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Archives de Tag: Christine Zottele

Le soupirail

02 dimanche Déc 2018

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Christine Zottele

le soupirail

Sitôt que je sors de chez moi et que je ferme la porte, la route ouvre la sienne. Le jour est. La pluie aussi. Les maisons ont le visage fermé de ceux qui se lèvent contre leur gré. Les arbres en revanche, respirent et bruissent d’oiseaux et de ciels. C’est la saison rousse des grandes mues avant l’entrée en hiver. Ils muent donc. Les feuilles entament leur dernière danse, très lente, comme il se doit – pavane pour une saison défunte.

La route glissante me fuit, moi la fuyante. Je laisse la voiture sur le bas-côté. Une voix dans mon dos : « Eh ! Susie ! C’est toi ? » Me retournant, je reconnais le sourire de cet homme mort depuis dix ans déjà. Il s’avance et se présente comme le frère du fantôme et dit me reconnaître d’après une photo montrée par B. qui lui avait beaucoup parlé de moi. Gênée, je ne sais que lui bredouiller de piètres raisons de me retrouver ici, à l’endroit où il est tombé, foudroyé. De nouveau ce sourire qui survit dans le frère survivant. Non, ce n’est pas un pèlerinage, c’est autre chose. Je cherche une porte. Non, pas celle de l’au-delà, rassurez-vous, je ne suis pas folle même si… La même élégance aussi de ne pas insister davantage. Qu’y aurait-il à ajouter ? Il s’éloigne. Je m’avance vers le soupirail.

La porte soupirée. Nul soupir ne s’en échappera. Cependant. Oui, comment y pénétrer ?  demande-t-on au Chat Cerbère, qui se tient à l’entrée du soupirail. Il garde l’entrée et le silence. Ses lieutenantes – trois souris malicieuses – piétinent mes acouphènes. À pas menus, je tente une nouvelle approche. Cependant. Et la lumière. Quoi la lumière ? soupire le Chat blanc – ai-je dit qu’il était blanc ?—Cerbère. C’est le propre du soupirail de laisser entrer la lumière, non ?  Non ? refais-je, timide et suppliante. Les souris grignotent mes acouphènes à qui mieux mieux. Fais le vide, fais le vide, me dis-je. Bien, maintenant, un grand soupir. Voilà, la voie est libre, dit une voix. La porte soupirée.  Tu y es. Descends maintenant, descends dans la cave ou le cachot.

Qui est ce prisonnier qui gémit ? L’abbé comment déjà ? Le Château d’If. Edmond Dantes. Non ce n’est pas ça. Bleu soupiré. Noir lamento. Noir soupir… Toujours l’appel du bleu sur le blanc de la page. Plonge, gratte, griffe. Bien, bien, ça avance bien, ne lève pas la tête. Il te suffit de le savoir là, le soupirail, l’échappatoire vers le grand bleu du ciel. Ne lève pas la tête. Soudain, le chat Cerbère bondit sur le cahier. Je m’échappe. Soupir.

 

Texte : Christine Zottele
Photo : Claude Camilleri Salaün

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Pour une catharsis de la nostalgie | 5 David Bowie

01 vendredi Juin 2018

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Christine Zottele, Pour une catharsis

David Bowie

David Bowie aura été la dernière personne à demander s’il y avait de la vie sur Mars sans susciter un vilain ricanement de ma part. Il aura été bien autre chose mais cet homme qui venait d’ailleurs surgissant sur l’écran de télé du pasteur et chantant  Life on mars ? en 1973 aura déclenché pour la première fois de ma vie un véritable coup de foudre artistique, une émotion sans équivalent et sans influence.

 

Oui, je déroge aux règles édictées par moi-même. Marre du futur antérieur suivi de la dernière personne à, envie de me complaire à la nostalgie des premières fois. Jamais je ne pourrai purger ma passion pour Bowie et sa musique. Quant au futur antérieur, il faudra bien lui consacrer un paragraphe entier non comme tiroir verbal mais comme déclencheur de pastilles kinesthésiques.

