendant sagement à des feux, dans Enschede – une entrée de ville qui, à nos yeux étrangers, ne se signalerait que par une totale absence d’anarchie.

 

Texte : Brigitte Celerier