 

La pastille se situe à dans une petite ville du Surrey, à Banstead, chez le pasteur, devant la télé, aux côtés de Kathrin, ma correspondante anglaise, pendant « the Top of the Pops » ; je vois et j’entends pour la première fois David Bowie chantant Life on mars ? Sidérée par cette créature bleue, rousse à la voix si étrange, à sa musique quand elle s’échappe dans des harmoniques  jamais entendues jusqu’à lors, je ne peux détacher mes yeux de la créature. J’apprendrai beaucoup plus tard, que la chanson est une réponse à un succès raté, David Bowie ayant abandonné l’adaptation en anglais de Comme d’habitude de Claude François – dont les costumes vieillots provoqueront chez ma correspondante venue à son tour en France un fou-rire mémorable – et qui reprendra une partie des harmonies de la chanson française.

Contrairement aux apparences, David Bowie n’aura jamais eu les yeux vairons mais une mydriase – dilatation permanente de la pupille de l’œil gauche lui conférant cette couleur plus sombre – due à un coup de poing de son ami George Underwood alors qu’ils ne sont encore que des ados.

Contrairement aux apparences et à ses différents avatars, David Bowie n’aura jamais été que lui-même. Il aura maîtrisé son image jusqu’au bout et mis en scène sa mort de son vivant, de son vivant entièrement. Je n’aurai pas beaucoup écouté le dernier album, Black Star, malgré sa beauté  tragique.

Contrairement aux apparences, je ne l’aurai pas idolâtré. Simplement, je l’aurai adoré comme le dieu qu’il était – la différence entre adoration et idolâtrie est ténue mais sensible. J’aurai particulièrement aimé chez lui la période  Ziggy Stardust, pour les chansons celles qui touchent aux étoiles, « Starman » par exemple et ce moment où la voix se casse après « He told me » :

Let the children lose it
Let the children use it
Let all the children boogie.

Je ne l’aurai vu qu’une seule fois sur scène et encore… de très loin à Paris, en juin 1983 à l’hippodrome d’Auteuil… Rendez-vous raté dû à la mauvaise qualité de la sono de l’écran géant envolé avec le vent.

Grâce à deux astronomes belges, Bowie a sa constellation dans l’espace, sept étoiles en forme d’éclair (voir pochette d’Aladdin Sane dans le voisinage de Mars et l’on peut inscrire son morceau préféré sur un site Stardust for Bowie. Il me semble opportun d’arrêter là. L’exercice hagiographique a ses limites.

 
Texte : Christine Zottele

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Pour une catharsis de la nostalgie | 4

29 dimanche Avr 2018

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Christine Zottele

Jacques Higelin aura été le dernier artiste de ma jeunesse à tomber du ciel des milliers de fois et se relever indemne et finalement ne pas se relever. Il aura été le chanteur que j’aurai vu le plus souvent sur scène. Il sera même venu se produire à Venelles – du temps où la ville avait un maire de gauche et qui organisait l’été un festival appelé « Les Acousmies » – même s’il a piqué une colère contre le public un peu mou ce soir-là et que ce n’aura pas été son meilleur concert. Ce 3 juillet 2004, mes amis l’auront boudé mais je n’aurai pas boudé mon plaisir.

 

Vingt-cinq ans auparavant… le 31/12/ 1979,  une Autobianchi rouge roule à toute allure sur la N1 avec trois jeunes gens de 20 ans pour assister à un concert au pavillon Baltard à Nogent, pour la sortie de l’album Champagne. Au volant, je chante à tue-tête avec Eric et Alain La nuit promet d’être belle… La nuit en effet aura été belle, et Diane Dufresne sera montée sur scène faire une courte apparition rejoindre chanter avec  Lucifer…

 

Failli oublier le futur antérieur avec ce retour au présent. Oubliée la nostalgie ou au contraire réactivée ? Le futur antérieur si propice aux épitaphes « Il aura vécu et nous aura fait vibrer » est aussi, en corrélation avec le futur, un formidable élan en avant. Dès qu’il aura fini de mourir, il viendra chanter  sa malice à nos oreilles : Des pianos à queue dans la boite aux lettres/ Des pots de yaourt dans la vinaigrette/ Et des oubliettes au fond de tes yeux…

 

Je me rappelle aussi le concert annulé d’un festival – avorté le 2e jour – à Vierzon – pour d’obscures raisons financières – et d’Higelin à la terrasse d’un café jouant et chantant pour son public resté malgré tout. Je l’aurai vu avec Brigitte Fontaine dans le sud (Arles ?) et tant de fois que je ne peux les compter. Ses concerts auront duré plus de trois heures pour les plus mémorables (Paris-New-york- New-york-Paris  d’une trentaine de minutes à lui tout seul sur la scène de Baltard)  jusqu’à plus de voix mais encore tant d’énergie à partager. Jamais Jacques Higelin n’aura donné en scène  Le Minimum , chanson partagée avec mon premier amour.

 

Ai-je assez bu le doux alcool de la nostalgie ? Suis-je assez ivre ? Suis-je purgée de mes passions ? Non pas encore, mais attention, je glisse… Arthur H. aura écrit un très beau texte – sans pathos – sur le dernier tour de piste d’Higelin au cirque d’hiver, avec les siens. Je pense à Brigitte Fontaine brisée par l’émotion. Je veux penser à Izia dansant et chantant pour son père et Arthur chantant Destin du voyageur et au rêve de Ken la nuit de la mort de son père : au rire de Jacques s’enfuyant dans les ruelles. Et les derniers mots à Jacques Higelin :

Parce que

La jeunesse a besoin
D’une épaule de confiance
D’un regard de respect
D’une parole d’espoir
Et d’une main tendue
 
Parce que
 
Tout ce qui est
Qui fut
Ou qui sera
 
Reste[1]…

[1] Jacques Higelin avec Valérie Lehoux, Je vis pas ma vie, je la rêve, fayard, 2015.

Texte : Christine Zottele

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pour une catharsis de la nostalgie 3

18 mercredi Avr 2018

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Christine Zottele

homme aux loups

Dans la première décennie du premier siècle du deuxième millénaire, Charles aura été la dernière personne que j’ai connue à dire encore « Fichtre ! » ou « Mazette » ou « Bigre ! » sans susciter la moquerie. Je l’ai côtoyé une année au collège des Garrigues, à Rognes où j’effectuais un remplacement tandis qu’il enseignait encore pour quelques mois avant son départ à la retraite. Dans tout récit, il y a un homme aux loups. Le voici, c’est Charles dont j’ai oublié le nom de famille. Il en élevait deux chez lui, plus ou moins clandestinement. Il m’avait montré des photos. Ce n’était pas sa seule originalité puisqu’il fumait la pipe – dehors, à l’extérieur de la salle des profs, dans la pinède, la dernière année où ça a été toléré – l’année suivante les fumeurs ont été priés d’assouvir leur vice hors de l’enceinte du collège, à l’arrêt de bus (des élèves). Charles portait parfois un pantalon de cuir noir et des gilets sans manches d’un autre âge, mélange de rocker et de dandy sauvage. Professeur de lettres, sévère et rigoureux, il enseignait encore à l’ancienne – j’ai récupéré une partie de ses cours qu’il avait laissé à disposition de qui voulait, notamment sa séquence sur Cyrano de Bergerac dans laquelle il consacrait deux ou trois séances à la préciosité et à la « Carte du tendre » et il impressionnait nombre de ses élèves. Il avait hâte de prendre sa retraite. L’année suivante, j’ai fait un autre remplacement dans ce collège. Charles venait de mourir, quelques mois à peine après son départ.

Je ne suis plus du tout certaine qu’il ait dit « Fichtre ! » ou « Mazette » mais une part de fiction n’est pas interdite dans ces pastilles que je sache. Et puis entre « Fichtre ! » et « du coup », sans parler du « Graal » pour la plus insignifiante des trouvailles, franchement…

Pour revenir à l’homme aux loups, ce qui me préoccupe, c’est que personne ne se rappelle qu’il a eu des loups. Or, je le certifie formellement, l’homme aux loups a existé. J’ai vu les photos de ses loups. Regrettant de ne l’avoir pas mieux connu, j’ai enquêté auprès de mes anciennes collègues pour rafraîchir ma mémoire mais aucune d’entre elles ne se rappelle son nom de famille. L’une se souvient de sa voiture décapotable et du canif dans la poche supérieure de sa chemise – Ah, bon ? Tu es sûre ?, l’autre de ses Santiags. Une autre encore s’est souvenue de son nom de famille, Turfait. Un ancien élève qui l’a eu brièvement avant que je ne le remplace – sur ce point il doit faire erreur – m’a dit qu’il ne se rappelait que les souvenirs de voyage de Charles au Kenya, dont il leur parlait en cours. Grâce au nom de famille, en cherchant ses traces sur Internet, j’ai retrouvé des extraits d’un mémoire de maîtrise de lettres modernes sur le western.

Un autre Charles dont le nom m’échappe aura été le dernier homme à appeler mon fils « tonton Léo ». Charles avait alors la cinquantaine et un nez rouge tandis que Léo, du haut de ses deux ans avec une centaine de mots à son vocabulaire, commençait à faire des poèmes de deux mots. La crèche parentale où il allait avait eu la belle idée de demander à Charles d’initier les deux ans à l’art du clown. Charles leur demandait de se mettre de dos pour revêtir le nez – jamais devant le public. Léo avait un beau clown, de l’avis même de Charles. Charles avait une autre particularité : il vivait avec sa famille dans une grotte, au Foussa à Rognes. On peut donc dire qu’il était clown troglodyte. Sa maison prolongeait la grotte salon, toujours fraîche même en été. Je ne l’ai visitée qu’une seule fois.

Je ne sais plus exactement pourquoi nos liens se sont distendus jusqu’à disparaître. Pourtant j’ai participé à son atelier théâtre adultes quelques années et je l’ai même assisté lors d’un stage dans le Nord. L’une des dernières fois où je l’ai vu, il a blessé mon amour-propre ; je l’avais invité au spectacle de danse de fin d’année de mes élèves « La vie rêvée des anges » et j’ai eu le tort de lui demander si le spectacle lui avait plu… Sa réponse avait à voir avec le vent… Il avait raison. Mais sur le coup, j’ai été vexée.

À ma connaissance, les deux Charles, bien que très proches géographiquement et à peu près du même âge, ne se connaissaient pas. J’espère que le dernier est encore vivant. Je crois bien que j’en ai fini avec les Charles sinon avec la nostalgie. Avec l’évocation de la petite enfance de mon fils, j’ai transgressé mes propres consignes, n’écrire que les faits, ne pas me laisser aller à l’émotion… Mais c’est inévitable. J’ai retrouvé le nom de famille de Charles : Mony et sur le net des images de graffiti de sa grotte sur le site des « Amis du Patrimoine de Rognes » c’est tout.

Texte : Christine Zottele

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pour une catharsis de la nostalgie 2

30 vendredi Mar 2018

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Christine Zottele

pastille 2

Vers treize-quatorze ans, au C.E.S. de Beaumont sur Oise, la conseillère d’orientation –ai-je jamais su son nom ?-  aura été la dernière personne à me conseiller de faire une seconde C plutôt que A parce que mes résultats en maths le permettaient. Il me semble qu’au cours de cette année de troisième je voulais être journaliste – je le formulais ainsi – parce que ce métier semblait réunir le voyage et l’écriture. On ne dit plus C.E.S. mais collège, conseillère d’orientation mais Co-psy, il n’y a plus de seconde que générale et la première C est devenue S pour « scientifique », la section A est devenue L pour « littéraire » mais c’est à peu près tout ce qui a changé – la section S est toujours « la voie royale » à tout. Je me rappelle le choc d’Antigone d’Anouilh avec Mme Dameron : ainsi, il existait une héroïne qui voulait dire non et qui le disait. Cette année-là, je voulais dire non à la seconde C et j’ai dit oui. Je fais toujours Antigone avec mes troisièmes. Parfois, je suis tentée par d’autres textes – Assoiffés de Wajdi Mouawad par exemple – mais je reviens toujours vers elle, non par confort mais parce qu’il me semble que les élèves doivent sortir du collège avec cette lecture, au moins. Avec plus ou moins de bonheur. Je découvre vraiment mes élèves de 3e avec cette séquence, menée différemment d’une année sur l’autre. Cette année, ça marche bien, j’ai plusieurs Antigone dans la classe qui sauront dire non au moment voulu – mais qui le veut ?

Je n’en veux pas à la conseillère d’orientation si j’ai mal tourné, après. Les oiseaux n’ont pas  besoin de conseillère pour s’orienter.

 

Je m’étais promis avec ces pastilles de ne pas trop accumuler les souvenirs liés aux profs. Mais la conseillère d’orientation à l’époque n’avait pas le statut de prof me semble-t-il – petite pirouette qui n’abuse personne. Je ne peux m’empêcher de me retourner vers cette période. Sans nostalgie ni aigreur. Brève uchronie : Je dis non à la conseillère d’orientation et je fais comme prévu une 2nde A5 qui me permet d’apprendre une troisième langue vivante. Je deviens reporter de guerre et mon audace me réussit jusqu’à ce que la témérité prenne le dessus. Je meurs dans la région du Rojava, au nord de la Syrie, en même temps que trois combattantes kurdes de l’YPG (Unités de Protection du Peuple). En voyant ma photo (front buté et sourcils froncés – où ont-ils dégoté cette image ?) et l’annonce de ma mort sur les réseaux sociaux, la conseillère d’orientation se dit que je n’ai pas changé et qu’elle me reconnaît bien là.  Elle porte un pull grisaille.

 

Anna Schygulla aura été la dernière personne à s’appartenir. Petite fille – quel âge a-t-elle exactement ?, elle s’est perdue dans une rue de Munich. Un passant lui demande à qui elle appartient et la petite fille a cette réponse simple, lumineuse comme une évidence : « à moi ! ». Élevée dans la religion catholique, elle perd la foi à travers la conscience critique. Très malheureuse, elle perd le sommeil, devient insomniaque. Elle découvre que le soleil est un dieu qu’elle peut encore adorer. Ses cheveux gris lumière quand elle raconte à la radio.

Quel que soit l’espace
où le rêve passe
il faut à la grâce
la liberté…

chante-t-elle dans le documentaire « Hanna Schygulla, quel que soit le songe »

 

Parcourant les notices biographiques d’Hanna Schygulla, je me demande si j’ai rêvé tout ça. Pas le temps de prendre des notes en voiture, la radio allumée. Peur d’oublier, je répète en boucle trois ou quatre mots pour les noter quand la voiture ne roulera plus : « appartiens » « à moi » « soleil » mais je n’écoute plus la suite. Plus tard, aujourd’hui peut-être, réécoutant l’entretien de « La Grande Table » du 19/02/18, je retrouve l’anecdote – je n’ai pas rêvé – qui répond à la question de la journaliste « En quoi avez-vous toujours cru ou cessé de croire ? » ; « On m’a raconté quand j’avais cinq ans… dans la rue, pas très loin de chez moi… À qui appartiens-tu ? – À moi ! … Je suis le centre… un petit pois … mais le centre de tout un univers en moi » Après, la perte de la religion, du sommeil, «  et après, j’ai trouvé un nouveau dieu païen, le soleil… tu commences à fondre, à t’effacer dans une sorte de chaleur… les limites n’existent plus ». Hanna Schygulla n’éprouve aucune nostalgie pour les années 70. Plus que l’actrice, la muse/égérie de, c’est la femme et l’artiste d’aujourd’hui que je trouve merveilleuse – me suis-je jamais appliqué à écrire le plus neutre, le plus sèchement possible ? Hanna dit nous « enfants des coupables » avons bu notre « lait noir » et de citer Paul Celan. Je le répète, sans italiques et sans guillemets, Hannah Schygulla est merveilleuse.

 

Texte : Christine Zottele
Photo : Philippe Marc
Hanna Schygulla : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/speciale-berlinale-acteurs

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